lundi 21 janvier 2013

CHARITE, NOUVELLE ETHIQUE ET ANTHROPOLOGIE CHRETIENNE

Cité du Vatican, 19 janvier 2013 (VIS). Ce matin, Benoît XVI a reçu les participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical Cor Unum, présidé par le Cardinal Robert Sarah, consacrée cette année à la Charité, nouvelle éthique et anthropologie chrétienne. Voici de larges extraits du discours prononcé par le Saint-Père:

"Tout l'ethos chrétien prend son sens à partir de la foi comme étant la rencontre avec l'amour du Christ qui offre un nouvel horizon et donne à la vie sa direction... En effet, l'adhésion à l'Evangile donne à la charité sa forme typiquement chrétienne et en constitue le principe de discernement. Le chrétien, en particulier celui qui agit dans les organismes de charité, doit se laisser orienter par les principes de la foi par laquelle nous adhérons au point de vue de Dieu, à son projet sur nous. Ce nouveau regard sur le monde et sur l'homme offert par la foi fournit aussi le bon critère d'évaluation des expressions de la charité dans le contexte actuel". Chaque fois que "l'homme n'a pas cherché un tel projet, il a été victime de tentations culturelles qui ont fini par le rendre esclave. Ces derniers siècles, les idéologies qui célébraient le culte de la nation, de la race, de la classe sociale, se sont révélées être de véritables idolâtries. On peut dire de même du capitalisme sauvage avec son culte du profit, entraînant des crises, des inégalités et la misère. Aujourd'hui on partage davantage cette idée commune de l'inaliénable dignité de chaque être humain et de la responsabilité réciproque et interdépendante à son égard, pour le bien de la vraie civilisation, la civilisation de l'amour. Malheureusement, d'autre part, notre époque connaît aussi ces ombres qui obscurcissent le projet de Dieu. Je pense surtout à la réduction anthropologique tragique qui repropose l'ancien matérialisme hédoniste, auquel elle ajoute toutefois un prométhéisme technologique'. De l'union entre une vision matérialiste de l'homme et le grand développement de la technologie émerge une anthropologie sur fond athée. Celle-ci présuppose que l'homme soit réduit à des fonctions autonomes, l'esprit au cerveau, l'histoire humaine à un destin d’auto réalisation. Tout cela, abstraction faite de Dieu, à partir justement de la dimension spirituelle et d'un horizon ultra terrestre. Dans la perspective d'un homme privé de son âme et donc d'une relation personnelle avec le créateur, ce qui est techniquement possible devient moralement licite, chaque expérience devient acceptable, chaque politique démographique consentie, toute manipulation légitimée. Le piège le plus à craindre de ce courant de pensée est, en fait, l'absolutisation de l'homme: l'homme veut être...dégagé de tout lien et de toute constitution naturelle".

"La foi et le sain discernement chrétien nous poussent toutefois à prêter une attention prophétique à cette problématique éthique et à la mentalité qui lui est sous-tendue. Une juste collaboration avec les instances internationales dans le champ du développement et de la promotion humaine ne doit pas nous faire fermer les yeux sur ces graves idéologies, et les pasteurs de l'Eglise...ont le devoir de mettre en garde contre ces dérives les fidèles catholiques comme toute personne de bonne volonté... Il s'agit, en effet, d'une dérive négative pour l'homme, même si elle se couvre de bons sentiments à l'instar d'un présumé progrès, ou de droits présumés, ou d'un humanisme présumé. Face à cette réduction anthropologique, quel devoir attend chaque chrétien, et en particulier vous qui êtes engagés dans des activités caritatives, et donc en rapport direct avec tant d'autres acteurs sociaux? Nous devons certainement être vigilants et critiques et, parfois, refuser des financements et des collaborations qui, directement ou indirectement, favorisent des actions ou des projets contraires à l'anthropologie chrétienne. Mais positivement, l'Eglise est toujours engagée dans la promotion de l'homme selon le dessein de Dieu, dans toute sa dignité, dans le respect de sa double dimension verticale et horizontale. C'est à cela aussi que tend l'action de développement des organismes ecclésiaux... La vision chrétienne de l'homme est, en effet, un grand oui à la dignité de la personne appelée à l'intime communion avec Dieu, une communion filiale, humble et confiante. L'être humain n'est pas un individu indépendant ni un élément anonyme dans la collectivité mais bien une personne singulière et unique, intrinsèquement ordonnée à la relation et à la sociabilité. C'est pourquoi l'Eglise redit son grand oui à la dignité et à la beauté du mariage comme étant l'expression d'une alliance fidèle et féconde entre l'homme et la femme, et son non à des philosophies comme celles du gender est motivé par le fait que la réciprocité entre masculin et féminin est l'expression de la beauté de la nature voulue par le Créateur... Face à ces défis actuels, nous savons que la réponse est la rencontre avec le Christ. En lui, l'homme peut pleinement réaliser son bien personnel et le bien commun".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire