Cité
du Vatican, 16 octobre (VIS). Ce matin, au cours de la douzième
congrégation les pères synodaux ont suivi les interventions des
représentants des autres confessions chrétiennes, dont voici des
extraits:
-Mgr.Yostinos
Boulos Safar, Archevêque syro-orthodoxe de Zahlé et de la Bekaa
(Liban) a fait trois observations dont la principale est que "pour
l'orthodoxie...la question de la communion eucharistique me conduit à
partager avec vous une certaine expérience. Dans l'Eglise orthodoxe
orientale on croit au principe de l'économie...un principe qui
trouve dans le sacrement de l'Eucharistie un médicament pour les
âmes blessées, ainsi que d'une aide pour les personnes qui veulent
récupérer leur rapport au Seigneur. Ce sacrement salvifique ne
devrait pas faire partie des normes de punition, sauf dans certains
cas exceptionnels. L'Eucharistie est pas une récompense mais le
moyen par lequel le Seigneur Jésus guérit nos faiblesses, et nous
attire à lui. Comme l'a dit François...l'Eucharistie est pas un
prix pour les bons élèves, mais la force des pécheurs". Puis
il a évoqué les conséquences religieuses de l'émigration due à
la guerre en Syrie et en Irak. "Cela a créé de nouveaux défis
pour les familles chrétiennes, qui ont fui dans les deux pays
voisins ainsi que vers l'Europe. Le danger est qu'on affecte
l'identité culturelle, sociale et spirituelle de ces familles".
-Mgr.Stephanos,
Evêque orthodoxe de Tallinn et d’Estonie, représentant de SS
Bartholomeos, Patriarche oecuménique de Constantinople: "Il
semblerait qu'aujourd'hui le mariage et la filiation aient changé de
signification. Dans bien des pays, le législateur met peu à peu en
place de nouvelles normes en la matière. Ces mutations de la famille
nous interpellent directement et créent à juste titre des
inquiétudes face à ces évolutions et à ces diversifications des
structures familiales qui se font au nom de l'égalité et du refus
d'établir des discriminations. On peut répondre que le juridique
confirme sans doute une réalité sociale nouvelle mais pour
l'Eglise, le sacrement de mariage, s'il est lucidement souhaité, ne
relève pas d'elle comme simple institution mais avant tout comme
mystère de vie. Le mariage n'a de sens que dans la foi au Christ, à
l'Evangile, dans la certitude que les actions du Christ continuent
dans l'Evangile, puisque tels sont justement les sacrements. Notre
première tâche est donc bien l'évangélisation... Peut-être
pourra-t-on aider, jeunes ou moins jeunes, souvent incertains,
parfois psychologiquement immatures...à se percevoir autrement, à
se libérer d'un lien trop fusionnel, pour devenir vraiment
responsables l'un de l'autre... C'est pour cette raison qu'on ne peut
en aucun cas remplacer la famille naturelle par des substituts. Pour
conclure je dirai que le message chrétien en matière de mariage
n'est pas une loi à imposer mais un exemple à proposer. L'Eglise
n'a pas à dicter les lois de l'Etat ou à les bloquer...car elle
doit seulement inspirer et sanctifier, non contraindre".
-Le
Métropolite Iosif (Patriarcat orthodoxe de Roumanie), a insisté sur
un point tout particulièrement: "La famille étant conjugale
comme l'est la communauté monastique, elle doit suivre les mêmes
principes de chasteté (consécration de la sexualité), d'obéissance
(au Christ et les uns aux autres dans une hiérarchie de service), et
de pauvreté (mise en commun des biens possédés). La famille est
appelée à réaliser la ressemblance de l'image trinitaire de
Dieu...par une ascèse continue... La famille est
la cellule première de l’Eglise. Aussi
les époux participent ils régulièrement à l’Eucharistie en tant
que membres du sacerdoce royal... Toutes les caractéristiques de la
famille dérivent de sa structure eucharistique, en se fondant
essentiellement sur le pardon alimenté par l’humilité qui font
grandir l’amour réciproque et transfigure à court et à longue
terme la personne et la vie chrétienne. La grandeur divine du
mariage réside en ce que dans le mariage se trouve une
représentation vivante de l’union du Logos avec la nature
humaine".
-Le
Rev.Walter Altmann (Conseil mondial des Eglises): "En
ce qui concerne l'engagement de l'Eglise qui marche ensemble pour
lire la réalité avec les yeux de la foi et avec le cœur de Dieu,
le Conseil œcuménique des Eglises a parlé depuis son assemblée de
2013 en Corée d'un pèlerinage de justice et la paix, soulignant que
nous sommes ensemble sur la route de la foi et profondément engagés
dans la justice et la paix, comme les signes du règne de Dieu qui
vient. Cet engagement d'exprimer les valeurs du règne de Dieu comme
la justice et la paix est très significatif pour ceux qui vivent
ensemble dans les différents types de vie familiale. C'est le
premier cercle et le plus secret de notre vie ensemble où nous
cherchons à apporter la justice et la réconciliation. De mon propre
continent qu’est l'Amérique latine, et de mon expérience comme
Modérateur du Conseil œcuménique, je sais combien de femmes et
d’hommes, et non moins les enfants, ont besoin que l'Eglise soit
une association d'inclusion et de guérison, reconnaissant nos
différences dans le lien d'amour. L’ouverture nécessaire au
changement, et pour un nouvel engagement à l'appel de Dieu
aujourd'hui, devrait être la marque de notre pèlerinage comme un
voyage commun des Eglises".
-Le
Métropolite Bishoy de Damiette (Eglise copte d'Egypte): "La
première mission de l’Eglise envers les personnes à tendances
homosexuelles est d'expliquer de la façon la plus tolérante et
convaincante que l'homosexualité est un grand péché interdit par
Dieu selon les saintes Ecritures. Par conséquent, la mission
pastorale principale de l'Eglise est d'encourager ces personnes au
repentir en les incitant à mener une vie pure. Si un des conjoints
mariés est homosexuel, contraignant l'autre à des rapports contre
nature, l'Eglise ne devrait pas forcer le conjoint innocent à
poursuivre cette relation matrimoniale sexuelle avec l’autre, parce
que cela blesse le conjoint innocent physiquement, physiologiquement
et socialement. Notre Eglise permet le divorce dans les cas
d'adultère et dans les cas de ce que nous appelons l'adultère
légal, qui est tout ce qui est considéré comme un adultère,
l’homosexualité, les rapports contre nature, les pressions ou
contraintes sur un conjoint innocent".
-Le
Rev.A.Roy Medley (Alliance baptiste mondiale): "Il
n'y a aucune famille parfaite et aucun mariage parfait. Dans notre
monde brisé, les familles sont non seulement une source de grande
bénédiction, mais peuvent aussi être une source de grand mal comme
quand un père moleste ses filles, ou des frères et sœurs se
battent pour un héritage. La réalité pastorale est que les
familles ont leurs bienfaits et leurs dysfonctionnements. Parmi de
telles expériences les gens demande miséricorde. C’est pourquoi,
dans l’hymnologie baptiste, Jésus comme ami, est un thème
important. Les hymnes comme "Quel ami avons-nous en Jésus,"
et "Il n'y a pas d'ami comme l’humble Jésus", expriment
pour nous la présence de Dieu au milieu de nos imperfections et
luttes. Ils nous rappellent celui qui dans sa vocation de serviteur
souffrant entre dans notre souffrance. Il est celui qui invite les
pécheurs à sa table, celui qui est doux et humble de cœur, en qui
nous trouvons le repos pour nos âmes, celui que nous prions en toute
confiance: Seigneur, prends pitié".
-M.Robert
K.Welsh (Disciples du Christ): "Comment
comprenons-nous le mariage et la vie familiale aujourd'hui? Que
pouvons-nous faire pour répondre au nombre croissant de divorces et
l'impact sur les enfants dans ces familles ? Ce sont des questions
urgentes devant tous les chrétiens et toutes les sociétés, qui
représentent des défis théologiques, pratiques et pastoraux
majeurs. J'ai noté que partout dans ces paragraphes, les mariages
mixtes ne sont évoqués dans ce contexte que pour les problèmes
qu’ils représentent; par exemple, au niveau pastoral de
l'éducation religieuse des enfants et dans leur relation à la vie
liturgique. Mon espoir est que ce Synode puisse aussi identifier les
mariages mixtes dans un contexte plus positif et plein d'espoir comme
de grandes occasions de témoigner du cadeau de Dieu d'unité dans le
Christ et de l'amour de Dieu pour toutes les personnes,
particulièrement pour ces mariages entre des personnes baptisées
comme chrétiens. Mon regret est toujours présent, quand j'assiste à
la messe avec mon petit-fils, lorsqu’on ne me permet pas de
recevoir l'Eucharistie".
-M.Tim
Macquiban (Communauté méthodiste de Rome): "Parfois
dans ce Synode il semble que nous nous soyons concentrés sur une
seule forme de famille, de parents et d’enfants, telle que définie
par le mariage sacramentel et sa vocation. Pour certains cela ne
tient pas compte des différentes façons de vivre de beaucoup dans
des formes différentes de famille, dans nos divers contextes et
cultures. Alors que nous célébrons à juste titre la joie d’une
nouvelle vie et la centralité du mariage et de la vie familiale
(dans leur définition traditionnelle), ceux qui sont seuls, avec ou
sans enfants, ou dans des unions civiles ou des relations de
cohabitation et même ceux mariés à l'Eglise et sans enfant,
peuvent facilement se sentir exclus. L'Eglise doit comprendre que
cela puisse ajouter à ces difficultés une angoisse sur l'Evangile
de la famille".
-Rev.Ndanganeni
Petrus Phaswana (Evêque de l'Eglise luthérienne évangélique
d'Afrique du sud): "Fréquemment, la
politique, la religion et la culture sont instrumentalisées et
utilisées pour diviser les gens et les nations ce qui a conduit à
l'aliénation croissante et la désunion. Au milieu de cet isolement,
il nous revient comme Eglises de proclamer et d’être témoin de ce
que Dieu ne nous appelle pas à l'isolement, mais plutôt à la vie
dans la communion avec le Christ et entre nous. Nous sommes appelés
à surmonter cette fragmentation et à nous développer en étant des
communautés où les relations peuvent être rétablies et
renforcées. Nous devrions donc rester sensibles à ce que nos
discussions théologiques soutiennent chaque chrétien dans les défis
et les tristesses auxquels il fait face dans sa vie quotidienne".
-Le
Rev.Timorthy Thornton (Communion anglicane): "La
première partie de l'Instrumentum Laboris est aussi concentrée sur
les aspects négatifs de la vie familiale. Il y a beaucoup de joie
dans des familles et la vie familiale et beaucoup à célébrer.
Toutes les familles changent. Le changement est une partie de la clé
de la foi du chrétien. Tous les jours, nous sommes appelés à nous
tourner vers le Christ, à nous détourner du péché et à nous
tourner vers Dieu. Chaque jour nous nous ouvrons à la possibilité
d’une transformation. C'est pourquoi tous les chrétiens sont plein
de joie et d’espérance chaque jour".