jeudi 8 janvier 2009

DISCOURS AU CORPS DIPLOMATIQUE


CITE DU VATICAN, 8 JAN 2009 (VIS). Ce matin, Benoît XVI a prononcé son discours annuel au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Dès avant, il a reçu les vœux des ambassadeurs par le biais de leur nouveau Doyen, l'Ambassadeur du Honduras, M.Alejandro Emilio Valladares Lanza.

Actuellement, le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques pleines avec 177 pays, auxquelles s'ajoutent celles avec les communautés européennes et de l'Ordre de Malte, mais aussi deux missions à caractère spécial, celle de la Fédération de Russie et du Bureau de l'Organisation pour la libération de la Palestine.

D'entrée le Saint-Père a eu des pensées affectueuses pour "tous ceux qui ont souffert à cause de graves catastrophes naturelles, en particulier au Vietnam, en Birmanie, en Chine et aux Philippines, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, en Colombie et au Brésil", à tous ceux qui subissent des conflits nationaux ou régionaux sanglants ou sont victimes "d'attentats terroristes semant mort et destruction dans des pays comme l'Afghanistan, l'Inde, le Pakistan et l'Algérie".

"Malgré tant d'efforts, la paix si désirée est encore lointaine". Il ne faut donc pas se décourager, "mais au contraire redoubler d'efforts en faveur de la sécurité et du développement". Pour sa part, "le Saint-Siège a tenu à être parmi les premiers à signer et à ratifier la Convention sur les armes à sous-munitions", mais il relève avec préoccupation les symptômes de crise qui se manifestent dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaire. Le Saint-Siège ne cessera pas de rappeler que l'on ne peut pas construire la paix quand les dépenses militaires soustraient d'énormes ressources humaines et matérielles aux projets de développement, spécialement des peuples les plus pauvres".

Reprenant son message pour la Journée mondiale de la paix 2009, dont le thème est Combattre la pauvreté, construire la paix, le Pape a dit que "pour construire la paix, il convient de redonner espoir aux pauvres. Comment ne pas penser à tant de personnes et de familles éprouvées par les difficultés et les incertitudes que l'actuelle crise financière et économique a provoquées à l'échelle mondiale? Comment ne pas évoquer la crise alimentaire et le réchauffement climatique, qui rendent encore plus ardu l'accès à la nourriture et à l'eau pour les habitants de régions parmi les plus pauvres de la planète?".

"Il est urgent désormais d'adopter une stratégie efficace pour combattre la faim et faciliter le développement agricole local, d'autant plus que la proportion de pauvres augmente à l'intérieur même des pays riches... Plus en profondeur, pour rendre l'économie plus saine, il faut bâtir une nouvelle confiance. Cet objectif ne pourra être atteint que par la mise en œuvre d'une éthique fondée sur la dignité innée de la personne humaine. Je sais combien cela est exigeant -a souligné Benoît XVI- mais ce n'est pas une utopie! Aujourd'hui plus qu'hier, notre avenir est en jeu, ainsi que le sort même de notre planète et de ses habitants, en premier lieu des jeunes générations qui héritent d'un système économique et d'un tissu social durement compromis".


Evoquant ensuite ses divers voyages de 2008, il a cité son discours au siège de l'ONU: "Soixante ans après l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, j'ai voulu souligner que ce document se fonde sur la dignité de la personne humaine, et celle-ci sur la nature commune à tous qui transcende les diverses cultures". A Lourdes ensuite, "pour le cent cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette, j'ai voulu souligner que le message de conversion et d'amour qui irradie de la grotte de Massabielle demeure de grande actualité, comme une invitation constante à construire notre existence et les relations entre les peuples sur des bases de respect et de fraternité authentiques, conscients que cette fraternité suppose un Père commun à tous les hommes, le Dieu Créateur. Du reste, une société sainement laïque n'ignore pas la dimension spirituelle et ses valeurs, parce que la religion, et il m'a semblé utile de le répéter durant mon voyage pastoral en France, n'est pas un obstacle, mais au contraire un fondement solide pour la construction d'une société plus juste et plus libre".

A ce point le Saint-Père a cité les "discriminations et les très graves attaques dont ont été victimes, l'an passé, des milliers de chrétiens, qui montrent combien ce n'est pas seulement la pauvreté matérielle, mais aussi la pauvreté morale qui nuit à la paix. C'est dans la pauvreté morale, de fait, que de telles exactions plongent leurs racines".

Rappelant ensuite que le christianisme est une religion de liberté et de paix au service du bien de l'humanité toute entière, il a redit sa paternelle affection aux chrétiens victimes de violences, en Irak et en Inde tout particulièrement: "Aux autorités civiles et politiques, je demande instamment de s'employer avec énergie à mettre fin à l'intolérance et aux vexations contre les chrétiens, d'œuvrer pour réparer les dommages provoqués, en particulier aux lieux de culte et aux propriétés". Je leur demande aussi "d'encourager par tous les moyens le juste respect pour toutes les religions, proscrivant toutes formes de haine et de mépris. Je souhaite aussi que, dans le monde occidental, on ne cultive pas de préjugés ou d'hostilité contre les chrétiens, simplement parce que, sur certaines questions, leur voix dérange".

Il a tenu également à soutenir les personnes confrontées à de telles épreuves, pour qu'elles ne perdent pas courage: "Si les tribulations sont pénibles, la constante présence du Christ est un puissant réconfort. Son Evangile est un message de salut pour tous et c'est pourquoi il ne peut être confiné dans la sphère privée, mais doit être proclamé sur les toits, jusqu'aux extrémités de la terre".

A propos ensuite de la situation au Moyen-Orient et, en premier lieu, en Terre Sainte, il a redit que "l'option militaire n'est pas une solution. La violence, d'où qu'elle provienne et quelque forme qu'elle prenne, doit être condamnée fermement. Je souhaite que, avec l'engagement déterminant de la communauté internationale, la trêve dans la bande de Gaza soit rétablie. C'est indispensable pour redonner des conditions de vie acceptables à la population et pour relancer les négociations de paix en renonçant à la haine, aux provocations et à l'usage des armes".

"Il est très important que, à l'occasion des échéances électorales cruciales qui intéresseront beaucoup d'habitants de la région dans les prochains mois, émergent des dirigeants capables de faire progresser avec détermination ce processus et de guider leurs peuples vers la difficile mais indispensable réconciliation. On ne pourra parvenir à celle-ci sans adopter une approche globale des problèmes de ces pays, dans le respect des aspirations et des intérêts légitimes de toutes les populations intéressées".

Puis le Saint-Père a affirmé qu'il fallait "apporter un soutien convaincu au dialogue entre Israël et la Syrie et, pour le Liban, appuyer la consolidation en cours des institutions, qui sera d'autant plus effective qu'elle s'accomplira dans un esprit d'unité. Aux Irakiens, qui se préparent à reprendre pleinement en main leur propre destinée, j'adresse un encouragement particulier à tourner la page pour regarder l'avenir afin de le construire sans discrimination de race, d'ethnie ou de religion. En ce qui concerne l'Iran, on ne doit pas se lasser de rechercher une solution négociée à la controverse sur le programme nucléaire, à travers un mécanisme qui permette de satisfaire les exigences légitimes du pays et de la communauté internationale. Un tel résultat favoriserait grandement la détente régionale et mondiale".

Portant son regard vers le continent asiatique, il a dit constater que, si "dans certains pays les violences perdurent et que dans d'autres la situation politique demeure tendue...il existe des progrès qui permettent de regarder vers l'avenir avec une plus grande confiance. Je pense, par exemple, à la reprise de nouvelles négociations de paix à Mindanao, aux Philippines, et au nouveau cours que prennent les relations entre Pékin et Taipeï".

"Dans ce même contexte de recherche de paix, une solution définitive du conflit en cours au Srilanka ne pourrait être que politique aussi, alors que les besoins humanitaires des populations concernées doivent continuer à être l'objet d'une attention soutenue. Les communautés chrétiennes qui vivent en Asie sont souvent réduites du point de vue numérique, mais elles souhaitent offrir une contribution convaincue et efficace au bien commun, à la stabilité et au progrès de leurs pays, donnant un témoignage de la primauté de Dieu qui établit une saine hiérarchie des valeurs et donne une liberté plus forte que les injustices... L'Eglise, comme on l'a dit bien des fois, ne demande pas de privilèges, mais l'application du principe de la liberté religieuse dans toute son étendue. Dans cette optique, il est important que, en Asie centrale, les législations sur les communautés religieuses garantissent le plein exercice de ce droit fondamental, dans le respect des normes internationales".

Benoît XVI a alors parlé de l'Afrique, continent qu'il visitera cette année, souhaitant que ses habitants soient "disposés à accueillir l'Evangile et à le vivre avec cohérence, en construisant la paix par la lutte contre la pauvreté morale et matérielle". Or, "beaucoup d'enfants vivent le drame des réfugiés et des déplacés en Somalie, au Darfour en République démocratique du Congo. Il s'agit de flux migratoires concernant des millions de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire et qui surtout sont privées de leurs droits élémentaires et blessées dans leur dignité".

"Je demande à ceux qui exercent des responsabilités politiques, au niveau national et international, de prendre toutes les mesures nécessaires pour résoudre les conflits en cours et pour mettre fin aux injustices qui les ont provoqués. Je souhaite qu'en Somalie, la restauration de l'Etat puisse enfin progresser, afin que cessent les interminables souffrances des habitants de ce pays. Au Zimbabwe, également, la situation demeure critique et des aides humanitaires considérables sont nécessaires. Les Accords de paix au Burundi ont jeté une lueur d'espoir dans la région. Je forme des vœux afin qu'ils soient pleinement appliqués et deviennent source d'inspiration pour d'autres pays, qui n'ont pas encore trouvé la voie de la réconciliation. Le Saint-Siège, vous le savez, suit avec une attention spéciale le continent africain et est heureux d'avoir établi l'an passé les relations diplomatiques avec le Botswana".

Quant à la situation en Amérique Latine, le Saint-Père a souhaité que "les besoins de ceux qui émigrent soient pris en considération par des législations qui facilitent le regroupement familial et concilient les légitimes exigences de sécurité et celles de l'inviolable respect de la personne". Il faut en plus "l'engagement prioritaire de certains gouvernements pour rétablir la légalité et mener une lutte sans compromis contre le trafic des stupéfiants et la corruption". Je me réjouis, a ajouté le Pape, que "trente ans après le début de la médiation pontificale sur le différend entre l'Argentine et le Chili relatif à la zone australe, les deux pays aient en quelque sorte scellé leur volonté de paix en élevant un monument à mon prédécesseur Jean-Paul II". Par ailleurs, "la récente signature de l'Accord entre le Saint-Siège et le Brésil facilitera le libre exercice de la mission évangélisatrice de l'Eglise et renforce encore davantage sa collaboration avec les institutions civiles pour le développement intégral de la personne... L'Eglise accompagne depuis cinq siècles les peuples de l'Amérique latine, partageant leurs espérances et leurs préoccupations. Ses pasteurs savent que, pour favoriser un progrès authentique de la société, leur tâche propre est d'éclairer les consciences et de former des laïcs capables d'intervenir avec ardeur dans les réalités temporelles, se mettant au service du bien commun".

Enfin, Benoît XVI a tenu à saluer la communauté chrétienne de Turquie, un an après son propre pèlerinage et en cette année consacrée à Paul de Tarse. Cet évènement souligne le lien étroit de cette terre avec les origines du christianisme". Puis il a évoqué "les aspirations à la paix sont vives à Chypre, où ont repris les négociations en vue de justes solutions aux problèmes liés à la division de l'île... Quant aux conflits qui intéressent le Caucase, ils "ne peuvent pas être résolus par la voie des armes et, pensant à la Géorgie, je souhaite que soient honorés tous les engagements souscrits dans l'Accord de cessez-le-feu du mois d'août dernier, conclu grâce aux efforts diplomatiques de l'Union Européenne, et que le retour des personnes déplacées dans leurs foyers soit au plus tôt rendu possible".

Dans les Balkans, a poursuivi le Pape, "le Saint-Siège poursuit son engagement pour la stabilité régionale, et espère que continueront à se créer les conditions pour un avenir de réconciliation et de paix entre les populations de la Serbie et du Kosovo, dans le respect des minorités et sans oublier la préservation du précieux patrimoine artistique et culturel chrétien, qui constitue une richesse pour toute l'humanité".

Concluant sur son récent message pour la Journée mondiale de la paix, Benoît XVI a tenu à rappeler devant le Corps diplomatique que "les êtres humains les plus pauvres sont les enfants qui ne sont pas nés. Je ne peux pas ne pas évoquer, en terminant, d'autres pauvres, comme les malades et les personnes âgées abandonnées, les familles divisées et sans points de repères. La pauvreté se combat si l'humanité est rendue plus fraternelle par des valeurs et des idéaux partagés, fondés sur la dignité de la personne, sur la liberté alliée à la responsabilité, sur la reconnaissance effective de la place de Dieu dans la vie de l'homme".
AC/VOEUX/CORPS DIPLOMATIQUE VIS 20090108 (2220)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire