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mercredi 3 février 2016

Voeux du Pape François à la Chine


Cité du Vatican, 3 février 2016 (VIS). A l'occasion du Nouvel An chinois, le Saint-Père a accordé une longue interview au journal en ligne Asia Times (Hong Kong). En voici un résumé. Saisissant d'abord l'occasion, il souhaite une bonne et heureuse année au Président Xi Jinping et au peuple chinois tout entier, pour lequel il manifeste sa haute estime, louant la culture chinoise et exprimant l'espoir que ce grand pays contribue au dialogue entre les peuples, à la la paix et au développement de la famille humaine.

Asia Times: Que représente la Chine pour vous? Et quelle place occupe Matteo Ricci dans votre vie?

Pape François: ''Pour moi, la Chine a toujours été un point de référence de la grandeur. Un grand pays, mais plus encore une grande culture, avec une sagesse inépuisable... Je l'admire depuis toujours... Apprenant la vie de Matteo Ricci, j'ai vu cet homme était exactement ce que je ressentais, une personne en mesure de dialoguer avec cette grande culture, avec cette sagesse ancienne... L'expérience du P.Ricci enseigne qu'il est nécessaire d'établir un dialogue avec la Chine..., une terre bénie à beaucoup d'égards. Et l'Eglise catholique, dont une des fonctions est le respect de toutes les civilisations, a le devoir de respecter celle-ci avec un R majuscule".

Asia Times: La Chine s'ouvre désormais au monde, face à des défis sans précédent pour elle-même comme pour le monde. Vous avez parlé d'une troisième guerre mondiale furtive: Que représente la recherche de la paix?

Pape François: ''La peur n'est jamais bonne conseillère... Il est évident que, comme la culture et la sagesse, les connaissances technologiques ne peuvent rester enfermées dans un pays: Elles doivent se développer, être diffusées et communiquées. L'homme communique, une civilisation communique. Certes, quand la communication se produit se manifeste de manière agressive, il peut en découler des conflits. Mais en l'occurrence il n'est pas utile d'avoir peur. Le grand défi est de trouver un équilibre mondial dans la paix... Le monde occidental, le monde oriental et la Chine ont la capacité de maintenir cet équilibre et de la force de construire la paix. Nous devons trouver le moyen, toujours par le dialogue. Il n'y a pas d'autre moyen. Mais le dialogue ne signifie pas que nous devrions accepter un compromis du genre la moitié du gâteau pour moi, l'autre pour vous, comme cela s'est produit à Yalta. Et nous en avons vu les résultats! Non, le véritable dialogue signifie: Nous sommes arrivés à ce point, nous pouvons être d'accord ou non, mais avançons ensemble. C'est nécessaire pour construire... Aujourd'hui le gâteau est un tout, il est l'humanité, la culture. Partager le gâteau, comme à Yalta, signifierait diviser l'humanité et la culture en petits morceaux", ce qui est impossible.

Asia Times: La Chine a connu ces dernières décennies de grandes tragédies. Depuis 1980, les chinois ont sacrifié ce qui a toujours été de plus cher, leurs enfants. Pour les Chinois sont de très graves blessures. Cela a laissé un grand vide dans leur conscience et en quelque sorte un besoin très profond de se réconcilier avec eux-mêmes et se pardonner. En cette Année de la Miséricorde, quel message peut-on offrir au peuple chinois?

Pape François: ''Le vieillissement de la population...se produit dans de nombreuses régions du monde... Cela peut faire peur ou fournir une perception erronée du phénomène. Alors si nous tombons dans la pauvreté, à quoi bon avoir des enfants... Certains pays ont opté pour le contraire. Par exemple, lors de mon voyage en Albanie, j'ai été étonné de constater que l'âge moyen de la population était de quarante ans... Les pays qui ont souffert choisissent la jeunesse. Ensuite, il y a le problème du travail... Il est vrai que le problème d'une Chine privée d'enfants doit être très douloureux. La pyramide est inversée car l'enfant devra porter le fardeau de ses parents et grand-parents. Et cela est épuisant, exigeante, désorientant... Je comprends que la Chine ait rouvert des possibilités sur ce front".

Asia Times: Comment doit-on répondre aux défis auxquels font face les familles en Chine, dans un processus de changement profond qui ne correspond plus au modèle traditionnel chinois de la famille?

Pape François: ''L'histoire d'un peuple est toujours en chemin. Elle marche parfois plus rapidement, parfois plus lentement, parfois doit faire une pause...revenir sur ses pas pour retrouver le droit chemin. Mais quand un peuple va de l'avant, cela ne m'inquiète pas parce que cela signifie que l'histoire est en marche. Je pense que le peuple chinois va de l'avant, et cela est sa grandeur... Aucun peuple doit regretter son passé. La Chine doit être en paix avec son passé, même si elle a fait des erreurs... Les peuples doivent se réconcilier avec leur histoire et chacun selon sa propre manière, en tenant compte des réussites et des erreurs. Et cette réconciliation avec l'histoire elle-même apporte beaucoup de maturité, beaucoup de croissance... C'est là que le patrimoine historique et culturel apparaît dans toute son importance... Et nous revenons à la question du dialogue avec le monde d'aujourd'hui. Dialogue ne signifie pas abandon de sa culture à cause de quelque danger... Il faut reconnaître la grandeur du peuple chinois, qui a su toujours maintenir sa culture. Et par culture, je n'entend pas les idéologies du passé et leur culture imposée''.

Asia Times: La croissance économique du pays est forte, ce qui a aussi conduit à des désastres humains et environnementaux. La recherche de l'efficacité du travail a des effets néfastes sur les familles. Souvent enfants et parents sont séparés en raison des exigences du travail. Quel message peut-on leur donner?

Pape François: ''Je voudrais suggérer un sain réalisme. La réalité, qui doit être acceptée d'où qu'elle vienne doit être conciliée avec la réalité... La deuxième étape consiste à travailler pour améliorer la réalité et l'orienter... Comme pour une crise d'entreprise, il faut tenir compte des échecs et lancer de nouvelles possibilités de créativité et d'amélioration. Lorsque cela arrive dans un pays ancien, son ancienne sagesse...lui permet de surmonter la difficulté du présent. La confrontation entre le passé et le présent finit par apporter la solution, et permet de regarder vers l'avenir. Je pense que la richesse de la Chine est une recherche d'avenir basée sur la mémoire d'un riche passé culturel''.

Asia Times: A l'occasion du Nouvel An chinois, que souhaiteriez-vous dire au peuple chinois, aux autorités et au président?


Pape François: ''A la veille du Nouvel An, je tiens à transmettre mes meilleurs vœux et salutations au président Xi Jinping et au peuple chinois tout entier. Et je tiens à exprimer mon espoir qu'ils ne perdent jamais la conscience historique d'être une grande réalité...qui a beaucoup à offrir au monde contemporain... En cette nouvelle année, avec cette conscience, qu'ils aillent l'avant pour le progrès du pays et de la coopération internationale".

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