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dimanche 30 novembre 2014

Messe à Istanbul pour les communautés catholiques


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). En début d'après-midi hier, le Saint-Père s'est rendu en la cathédrale catholique d'Istanbul (depuis 1846), qui conserve dans l'atrium une statue de Benoît XV offerte en 1919 par les turcs pour remercier le Pape d'avoir tenté de bloquer la première guerre mondiale: "Au bienfaiteur des peuple sans distinction de nationalité ou de religion, l'Orient reconnaissant". L'intervention papale n'empêcha malheureusement les "jeunes turc" de perpétrer des massacres de minorités ethniques et religieuses, au premier plan desquelles la population arménienne de Turquie. Le Pape François a présidé une messe catholique inter-rites, au cours de laquelle ont également été utilisées plusieurs langues. Outre les dignitaires des Eglises orientales catholiques présentes en Turquie, y ont assisté avec le Patriarche oecuménique de Constantinople les prélats des autres Eglises orthodoxes d'Orient, et les représentants des autres communautés chrétiennes d'Istanbul. Voici l'homélie du Saint-Père:

"A l'homme assoiffé de salut, Jésus se présente comme la source où puiser, le rocher d’où le Père fait jaillir des fleuves d’eau vive pour tous ceux qui croient en lui. Avec cette prophétie, proclamée publiquement à Jérusalem, Jésus annonce à l’avance le don de l’Esprit que recevront ses disciples après sa glorification, après sa mort et sa résurrection. Ame de l’Eglise, l'Esprit donne la vie, suscite les différents charismes qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, crée l’unité entre les croyants. D'une multitude il fait un seul corps, le corps du Christ. Toute la vie et la mission de l’Eglise dépendent de l’Esprit qui réalise toute chose. La profession de foi...n'est possible que parce qu’elle est suggérée par l’Esprit: Personne n’est capable de dire que Jésus est Seigneur sinon dans l’Esprit Saint. Quand nous prions, c’est parce que l’Esprit suscite en nous la prière, dans notre cœur. Quand nous brisons le cercle de notre égoïsme, que nous sortons de nous-mêmes et nous approchons des autres pour les rencontrer, les écouter, les aider, c’est l’Esprit de Dieu qui nous a poussés. Quand nous découvrons en nous une capacité inconnue de pardonner, d’aimer celui qui ne nous aime pas, c’est l’Esprit qui nous a saisis. Quand nous passons outre les paroles de convenance et que nous nous adressons aux frères avec cette tendresse qui réchauffe le cœur, nous avons été certainement touchés par l’Esprit qui suscite les différents charismes dans l’Eglise... Cela constitue une immense richesse parce qu'il est l’Esprit d’une unité qui ne signifie pas uniformité. Seul l’Esprit peut susciter la diversité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité. Quand nous voulons faire la diversité, et que nous nous arrêtons sur nos particularismes et sur nos exclusivismes, nous apportons la division. Lorsque nous voulons faire l’unité selon nos desseins humains, nous finissons par apporter l’uniformité et l’homologation. Si au contraire, nous nous laissons guider par l’Esprit, la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce que Lui nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Eglise.
La multitude des membres et des charismes trouve son principe harmonisant dans l’Esprit du Christ, que le Père a envoyé et qu’il continue d’envoyer, pour accomplir l’unité entre les croyants. L’Esprit fait l’unité de l’Eglise, son unité dans la foi, son unité dans la charité, son unité dans la cohésion intérieure. L’Eglise et les Eglises sont appelées à se laisser guider par l’Esprit, en se plaçant dans une attitude d’ouverture, de docilité et d’obéissance... C'est là une perspective d’espérance, mais en même temps laborieuse, puisqu’il y a toujours en nous la tentation de résister à l’Esprit Saint, parce qu’il bouleverse, parce qu’il secoue, il fait marcher, il pousse l’Eglise à avancer. Et il est toujours plus facile et plus commode de se caler dans ses propres positions statiques et inchangées. En réalité, l’Eglise se montre fidèle à l’Esprit dans la mesure où elle n’a pas la prétention de le régler ni de le domestiquer. Et l’Eglise se montre aussi fidèle à l’Esprit quand elle laisse de côté la tentation de se regarder elle-même. Et nous, chrétiens, nous devenons d’authentiques disciples-missionnaires, capables d’interpeller les consciences, si nous abandonnons un style défensif pour nous laisser conduire par l’Esprit. Il est fraîcheur, imagination, nouveauté.

Nos défenses peuvent se manifester par le retranchement excessif sur nos idées, sur nos forces, mais au risque de glisser vers le pélagianisme, dans une attitude d’ambition et de vanité. Ces mécanismes défensifs nous empêchent de comprendre vraiment les autres et de nous ouvrir à un dialogue sincère avec eux. Mais l’Eglise, née de la Pentecôte, reçoit le feu de l’Esprit, qui ne remplit pas tant la tête d’idées mais incendie le cœur. Elle est alors investie du vent de l’Esprit qui ne transmet pas un pouvoir, mais habilite à un service d’amour, à un langage que chacun est en mesure de comprendre. Sur notre chemin de foi et de vie fraternelle, plus nous nous laisserons guider avec humilité par l’Esprit du Seigneur, plus nous dépasserons les incompréhensions, les divisions et les controverses et plus nous serons signes crédibles d’unité et de paix. Signes crédibles que Notre Seigneur est ressuscité, est vivant. C'est avec cette joyeuse certitude que je vous salue tous avec affection, chers frères et sœurs, ainsi que le Patriarche syro-catholique, le Président de la Conférences épiscopale de Turquie, le Vicaire apostolique Mgr.Pelâtre, les autres évêques et exarques, les prêtres et les diacres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs, appartenant aux différentes communautés et aux différents rites de l’Église catholique. Je désire saluer avec une fraternelle affection le Patriarche de Constantinople, SS Barthélémy I, le Métropolite syro-orthodoxe, le Vicaire Patriarcal arménien apostolique et les représentants des Communautés protestantes, qui ont voulu prier avec nous durant cette célébration. Je leur exprime ma reconnaissance pour ce geste fraternel. J’envoie une pensée affectueuse au Patriarche arménien apostolique Mesrob II, en l’assurant de ma prière. Frères et sœurs, tournons notre pensée vers la Vierge Marie, la Sainte Mère de Dieu. Avec elle qui a prié dans le cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, prions le Seigneur pour qu’il envoie l'Esprit dans nos cœurs et nous rende témoins de son Evangile dans le monde entier". 

Priere en commun au Phanar


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). Hier, après la messe en la cathédrale catholique d'Istanbul, le Saint-Père a gagné le Phanar, le siège du Patriarcat oecuménique de Constantinople, point de convergence de 300 millions d'orthodoxes regroupés en diverses Eglises orthodoxes autonomes. Incarnant l'unité et le primat de l'orthodoxie, le Patriarche oecuménique est le premier inter pares. Il a directe juridiction sur Istanbul et quatre autres diocèses de Turquie, le Mont Athos, la Crète, Patmos et le Dodécanèse. Depuis le milieu du XV siècle, le patriarcat n'est plus contigu à la basilique Ste.Sophie. En 1601, il a été autorité par le Sultan à s'installer au quartier du Phanar. Le Pape François y a été accueilli par SS Barthélémy I en l'église St.Georges, où ils ont prié pour l'unité. Après l'allocution du Patriarche oecuménique, le Pape a prononcé le discours suivant:

"La tombée du soir porte toujours avec lui un sentiment mêlé de gratitude pour la journée vécue, et d’anxieuse confiance devant la nuit qui arrive. Ce soir mon âme est remplie de gratitude envers Dieu qui m’accorde de me trouver ici pour prier avec votre Sainteté et avec cette Eglise sœur, au terme d’une intense journée de visite apostolique. Et en même temps, mon âme est en attente du jour que nous avons liturgiquement commencé, la fête de l'Apôtre André, le fondateur et le patron de cette Eglise. A travers les paroles du prophète Zacharie, le Seigneur nous offre une fois encore le fondement de notre tension entre un aujourd’hui et un demain, le rocher solide sur lequel nous pouvons ensemble porter nos pas avec joie et avec espérance, Ce fondement sur le roc est la promesse du Seigneur: Voici que je sauve mon peuple, de l’Orient et de l’Occident dans la loyauté et la justice.
Oui, cher Frère vénéré Barthélémy, alors que je vous exprime un merci sincère pour votre accueil fraternel, je sens que notre joie est plus grande parce que la source est au-delà. Elle n’est pas en nous, elle n’est pas dans notre engagement ni dans nos efforts, même s’il y en a, comme il se doit, mais elle est dans la confiance commune en la fidélité de Dieu, qui pose le fondement de la reconstruction de son temple qu'est l’église. Voilà une semence de paix, voilà une semence de joie. Cette paix et cette joie que le monde ne peut donner, mais que le Seigneur Jésus a promises à ses disciples, et qu’il leur a données, une fois ressuscité, dans la puissance de l'Esprit.


André et Pierre ont écouté cette promesse et reçu ce don. Ils étaient frères de sang, mais la rencontre avec le Christ les a transformés en frères dans la foi et dans la charité. Et en cette joyeuse soirée, en cette prière des vigiles, je voudrais dire surtout: Nous sommes frères dans l’espérance, et l’espérance ne déçoit pas! Quelle grâce, Sainteté, de pouvoir être frères dans l’espérance du Seigneur ressuscité! Quelle grâce et quelle responsabilité de pouvoir marcher ensemble dans cette espérance, avec le soutien des saints frères André et Pierre! Quelle grâce de savoir que cette commune espérance ne déçoit pas, parce qu’elle est fondée, non pas sur nous ni sur nos pauvres forces, mais sur la fidélité de Dieu. C'est dans cette joyeuse espérance, remplie de gratitude et d’attente impatiente, que j’adresse à Votre Sainteté, à toutes les personnes présentes, et à l’Eglise de Constantinople, mes vœux cordiaux et fraternels pour la fête du Saint Patron. Et je vous demande une faveur, celle de me bénir ainsi que l’Eglise de Rome". Après cette allocution, le Pape François et son hôte le Patriarche Barthélémy ont récité le Pater ensemble, en grec et en latin. S'étant retirés au second étage du Phanar, il ont eu un nouvel entretien. 

Divine liturgie de la solennité de St.André en présence du Pape François


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). La dernière journée du voyage du Saint-Père en Turquie a débuté tôt par sa rencontre près la représentation pontificale d'Istanbul avec le Grand Rabbin de Turquie Isaak Halerva, à la tête d'une communauté de 25.000 fidèles. Lors de l'Inquisition espagnole de la fin du XV siècle et jusqu'au début du XIX un très grand nombre de juifs trouvèrent refuge dans l'empire ottoman. Mais cette communauté s'est drastiquement réduite au profit de l'émigration vers les Amériques et vers Israël au XIX et XX siècle. Benoît XVI avait rencontré le Grand Rabbin en 2006.

Après quoi, le Pape est retourné au Phanar pour participer à la divine liturgie célébrée par le Patriarche en la solennité de saint André apôtre. A l'issue de la cérémonie, il a prononcé le discours suivant: "Souvent, comme Archevêque de Buenos Aires, j’ai participé à la divine liturgie des communautés orthodoxes locales. Mais, me trouver aujourd’hui en cette église patriarcale St.Georges...est vraiment une grâce particulière que le Seigneur me donne. Nous rencontrer, échanger l’accolade de paix, prier l’un pour l’autre sont des dimensions essentielles de ce chemin vers le rétablissement de la pleine communion à laquelle nous tendons. Tout ceci précède et accompagne constamment cette autre dimension essentielle de ce chemin qu’est le dialogue théologique. Un authentique dialogue est toujours une rencontre entre des personnes avec un nom, un visage, une histoire, et pas seulement une confrontation d’idées. Cela vaut surtout pour nous chrétiens, parce que, pour nous, la vérité est la personne de Jésus-Christ. L’exemple de saint André, qui a accueilli l’invitation du Maître à venir et voir, nous montre avec clarté que la vie chrétienne est une expérience personnelle, une rencontre transformante avec celui qui nous aime et veut nous sauver. De même, l’annonce chrétienne se répand grâce à des personnes qui, amoureuses du Christ, ne peuvent pas ne pas transmettre la joie d’être aimées et sauvées. Encore une fois, l’exemple de l’apôtre André est éclairant. Après avoir suivi Jésus là où il habitait et s’être entretenu avec lui, il trouva d’abord Simon son frère et lui dit: Nous avons trouvé le Messie! Et il l’amena à Jésus. Il est clair, par conséquent, que même le dialogue entre chrétiens ne peut se soustraire à cette logique de la rencontre personnelle.

Ce n’est donc pas un hasard si le chemin de réconciliation et de paix entre catholiques et orthodoxes a été, en quelque sorte, inauguré par une rencontre, par une accolade entre nos vénérés prédécesseurs, le Patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI, il y a cinquante ans, à Jérusalem, événement que votre Sainteté et moi-même avons voulu récemment commémorer en nous rencontrant dans la ville où le Seigneur est mort et ressuscité. Par une heureuse coïncidence, ma visite a lieu quelques jours après la célébration du cinquantième anniversaire de la promulgation du décret du Concile Vatican II sur la recherche de l’unité entre tous les chrétiens, Unitatis Redintegratio. Il s’agit d’un document fondamental par lequel a été ouverte une voie nouvelle pour la rencontre entre les catholiques et les frères d’autres Eglises et Communautés ecclésiales. Par ce décret, l’Eglise catholique reconnaît que les Eglises orthodoxes ont de vrais sacrements, principalement, en vertu de la succession apostolique: Ce sont le Sacerdoce et l’Eucharistie... En conséquence, on affirme que, pour garder fidèlement la plénitude de la tradition chrétienne et pour conduire à terme la réconciliation des chrétiens d’Orient et d’Occident, il est de la plus grande importance de conserver et de soutenir le très riche patrimoine des Eglises d’Orient, non seulement en ce qui concerne les traditions liturgiques et spirituelles, mais aussi les disciplines canoniques, entérinées par les saints pères et par les conciles, qui règlent la vie de ces Eglises. J’estime important de rappeler le respect de ce principe comme condition essentielle et réciproque au rétablissement de la pleine communion, qui ne signifie ni soumission l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ, par l’Esprit. Je veux assurer à chacun de vous que, pour arriver au but désiré de la pleine unité, l’Eglise catholique n’entend pas imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune, et que nous sommes prêts à chercher ensemble, à la lumière de l’enseignement de l’Ecriture et de l’expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l’Eglise dans les circonstances actuelles. L’unique chose que désire l’église catholique, et que je recherche comme Evêque de Rome, de l’Eglise qui préside dans la charité, c’est la communion avec les Eglises orthodoxes. Cette communion sera toujours le fruit de l’amour qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné, amour fraternel qui donne expression au lien spirituel et transcendant qui nous unit comme disciples du Seigneur.

Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Eglises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ. La première de ces voix est celle des pauvres. Dans le monde, il y a trop de femmes et trop d’hommes qui souffrent de grave malnutrition, du chômage croissant, du fort pourcentage de jeunes sans travail et de l’augmentation de l’exclusion sociale, qui peut conduire à des activités criminelles et même au recrutement des terroristes. Nous ne pouvons pas rester indifférents devant les voix de ces frères et sœurs. Ils nous demandent, non seulement de leur donner une aide matérielle, nécessaire en de nombreuses circonstances, mais surtout que nous les aidions à défendre leur dignité de personne humaine, de sorte qu’ils puissent retrouver les énergies spirituelles pour se relever et être de nouveau protagonistes de leur histoire. Il nous demandent aussi de lutter, à la lumière de l’Evangile, contre les causes structurelles de la pauvreté, l’inégalité, le manque d’un travail digne, d’une terre et d’une maison, la négation des droits sociaux et des droits du travail. Comme chrétiens nous sommes appelés à vaincre ensemble cette mondialisation de l’indifférence qui aujourd’hui semble avoir la suprématie, et à construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité.

Une seconde voix qui crie fort est celle des victimes des conflits en tant de parties du monde. Cette voix nous l’entendons très bien résonner d’ici, parce que des nations voisines sont marquées par une guerre atroce et inhumaine. Je pense avec une grande douleur à toutes les victimes de l'attentat insensé qui vient de frapper à mort des musulmans nigérians priant en la mosquée de Kano. Troubler la paix d’un peuple, commettre ou consentir toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense, est un péché très grave contre Dieu, parce que c’est ne pas respecter l’image de Dieu qui est dans l’homme. La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible le message de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles?

Une troisième voix qui nous interpelle est celle des jeunes. Aujourd’hui, malheureusement, beaucoup de jeunes vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation. Beaucoup de jeunes, de plus, influencés par la culture dominante, cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment. Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si nous ne sommes pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Evangile et de l’expérience millénaire de l’Eglise. Ce sont justement les jeunes orthodoxes, catholiques et protestants qui se rencontrent dans les rassemblements internationaux organisés par la communauté de Taizé, qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit en vue de la sainteté. Cher frère Barthélémy, nous sommes en chemin vers la pleine communion et déjà nous pouvons vivre des signes éloquents d’une unité réelle, bien qu’encore partielle. Cela nous conforte et nous soutient dans la poursuite de ce chemin. Nous sommes sûrs que le long de cette route nous sommes soutenus par l’intercession d’André et de son frère Pierre, considérés par la tradition comme les fondateurs des Eglises de Constantinople et de Rome. Invoquons de Dieu le grand don de la pleine unité et la capacité de l’accueillir dans nos vies. Et n’oublions jamais de prier les uns pour les autres".






Déclaration commune du Patriarche oecuménique et du Pape


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). Après avoir salué et béni l'assistance depuis le balcon du Phanar, Barthélémy I et le Pape François ont lu puis signé une importante Déclaration commune, dont voici le texte:

"Nous, le Pape François et le Patriarche œcuménique Barthélémy I, exprimons notre profonde gratitude à Dieu pour le don de cette nouvelle rencontre qu’il nous accorde, en présence des membres du Saint Synode, du clergé et des fidèles du Patriarcat œcuménique, de célébrer ensemble la fête de saint André, le premier appelé et le frère de l’Apôtre Pierre. Faire mémoire des apôtres, qui proclamèrent la bonne nouvelle de l’Evangile au monde, renforce en nous le désir de continuer à cheminer ensemble dans le but de dépasser, avec amour et confiance, les obstacles qui nous divisent. Lors de notre rencontre à Jérusalem de mai dernier, au cours de laquelle nous avons rappelé l’accolade historique entre nos vénérables prédécesseurs Paul VI et Athenagoras, nous avons signé une déclaration conjointe. Aujourd’hui, en l’heureuse occasion d’une nouvelle rencontre fraternelle, nous voulons réaffirmer ensemble nos intentions et nos préoccupations communes:

Nous exprimons notre sincère et ferme intention, dans l’obéissance à la volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, d’intensifier nos efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes. Nous voulons de plus, soutenir le dialogue théologique promu par la Commission mixte internationale, qui, instituée il y a exactement 35 ans par le Patriarche œcuménique Dimitrios et par le Pape Jean-Paul II, ici, au Phanar, traite actuellement les questions plus difficiles qui ont marqué l’histoire de nos divisions et qui demandent une étude attentive et approfondie. Dans ce but, nous assurons de notre prière fervente comme Pasteurs de l’Eglise, demandant aux fidèles de s’unir à nous dans l’invocation commune que tous soient un afin que le monde croie.

Nous exprimons notre préoccupation commune pour la situation en Irak, en Syrie et dans tout le proche et moyen Orient. Nous sommes unis dans le désir de paix et de stabilité et dans la volonté de promouvoir la résolution des conflits par le dialogue et la réconciliation. Reconnaissant les efforts déjà faits pour offrir une assistance à la région, nous en appelons en même temps à tous ceux qui ont la responsabilité du destin des peuples afin qu’ils intensifient leur engagement pour les communautés qui souffrent et leur permettent, y compris aux communautés chrétiennes, de rester sur leur terre natale. Nous ne pouvons pas nous résigner à Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans. Beaucoup de nos frères et de nos sœurs sont persécutés et ont été contraints par la violence à laisser leur maisons. Il semble vraiment que la valeur de la vie humaine se soit perdue et que la personne humaine n’aie plus d’importance et puisse être sacrifiée à d’autres intérêts. Et tout cela, tragiquement, rencontre l’indifférence de beaucoup. Comme nous le rappelle Paul: Un membre souffre-t-il que tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur que tous les membre se réjouissent avec lui. C’est la loi de la vie chrétienne et en ce sens nous pouvons dire qu’il y a aussi un œcuménisme de la souffrance. Comme le sang des martyrs a été semence de force et de fécondité pour l’Eglise, ainsi le partage des souffrances quotidiennes peut être aussi un instrument efficace d’unité. La terrible situation des chrétiens et de tous ceux qui souffrent au proche et moyen Orient demande non seulement une prière constante, mais aussi une réponse appropriée de la part de la communauté internationale.

Les grands défis que le monde a devant lui dans la situation actuelle demandent la solidarité de toutes les personnes de bonne volonté. Nous reconnaissons donc aussi l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié. Inspirés par des valeurs communes et affermis par un authentique sentiment fraternel, musulmans et chrétiens sont appelés à travailler ensemble par amour de la justice, de la paix et du respect de la dignité et des droits de chaque personne, spécialement dans les régions où eux-mêmes, un temps, vécurent pendant des siècles dans une coexistence pacifique et maintenant souffrent ensemble tragiquement des horreurs de la guerre. De plus, comme leaders chrétiens, nous exhortons tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue inter-religieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples. Nous nous souvenons aussi de tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre. En particulier, nous prions pour la paix en Ukraine, un pays d’antique tradition chrétienne, et nous lançons un appel aux parties engagées dans le conflit à rechercher le chemin du dialogue et du respect du droit international pour mettre fin au conflit et permettre à tous les Ukrainiens de vivre en harmonie. Nos pensées sont également tournées vers tous les fidèles de nos Eglises de par le monde, que nous saluons, les confiant au Christ notre Sauveur, afin qu’ils puissent être des témoins infatigables de l’amour de Dieu. Nous faisons monter notre prière fervente vers Dieu pour qu’il accorde le don de la paix, dans l’amour et dans l’unité, à toute la famille humaine. Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous". Après cet acte solennel ils ont rejoint leurs suites pour le déjeuner.


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