CITE DU VATICAN, 23 DEC 2011 (VIS). Ce matin comme à l'accoutumé, Benoît XVI a échangé les vœux de Noël avec la Curie Romaine. Avant de s'adresser à l'assemblée, il a été salué par le Cardinal Angelo Sodano, Doyen du Sacré Collège. Voici les passages principaux du discours dans lequel le Pape passe en revue les évènements saillants de l'année écoulée et, en particulier la crise économique et financière internationale qui "se fonde sur la crise éthique qui menace le vieux continent. Même si des valeurs comme la solidarité, l'engagement pour les autres, la responsabilité envers les pauvres et ceux qui souffrent sont en général indiscutés, il manque souvent la force stimulante, capable d'inciter les personnes individuelles et les grands groupes sociaux à des renoncements et à des sacrifices". Mais, a-t-il poursuivi, "la grande thématique de cette année comme de celles à venir: comment annoncer l'Evangile aujourd'hui?... Les événements ecclésiaux" de 2011, "se rapportent tous, en fin de compte, à ce thème. Il y a eu des voyages en Croatie, en Espagne pour la Journée mondiale de la jeunesse, dans mon pays, l'Allemagne et, enfin, en Afrique, au Bénin, pour la remise du document post-synodal sur la justice, la paix et la réconciliation... Les voyages à Saint-Marin, mais aussi en Italie, à Ancône pour le Congrès eucharistique italien, et en Calabre sont également inoubliables. Et, il y a eu enfin l'importante journée d'Assise, une rencontre entre les religions et entre les personnes en recherche de vérité et de paix... L'institution du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation...et l'Année de la foi, qui célèbrera l'ouverture du Concile, il y a cinquante ans, s'insèrent dans ce même contexte".
Puis le Saint-Père a parlé de la nécessité de réforme interne de l'Eglise, d'autant qu'on observe que "les personnes qui vont régulièrement à l'église sont de plus en plus âgées, et que leur nombre diminue continuellement. Il y a aussi une stagnation des vocations au sacerdoce, tandis que le scepticisme et l'incroyance augmentent... Il y a des discussions sans fin sur ce qu'il faut faire pour inverser cette tendance. Certes, il faut faire beaucoup de choses! Mais uniquement le faire ne résout pas le problème. Le centre de la crise de l'Eglise en Europe...est la crise de la foi. Si nous ne trouvons pas une réponse à celle-ci, si la foi ne retrouve pas une nouvelle vitalité, en devenant une conviction profonde et une force réelle grâce à la rencontre de Jésus-Christ, toutes les autres réformes resteront inefficaces". Face à ce, ma visite en Afrique, "avec sa joyeuse passion pour la foi, a été un grand encouragement. Là on ne perçoit aucun signe de cette lassitude de la foi, si répandue parmi nous... Avec tous les problèmes, les souffrances et les peines qui assurément se rencontrent justement en Afrique, on expérimentait toujours la joie d'être chrétiens, le fait d'être soutenus par le bonheur intérieur de connaître le Christ et d'appartenir à son Eglise. De cette joie naissent aussi les énergies pour servir le Christ dans les situations opprimantes de souffrance humaine, pour se mettre à sa disposition sans se replier sur son propre bien-être. Rencontrer cette foi prête au sacrifice, et précisément en cela joyeuse, est un grand remède contre la fatigue du fait d'être chrétiens que nous expérimentons en Europe". Un remède contre cette fatigue de croire a cependant été apporté par la JMJ de Madrid.
Benoît XVI a alors exposé les points d'articulation de la nouvelle évangélisation: "En premier lieu, il y a une nouvelle expérience de la catholicité, de l'universalité de l'Eglise. C'est ce qui a touché tout de suite les jeunes et tous ceux qui étaient présents, était de provenir de tous les continents. Et, même si nous ne nous étions jamais vus avant, nous nous connaissons... En vertu de notre rencontre intérieure avec Jésus-Christ, nous avons reçu dans notre être intime la même formation de la raison, de la volonté et du cœur... Le fait que tous les êtres humains sont frères et sœurs, est ici non seulement une idée, mais devient une réelle expérience commune qui crée la joie". Ensuite, c'est de là que "vient une nouvelle manière de vivre le fait d'être hommes, le fait d'être chrétiens. Une des expériences les plus importantes de ces journées a été pour moi, la rencontre avec les volontaires de la JMJ. Ils étaient environ 20.000 jeunes qui, sans exception, avaient mis à disposition des semaines ou des mois de leur vie pour collaborer à la préparation" de l'évènement ecclésial... A la fin, ces jeunes étaient tangiblement remplis d'une grande sensation de bonheur, car leur effort avait un sens. En donnant de leur temps et de leurs forces, ils avaient trouvé la vie... Ces jeunes ont fait du bien, même si cela a été rude et a requis des sacrifices. Simplement parce que faire le bien est beau. Etre pour les autres est beau. Il suffit seulement d'oser faire le saut. Tout cela est précédé de la rencontre avec Jésus-Christ, une rencontre qui allume en nous l'amour pour Dieu et pour les autres et nous libère de la recherche de notre propre moi". Il a lors cité les sœurs de Mère Teresa "qui se dépensent pour les enfants abandonnés, malades, pauvres et souffrants, sans se poser de questions sur elles-mêmes, et pour cela, deviennent intérieurement riches et libres. C'est cela l'attitude proprement chrétienne". Un troisième élément, l'adoration, a dit le Saint-Père, a fait partie de la JMJ. Ensuite, il évoqué ses visites pastorales au Royaume-Uni et en Croatie, où nous avons constaté comme à Madrid que "Dieu est omniprésent. Mais la présence corporelle du Christ ressuscité est encore quelque chose d'autre, quelque chose de nouveau. Le Ressuscité vient parmi nous... L'adoration est avant tout un acte de foi. L'acte de foi en soi. Dieu n'est pas une quelconque hypothèse possible ou impossible sur l'origine de l'univers. Il est là... Et nous entrons dans cette certitude de l'amour incarné de Dieu pour nous, et nous le faisons en aimant avec lui. C'est cela l'adoration, et cela donne ensuite une empreinte à ma vie. C'est seulement ainsi que je peux célébrer aussi l'Eucharistie d'une manière juste et recevoir le Corps du Seigneur avec droiture". Un autre élément important: la présence du sacrement de la Pénitence, dans lequel "nous reconnaissons que nous avons continuellement besoin de pardon et que pardon signifie responsabilité. Il existe dans l'homme, provenant du Créateur, la disponibilité à aimer et la capacité de répondre à Dieu dans la foi. Mais il existe aussi, provenant de l'histoire peccamineuse de l'homme". Outre à une tendance de l'homme contraire à l'amour, il y a sa tendance à l'égoïsme. "C'est pourquoi nous avons besoin de l'humilité qui toujours à nouveau demande pardon à Dieu, qui se laisse purifier et qui réveille en nous la force contraire, la force positive du Créateur, qui nous attire vers le haut".
Enfin, a conclu Benoît XVI, il convient de souligner une dernière caractéristique dans la spiritualité des JMJ: la joie. D'où vient-elle? Comment s'explique-t-elle? Son facteur décisif est "la certitude qui provient de la foi: je suis voulu. J'ai une mission. Je suis accepté, je suis aimé... L'homme peut s'accepter lui-même seulement s'il est accepté par quelqu'un d'autre. Il a besoin qu'un autre lui dise, et pas seulement en paroles : il est bien que tu existes... C'est seulement s'il est accepté que le moi peut s'accepter lui-même. Celui qui n'est pas aimé ne peut pas s'aimer lui-même. Ce fait d'être accueilli vient d'abord de l'autre personne. Mais tout accueil humain est fragile. En fin de compte, nous avons besoin d'un accueil inconditionnel. C'est seulement si Dieu m'accueille et que j'en deviens sûr, que je sais définitivement : il est bien que j'existe. Il est bien d'être une personne humaine. Là où l'homme a moins la perception d'être accueilli par Dieu, d'être aimé de lui, la question de savoir s'il est vraiment bien d'exister comme personne humaine ne trouve plus aucune réponse. Le doute à propos de l'existence humaine devient toujours plus insurmontable. Là où le doute au sujet de Dieu devient dominant, le doute au sujet de l'être même des hommes suit inévitablement et nous voyons aujourd'hui comment ce doute se répand. Nous le voyons dans le manque de joie, dans la tristesse intérieure qui peut se lire sur tant de visages humains. Seule la foi me donne la certitude de l'existence. Il est bien d'exister comme personne humaine, même dans des temps difficiles. La foi rend heureux à partir de l'intérieur".
AC/ VIS 20111222 (1430)