CITE DU VATICAN, 24 DEC 2009 (VIS). Ce soir à 22 h, Benoît XVI a présidé dans la basilique vaticane la messe de la nuit en la fête de la Nativité du Seigneur. Au cours de la célébration eucharistique et après la lecture de l'Evangile, le Pape a prononcé son homélie.
"L'Evangile ne nous raconte pas sans raison l'histoire des bergers -a dit le Saint-Père-. Ces derniers nous montrent comment répondre de façon juste à ce message qui nous est aussi adressé. Que nous disent alors ces premiers témoins de l'incarnation de Dieu?".
"Les bergers...étaient des personnes vigilantes et...le message pouvait les rejoindre précisément parce qu'ils étaient éveillés. Nous devons nous réveiller, parce que le message est arrivé jusqu'à nous...La différence entre celui qui rêve et celui qui est éveillé consiste tout d'abord dans le fait que celui qui rêve se trouve dans un monde particulier... Se réveiller signifie sortir de cet état particulier du moi et entrer dans la réalité commune, dans la vérité qui, seule, nous unit tous. Les conflits dans le monde, les difficultés relationnelles proviennent du fait que nous sommes enfermés dans nos propres intérêts et dans nos opinions personnelles, dans notre minuscule monde intérieur. L'égoïsme, celui du groupe comme celui de l'individu, nous tient prisonnier de nos intérêts et de nos désirs, qui s'opposent à la vérité et nous séparent les uns des autres".
"Se réveiller signifie ainsi développer sa sensibilité pour Dieu, pour les signes silencieux par lesquels il veut nous guider, pour les multiples indices de sa présence... L'aptitude à percevoir Dieu semble presque un don qui est refusé à certains. Et en effet, notre manière de penser et d'agir, la mentalité du monde contemporain, l'éventail de nos diverses expériences sont de nature à affaiblir la sensibilité à Dieu... Et pourtant dans toute âme est présente, de façon cachée ou ouverte, l'attente de Dieu, la capacité de le rencontrer... Seigneur, ouvre les yeux de nos cœurs, afin que nous devenions vigilants et voyants et qu'ainsi nous puissions aussi porter ta proximité aux autres".
"Revenons à l'Evangile de Noël - a poursuivi le Pape-... Les bergers, après avoir entendu le message de l'ange...se hâtèrent, dit littéralement le texte grec. Ce qui leur avait été annoncé était si important qu'ils devaient se mettre en route immédiatement. En effet, ce qui leur avait été dit là, allait absolument au-delà de l'ordinaire. Cela changeait le monde... Ils se pressèrent sans hésitation. Dans notre vie ordinaire, il n'en va pas ainsi. La majorité des hommes ne considère pas les affaires de Dieu comme prioritaires, celles-ci ne nous pressent pas immédiatement".
"Et nous aussi, pour l'immense majorité, nous sommes disposés à les renvoyer à plus tard. Nous faisons, avant tout, ce qui, ici et maintenant, apparaît urgent. Dans la liste des priorités, Dieu se retrouve souvent presqu'à la dernière place... L'Evangile nous dit: Dieu a la plus grande priorité. Si quelque chose dans notre vie mérite urgence, c'est, alors, seulement la cause de Dieu... C'est précisément cette priorité que nous enseignent les bergers. Nous voulons apprendre d'eux à ne pas nous laisser écraser par toutes les choses urgentes de la vie quotidienne. Nous voulons apprendre d'eux la liberté intérieure de mettre au second plan les autres occupations, pour importantes qu'elles soient, pour nous approcher de Dieu, pour le laisser entrer dans notre vie et dans notre temps. Le temps consacré à Dieu et, par Lui, à notre prochain n'est jamais du temps perdu".
"Certains commentateurs font remarquer que ce sont, en premier lieu, les bergers, les âmes simples qui sont venus auprès de Jésus dans la crèche et qui ont pu rencontrer le Rédempteur du monde. Les sages venus d'Orient, les représentants de ceux qui ont rang et renommée, viendront beaucoup plus tard... Ceux-ci devaient parcourir un chemin long et difficile, pour arriver à Bethléem. Et ils avaient besoin d'un guide et d'indications".
"Eh bien, aujourd'hui encore -a souligné le Saint-Père- il existe des âmes simples et humbles qui demeurent toutes proches du Seigneur... Mais la majeure partie d'entre nous, hommes modernes, vit loin de Jésus Christ...du Dieu venu au milieu de nous. Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long. De multiples manières, Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l'enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui".
"Mais pour tous, il y a un chemin. Pour tous, le Seigneur dispose des signes adaptés à chacun... De nous-mêmes, nous ne pourrions le rejoindre. Le chemin dépasse nos forces. Mais Dieu est descendu. Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande: Venez et voyez combien je vous aime... Faisons-nous, de mille manières, voyageurs vers Dieu en étant intérieurement en route vers Lui. Mais aussi par des chemins très concrets, dans la Liturgie de l'Eglise, dans le service du prochain, où le Christ m'attend."
"Ecoutons encore une fois directement l'Evangile. Les bergers se dirent l'un à l'autre la raison pour laquelle ils se mettent en chemin... Littéralement, le texte grec dit: Voyons cette Parole, qui, là, est advenue. Oui, telle est la nouveauté de cette nuit: la Parole peut être contemplée. Puisqu'elle s'est faite chair... Le signe de Dieu, le signe qui est donné aux bergers et à nous, n'est pas un miracle bouleversant. Le signe de Dieu est son humilité. Le signe de Dieu est qu'il se fait petit, devient enfant, se laisse toucher et sollicite notre amour".
"Comme nous désirerions, nous les hommes, un signe différent, un signe imposant, irréfutable du pouvoir de Dieu et de sa grandeur -a conclu Benoît XVI-. Mais son signe nous invite à la foi et à l'amour, et en conséquence, nous donne l'espérance: ainsi est Dieu. Il possède le pouvoir et il est la bonté. Il nous invite à devenir semblables à lui. Oui, nous devenons semblables à Dieu, si nous nous laissons façonner par ce signe, si nous apprenons, nous-mêmes, l'humilité et ainsi la vraie grandeur, si nous renonçons à la violence et ne recourrons qu'aux seules armes de la vérité et de l'amour".
HML/MESSE DE LA NUIT/... VIS 20091228 (1050)