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Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

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vendredi 23 septembre 2011

EN VOL VERS BERLIN


CITE DU VATICAN, 22 SEP 2011 (VIS). Comme de coutume au cours de ses voyages apostoliques, Benoît XVI a accordé un bref entretien aux journalistes faisant partie du vol papal pour l'Allemagne.

  "Vous sentez-vous encore totalement Allemand et sur quels aspects, votre origine allemande influe-t-elle?", a été la première question. Le Pape a répondu: "Je suis né en Allemagne et cette racine ne peut pas être coupée. J'y ai reçu ma formation culturelle, ma langue est l'allemand et la langue est la manière dans laquelle l'esprit vit et agit... Dans la structure culturelle de ma vie, cet être allemand est très fort. L'appartenance à son histoire, avec ses grandeurs et faiblesses ne peut pas être annulée. Cependant, pour un chrétien, il y a quelque chose de plus. Avec le baptême, il renaît à un nouveau peuple qui est celui de tous les peuples... Quand, de plus, on assume une responsabilité aussi grande que la mienne - j'assume la responsabilité suprême - dans ce peuple...la racine rejoint l'arbre qui s'étend de différentes formes, et le fait de me sentir chez moi dans cette grande communauté du peuple de tous les peuples qu'est l'Eglise catholique...cela forge toute l'existence sans anéantir tout ce qui la précède".

  La deuxième question était: "Ces dernières années, en Allemagne, on a constaté une augmentation de personnes quittant l'Eglise, due en partie, aux cas d'abus sexuels sur mineurs de la part du clergé. Que pensez-vous de ce phénomène? Et que diriez-vous à ceux qui veulent quitter l'Eglise?": "Distinguons avant tout la raison particulière de ceux qui se scandalisent devant ces crimes révélés ces derniers temps", a dit Benoît XVI. "Je peux comprendre qu'à la lumière de ces informations, surtout s'il s'agit de personnes concernées, on dise: 'Ce n'est pas mon Eglise. L'Eglise était pour moi une force d'humanisation et de moralisation. Si les représentants de l'Eglise font le contraire, je ne peux pas vivre dans cette Eglise'. C'est une situation particulière. En général, les motifs sont multiples dans le contexte de sécularisation de notre société. Et, normalement, ces abandons sont le dernier pas d'une longue chaîne d'éloignement de l'Eglise. C'est pourquoi, je crois qu'il est important de se demander, pourquoi suis-je dans l'Eglise?... Je dirais qu'il est important de savoir qu'être dans l'Eglise n'est pas être dans une association, mais dans le filet du Seigneur qui pêche des poissons bons et pourris des eaux de la mort à la terre de la vie. Il peut arriver que, dans ce filet, je trouve à côté des poissons pourris et je le sais, mais la vérité est que je ne suis pas là pour les uns ou pour les autres, mais parce que c'est le filet du Seigneur qui est quelque chose de différent de toutes les associations humaines, une réalité qui concerne le fond de mon être. En parlant à ces personnes nous devrions aller jusqu'au bout de la question: qu'est-ce qu'est l'Eglise ?... pourquoi suis-je dans l'Eglise bien qu'il y ait des scandales et des misères humaines terribles ? De cette façon nous renouvèlerions la conscience du caractère spécifique d'être Eglise... qui est le peuple de Dieu, et ainsi nous apprendrions à supporter aussi les scandales et à les combattre de l'intérieur, dans le grand filet du Seigneur".

  A la question concernant les groupes qui, dans différents pays, manifestent contre ses visites, Benoît XVI a répondu: "Avant tout, je dirais qu'il est normal que dans une société libre et à notre époque, il existe des oppositions à une visite du Pape. Il est aussi juste que certains expriment - et je les respecte tous - cette contrariété: cela fait partie de notre liberté et nous devons comprendre que la sécularisation et l'opposition au catholicisme sont fortes dans notre société. Et quand ces oppositions se manifestent d'une manière civile, il n'y a rien à dire contre cela... Par ailleurs, il est aussi certain qu'il y a beaucoup d'attente et beaucoup d'amour pour le Pape...ainsi qu'une grande adhésion à la foi catholique, une conviction croissante de ce que nous avons besoin d'une force morale et d'une présence de Dieu à notre époque. Ainsi, je sais qu'à côté de cette opposition - que je trouve naturelle et à laquelle il faut s'attendre -, tant de gens m'attendent aussi avec joie et attendent une fête de la foi... C'est pourquoi je vais avec joie dans mon Allemagne natale et suis heureux de porter le message du Christ à ma terre".

  Benoît XVI a aussi été interrogé sur ses intentions et ses attentes lors de la rencontre avec l'Eglise Evangélique. "Quand j'ai accepté l'invitation à réaliser ce voyage -a-t-il répondu- il était évident pour moi que l'oecuménisme avec nos amis évangéliques devait être un point central. Nous vivons à une époque de sécularisation, comme je l'ai déjà dit, dans laquelle les chrétiens unis ont la mission de rendre présent le message de Dieu... C'est pourquoi le fait que les catholiques et les évangéliques se réunissent, est un élément fondamental pour notre temps; même si institutionnellement nous ne sommes pas parfaitement unis, même s'il y a encore de grands problèmes, nous sommes unis dans le fondement de la foi dans le Christ, en un Dieu Trinitaire et dans l'homme comme image de Dieu. Il est essentiel aujourd'hui de montrer au monde et d'approfondir cette unité. C'est pourquoi je suis très reconnaissant envers nos amis, frères et soeurs protestants, d'avoir rendu possible cette rencontre symbolique: la rencontre dans le monastère où Luther a initié son chemin théologique, la prière... et le fait de parler ensemble de notre responsabilité de chrétiens aujourd'hui. Je suis très heureux de pouvoir montrer ainsi cette unité fondamentale, que nous sommes des frères et soeurs et travaillons ensemble pour le bien de l'humanité, en annonçant le message joyeux du Christ, de Dieu qui a un visage humain et qui nous parle".
PV-ALLEMAGNE/                                                      VIS 23110921 (980)

DEVANT LE PARLEMENT FEDERAL

CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). A 16 h15' hier, Benoît XVI a quitté la nonciature pour le Parlement fédéral, où l'a accueilli le Président M.Norbert Lammert. Après un bref entretien avec les autres titulaires des charges fédérales, le Président de la République, la Chancelière, les Présidents des deux chambres et le Président de la Cour constitutionnelle, il a salué les Présidents des groupes parlementaires. Après le discours d'accueil du Président du Bundestag, le Saint-Père a pris la parole pour proposer quelques considérations sur les fondements de l'état de droit libéral:

  "La politique doit être un engagement pour la justice et créer ainsi les conditions de fond pour la paix... Mais le succès de tout homme politique est subordonné au critère de la justice, à la volonté de mettre en œuvre le droit et à l'intelligence du droit. Le succès peut aussi être une séduction, et ainsi il peut ouvrir la route à la contrefaçon du droit, à la destruction de la justice... Nous, allemands, savons par expérience que ces paroles ne sont pas une formule vide. Nous avons fait l'expérience de séparer le pouvoir du droit, de mettre le pouvoir contre le droit, de fouler aux pieds le droit, de sorte que l'état était devenu une bande de brigands très organisée, qui pouvait menacer le monde en le poussant au précipice. Servir le droit et combattre la domination de l'injustice est et demeure la tâche fondamentale des responsables politiques", aujourd'hui comme hier. "Il est évident que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité de l'homme et de l'humanité, le principe majoritaire ne suffit pas... Sur la base de cette conviction, résistants ont combattu le régime nazi et d'autres régimes totalitaires, rendant ainsi un service au droit et à l'humanité tout entière. Pour eux, ...le droit en vigueur était injuste".
   
  "Pour le développement du droit et pour le développement de l'humanité, la prise de position des théologiens chrétiens contre les obligations de droit envers les divinités, a été cruciale. En se rangeant du côté de la philosophie, ils ont reconnu que la corrélation raison nature était une source juridique valable pour tous... Si jusqu'à l'époque des Lumières puis de la Déclaration des Droits de l'Homme...la question des fondements de la loi semblait claire, un dramatique changement de la situation est arrivé au cours du dernier demi siècle. L'idée du droit naturel est aujourd'hui considérée comme une doctrine catholique plutôt singulière, sur laquelle il ne vaudrait pas la peine de discuter en dehors du milieu catholique, de sorte qu'on a presque honte d'en mentionner même seulement le terme. Je voudrais brièvement indiquer comment cette situation s'est créée... Une conception positiviste de la nature, qui entend la nature de façon purement fonctionnelle...ne peut créer aucun pont entre l'Ethos et le droit.. La même chose vaut aussi pour la raison dans une vision positiviste qui, chez beaucoup, est considérée comme l'unique vision scientifique. Dans cette vision, ce qui n'est pas vérifiable ou falsifiable ne rentre pas dans le domaine de la raison stricte... C'est là une situation dramatique, qui nous intéresse tous et sur laquelle une discussion publique est nécessaire. Le but essentiel de ce discours est d'inviter à ce débat".     

  Le concept positiviste de nature et de raison, a-t-il poursuivi, comme "la vision positiviste du monde, est une partie importante de la connaissance et de la capacité humaine, à laquelle nous ne devons absolument pas renoncer... Là ou la raison positiviste s'estime comme la seule culture suffisante, reléguant toutes les autres réalités culturelles à l'état de sous-culture, elle réduit l'homme, et menace même son humanité. Je le dis justement à l'Europe, où de larges milieux cherchent à reconnaître seulement le positivisme comme culture commune et comme fondement commun pour la formation du droit, alors que toutes les autres convictions et les autres valeurs de notre culture sont reléguées au rang de sous-culture. Ainsi l'Europe se place-t-elle, face aux autres cultures, dans une condition de déficit culturel, tandis que des courants extrémistes et radicaux sont favorisés". D'où l'urgence de rendre leur place à la nature et à la raison... Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence... L'homme aussi possède une nature, qu'il doit respecter et qu'il ne peut manipuler à volonté... L'homme ne se crée pas lui-même, car il est esprit et volonté, mais aussi nature. Sa volonté est juste lorsqu'il écoute la nature et la respecte, quand il s'accepte lui-même pour ce qu'il est, et qu'il accepte qu'il ne s'est pas auto-créé. C'est alors seulement que se réalise la véritable liberté humaine".  

 C'est là que le patrimoine culturel de l'Europe peut "nous venir en aide. Sur la base de la conviction de l'existence d'un Dieu créateur se sont développées l'idée des droits de l'homme, l'idée d'égalité de tous les hommes devant la loi, la connaissance de l'inviolabilité de la dignité humaine en chaque personne et la conscience de la responsabilité des hommes pour leur agir. Ces connaissances...constituent notre mémoire culturelle. Ignorer ou considérer celle-ci comme simple passé serait une amputation... La culture de l'Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome, de la rencontre entre la foi dans le Dieu d'Israël, la raison philosophique de la Grèce et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l'identité profonde de l'Europe. Dans la conscience de la responsabilité de l'homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la dignité inviolable de l'homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique".
PV-ALLEMAGNE/                                           VIS 20110922 (1020)

EVOCATION DE LA SHOAH


CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). Hier après-midi, Benoît XVI a rencontré une quinzaine de représentants de la Communauté juive allemande et son Président M.Dieter Graumann, devant qui il a  d'abord évoqué sa visite à la synagogue de Cologne, il y a six ans, au cours de laquelle le Rabbin Teitelbaum avait "parlé de la mémoire comme de l'une des bases indispensables à un avenir pacifique. Et, aujourd'hui, je me trouve dans un lieu central de la mémoire, d'une mémoire effroyable. C'est ici que fut projetée et organisée la Shoah, l'élimination des citoyens juifs de l'Europe. Avant la terreur nazie, environ un demi million de juifs constituait une composante stable de la société allemande. Après la deuxième guerre mondiale, l'Allemagne fut considérée comme le Pays de la Shoah où, au fond, on ne pouvait plus vivre. Au début il n'y eut pratiquement aucun effort pour reconstituer les anciennes communautés juives... Beaucoup d'entre elles voulaient émigrer et se construire une nouvelle vie, principalement aux Etats-Unis ou en Israël.

  "En ce lieu, il faut aussi rappeler le pogrom de la Nuit de Cristal (9 - 10 novembre 1938). Peu de gens perçurent toute la portée de cet acte comme le perçut le prévôt du Chapitre berlinois, Bernhard Lichtenberg qui, de la chaire de la cathédrale Ste.Hedwige, cria: La synagogue qui est en flammes est aussi une maison de Dieu!. Le régime de terreur du national-socialisme se fondait sur un mythe raciste, dont faisait partie le refus du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, du Dieu de Jésus-Christ... Adolf Hitler était une idole païenne, qui entendait remplacer le Dieu biblique, Créateur et Père de tous les hommes. Avec le refus du respect pour ce Dieu unique se perd toujours aussi le respect pour la dignité de l'homme. A la fin de la guerre, les images atroces provenant des camps d'extermination ont révélé ce dont est capable l'homme qui refuse Dieu, et le visage que prend un peuple rejetant Dieu".

  Saluant ensuite le renouveau récent du judaïsme allemand et la nouvelle vigueur de la communauté juive, "très active dans l'intégration des émigrés d'Europe orientale", Benoît XVI a rappelé que depuis la déclaration conciliaire Nostra Aetate, l'Eglise catholique a pris irrévocablement la voie "du dialogue, de la fraternité et de l'amitié. Ceci vaut pour l'Eglise tout entière, dans laquelle le bienheureux Jean-Paul II s'est engagé de façon vigoureuse en faveur de ce nouveau chemin. Ceci vaut évidemment aussi pour l'Eglise catholique en Allemagne qui est bien consciente de sa responsabilité particulière en la matière. Dans le domaine public, on note surtout la Semaine de la Fraternité, organisée chaque année début mars par les associations pour la collaboration judéo-chrétienne", mais aussi le Forum juifs et chrétiens ou la rencontre historique de 2006 avec le Cardinal Kasper. "A côté de ces louables initiatives, il me semble -a poursuivi le Saint-Père- que les chrétiens doivent prendre de plus en plus conscience de leur affinité profonde avec le judaïsme. Pour les chrétiens il ne peut y avoir de fracture dans l'avènement du salut, d'autant que ce dernier vient justement des juifs. Si on envisage le conflit de Jésus avec le judaïsme de son temps de manière superficielle, comme une rupture avec l'Ancienne Alliance, on le réduit à une idée de libération qui considère la Torah comme l'observance servile de rites et de prescriptions. Le Discours sur la montagne n'abolit pas la Loi mosaïque, mais en révèle les potentialités cachées, faisant émerger de nouvelles exigences. Il nous renvoie...au plus profond du cœur, où l'homme choisit entre le pur et l'impur, où se développent la foi, l'espérance et l'amour".

  "Le message d'espérance que les livres de la Bible hébraïque et de l'Ancien Testament chrétien transmettent, a été assimilé et lu par les juifs et les chrétiens de manière différente. Après des siècles d'opposition, nous reconnaissons avoir le devoir de faire une nouvelle lecture des écrits bibliques, que celle des chrétiens et celle des juifs dialoguent entre elles, pour comprendre correctement la volonté et la parole de Dieu. Dans une société toujours plus sécularisée, ce dialogue doit renforcer la commune espérance en Dieu, sans laquelle la société perd toute humanité". Après cette intervention, le Pape a gagné le stade olympique de Berlin pour y célébrer une grand messe.
PV-ALLEMAGNE/                                                             VIS 20110922 (720)

CROIRE DANS LE CHRIST


CITE DU VATICAN, 22 SEP 2011 (VIS). Vers 18 h, Benoît XVI a rejoint en voiture le stade olympique de Berlin pour y célébrer la messe devant un grand nombre de fidèles allemands et de pèlerins provenant de pays voisins. Il y a quinze ans, Jean-Paul II avait présidé au même endroit la béatification de Karl Leisner et Bernhard Lichtenberg.

 Dans son homélie, le Saint-Père a évoqué la parabole de la vigne et des sarments de l'Evangile du jour: Lorsque Jésus dit Je suis la vraie vigne, cela "signifie Je suis vous et vous êtes moi, une identification inouïe du Seigneur avec nous, avec son Eglise... Il continue à vivre dans son Eglise en ce monde. Il est avec nous, et nous sommes avec lui". Dans la parabole, le Christ dit: le Père est le vigneron qui coupe les sarments secs et émonde ceux qui portent du fruit pour qu'ils portent davantage de fruit. Cette image signifie que Dieu "veut nous donner une vie nouvelle et pleine de force. Le Christ est venu appeler les pécheurs. Ce sont eux qui ont besoin du médecin... Ainsi, comme le dit le Concile Vatican II, l'Eglise est le 'sacrement universel du salut' qui existe pour les pécheurs, pour leur ouvrir la voie de la conversion, de la guérison et de la vie. C'est la vraie et grande mission de l'Eglise, que le Christ lui a conférée".

 Cependant, a poursuivi le Pape, "certains regardent l'Eglise en s'arrêtant sur son aspect extérieur. L'Eglise apparaît alors seulement comme l'une des nombreuses organisations qui se trouvent dans une société démocratique, selon les normes et les lois de laquelle le concept d'Eglise qui est difficilement compréhensible en lui-même, doit ensuite être jugée et traitée. Si on ajoute encore à cela l'expérience douloureuse que dans l'Eglise, il y a des bons et des mauvais poissons, le bon grain et l'ivraie, et si le regard reste fixé sur les choses négatives, alors ne s'entrouvre plus le mystère grand et profond de l'Eglise... Par conséquent, ne sourd plus aucune joie pour le fait d'appartenir à cette vigne qui est l'Eglise. Insatisfaction et mécontentement se diffusent, si on ne voit pas se réaliser les propres idées superficielles et erronées sur l'Église et les propres rêves d'Eglise!".

  Toutefois, le Pape a expliqué que Jésus nous invite à demeurer en lui "de même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi... Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent... Le choix demandé ici nous fait comprendre, de façon insistante, la signification existentielle de notre décision de vie. En même temps, l'image de la vigne est un signe d'espérance et de confiance. En s'incarnant, le Christ lui-même est venu dans ce monde pour être notre fondement. Dans chaque nécessité... Dieu sait transformer en amour aussi les choses pesantes et opprimantes dans notre vie. Il est important que nous 'demeurions' dans la vigne, dans le Christ". Il est important qu'"à notre époque d'activisme et d'arbitraire où aussi tant de personnes perdent orientation et appui; où la fidélité de l'amour dans le mariage et l'amitié est devenue si fragile et de brève durée...le Seigneur ressuscité nous offre un refuge, un lieu de lumière, d'espérance et de confiance, de paix et de sécurité...il y a avenir, vie et joie dans le Christ".

 Le Saint-Père a ensuite souligné que demeurer dans le Christ signifie "demeurer aussi dans l'Eglise. La communauté entière des croyants est solidement unie dans le Christ, la vigne... Dans cette communauté Il nous soutient et, en même temps, tous les membres se soutiennent mutuellement... Nous ne croyons pas seuls, mais nous croyons avec toute l'Eglise. En en tant qu'annonciatrice de la Parole de Dieu, l'Eglise et dispensatrice des sacrements nous unit au Christ, la vraie vigne... L'Eglise est le don le plus beau de Dieu... Avec l'Eglise et dans l'Eglise, nous pouvons annoncer à tous les hommes que le Christ est la source de la vie, qu'Il est présent, qu'Il est la grande réalité après laquelle nous soupirons... Celui qui croit au Christ a un avenir. Parce que Dieu veut ce qui est fécond et vivant, la vie en abondance". Pour terminer, il a exprimé le souhait que les fidèles découvrent "toujours plus profondément la joie d'être unis au Christ dans l'Eglise, de pouvoir trouver dans vos besoins réconfort et rédemption et de devenir toujours davantage le vin délicieux de la joie et de l'amour du Christ pour ce monde".

 Après la messe, Benoît XVI s'est rendu en voiture à la nonciature apostolique où il est arrivé vers 21 h.
PV-ALLEMAGNE/                                             VIS 23110921 (810)

RENCONTRE AVEC LES MUSULMANS


CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). Ce matin à 9 h, à la nonciature, Benoît XVI a reçu les représentants des diverses communautés musulmanes présentes en Allemagne. Les musulmans sont 4, 5 millions à 70% d'origine turque, le reste provenant des Balkans, des pays arabes et d'Iran. Ils sont à 75% sunnites et la plus ancienne mosquée se trouve à Berlin, ville abritant la communauté la plus nombreuse. Dans son discours, le Pape a d'abord rappelé que depuis "l'établissement dans les années 70 de nombreuses familles musulmanes, l'Islam est devenu un trait distinctif du pays", puis a souligné combien la connaissance et la compréhension réciproques sont essentielles "non seulement pour une cohabitation pacifique, mais aussi pour l'apport que chacun est en mesure d'apporter au bien commun de  la société".

  Beaucoup de musulmans, a-t-il poursuivi, "attribuent une grande importance à la dimension religieuse. Cela est interprété, parfois, comme une provocation dans une société qui tend à marginaliser cet aspect ou à l'admettre tout au plus dans la sphère des choix individuels de chacun.
L'Église catholique s'engage fermement pour que soit donnée la juste reconnaissance à la dimension publique de l'appartenance religieuse. Il s'agit d'une exigence qui ne devient pas insignifiante dans le contexte d'une société majoritairement pluraliste. Il faut faire attention, cependant, à ce que le respect envers l'autre soit toujours maintenu. Le respect réciproque grandit seulement sur la base de l'entente sur quelques valeurs inaliénables, propres à la nature humaine, surtout l'inviolable dignité de toute personne... En Allemagne - comme en de nombreux autres pays, pas seulement occidentaux - ce cadre de référence commun est représenté par la Constitution, dont le contenu juridique est contraignant pour chaque citoyen, qu'il appartienne ou non à une confession religieuse. Naturellement le débat sur la meilleure formulation de principes comme la liberté de culte public, est vaste et toujours ouvert, toutefois le fait que la Loi Fondamentale les exprime d'une façon encore valable aujourd'hui, à plus de 60 ans de distance, est significatif". Un tel texte, s'est-il demandé, élaboré à une époque historique radicalement différente, dans une situation culturelle presque uniformément chrétienne, est-il adapté à l'Allemagne d'aujourd'hui vit dans le contexte de la mondialisation et du pluralisme religieux. La raison de ceci, a poursuivi Benoît XVI, "se trouve dans le fait que les constituants eurent pleinement conscience, en ce moment important, de devoir chercher un terrain solide, sur lequel tous les citoyens pouvaient se reconnaître. En cela, ils ne faisaient pas abstraction de leur propre appartenance religieuse... Toutefois ils savaient devoir se confronter avec des hommes ayant une base confessionnelle différente voire non religieuse, et le terrain commun fut trouvé dans la reconnaissance de droits inaliénables, propres à la nature humaine...  De cette façon une société substantiellement homogène a posé le fondement que nous reconnaissons valable pour une société pluraliste. Ce fondement indique aussi des limites évidentes à ce pluralisme, car il n'est pas pensable qu'une société puisse se maintenir à long terme sans un consensus sur les valeurs éthiques fondamentales. Sur la base de tout ce que je viens de dire, j'estime qu'une collaboration féconde entre chrétiens et musulmans est possible... En tant que personnes religieuses, et à partir de nos convictions respectives, nous pouvons offrir un témoignage important dans de nombreux secteurs de la vie sociale. Je pense, par exemple, à la sauvegarde de la famille fondée sur le mariage, au respect de la vie à toutes ses phases ou à la promotion de la justice sociale". Après cette rencontre, le Saint-Père s'est rendu à l'aéroport de Berlin, pour gagner Erfurt.
PV-ALLEMAGNE/                                             VIS 20110923 (600)

POUR UNE FOI RAVIVEE


CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). Après sa visite à la cathédrale de Erfurt, Benoît XVI s'est rendu à l'ancien couvent des augustins, pour y rencontrer le Conseil de l'Eglise évangélique d'Allemagne, qui regroupe 22 Eglises luthériennes et compte plus de 24 millions de fidèles (30% de la population allemande). Il a été accueilli par le Pasteur Nikolaus Schneider, Président de l'Eglise évangélique d'Allemagne, et par Mme Ilse Junkermann, Evêque de l'Eglise évangélique de Thuringe (Allemagne Centrale), qui l'ont conduit à la salle capitulaire, restée intacte depuis le temps où Luther était moine.

  Exprimant son émotion d'Evêque de Rome à se trouver là où Martin Luther a étudié et a été ordonné prêtre en 1507, Benoît XVI a rappelé que "la question de Dieu fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de tout son itinéraire. Elle "se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et de son combat intérieur... Qui, en effet, se préoccupe aujourd'hui de cela, même parmi les chrétiens?... La plus grande partie des gens, chrétiens compris, tient aujourd'hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s'occupe plus de nos péchés et de nos vertus... Aujourd'hui, on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous pensent que Dieu doit être généreux, et, qu'à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos fautes. Mais ces fautes sont-elles vraiment si petites? Le monde n'est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts? N'est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d'argent d'une part, et de l'autre, par l'addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées? N'est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l'amour de Dieu et, à partir de lui, l'amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants?... Non, le mal n'est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie.... Quelle est la position de Dieu à mon égard, et comment je me situe moi face à lui? Cette question brûlante de Martin Luther doit redevenir, certainement sous une forme nouvelle, notre question".

  Dieu, le Dieu unique, le Créateur du ciel et de la terre, a poursuivi le Saint-Père, "est quelque chose d'autre qu'une hypothèse philosophique sur les origines du cosmos. Il a un visage et il nous a parlé. En Jésus il est devenu l'un de nous... Mais qu'a à voir tout cela avec la situation œcuménique? Tout cela n'est peut-être seulement qu'une tentative d'éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ? A ce sujet, je réponds : la chose la plus nécessaire pour l'œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. C'était l'erreur de l'âge confessionnel d'avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de l'Ecriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est que nous nous soyons rendu compte de cette communion et que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement impérissable".

  "Devant une forme nouvelle de christianisme, qui se diffuse avec un immense dynamisme missionnaire, parfois préoccupant dans ses formes, les Églises confessionnelles historiques restent souvent perplexes. C'est un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique et aussi avec peu de stabilité. Ce phénomène mondial nous place tous devant la question de savoir ce qu'est cette nouvelle forme de christianisme... Qu'est-ce qui demeure valable, peut ou doit être changé, par rapport à la question de notre choix fondamental dans la foi... Le second défi pour la chrétienté tout entière est la sécularisation du monde, dans lequel nous devons vivre et témoigner aujourd'hui notre foi. L'absence de Dieu dans notre société se fait plus pesante, l'histoire de la Révélation...semble reléguée dans un passé qui s'éloigne". Voilà pourquoi "la foi doit être repensée et surtout vécue d'une manière nouvelle... Si l'édulcoration de la foi ne peut pas nous venir en aide, la tâche centrale est de la vivre entièrement au quotidien. Et c une tâche œcuménique centrale. En cela nous devrions nous entraider à croire de façon plus profonde et plus vivante. Ce ne seront pas les tactiques qui nous sauveront, qui sauveront le christianisme, mais une foi repensée et vécue d'une façon nouvelle, par laquelle le Christ, et avec lui le Dieu vivant, entre dans notre monde... Vécue au plus profond de nous, dans un monde sécularisé, la foi demeure la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l'unité dans l'unique Seigneur". Après ce discours, le Pape a visité l'ancienne église conventuelle pour une cérémonie oecuménique.
PV-ALLEMAGNE/                                                     VIS 20110923 (880)

UN TEMOIGNAGE CHRETIEN COMMUN


CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). A midi en l'église de l'ancien couvent des augustins d'Erfurt, en présence de 300 personnes, le Saint-Père a pris part à la cérémonie oecuménique, au cours de laquelle l'Evêque évangélique local, le Docteur Friedrich Weber a lu le psaume 146, dans la traduction de Martin Luther. Après le salut introductif de la Présidente du Synode de l'Eglise évangélique d'Allemagne, Mme Katrin G.Eckardt, Benoît XVI a récité la prière pour l'unité des chrétiens. Puis le Cardinal Kurt Koch a lu la prière sacerdotale du Christ tirée de l'Evangile de Jean, avant que le Pape ne prononce l'homélie, dont voici les passages saillants: 

  "Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi". Ainsi parla Jésus à son Père... Dans cette prière de Jésus réside le lien profond de notre unité. Nous deviendrons un si nous nous laissons attirer dans cette prière... Mais la prière de Jésus a-t-elle été entendue? L'histoire du christianisme est, pour ainsi dire, le côté visible du drame dans lequel le Christ lutte et souffre avec nous les hommes. Ainsi doit-il supporter notre opposition à l'unité, mais aussi notre désir d'unité avec lui et avec la Trinité.... Voici pourquoi, dans une rencontre œcuménique, nous ne devrions pas seulement déplorer les divisions et les séparations, mais bien remercier Dieu pour tous les éléments d'unité qu'il a conservés pour nous et qu'il nous donne toujours de nouveau. Et cette gratitude doit en même temps être disponibilité à ne pas perdre, dans une époque de tentation et de périls, l'unité ainsi donnée. L'unité fondamentale consiste dans le fait que nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, le Créateur du ciel et de la terre... L'unité suprême n'est pas solitude d'une monade mais unité par l'amour. Nous croyons dans le Dieu concret, dans le fait qu'il nous a parlé et s'est fait l'un de nous. Témoigner de ce Dieu vivant est notre tâche commune".

  "La soif d'infini est indéracinable dans le coeur de l'homme qui, créé pour être en relation avec Dieu, a besoin de lui. Notre premier service œcuménique doit être de témoigner ensemble de la présence du Dieu vivant, et de donner au monde la réponse dont il a besoin. Naturellement, de ce témoignage fondamental rendu à Dieu, fait ensuite partie, de façon absolument centrale, le témoignage rendu à Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, qui a vécu avec nous, a souffert pour nous, est mort pour nous et, dans sa résurrection, a ouvert tout grand la porte de la mort. Chers amis, fortifions-nous dans cette foi! Aidons-nous mutuellement à la vivre! Ceci est une grande tâche œcuménique qui nous introduit au cœur de la prière de Jésus. Le sérieux de la foi en Dieu se manifeste dans le fait de vivre sa parole. Il se manifeste très concrètement de nos jours dans l'engagement en faveur de l'être humain, cette créature qu'il a voulue à son image. Nous vivons dans un temps où les critères de l'être homme sont remis en question. L'éthique est remplacée par le calcul des conséquences. Face à cela, les chrétiens doivent défendre la dignité de l'homme, de la conception à la mort, dans la question du diagnostic préimplantatoire jusqu'à celle de l'euthanasie... Sans la connaissance de Dieu, l'homme devient manipulable. La foi en Dieu doit se concrétiser dans notre engagement commun pour l'homme. De cet engagement pour l'homme, font partie non seulement ces critères fondamentaux d'humanité, mais surtout et très concrètement l'amour que Jésus nous enseigne dans la description du Jugement dernier: le Juge nous jugera selon la façon dont nous nous serons comportés vis à vis nos proches et des plus petits de nos frères. La disponibilité à aider...au-delà de son propre milieu de vie est une tâche essentielle du chrétien. Ceci vaut avant tout dans le domaine de la vie personnelle, puis sans celle de la communauté d'un peuple et d'un état, où tous doivent s'entraider. Ceci vaut pour notre continent, où nous sommes appelés à la solidarité européenne, ainsi qu'au-delà de ces les frontières. La charité chrétienne exige aussi aujourd'hui notre engagement pour la justice dans le vaste monde".

  Le sérieux de la foi, a poursuivi Benoît XVI, "se manifeste dans la manière de vivre la Parole qui inspire certaines personnes à se mettre totalement à la disposition de Dieu, et à partir de Dieu, des autres... A la veille de ma visite, on a parlé plusieurs fois d'un don œcuménique de l'hôte, que l'on attendait de cette visite. Il n'est pas nécessaire que je spécifie les dons mentionnés dans ce contexte. A ce sujet, je voudrais dire que ceci constitue une mauvaise compréhension politique de la foi et de l'œcuménisme. Avant la visite d'un chef d'état à un pays ami, des contacts préparent la signature d'un ou de plusieurs accords. Dans l'évaluation des avantages et des désavantages, les deux parties sont parvenues à un compromis avantageux... Mais la foi des chrétiens ne se base pas sur une évaluation de nos avantages et désavantages. Une foi auto-construite est privée de valeur. La foi n'est pas quelque chose que nous concoctons ou déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous appuyons notre existence. L'unité grandit non grâce à l'évaluation d'avantages et de désavantages, mais seulement en pénétrant toujours plus profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie. De cette manière, au cours des cinquante dernières années, et en particulier à partir de la visite de Jean-Paul II, il y a trente ans, s'est développée une plus grande entente, dont nous ne pouvons qu'être reconnaissants".

  Evoquant pour conclure la rencontre avec la commission conduite par l'évêque luthérien Lohse, où protestants et catholiques "se sont exercés ensemble à pénétrer profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie", Benoît XVI a remercié tous les participants: Ensemble, a-t-il dit, "nous ne pouvons que remercier le Seigneur pour les chemins de l'unité sur lesquels il nous conduit, et nous associer humblement à sa prière, Fais que nous devenions un, comme tu es un avec le Père, pour que le monde croie qu'il t'a envoyé". Après la récitation commune du Pater, le Pape a béni l'assemblée tandis que le Pasteur Schneider récitait la formule de Aaron.
PV-ALLEMAGNE/                                           VIS 20110923 (1050)
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