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dimanche 30 novembre 2014

Messe à Istanbul pour les communautés catholiques


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). En début d'après-midi hier, le Saint-Père s'est rendu en la cathédrale catholique d'Istanbul (depuis 1846), qui conserve dans l'atrium une statue de Benoît XV offerte en 1919 par les turcs pour remercier le Pape d'avoir tenté de bloquer la première guerre mondiale: "Au bienfaiteur des peuple sans distinction de nationalité ou de religion, l'Orient reconnaissant". L'intervention papale n'empêcha malheureusement les "jeunes turc" de perpétrer des massacres de minorités ethniques et religieuses, au premier plan desquelles la population arménienne de Turquie. Le Pape François a présidé une messe catholique inter-rites, au cours de laquelle ont également été utilisées plusieurs langues. Outre les dignitaires des Eglises orientales catholiques présentes en Turquie, y ont assisté avec le Patriarche oecuménique de Constantinople les prélats des autres Eglises orthodoxes d'Orient, et les représentants des autres communautés chrétiennes d'Istanbul. Voici l'homélie du Saint-Père:

"A l'homme assoiffé de salut, Jésus se présente comme la source où puiser, le rocher d’où le Père fait jaillir des fleuves d’eau vive pour tous ceux qui croient en lui. Avec cette prophétie, proclamée publiquement à Jérusalem, Jésus annonce à l’avance le don de l’Esprit que recevront ses disciples après sa glorification, après sa mort et sa résurrection. Ame de l’Eglise, l'Esprit donne la vie, suscite les différents charismes qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, crée l’unité entre les croyants. D'une multitude il fait un seul corps, le corps du Christ. Toute la vie et la mission de l’Eglise dépendent de l’Esprit qui réalise toute chose. La profession de foi...n'est possible que parce qu’elle est suggérée par l’Esprit: Personne n’est capable de dire que Jésus est Seigneur sinon dans l’Esprit Saint. Quand nous prions, c’est parce que l’Esprit suscite en nous la prière, dans notre cœur. Quand nous brisons le cercle de notre égoïsme, que nous sortons de nous-mêmes et nous approchons des autres pour les rencontrer, les écouter, les aider, c’est l’Esprit de Dieu qui nous a poussés. Quand nous découvrons en nous une capacité inconnue de pardonner, d’aimer celui qui ne nous aime pas, c’est l’Esprit qui nous a saisis. Quand nous passons outre les paroles de convenance et que nous nous adressons aux frères avec cette tendresse qui réchauffe le cœur, nous avons été certainement touchés par l’Esprit qui suscite les différents charismes dans l’Eglise... Cela constitue une immense richesse parce qu'il est l’Esprit d’une unité qui ne signifie pas uniformité. Seul l’Esprit peut susciter la diversité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité. Quand nous voulons faire la diversité, et que nous nous arrêtons sur nos particularismes et sur nos exclusivismes, nous apportons la division. Lorsque nous voulons faire l’unité selon nos desseins humains, nous finissons par apporter l’uniformité et l’homologation. Si au contraire, nous nous laissons guider par l’Esprit, la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce que Lui nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Eglise.
La multitude des membres et des charismes trouve son principe harmonisant dans l’Esprit du Christ, que le Père a envoyé et qu’il continue d’envoyer, pour accomplir l’unité entre les croyants. L’Esprit fait l’unité de l’Eglise, son unité dans la foi, son unité dans la charité, son unité dans la cohésion intérieure. L’Eglise et les Eglises sont appelées à se laisser guider par l’Esprit, en se plaçant dans une attitude d’ouverture, de docilité et d’obéissance... C'est là une perspective d’espérance, mais en même temps laborieuse, puisqu’il y a toujours en nous la tentation de résister à l’Esprit Saint, parce qu’il bouleverse, parce qu’il secoue, il fait marcher, il pousse l’Eglise à avancer. Et il est toujours plus facile et plus commode de se caler dans ses propres positions statiques et inchangées. En réalité, l’Eglise se montre fidèle à l’Esprit dans la mesure où elle n’a pas la prétention de le régler ni de le domestiquer. Et l’Eglise se montre aussi fidèle à l’Esprit quand elle laisse de côté la tentation de se regarder elle-même. Et nous, chrétiens, nous devenons d’authentiques disciples-missionnaires, capables d’interpeller les consciences, si nous abandonnons un style défensif pour nous laisser conduire par l’Esprit. Il est fraîcheur, imagination, nouveauté.

Nos défenses peuvent se manifester par le retranchement excessif sur nos idées, sur nos forces, mais au risque de glisser vers le pélagianisme, dans une attitude d’ambition et de vanité. Ces mécanismes défensifs nous empêchent de comprendre vraiment les autres et de nous ouvrir à un dialogue sincère avec eux. Mais l’Eglise, née de la Pentecôte, reçoit le feu de l’Esprit, qui ne remplit pas tant la tête d’idées mais incendie le cœur. Elle est alors investie du vent de l’Esprit qui ne transmet pas un pouvoir, mais habilite à un service d’amour, à un langage que chacun est en mesure de comprendre. Sur notre chemin de foi et de vie fraternelle, plus nous nous laisserons guider avec humilité par l’Esprit du Seigneur, plus nous dépasserons les incompréhensions, les divisions et les controverses et plus nous serons signes crédibles d’unité et de paix. Signes crédibles que Notre Seigneur est ressuscité, est vivant. C'est avec cette joyeuse certitude que je vous salue tous avec affection, chers frères et sœurs, ainsi que le Patriarche syro-catholique, le Président de la Conférences épiscopale de Turquie, le Vicaire apostolique Mgr.Pelâtre, les autres évêques et exarques, les prêtres et les diacres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs, appartenant aux différentes communautés et aux différents rites de l’Église catholique. Je désire saluer avec une fraternelle affection le Patriarche de Constantinople, SS Barthélémy I, le Métropolite syro-orthodoxe, le Vicaire Patriarcal arménien apostolique et les représentants des Communautés protestantes, qui ont voulu prier avec nous durant cette célébration. Je leur exprime ma reconnaissance pour ce geste fraternel. J’envoie une pensée affectueuse au Patriarche arménien apostolique Mesrob II, en l’assurant de ma prière. Frères et sœurs, tournons notre pensée vers la Vierge Marie, la Sainte Mère de Dieu. Avec elle qui a prié dans le cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, prions le Seigneur pour qu’il envoie l'Esprit dans nos cœurs et nous rende témoins de son Evangile dans le monde entier". 

Priere en commun au Phanar


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). Hier, après la messe en la cathédrale catholique d'Istanbul, le Saint-Père a gagné le Phanar, le siège du Patriarcat oecuménique de Constantinople, point de convergence de 300 millions d'orthodoxes regroupés en diverses Eglises orthodoxes autonomes. Incarnant l'unité et le primat de l'orthodoxie, le Patriarche oecuménique est le premier inter pares. Il a directe juridiction sur Istanbul et quatre autres diocèses de Turquie, le Mont Athos, la Crète, Patmos et le Dodécanèse. Depuis le milieu du XV siècle, le patriarcat n'est plus contigu à la basilique Ste.Sophie. En 1601, il a été autorité par le Sultan à s'installer au quartier du Phanar. Le Pape François y a été accueilli par SS Barthélémy I en l'église St.Georges, où ils ont prié pour l'unité. Après l'allocution du Patriarche oecuménique, le Pape a prononcé le discours suivant:

"La tombée du soir porte toujours avec lui un sentiment mêlé de gratitude pour la journée vécue, et d’anxieuse confiance devant la nuit qui arrive. Ce soir mon âme est remplie de gratitude envers Dieu qui m’accorde de me trouver ici pour prier avec votre Sainteté et avec cette Eglise sœur, au terme d’une intense journée de visite apostolique. Et en même temps, mon âme est en attente du jour que nous avons liturgiquement commencé, la fête de l'Apôtre André, le fondateur et le patron de cette Eglise. A travers les paroles du prophète Zacharie, le Seigneur nous offre une fois encore le fondement de notre tension entre un aujourd’hui et un demain, le rocher solide sur lequel nous pouvons ensemble porter nos pas avec joie et avec espérance, Ce fondement sur le roc est la promesse du Seigneur: Voici que je sauve mon peuple, de l’Orient et de l’Occident dans la loyauté et la justice.
Oui, cher Frère vénéré Barthélémy, alors que je vous exprime un merci sincère pour votre accueil fraternel, je sens que notre joie est plus grande parce que la source est au-delà. Elle n’est pas en nous, elle n’est pas dans notre engagement ni dans nos efforts, même s’il y en a, comme il se doit, mais elle est dans la confiance commune en la fidélité de Dieu, qui pose le fondement de la reconstruction de son temple qu'est l’église. Voilà une semence de paix, voilà une semence de joie. Cette paix et cette joie que le monde ne peut donner, mais que le Seigneur Jésus a promises à ses disciples, et qu’il leur a données, une fois ressuscité, dans la puissance de l'Esprit.


André et Pierre ont écouté cette promesse et reçu ce don. Ils étaient frères de sang, mais la rencontre avec le Christ les a transformés en frères dans la foi et dans la charité. Et en cette joyeuse soirée, en cette prière des vigiles, je voudrais dire surtout: Nous sommes frères dans l’espérance, et l’espérance ne déçoit pas! Quelle grâce, Sainteté, de pouvoir être frères dans l’espérance du Seigneur ressuscité! Quelle grâce et quelle responsabilité de pouvoir marcher ensemble dans cette espérance, avec le soutien des saints frères André et Pierre! Quelle grâce de savoir que cette commune espérance ne déçoit pas, parce qu’elle est fondée, non pas sur nous ni sur nos pauvres forces, mais sur la fidélité de Dieu. C'est dans cette joyeuse espérance, remplie de gratitude et d’attente impatiente, que j’adresse à Votre Sainteté, à toutes les personnes présentes, et à l’Eglise de Constantinople, mes vœux cordiaux et fraternels pour la fête du Saint Patron. Et je vous demande une faveur, celle de me bénir ainsi que l’Eglise de Rome". Après cette allocution, le Pape François et son hôte le Patriarche Barthélémy ont récité le Pater ensemble, en grec et en latin. S'étant retirés au second étage du Phanar, il ont eu un nouvel entretien. 

Divine liturgie de la solennité de St.André en présence du Pape François


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). La dernière journée du voyage du Saint-Père en Turquie a débuté tôt par sa rencontre près la représentation pontificale d'Istanbul avec le Grand Rabbin de Turquie Isaak Halerva, à la tête d'une communauté de 25.000 fidèles. Lors de l'Inquisition espagnole de la fin du XV siècle et jusqu'au début du XIX un très grand nombre de juifs trouvèrent refuge dans l'empire ottoman. Mais cette communauté s'est drastiquement réduite au profit de l'émigration vers les Amériques et vers Israël au XIX et XX siècle. Benoît XVI avait rencontré le Grand Rabbin en 2006.

Après quoi, le Pape est retourné au Phanar pour participer à la divine liturgie célébrée par le Patriarche en la solennité de saint André apôtre. A l'issue de la cérémonie, il a prononcé le discours suivant: "Souvent, comme Archevêque de Buenos Aires, j’ai participé à la divine liturgie des communautés orthodoxes locales. Mais, me trouver aujourd’hui en cette église patriarcale St.Georges...est vraiment une grâce particulière que le Seigneur me donne. Nous rencontrer, échanger l’accolade de paix, prier l’un pour l’autre sont des dimensions essentielles de ce chemin vers le rétablissement de la pleine communion à laquelle nous tendons. Tout ceci précède et accompagne constamment cette autre dimension essentielle de ce chemin qu’est le dialogue théologique. Un authentique dialogue est toujours une rencontre entre des personnes avec un nom, un visage, une histoire, et pas seulement une confrontation d’idées. Cela vaut surtout pour nous chrétiens, parce que, pour nous, la vérité est la personne de Jésus-Christ. L’exemple de saint André, qui a accueilli l’invitation du Maître à venir et voir, nous montre avec clarté que la vie chrétienne est une expérience personnelle, une rencontre transformante avec celui qui nous aime et veut nous sauver. De même, l’annonce chrétienne se répand grâce à des personnes qui, amoureuses du Christ, ne peuvent pas ne pas transmettre la joie d’être aimées et sauvées. Encore une fois, l’exemple de l’apôtre André est éclairant. Après avoir suivi Jésus là où il habitait et s’être entretenu avec lui, il trouva d’abord Simon son frère et lui dit: Nous avons trouvé le Messie! Et il l’amena à Jésus. Il est clair, par conséquent, que même le dialogue entre chrétiens ne peut se soustraire à cette logique de la rencontre personnelle.

Ce n’est donc pas un hasard si le chemin de réconciliation et de paix entre catholiques et orthodoxes a été, en quelque sorte, inauguré par une rencontre, par une accolade entre nos vénérés prédécesseurs, le Patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI, il y a cinquante ans, à Jérusalem, événement que votre Sainteté et moi-même avons voulu récemment commémorer en nous rencontrant dans la ville où le Seigneur est mort et ressuscité. Par une heureuse coïncidence, ma visite a lieu quelques jours après la célébration du cinquantième anniversaire de la promulgation du décret du Concile Vatican II sur la recherche de l’unité entre tous les chrétiens, Unitatis Redintegratio. Il s’agit d’un document fondamental par lequel a été ouverte une voie nouvelle pour la rencontre entre les catholiques et les frères d’autres Eglises et Communautés ecclésiales. Par ce décret, l’Eglise catholique reconnaît que les Eglises orthodoxes ont de vrais sacrements, principalement, en vertu de la succession apostolique: Ce sont le Sacerdoce et l’Eucharistie... En conséquence, on affirme que, pour garder fidèlement la plénitude de la tradition chrétienne et pour conduire à terme la réconciliation des chrétiens d’Orient et d’Occident, il est de la plus grande importance de conserver et de soutenir le très riche patrimoine des Eglises d’Orient, non seulement en ce qui concerne les traditions liturgiques et spirituelles, mais aussi les disciplines canoniques, entérinées par les saints pères et par les conciles, qui règlent la vie de ces Eglises. J’estime important de rappeler le respect de ce principe comme condition essentielle et réciproque au rétablissement de la pleine communion, qui ne signifie ni soumission l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ, par l’Esprit. Je veux assurer à chacun de vous que, pour arriver au but désiré de la pleine unité, l’Eglise catholique n’entend pas imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune, et que nous sommes prêts à chercher ensemble, à la lumière de l’enseignement de l’Ecriture et de l’expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l’Eglise dans les circonstances actuelles. L’unique chose que désire l’église catholique, et que je recherche comme Evêque de Rome, de l’Eglise qui préside dans la charité, c’est la communion avec les Eglises orthodoxes. Cette communion sera toujours le fruit de l’amour qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné, amour fraternel qui donne expression au lien spirituel et transcendant qui nous unit comme disciples du Seigneur.

Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Eglises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ. La première de ces voix est celle des pauvres. Dans le monde, il y a trop de femmes et trop d’hommes qui souffrent de grave malnutrition, du chômage croissant, du fort pourcentage de jeunes sans travail et de l’augmentation de l’exclusion sociale, qui peut conduire à des activités criminelles et même au recrutement des terroristes. Nous ne pouvons pas rester indifférents devant les voix de ces frères et sœurs. Ils nous demandent, non seulement de leur donner une aide matérielle, nécessaire en de nombreuses circonstances, mais surtout que nous les aidions à défendre leur dignité de personne humaine, de sorte qu’ils puissent retrouver les énergies spirituelles pour se relever et être de nouveau protagonistes de leur histoire. Il nous demandent aussi de lutter, à la lumière de l’Evangile, contre les causes structurelles de la pauvreté, l’inégalité, le manque d’un travail digne, d’une terre et d’une maison, la négation des droits sociaux et des droits du travail. Comme chrétiens nous sommes appelés à vaincre ensemble cette mondialisation de l’indifférence qui aujourd’hui semble avoir la suprématie, et à construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité.

Une seconde voix qui crie fort est celle des victimes des conflits en tant de parties du monde. Cette voix nous l’entendons très bien résonner d’ici, parce que des nations voisines sont marquées par une guerre atroce et inhumaine. Je pense avec une grande douleur à toutes les victimes de l'attentat insensé qui vient de frapper à mort des musulmans nigérians priant en la mosquée de Kano. Troubler la paix d’un peuple, commettre ou consentir toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense, est un péché très grave contre Dieu, parce que c’est ne pas respecter l’image de Dieu qui est dans l’homme. La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible le message de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles?

Une troisième voix qui nous interpelle est celle des jeunes. Aujourd’hui, malheureusement, beaucoup de jeunes vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation. Beaucoup de jeunes, de plus, influencés par la culture dominante, cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment. Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si nous ne sommes pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Evangile et de l’expérience millénaire de l’Eglise. Ce sont justement les jeunes orthodoxes, catholiques et protestants qui se rencontrent dans les rassemblements internationaux organisés par la communauté de Taizé, qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit en vue de la sainteté. Cher frère Barthélémy, nous sommes en chemin vers la pleine communion et déjà nous pouvons vivre des signes éloquents d’une unité réelle, bien qu’encore partielle. Cela nous conforte et nous soutient dans la poursuite de ce chemin. Nous sommes sûrs que le long de cette route nous sommes soutenus par l’intercession d’André et de son frère Pierre, considérés par la tradition comme les fondateurs des Eglises de Constantinople et de Rome. Invoquons de Dieu le grand don de la pleine unité et la capacité de l’accueillir dans nos vies. Et n’oublions jamais de prier les uns pour les autres".






Déclaration commune du Patriarche oecuménique et du Pape


Cité du Vatican, 30 novembre 2014 (VIS). Après avoir salué et béni l'assistance depuis le balcon du Phanar, Barthélémy I et le Pape François ont lu puis signé une importante Déclaration commune, dont voici le texte:

"Nous, le Pape François et le Patriarche œcuménique Barthélémy I, exprimons notre profonde gratitude à Dieu pour le don de cette nouvelle rencontre qu’il nous accorde, en présence des membres du Saint Synode, du clergé et des fidèles du Patriarcat œcuménique, de célébrer ensemble la fête de saint André, le premier appelé et le frère de l’Apôtre Pierre. Faire mémoire des apôtres, qui proclamèrent la bonne nouvelle de l’Evangile au monde, renforce en nous le désir de continuer à cheminer ensemble dans le but de dépasser, avec amour et confiance, les obstacles qui nous divisent. Lors de notre rencontre à Jérusalem de mai dernier, au cours de laquelle nous avons rappelé l’accolade historique entre nos vénérables prédécesseurs Paul VI et Athenagoras, nous avons signé une déclaration conjointe. Aujourd’hui, en l’heureuse occasion d’une nouvelle rencontre fraternelle, nous voulons réaffirmer ensemble nos intentions et nos préoccupations communes:

Nous exprimons notre sincère et ferme intention, dans l’obéissance à la volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, d’intensifier nos efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes. Nous voulons de plus, soutenir le dialogue théologique promu par la Commission mixte internationale, qui, instituée il y a exactement 35 ans par le Patriarche œcuménique Dimitrios et par le Pape Jean-Paul II, ici, au Phanar, traite actuellement les questions plus difficiles qui ont marqué l’histoire de nos divisions et qui demandent une étude attentive et approfondie. Dans ce but, nous assurons de notre prière fervente comme Pasteurs de l’Eglise, demandant aux fidèles de s’unir à nous dans l’invocation commune que tous soient un afin que le monde croie.

Nous exprimons notre préoccupation commune pour la situation en Irak, en Syrie et dans tout le proche et moyen Orient. Nous sommes unis dans le désir de paix et de stabilité et dans la volonté de promouvoir la résolution des conflits par le dialogue et la réconciliation. Reconnaissant les efforts déjà faits pour offrir une assistance à la région, nous en appelons en même temps à tous ceux qui ont la responsabilité du destin des peuples afin qu’ils intensifient leur engagement pour les communautés qui souffrent et leur permettent, y compris aux communautés chrétiennes, de rester sur leur terre natale. Nous ne pouvons pas nous résigner à Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans. Beaucoup de nos frères et de nos sœurs sont persécutés et ont été contraints par la violence à laisser leur maisons. Il semble vraiment que la valeur de la vie humaine se soit perdue et que la personne humaine n’aie plus d’importance et puisse être sacrifiée à d’autres intérêts. Et tout cela, tragiquement, rencontre l’indifférence de beaucoup. Comme nous le rappelle Paul: Un membre souffre-t-il que tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur que tous les membre se réjouissent avec lui. C’est la loi de la vie chrétienne et en ce sens nous pouvons dire qu’il y a aussi un œcuménisme de la souffrance. Comme le sang des martyrs a été semence de force et de fécondité pour l’Eglise, ainsi le partage des souffrances quotidiennes peut être aussi un instrument efficace d’unité. La terrible situation des chrétiens et de tous ceux qui souffrent au proche et moyen Orient demande non seulement une prière constante, mais aussi une réponse appropriée de la part de la communauté internationale.

Les grands défis que le monde a devant lui dans la situation actuelle demandent la solidarité de toutes les personnes de bonne volonté. Nous reconnaissons donc aussi l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’Islam, basé sur le respect mutuel et sur l’amitié. Inspirés par des valeurs communes et affermis par un authentique sentiment fraternel, musulmans et chrétiens sont appelés à travailler ensemble par amour de la justice, de la paix et du respect de la dignité et des droits de chaque personne, spécialement dans les régions où eux-mêmes, un temps, vécurent pendant des siècles dans une coexistence pacifique et maintenant souffrent ensemble tragiquement des horreurs de la guerre. De plus, comme leaders chrétiens, nous exhortons tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue inter-religieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples. Nous nous souvenons aussi de tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre. En particulier, nous prions pour la paix en Ukraine, un pays d’antique tradition chrétienne, et nous lançons un appel aux parties engagées dans le conflit à rechercher le chemin du dialogue et du respect du droit international pour mettre fin au conflit et permettre à tous les Ukrainiens de vivre en harmonie. Nos pensées sont également tournées vers tous les fidèles de nos Eglises de par le monde, que nous saluons, les confiant au Christ notre Sauveur, afin qu’ils puissent être des témoins infatigables de l’amour de Dieu. Nous faisons monter notre prière fervente vers Dieu pour qu’il accorde le don de la paix, dans l’amour et dans l’unité, à toute la famille humaine. Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous". Après cet acte solennel ils ont rejoint leurs suites pour le déjeuner.


samedi 29 novembre 2014

Condamnation de la violence et de sa justification religieuse


Cité du Vatican, 29 novembre 2014 (VIS). Hier après-midi, après un entretien avec le Premier Ministre turc M.Shmet Davutoglu, le Pape François a quitté le palais présidentiel pour le siège du Bureau des affaires religieuses, la plus haute instance sunnite en Turquie. Bien que l'état soit laïc, 98% des citoyens sont musulmans (68% sunnites et 30% chiites). Après l'entretien avec le Président du Diyanet M.Mehmet Gormez, il a prononcé un discours devant les Autorités religieuses et civiles du pays:

"Lorsqu'ils voyagent pour accomplir une part de leur mission, les Papes rencontrent aussi les autorités et les communautés des autres religions. Sans cette ouverture à la rencontre et au dialogue, une visite papale ne répondrait pas pleinement à ses finalités... Je suis heureux de rappeler de façon spéciale la rencontre que Benoît XVI a eue, en ce même lieu, en novembre 2006. Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance. Ils représentent un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer que le respect mutuel et l’amitié sont possibles, malgré les différences. Cette amitié, en plus d’être une valeur en soi, acquiert une signification spéciale et une importance supplémentaire en un temps de crises comme le nôtre, crises qui deviennent dans certaines régions du monde de véritables drames pour des populations entières. Il y a en effet des guerres qui sèment mort et destructions, tensions et confits inter-ethniques et inter-religieux, faim et pauvreté. Ceci afflige des centaines de millions de personnes, provoque des dégâts dans l’environnement naturel, l’air, l’eau, la terre. La situation au proche et moyen Orient est vraiment tragique, spécialement en Irak et en Syrie. Tous souffrent des conséquences des conflits, et la situation humanitaire est angoissante. Je pense à tant d’enfants, à tant de mamans, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, victimes de violences de toutes sortes. A cause surtout d’un groupe extrémiste et fondamentaliste, des communautés entières, spécialement mais pas seulement, les chrétiens et les yézidis, ont subi et souffrent encore des violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse. Ils ont été chassés de leurs maisons, ils ont dû tout abandonner pour sauver leur vie et ne pas renier leur foi. La violence a frappé aussi des édifices sacrés, des monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait effacer toute trace, toute mémoire de l’autre.

En qualité de chefs religieux, nous avons l’obligation de dénoncer toutes les violations de la dignité et des droits humains. La vie humaine, don de Dieu Créateur, possède un caractère sacré. Par conséquent, la violence qui cherche une justification religieuse mérite la plus forte condamnation, parce que le Tout Puissant est le Dieu de la vie et de la paix. Le monde attend, de la part de tous ceux qui prétendent l’adorer, qu’ils soient des hommes et des femmes de paix, capables de vivre comme des frères et des sœurs, malgré les différences ethniques, religieuses, culturelles ou idéologiques. A la dénonciation, il faut faire suivre le travail commun pour trouver des solutions adéquates. Cela demande la collaboration de toutes les parties : gouvernants, leaders politiques et religieux, représentants de la société civile, et tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté. En particulier, les responsables des communautés religieuses peuvent offrir la précieuse contribution des valeurs présentes dans leurs traditions respectives. Nous, musulmans et chrétiens, nous sommes dépositaires d’inestimables trésors spirituels, parmi lesquels nous reconnaissons des éléments qui nous sont communs..., l’adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la prière, l’aumône, le jeûne, tous éléments qui, vécus d’une manière sincère, peuvent transformer la vie et donner une base sûre à la dignité et à la fraternité des hommes. Reconnaître et développer cette communauté spirituelle dans le dialogue inter-religieux nous aide aussi à promouvoir et à défendre dans la société les valeurs morales, la paix et la liberté. La reconnaissance commune de la sacralité de la personne humaine soutient la compassion commune, la solidarité et l’aide active envers ceux qui souffrent le plus. A ce sujet, je voudrais exprimer mon appréciation pour tout ce que le peuple turc, les musulmans et les chrétiens, font envers les deux millions de personnes qui fuient leur pays à cause des conflits. C’est un exemple concret de la manière de travailler ensemble pour servir les autres, un exemple à encourager et à soutenir.


J’ai appris avec satisfaction les bonnes relations et la collaboration entre le Diyanet et le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Je souhaite qu’elles se poursuivent et qu’elles se consolident, pour le bien de tous, parce que chaque initiative de dialogue authentique est signe d’espérance pour un monde qui a tant besoin de paix, de sécurité et de prospérité. Monsieur le Président, j’exprime de nouveau, à vous-même et à vos collaborateurs, ma reconnaissance pour cette rencontre, qui remplit mon cœur de joie. Je vous suis tous reconnaissant aussi de votre présence et de vos prières que vous aurez la bonté d’offrir pour mon service. Pour ma part, je vous assure que je prierai aussi pour vous. Que le Seigneur nous bénisse tous".

Visite de la Mosquée bleue et de Ste.Sophie


Cité du Vatican, 29 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a quitté Ankara pour Istanbul, la seule ville bâtie sur deux continents, sur les rives du Bosphore qui relie la Mer noire à la Méditerranée. Accueilli par le Gouverneur et par le Patriarche oeuménique, il a gagné en voiture la Mosquée bleue, bâtie du XVII siècle par le Sultan Ahmed I en s'inspirant de Ste.Sophie. Cet édifice grandiose devint le plus vaste lieu de culte du monde musulman. Son surnom vient de son parement intérieur recouvert de 21.000 carreaux de faïence. Accueilli par le Grand Mufti, comme Benoît XVI en 2006, il a été invité à prier à l'issue de la visite. Après s'être recueilli en silence, il s'est déplacé de quelques centaines de mètres pour se rendre à Ste.Sophie, aujourd'hui musée. La structure actuelle de l'ancienne basilique impériale byzantine remonte au VI siècle. Lors de son inauguration en 537 l'empereur Justinien déclara que l'oeuvre d'art la plus somptueuse depuis la Création, s'exclamant avoir dépassé Salomon et son Temple de Jérusalem. Après la conquête turque de 1453 elle devint mosquée, et en 1935 un musée par volonté de Atatürk. Le monument, qui a été sauvé de l'effondrement au milieu du XIX siècle par les architectes suisses Gaspare et Giuseppe Fossati, a reçu la visite de Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Le Pape a été guidé par le directeur du Musée Ste.Sophie et, après une visite d'une quarantaine de minutes, a signé le livre d'or: "Sainte sagesse de Dieu (en grec), combien est belle ta demeure" (en latin). Après cette seconde visite, le Pape s'est rendu au siège de la représentation apostolique où, après le salut du Président de la Conférence épiscopale turque, il s'est entretenu avec les délégations des communautés catholiques d'Istanbul (rites latin, arménien, syrien et chaldéen). 

Envoyé spécial en Ukraine


Cité du Vatican, 29 novembre 2014 (VIS). Aujourd'hui a été publiée la lettre latine du 18 novembre par laquelle le Saint-Père a nommé le Cardinal Christoph Schönborn, Archevêque de Vienne (Autriche), son Envoyé spécial au 25 anniversaire de la liberté retrouvée de l'Eglise gréco-catholique d'Ukraine (Kiev, 10 décembre). Il sera accompagné par l'abbé Yurij Kolasa, Vicaire pour les ukrainiens d'Autriche, et par l'Abbé Ihor Sfibian, Chef de la Commission oécuménique de l'Archevêché de Kiev.


vendredi 28 novembre 2014

Le Pape en Turquie pour favoriser le dialogue et la paix


Cité du Vatican, 28 novembre 2014 (VIS). Pour son sixième voyage apostolique, le Saint-Père a quitté ce matin Rome à destination d'Ankara. A l'instar de ses prédécesseurs, il entend lui imprimer un caractère principalement oecuménique car la Turquie a une place à part au plan géographique, mais aussi pour les Papes. A l'annonce de son élection, les autorités turques définirent Jean XXIII "le premier Pape turc de l'histoire". Il est vrai que Angelo Roncalli avait laissé un souvenir très positif de son séjour de 1935 à 1944 comme Délégué apostolique. En 1967 ensuite, Paul VI fut le premier à y effectuer un voyage officiel, en corollaire à sa visite historique en Terre Sainte. Ce fut le tour de Jean-Paul II en 1979 puis de Benoît XVI en 2006.

Après trois heures de vol, l'avion papal a atterri dans la capitale turque à 13 h locales (midi heure de Rome). Après la brève cérémonie d'accueil, il s'est rendu au centre d'Ankara pour s'incliner devant le tombeau de Mustafa Kemal, dit Atatürk, le Père des Turcs (2881 - 1936), premier Président de la République et créateur de l'état moderne. Après avoir déposé une couronne de fleur et signé le livre d'or du mausolée, le Pape a gagné le nouveau palais présidentiel, où il s'est entretenu en privé avec le chef de l'Etat M.Recep Tayyip Erdogan. Au livre d'or du mausolée, le Pape François a écrit: "Mes voeux les plus sincères afin que la Turquie, pont entre deux continents, ne soit pas qu'un carrefour mais aussi un espace de rencontre, de dialogue et de paix entre hommes et femmes de toute ethnie, culture et religion". Dans celui de la présidence: "Puisse le Tout Puissant concéder paix et prospérité au peuple turc. Puisse ce pays être tout entier une aire de coexistence pacifique entre cultures et populations, dans laquelle chacun se sente protégé dans sa dignité et soit libre de professer sa foi librement". Avant de s'entretenir avec le nouveau Premier Ministre, il s'est adressé aux corps constitués:

Saluant dans la Turquie un creuset de civilisations "et un pont naturel entre deux continents et entre différentes expressions culturelles, le Pape a dit que cette terre est particulièrement chère aux chrétiens pour avoir donné le jour à saint Paul, qui y a fondé diverses communautés, pour avoir hébergé les sept premiers conciles de l’Église, et pour la présence, près d’Ephèse, de ce qu’une vénérable tradition considère comme la maison où la mère de Jésus aurait vécu. Mais les raisons de la considération et de l’estime que je porte à la Turquie sont aussi à chercher "dans la vitalité de son présent, dans l’ardeur au travail et la générosité de son peuple, dans son rôle dans le concert des nations. C’est pour moi un motif de joie d’avoir l’opportunité de poursuivre avec vous un dialogue d’amitié, d’estime et de respect, dans le sillage de celui entrepris par mes prédécesseurs... Nous avons besoin d’un dialogue qui approfondisse la connaissance et valorise avec discernement les nombreuses choses qui nous unissent, et en même temps nous permette de considérer les différences avec un esprit sage et serein, pour pouvoir aussi en tirer un enseignement. Il faut poursuivre avec patience l’engagement à construire une paix solide, fondée sur le respect des droits fondamentaux et des devoirs liés à la dignité de l’homme. De cette manière, les préjugés et les fausses craintes peuvent se dépasser et s’ouvre au contraire un espace à l’estime, à la rencontre, au développement des énergies les meilleures au bénéfice de tous.

A cette fin, il est fondamental que les citoyens musulmans, juifs et chrétiens, tant dans les dispositions des lois que dans leur application concrète, jouissent des mêmes droits et respectent les mêmes devoirs. De cette manière, ils se reconnaîtront plus facilement comme frères et compagnons de route, en éloignant toujours davantage les incompréhensions et en favorisant la collaboration et l’entente. La liberté religieuse et la liberté d’expression, efficacement garanties à tous, stimuleront la floraison de l’amitié, en devenant un éloquent signe de paix. Le proche et le moyen Orient, l’Europe et le monde attendent cette floraison. Le Moyen-Orient, en particulier, est depuis trop longtemps le théâtre de guerres fratricides, qui semblent naître l’une de l’autre, comme si l’unique réponse possible à la guerre et à la violence devait toujours être une nouvelle guerre et une autre violence. Pendant combien de temps encore cette région devra-t-elle souffrir du manque de paix? Nous ne pouvons pas nous résigner à la continuation des conflits comme si une amélioration de la situation n’était pas possible. Avec l’aide de Dieu, nous pouvons et nous devons toujours renouveler le courage de la paix. Cette attitude conduit à utiliser avec loyauté, patience et détermination tous les moyens de négociation, et à atteindre ainsi des objectifs concrets de paix et de développement durable. Pour atteindre un tel objectif, une contribution importante peut venir du dialogue inter-religieux et interculturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme, qui humilie gravement la dignité de tous les hommes et instrumentalise la religion.

Pour cela il faut opposer au fanatisme et au fondamentalisme, aux phobies irrationnelles qui encouragent incompréhensions et discriminations, la solidarité de tous les croyants, ayant pour piliers le respect de la vie humaine, de la liberté religieuse qui est liberté de culte et liberté de vivre selon l’éthique religieuse, l’effort de garantir à tous le nécessaire pour une vie digne, et la protection de l’environnement naturel. C’est de cela qu’ont besoin, avec une urgence particulière, les peuples et les états du proche et moyen Orient, pour pouvoir finalement inverser la tendance et poursuivre avec succès un processus de pacification par le rejet de la guerre et de la violence, ainsi que par la recherche du dialogue, du droit et de la justice. Malheureusement nous sommes encore témoins de graves conflits. En Syrie et en Irak, en particulier, la violence terroriste ne semble pas s’apaiser. On enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l’encontre des prisonniers et de groupes ethniques entiers. Il y a eu, et ont lieu encore, de graves persécutions aux dépens de groupes minoritaires, notamment chrétiens et les Yézidis. Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo. La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation, et la communauté internationale a l’obligation morale de l’aider à prendre soin des réfugiés. Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème à la seule réponse militaire. Un engagement commun fort, fondé sur la confiance réciproque, est nécessaire, qui rende possible une paix durable et permette de destiner finalement les ressources, non aux armements, mais aux vraies luttes dignes de l’homme, celle contre la faim et les maladies, celle pour le développement durable et la sauvegarde de la création, contre de nombreuses formes de pauvreté et de marginalité qui ne manquent pas dans le monde moderne.



La Turquie, par son histoire, en raison de sa position géographique et à cause de l’importance qu’elle revêt dans la région, a une grande responsabilité. Ses choix et son exemple possèdent une portée spéciale et peuvent être d’une aide importante en favorisant une rencontre de civilisations et en indiquant des voies praticables de paix et d’authentique progrès. Que le Très Haut bénisse et protège la Turquie et l’aide à être un artisan de paix efficace et convaincu!".

Indulgences pour l'Année de la vie consacrée


Cité du Vatican, 28 novembre 2014 (VIS).A l'occasion de l'Année de la vie consacrée, qui débute dimanche (jusqu'au 2 février 2016), la Pénitencerie apostolique publie un décret dictant les conditions de réception d'indulgences plénières. Pouvant servir en suffrage des âmes du purgatoire, elles s'obtiendront à Rome par la participation aux cérémonies fixées par la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, après un moment de recueillement conclu par la récitation du Pater, du Credo ou de toute forme d'invocation légitime à la Vierge Marie. Et dans les diocèses, au cours des cérémonies locales ad hoc, en visitant la cathédrale, toute église ou lieu désigné par l'évêque, récitant la liturgie des heures ou selon la procédure décrite pour Rome. Les religieux malades ou empêchés pour des raisons légitimes seront dispensés de ces conditions s'ils confient leur maladie ou leurs souffrances à l'intercession de Marie et prient comme convenu. Afin de faciliter la réception de la grâce divine par le biais de l'Eglise, on recommande aux prêtres pénitenciers et à tous ceux qui en ont reçu faculté d'être généreusement disponibles pour les confessions et l'administration de la communion aux malades.    

Avis


Cité du Vatican, 28 novembre 2014 (VIS). En raison du voyage du Saint-Père en Turquie, le VIS diffusera exceptionnellement son bulletin demain samedi et dimanche 30 novembre.


jeudi 27 novembre 2014

Pour un renouveau de la vie consacrée


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). La Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique vient de se réunir pour réfléchir à l'état de la vie religieuse cinquante ans après les documents conciliaires Lumen Gentium et Perfectae Caritatis. Recevant les 80 participants, le Pape a repris le thème des assises, Du vin nouveau dans des outres neuves: "Vous vous êtes proposés de tester la qualité et le degré de maturation du vin produit par la longue saison du renouveau" de la vie religieuse, mais aussi de vérifier si les contenants institutionnels sont ou non "adaptés pour recevoir votre vin nouveau et pour sa maturation. N'ayons pas peur d'abandonner nos vieilles outres, c'est à dire de changer nos habitudes et les structures qui ne sont plus adaptées à l'avancement du Royaume, qui offrent une fausse sécurité, qui éloigne le peuple des fidèles et nous empêchent souvent d'entendre l'appel de qui attend la Bonne Nouvelle. Ne vous cachez pas les faiblesses de la vie religieuse, la résistance de certains secteurs au changement, une force d'attraction réduite et le nombre des abandons, la fragilité de certaines formations, un poids de la gestion au dam de la vie spirituelle, une faible capacité à accéder aux diversités culturelles et générationnelles, un déséquilibre dans l'exercice de l'autorité et la gestion des biens. La pauvreté doit être notre préoccupation car, comme le disait saint Ignace, elle est la mère et de mur de la vie consacrée. Elle donne la vie mais sépare de la mondanité. Soyez plutôt attentifs aux signes de l'Esprit qui propose de nouveaux horizons et ouvre de nouveaux sentiers, toujours selon la règle évangélique et les charismes de vos fondateurs". Puis il a énuméré plusieurs critères comme le caractère évangélique des choix, la fidélité charismatique et le primat du service, l'attention aux plus faibles et le respect de la dignité de la personne. Le Pape a enfin encouragé ses hôtes à continuer de favoriser le progrès, afin de "le vin nouveau puisse rajeunir l'Eglise et réjouir le coeurs de qui a besoin de votre aide. "Certes, la substitution des vieilles outres ne saurait être automatique car il faut maintenir ce qui continue de donner des fruits. "Poursuivez donc dans la voie du renouveau engagé il y a cinquante ans en évaluant à la lumière de la Parole toute nouveauté, toujours à l'écoute des besoins de l'Eglise et du monde contemporain".

Les enjeux de la pastorale urbaine


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a reçu les participants à la seconde phase du Congrès international de pastorale des métropoles qui s'est ouvert à Barcelone (Espagne) le 24 novembre, devant qui il a tenu à citer quatre enjeux: On a besoin dans ces nouveaux espaces urbains de nouveaux axes d'action. "On ne peut rester désorientés et risquer de se tromper de route ou de porte, de nous perdre nous mêmes sans répondre aux attentes des fidèles et de tous ceux qui cherchent un sens à la vie... L'Eglise n'est plus la seule référence de la culture...capable de définir la forme culturelle comme les valeurs... Nous ne sommes plus les seuls à faire la culture, et pas même les plus écoutés! Il faut donc changer de mentalité pastorale, non pas pour une pastorale relativiste qui, pour survivre dans le contexte culturel, perdrait son horizon évangélique... Ce ne serait plus de la pastorale, car il ne s'agirait plus de l'intérêt de l'homme...auquel on cacherait Jésus et la vérité sur lui même. Cette voie porterait l'homme à la solitude et à la mort. Il faut rejeter la voie commode du relativisme pastoral! Pour constituer une pastorale évangélisatrice, il faut du courage et de l'audace... Les hommes d'aujourd'hui et la société ont besoin d'une Bonne Nouvelle que nous ne devons pas avoir honte d'exposer... Mais le dialogue pastoral doit être exempt des relativismes qui affadissent l'identité chrétienne. Il doit tendre à attendrir le coeur de l'autre... Nous avons pour cela besoin d'être contemplatifs mais sans rejeter l'apport des sciences sociales permettant de percevoir le phénomène urbain", besoin de découvrir les "cités invisibles" que sont les groupes et les territoires humains, leurs symboles et langages, leurs rites et leur conception de la vie. Si la situation change selon les continents, on ne doit pas méconnaître ou mépriser d'autres expériences, chrétiennes ou non. L'Esprit sème partout. Mais il faut partout être particulièrement attentifs aux pauvres et au émigrés. "L'Eglise ne saurait ignorer leur appel ou entrer dans le jeu de systèmes injustes, mesquins et intéressés qui tenteraient de les rendre invisibles". 

Audience aux Pauliniens


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). Le Pape a reçu ce matin les diverses réalités regroupées dans la Société de St.Paul et dans les Filles de St.Paul, qui oeuvrent dans le domaine de la communication. Fondée par le bienheureux Giacomo Alberione, la famille paulinienne comprend cinq congrégations religieuses, quatre instituts séculiers et une association de coopérants. Rappelant leur centenaire, le Saint-Père a encouragé ses hôtes à rénover leur engagement à vivre la foi et à la communiquer. Il les a encouragé à poursuivre l'oeuvre de leur fondateur "en ayant de larges horizons. N'oublions pas que l'évangélisation est fondamentalement liée à l'annonce de l'Evangile à qui ne connaît pas Jésus ou l'a jusqu'ici repoussé.... Chacun à le droit de recevoir l'Evangile, tandis que les chrétiens ont le devoir de l'annoncer à tous sans exception. Cet élan catholique doit porter jusqu'au périphéries existentielles. Tel est votre ADN du fait que "votre fondateur s'est inspiré à saint Paul et à sa mission. Le Concile Vatican II nous présenté l'Eglise comme un peuple en marche... Or la marche symbolise l'espérance. La finalité des actions de tout chrétien ici bas est de gagner la vie éternelle. Enracinée dans l'annonce de son amour, cette mission nous empêche de rester prisonniers des structures de ce monde. Elle tient éveillé notre esprit, capables que nous sommes de projets qui s'accompliront dans la béatitude du Seigneur".

Activité du Pape en décembre 2014 et en janvier 2015


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). Voici la liste des cérémonies présidées par le Saint-Père en décembre 2014 et janvier 2015:

DECEMBRE

Lundi 8: Solennité de l'Immaculée Conception, à 16 h prière Place d'Espagne.

Vendredi 12: Basilique vaticane, à 18 h messe pour l'Amérique latine.

Dimanche 14: Visite de la paroisse St.Joseph all'Aurelio, à 16 h.

Mercredi 24: Messe de minuit, à 2 h 30' en la Basilique vaticane.

Jeudi 25: Solennité de Noël, à midi bénédiction Urbi et Orbi depuis la loge centrale de la Basilique vaticane.

Mercredi 31: Premières vêpres et Te Deum de fin d’année, à 17 h en la Basilique vaticane.

JANVIER

Jeudi 1: Solennité de la Mère de Dieu et XLVIII Journée mondiale de la paix, à 10 h messe en la Basilique vaticane.

Mardi 6: Solennité de l'Epiphanie, à 30 h messe en la Basilique vaticane.

Dimanche 11: Fête du baptême du Seigneur, à 9 h 30' en la Chapelle Sixtine, messe et baptêmes d'enfants.

Lundi 12 au lundi 19: Voyage apostolique au Sri Lanka et aux Philippines.

Dimanche 25: Solennité de la conversion de saint Paul, vêpres à 17 h 30' en la Basilique St.Paul Hors les murs.



Chrétiens et musulmans contre la violence d'essence religieuse


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). Hier et avant-hier à Téhéran (Iran), s'est tenue la IX réunion entre le Centre pour le dialogue inter-religieux de l'Islamic Culture and Relations Organization et le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Présidaient conjointement M.Abuzar Ibrahim Turkaman et le Cardinal Jean-Louis Tauran. Voici les six points de leur déclaration finale:

Les vingt ans de notre dialogue ont permis d'améliorer notre connaissance et notre compréhension les uns des autres.

Les participants à cette réunion réaffirment que le dialogue entre chrétiens et musulmans joue un rôle capital dans l'élaboration d'une société meilleure.

Don divin, la spiritualité est également le fruit d'une démarche humaine portant à la vérité.

Une spiritualité saine permet à tous de reconnaître la présence et l'action de Dieu, dans l'homme et dans le monde.

Les media sont appelés à favoriser le caractère positif des relations entre musulmans et chrétiens.

Les participants condamnent en outre toute forme d'extrémisme et de violence, et tout particulièrement lorsque les actes sont commis au nom de la religion.


Ils entendent se retrouver à Rome en 2016, après une réunion préparatoire prévue pour l'an prochain. 

Audiences


Cité du Vatican, 27 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a reçu ce matin:

Mgr.Michael A.Blume, Nonce apostolique en Ouganda.

Mgr.Ramiro Moliner Inglés, Nonce apostolique en Albanie.


mercredi 26 novembre 2014

Avec les journalistes dans l'avion papal


Cité du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Dans l'avion le ramenant hier de Strasbourg, le Saint-Père a répondu aux questions de journalistes:

Devant le Parlement européen vous avez utilisé un discours aux accents pastoraux pouvant être compris comme politiques, quelques peu social-démocrates. Seriez-vous un Pape social-démocrate?: "Non, je ne suis pas un Pape social-démocrate, et je ne saurais me classifier. Ce que je me permets de dire vient de l'Evangile, d'un message porté par la Doctrine sociale de l'Eglise. Si j'ai touché des aspects sociaux ou politiques, ce n'est qu'en vertu de la Doctrine sociale, issue de l'Evangile et de la tradition chrétienne. Ainsi, l'identité des peuples a une valeur évangélique. N'est-ce pas?".

Les rues de Strasbourg étaient presque vides et les gens se disaient déçus. Ne regrettez-vous pas de ne pas être allé à la cathédrale, qui fête son millénaire? Quand ferez-vous un voyage en France, et où?: "Cela n'est pas encore programmé. A Paris certainement, peut-être à Lourdes. J'ai proposé de visiter une ville qui n'a jamais accueilli de Pape. On a pensé aller à la cathédrale de Strasbourg, mais cela aurait impliqué faire une visite en France. Tel était le problème".

Dans le discours au Conseil de l'Europe, j'ai été frappé par le concept de transversalité et votre remarque sur ce que avez dit de vos rencontre avec des hommes politiques européens jeunes. Vous avez insisté sur la nécessité d'un pacte inter-générationnel à côté de la transversalité. Et puis, par curiosité personnelle, est-il vrai que vous soyez dévot de saint Joseph?: "Depuis toujours, et chaque fois que je lui ai demandé quelque chose, il me l'a donnée. La transversalité est importante et j'ai effectivement constaté que les jeunes voient les choses de manière transversales, qu'ils ne craignent pas de sortir de leur contexte pour dialoguer. C'est ce qu'il faut développer, le dialogue inter-générationnel également, et puis sortir pour aller vers d'autres réalités. L'Europe en a besoin".

Dans ce même discours, vous avez parlé des péchés des fils de l'Eglise. Comment avez-vous réagi à l'affaire des prêtres pédophiles de Grenade (Espagne) que, d'une certaine façon, vous avez permis de révéler?: "J'ai lu une lettre qui m'était adressée et j'ai appelé son auteur. Je lui ai dit d'aller dès le lendemain chez son évêque. J'ai par ailleurs écrit à l'évêque d'entreprendre une enquête. Ça été un choc, une grande souffrance pour moi. La vérité est la vérité, et nous ne pouvons pas la cacher".

Vous avez de nouveau parlé du terrorisme comme d'une menace d'esclavage. Telle est la caractéristique des actes de l'IS qui menace toute une région, et même Rome et votre personne. Pensez-vous qu'avec de tels extrémistes quelque dialogue soit possible, ou bien que ce n'est que temps perdu?: "Rien n'est jamais perdu d'avance. Même si on ne devait pas avoir un dialogue, il ne faut jamais fermer la porte, même si c'est pratiquement impossible. Vous parlez de menace. C'est exact, le terrorisme menace. Quant à l'esclavage, c'est une plaie sociale qui remonte à loin. L'esclavagisme, la traite des êtres humains, le commerce des enfants sont des drames devant lesquels on ne doit pas fermer les yeux. C'est une réalité contemporaine, tout comme le terrorisme. Mais il existe aussi la menace d'un terrorisme d'état, lorsque le gouvernement national se donne le droit de massacrer des terroristes, provoquant ainsi la mort de tant d'innocents. Cette autre anarchie très dangereuse. Il faut combattre le terrorisme mais je le redis, si on entend arrêter un agresseur injuste, il faut agir avec le consentement internationale".

Lorsque vous voyagez, intimement c'est le Successeur de Pierre, l'Evêque de Rome ou l'ancien Archevêque de Buenos Aires qui voyagez?: "En fait je n'en sais rien, et je ne me suis jamais posé la question. Je vais y penser... La mémoire de l'Archevêque de Buenos Aires n'existe plus car je suis maintenant l'Evêque de Rome et le Successeur de Pierre. C'est dans cette réalité et avec cette mémoire que je voyage désormais. Je suis romain et c'est aujourd'hui l'Europe qui me préoccupe".


Une Eglise en marche vers le Royaume des cieux


Cité du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Durant l'audience générale tenue place St.Pierre, le Pape a consacré sa catéchèse à une " vérité fondamentale dont le Concile Vatican II avait bien conscience et que nous ne devons pas oublier. L'Eglise n'est pas une réalité statique, immobile, une fin en soi, mais est continuellement en chemin dans l'histoire, vers le but ultime et merveilleux qu'est le Royaume des cieux dont l'Eglise sur terre est le germe et le commencement: "Lorsque nous nous dirigeons vers cet horizon, nous nous apercevons que notre imagination s'arrête, se révélant à peine capable de deviner la splendeur du mystère qui dépasse nos sens. Spontanément, quelques questions nous viennent à l'esprit: quand aura lieu ce passage final? Comment sera la nouvelle dimension dans laquelle l'Eglise entrera? Que sera alors l'humanité? Et la création qui nous entoure?". Ces questions ne sont pas nouvelles puisque les disciples de Jésus les avaient déjà posées à leur époque". Puis le Saint-Père a expliqué que face à ces questions, la Constitution conciliaire Gaudium et Spes affirme que "nous ignorons le temps de l'achèvement de la terre et de l'humanité, nous ne connaissons pas le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le péché. Mais, nous l'avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où règnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l'homme… Nous serons complètement remplis de la joie, de la paix et de l'amour de Dieu, sans aucune limite, face à face avec lui". Il a ensuite souligné combien "il est beau de percevoir la continuité et la communion de fond qui existe entre l'Eglise qui est dans le ciel et celle qui est encore en chemin sur la terre, sans oublier que nous sommes toujours invités à offrir nos bonnes œuvres, nos prières et l'eucharistie pour soulager les âmes qui sont encore en attente de la béatitude sans fin. Dans la perspective chrétienne, la distinction n'est plus entre ceux qui sont déjà morts et ceux qui ne le sont pas encore, mais entre qui est en Christ et qui ne l'est pas encore! Voilà quel est l'élément déterminant, vraiment décisif pour notre salut et pour notre bonheur... En même temps, l'Ecriture nous enseigne que l'accomplissement de ce dessein merveilleux ne peut pas ne pas concerner aussi tout ce qui nous entoure et qui vient de la pensée et du cœur de Dieu… Ce que l'on peut attendre, comme accomplissement d'une transformation qui en réalité est déjà en cours depuis la mort et la résurrection du Christ, c'est donc une nouvelle création. Non pas un anéantissement du cosmos et de tout ce qui nous entoure, mais un accompagnement de toute chose à sa plénitude d'être, de vérité et de beauté. C'est le dessein que Dieu, le Père, Fils et Saint Esprit, veut réaliser et réalise depuis toujours. Ainsi lorsque nous pensons à ces étonnantes réalités qui nous attendent, nous nous rendons compte combien notre appartenance à l'Eglise est vraiment un don merveilleux qui porte en lui une très grande vocation".

Prier pour le voyage du Pape en Turquie


Cité du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Après la catéchèse, le Pape a salué les groupes, notamment ceux de langue arabe venant d'Irak et de la région: "La violence, les souffrances et la gravité du péché doivent nous conduire à s'en remettre totalement à la justice de Dieu, qui jugera chacun selon ses actes. Soyez forts et accrochez-vous à l'Eglise et à votre foi de manière à purifier le monde par votre confiance. Que votre espérance et votre pardon, votre amour et votre patience soient votre témoignage. Puisse le Seigneur vous protéger et vous soutenir". Rappelant l'imminence de son voyage de trois jours en Turquie, il a demandé à l'assemblée de prier pour que la "visite de Pierre à son frère André donne des fruits de paix, de dialogue entre les religions et de concorde au sein du peuple turc". 

Message au Congrès international de la pastorale des métropoles


Cité du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a fait parvenir hier un message au Cardinal Archevêque de Barcelone (Espagne) à l'occasion du Congrès international de pastorale des métropoles qui se tient à la Sagrada Damilia. Félicitant les organisateurs de cette intéressante initiative, il rappelle qu'il s'agit pour les participants de réfléchir de manière créative à la mission évangélisatrice des grands centres urbains en expansion, où se manifeste une crainte de ne plus ressentir la miséricorde de Dieu: L'Eglise a le devoir de faire parvenir partout la Bonne Nouvelle, sans crainte de la diversité et du pluralisme, mais aussi sans discrimination. Il est utile d'aller vers les périphéries en changeant nos habitudes. Comme une mère soucieuse du bien de ses enfants, l'Eglise doit faire des efforts et même des sacrifices afin que la lumière évangélique ne manque à personne, pour que chacun se sente accepté et intégré à une communauté, dans un esprit de vraie solidarité envers le plus besogneux surtout. Puisse le Seigneur éclairer les congressistes, conclut le Pape, et bénir leur action pastorale. 

Contre la traite des êtres humains


Cité du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, son homologue Iustitia et Pax, et les unions des Supérieurs généraux et Supérieures générales, organisent le 8 février prochain une Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Le 8 février est la fête de sainte Josephine Bakhita, l'esclave soudanaise canonisée en 2000. Cette plaie, toujours présente dans le monde, touche selon les Nations-Unies 21 millions de personnes, parmi les plus pauvres et les plus vulnérables. Principalement femmes et enfants, elles sont victimes d'exploitation sexuelle, du travail forcé, contraintes à la vente d'organes ou à la mendicité. C'est un ensemble d'activités criminelles lucratives qui rapportent 32 millions d'US$ par an, à l'instar des trafics de drogue et d'armement. Cette première journée devra sensibiliser l'opinion à une situation dont souffrent des millions de personnes et à réfléchir à des actions concrètes.



En bref


LE CARDINAL TAURAN, PRESIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL pour le dialogue inter-religieux, participe le 25 et le 26 novembre à Téhéran (Iran) à la IX réunion avec le Centre pour le dialogue inter-religieux de l'Islamic Culture and Relations Organization, dont le thème est: Chrétiens et musulmans, un dialogue constructif pour le bien de la société. Construire signifie bâtir une maison commune aux murs solides mais aussi dotée de fondations. Le musulmans et les chrétiens doivent donc mettre en commun leurs valeurs religieuses en réponse aux extrémismes et aux violences et en vue de développer en toute circonstance le dialogue. Ceci dit, on ne saurait taire ou rester indifférent face à la violence extrême et diffuse du terrorisme qui, notamment, persécute les minorités ethniques ou religieuses du moyen Orient. En aucun cas la religion ne peut servir de prétexte à ces crimes.


MGR.DOMINIQUE MAMBERTI, SECRETAIRE POUR LES RELATIONS avec les états, est intervenu le 25 novembre à Sydney lors de l'assemblée plénière de la Conférence épiscopale australienne, pour faire un exposé de la diplomatie du Saint-Siège face à la situation des chrétiens du proche et moyen Orient. Au-delà de sa mission spirituelle, elle a pour tâche de défendre les droits de l'Eglise et la liberté religieuse plus en général, de défendre les droits de l'homme et la dignité de la personne, de favoriser une vision morale des problèmes internationaux, la réconciliation et la paix, la défense également de l'environnement. Les diplomates du Pape sont appelés à intervenir chaque fois qu'on sollicite sa médiation. Sans proposer de solutions pratiques, ils encouragent la prise de conscience internationale face aux agressions comme aux besoins d'aide humanitaire.  

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican 26 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a nommé l'Abbé Célestin Hakizimana, Evêque de Gikongoro (superficie 2.057, population 582.159, catholiques 248.471, prêtres 51, religieuses 70), au Rwanda. L'Evêque élu, né en 1963 près de Kigali (Rwanda) et ordonné prêtre en 1991, était jusqu'ici Secrétaire général de la Conférence épiscopale rwandaise. Docteur en théologie, il a été vicaire paroissial et chargé de l'enseignement catholique diocésain.

mardi 25 novembre 2014

Le Pape va prier à St.Marie Majeure


Cité du Vatican 25 novembre 2014 (VIS). Hier en fin d'après-midi, après avoir donné l'absoute à la fin de la messe de funérailles du Cardinal Angelini, le Saint-Père s'est rendu en la basilique Ste.Marie Majeure. Il a prié une petite demi heure devant l'icône de la Salus Populi Romani et déposé un bouquet aux couleurs du drapeau européen.

Le Pape s'adresse au Parlement européen


Cité du Vatican 25 novembre 2014 (VIS). L'avenir de l'Europe dépendra de sa capacité à redécouvrir le lien vital existant entre dignité et transcendance, au risque de perdre son âme. Tel a été le point d'orgue du long discours prononcé par le Pape, ce matin à Strasbourg (France), devant le Parlement européen. Organe législatif de l'Union européenne (28 état et 508 millions d'habitants), il est la seule institution communautaire élue au suffrage universel direct (751 députés). L'avion papal a atterri vers 10 h et le Saint-Père a été accueilli au nom du gouvernement français par la Ministre de l'écologie, les autorités locales et deux Vice Présidents du Parlement européen. Il s'est aussitôt rendu en ville au siège de cette institution, où l'attendait le Président Martin Schultz, entouré des délégués du Bureau de l'assemblée et des présidents des huit Groupes parlementaires. Il a écrit sur le livre d'or: "Puisse le Parlement européen demeurer un lieu où chacun concourt à ce que, consciente de son passé, l'Europe envisage avec confiance son avenir et vive le présent remplie d'espérance".

Après le discours du Président, le Pape François s'est adressé à l'assemblée réunie en session solennelle. Voici les passages saillants de son intervention: "Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par Jean- Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le reste du monde. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent n’existent plus, et le désir que l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire, se réalise lentement. A côté d’une Union européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins eurocentrique. A une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion. En m’adressant à vous comme pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement, fondé sur la conviction de ce que les difficultés peuvent devenir de puissantes promotrices d’unité. Elles peuvent servir à vaincre toutes les peurs que l’Europe et le monde traversent. Quant à l’espérance dans le Seigneur, elle transforme le mal en bien, et la mort en vie. C'est là un encouragement à revenir aux solides convictions des pères fondateurs de l’Union européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante. Je tiens avant tout à souligner le lien étroit qui existe entre les mots dignité et transcendante.

La dignité est le mot-clé qui a caractérisé la reconstruction après la seconde guerre. Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable caractère central de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, fait de multiples souffrances et sacrifices, qui a contribué à former la conscience du caractère précieux, de l’unicité qu’on ne peut répéter de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les événements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche convergence de sources lointaines, de la Grèce à Rome, des fonds celtes, germaniques et slaves au christianisme qui l’a profondément pétrie, donnant lieu justement au concept de personne. Aujourd’hui, la promotion des droits de l'homme joue un rôle central dans l’engagement de l’Union européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux... Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques. Mais il convient de faire attention à ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels, je dirais même privatifs. C'est une tendance qui cache une conception de la personne détachée de tout contexte social et anthropologique...toujours plus insensible aux réalités du contexte. Le concept de devoir, pourtant essentiel et complémentaire, semble dissocié de celui de droit, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel droits et devoirs des uns et des autres sont connexes... C'est pourquoi je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce nous-tous formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale. En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences. Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette boussole inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé. Cela signifie surtout regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir. On la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes. On la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur. Cette solitude a été ensuite accentuée par la crise économique, dont les effets perdurent encore, avec des conséquences dramatiques du point de vue social. On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples, sinon complètement nuisibles. D’un peu partout on a une impression générale de fatigue et de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
A cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.

Quelle grande méprise lorsque l’absolutisme de la technique prévaut et finit par produire une confusion entre la fin et les moyens. Résultat inévitable de la culture du déchet et le consumérisme exagéré... Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnel et privatisé qui conduit inexorablement à cette culture du déchet. Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance, prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité... Pour répondre à cette question, permettez-moi de recourir à une image. Au Vatican une des fresques de Raphaël représente l'Ecole d’Athènes. Au centre se trouvent Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel. Le second tend la main vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes. L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet esprit humaniste qu’elle aime et défend cependant.

En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des états ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: La paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne. Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Eglise catholique, par le biais de la Commission des conférences épiscopales européennes, pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence. Nous ne pouvons pas ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares, chassées de leurs maisons et de leurs patries, vendues comme esclaves, décapitées, crucifiées et brûlées vives, dans le silence honteux et complice de beaucoup.

La devise de l’Union européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée... J’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies... D’autre part, les particularités de chacun constituent une richesse authentique dans la mesure où elles sont mises au service de tous. Il faut toujours se souvenir de l’architecture propre de l’Union européenne, basée sur les principes de solidarité et de subsidiarité, de sorte que l’aide mutuelle prévale, et que l’on puisse marcher dans la confiance réciproque. Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie des peuples d’Europe. Une conception uniformisante de la mondialisation touche la vitalité du système démocratique, affaiblissant le débat riche, fécond et constructif des organisations et des partis politiques entre eux. On court ainsi le risque de vivre dans le règne de l’idée, de la seule parole, de l’image, du sophisme… et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les manières globalisantes de diluer la réalité, les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anti-historiques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse. Maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi actuel, en évitant que leur force réelle soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. C’est un défi qu’aujourd’hui l’histoire vous lance.

Donner espérance à l’Europe ne signifie pas seulement reconnaître le caractère central de la personne humaine. Cela implique aussi d’en favoriser les capacités. Il s’agit donc d’y investir ainsi que dans les domaines où ses talents se forment et portent du fruit. Le premier domaine est sûrement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir. A côté de la famille, il y a les institutions éducatives, les écoles et les universités... Les jeunes d’aujourd’hui demandent à pouvoir recevoir une formation adéquate et complète pour regarder l’avenir avec espérance, plutôt qu’avec désillusion.

L’Europe a toujours été en première ligne en faveur de l’écologie. Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions. Chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage. Mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la gardons pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin. Respecter l’environnement signifie cependant non seulement se limiter à éviter de le défigurer, mais aussi l’utiliser pour le bien. Je pense surtout au secteur agricole, appelé à donner soutien et nourriture à l’homme. On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. En outre, respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. A côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous. Le deuxième domaine dans lequel fleurissent les talents de la personne humaine, c’est le travail. Il est temps de favoriser les politiques de l’emploi, mais il est surtout nécessaire de redonner la dignité au travail, en garantissant aussi d’adéquates conditions pour sa réalisation. Cela implique, d’une part, de repérer de nouvelles manières de conjuguer la flexibilité du marché avec les nécessités de stabilité et de certitude des perspectives d’emploi, indispensables pour le développement humain des travailleurs. D’autre part, cela signifie favoriser un contexte social adéquat, qui ne vise pas l’exploitation des personnes, mais à garantir, à travers le travail, la possibilité de construire une famille et d’éduquer les enfants.

De même, est-il nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière... L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles. L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants. Elle doit adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement socio-politique et dans la résolution des conflits internes causes principales du phénomène, au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits.

La conscience de sa propre identité est nécessaire à l'Europe pour dialoguer de manière prospective avec les états qui ont demandé d’entrer pour faire partie de l’Union européenne à l’avenir. Je pense surtout à ceux de l’aire balkanique pour lesquels l’entrée dans l’Union européenne pourra répondre à l’idéal de paix dans une région qui a grandement souffert des conflits dans le passé. Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée, dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international. C'est à vous les législateurs que revient le devoir de protéger et de faire grandir l’identité européenne, afin que les citoyens retrouvent confiance dans les institutions de l’Union et dans le projet de paix et d’amitié qui en est le fondement. Sachant que plus grandit le pouvoir de l’homme plus s’élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires. Je vous exhorte donc à travailler pour que l’Europe redécouvre sa bonne âme.


Un auteur anonyme du II siècle a écrit que les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps. Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits. L’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables. L’Europe doit assumer avec courage son passé et regarder avec confiance son avenir pour vivre pleinement et avec espérance son présent. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux, l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme, l’Europe qui chemine sur une terre sûre et solide, sera une précieuse référence pour toute l’humanité!".
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