Cité
du Vatican, 9 septembre (VIS). Hier à Paris (France), le Secrétaire
pour les relations avec les états est intervenu à la Conférence de
l'ONU sur la protection des victimes de violences ethnique et
religieuse au Moyen-Orient. Mgr.Paul Richard
Gallagher a d'abord rappelé que le monde est témoin depuis un an
"des atrocités inouïes perpétrées par différentes parties
au Moyen-Orient, qui ont notamment contraint des milliers de
Chrétiens et de personnes appartenant à d’autres minorités
religieuses ou ethniques, à quitter leurs foyers pour fuir et
chercher refuge ailleurs, dans des conditions de précarité, et en
ayant à endurer de grandes souffrances physiques et morales. Sont
ici en jeu des principes fondamentaux tels que la valeur de la vie,
la dignité humaine, la liberté religieuse, la paix et l’harmonie
entre les personnes et les peuples. Le phénomène se
poursuit...alors que se perpétuent les violations des droits de
l’homme et du droit humanitaire international de la part du
prétendu Etat islamique, comme aussi celles commises par d’autres
parties impliquées dans le conflit. Le drame migratoire de ces
dernières semaines, à propos duquel l’Europe s’est vue
quasiment obligée de prendre la situation plus à cœur, constitue
une preuve irréfutable de cette tragédie". Après quoi le
représentant du Saint-Siège a tenu à souligner trois aspects de la
problématique, importants "si l’on ne veut pas se contenter
de regarder uniquement la situation présente, mais penser aussi au
futur des minorités ethniques et religieuses au Moyen-Orient.
La
sensibilisation de la communauté internationale pour faire face à
l’urgence humanitaire et la garantie de conditions minimum de
sécurité pour les minorités et pour les communautés chrétiennes.
Actuellement, la situation nous oblige à faire face à l’urgence
humanitaire, afin de pourvoir aux besoins en nourriture, en eau, en
hébergement, en éducation des jeunes, en travail et en soins
médicaux de tant de personnes, de migrants et de réfugiés dans
tout le Moyen-Orient. Pourtant, si l’on pense à plus long terme,
d’autres mesures apparaissent indispensables pour garantir leur
présence sur leur terre d’origine. Parmi les défis à affronter,
je voudrais m’arrêter sur ceux qui concernent le respect des
droits de l’homme, et en particulier le droit à la liberté de
religion et de conscience. Rappelons tout d’abord que la liberté
de religion inclut, bien évidemment, la liberté de changer de
religion. Or, dans de nombreux pays du Moyen-Orient, il existe une
liberté de culte, mais parfois, l’espace laissé à la liberté de
religion est en réalité assez limité. Elargir cet espace de
liberté devient alors une nécessité pour garantir à tous les
membres des diverses communautés religieuses une véritable liberté
de vivre et de professer leur foi. D’une manière générale, il
semble opportun que les états de la région soient aussi directement
impliqués avec le reste de la communauté internationale dans la
protection des droits fondamentaux des Chrétiens et des personnes
appartenant à d’autres minorités religieuses. Il reste qu’il ne
s’agit pas de protéger l’une ou l’autre communauté
religieuse, ou l’un ou l’autre groupe ethnique en particulier,
mais bien de protéger des personnes qui appartiennent à l’unique
famille humaine, et dont les droits fondamentaux sont
systématiquement violés. Il faut pouvoir garantir le droit des
réfugiés à retourner dans leur pays d’origine et à vivre dans
la dignité et la sécurité. Ce droit doit être défendu et
garanti, autant par la communauté internationale, que par les Etats
dont les personnes déplacées et réfugiées sont les citoyens.
Soulignons qu’il ne suffit pas pour les Chrétiens et les membres
d’autres minorités religieuses ou ethniques d’être simplement
tolérés, mais qu’eux-mêmes aspirent à être considérés dans
leur pays d’origine comme des citoyens à part entière. A cet
égard, il est important que le concept de citoyenneté soit
appréhendé d’une manière toujours plus ample, de manière à
constituer un point de référence dans la vie sociale, pour la
garantie des droits de tous, y compris ceux des membres appartenant à
des minorités, et à travers la mise en place d’instruments
juridiques appropriés".
Il
convient aussi d'affronter "le phénomène du terrorisme et
favoriser le dialogue inter-religieux. Il est nécessaire de trouver
des mécanismes pour encourager tous les pays, y compris les pays à
majorité musulmane, à affronter le terrorisme de manière sérieuse,
en portant une attention particulière à la question de l’éducation.
A cet égard, l’enseignement dans les écoles, l’utilisation
d’internet, mais aussi le contenu des prédications des
responsables religieux, ne devraient pas donner libre cours à des
attitudes intransigeantes et extrémistes, ou à la radicalisation,
mais bien au contraire, promouvoir le dialogue et la réconciliation.
Par ailleurs, on ne doit pas oublier qu’il convient aussi de rester
attentifs par rapport à l’usage de diverses expressions et
manifestations que l’on rencontre parfois en Occident, afin
d’éviter les actes d’offense et de provocation au regard de ce
qui est cher, parfois même considéré comme sacré, dans certaines
religions. Il est aussi fondamental de favoriser le dialogue
inter-religieux, qui constitue un antidote contre le fondamentalisme
qui frappe les communautés religieuses. A ce propos, les leaders
religieux juifs, chrétiens et musulmans peuvent et doivent jouer un
rôle essentiel pour favoriser, non seulement le dialogue
inter-religieux et interculturel, mais aussi l’éducation à la
compréhension réciproque. De plus, ils ont le devoir de dénoncer
clairement l’instrumentalisation de la religion pour justifier la
violence. En outre, il convient de promouvoir une séparation
positive et respectueuse entre la religion et l’Etat. En ce sens,
on peut souhaiter voir mûrir dans les mentalités l’idée d’une
distinction nécessaire entre les deux domaines, en faveur d’une
autonomie et d’une indépendance réciproques, mais sans occulter
la collaboration indispensable entre les deux sphères qui peuvent
alors coexister sans s’opposer, grâce au dialogue entre les
autorités religieuses et les autorités politiques et dans le
respect de leurs compétences respectives. Comme l’a rappelé le
Pape François dans la lettre qu’il a adressée l’année
dernière, peu avant Noël, aux Chrétiens du Moyen-Orient, la
souffrance subie par les minorités ethniques et religieuses crie
vers Dieu et fait appel à l’engagement de tous, à travers la
prière et toutes sortes d’initiatives".
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