Cité
du Vatican, 28 mars 2013
(VIS). A 9 h 30' en la Basilique vaticane, en présence de quelque
10.000 fidèles, le Pape a présidé la messe chrismale, célébrée
aujourd'hui dans toutes les cathédrales du monde. Plus de deux mille
cardinaux, archevêques, évêques et prêtres se trouvant à Rome
ont concélébré. Au cours de son homélie, il a évoqué l'onction,
thème central des lectures. "Ceux qui reçoivent l'onction -a
dit le Pape- ont en commun qu'elle est pour
oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs...
L’image de l’huile qui se répand...est l’image de l’onction
sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux
confins de l’univers". Le Pape a aussi
dit aux prêtres que "l'insatisfaction chez certains, qui
finissent par être tristes, des prêtres tristes, et transformés en
collectionneurs d'antiquités ou de nouveautés" vient de ce
qu'ils sortent peu d'eux mêmes et oignent avec parcimonie perdant
ainsi "le meilleur de notre peuple". "Voilà
ce que je vous demande: soyez des pasteurs pénétrés de l’odeur
de leurs brebis, qui sentent cette odeur".
"On
reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple", a
aussi dit le Saint-Père. "C’est ainsi que nous devons faire
l’expérience de notre onction, son pouvoir et son efficacité
rédemptrice: aux périphéries où se trouve la souffrance, où le
sang est versé, il y a un aveuglement qui désire voir, il y a des
prisonniers de tant de mauvais patrons. Ce ne sont pas précisément
dans les auto-expériences ou les introspections répétées que nous
rencontrons le Seigneur: les cours pour s’aider soi-même dans la
vie peuvent être utiles, mais vivre passant d’un bord à l’autre,
de méthode en méthode, pousse à devenir pélagiens, à minimiser
le pouvoir de la grâce qui s’actualise et croît dans la mesure
selon laquelle, avec foi, nous sortons pour nous donner nous-mêmes
et pour donner l’Evangile aux autres".
Se
souvenant, avec tous les prêtres, du jour de son ordination comme
ministre sacré, le Pape a ajouté: "Le prêtre célèbre en
chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en
portant leurs noms gravés en son cœur. Revêtir notre humble
chasuble peut bien nous faire sentir, sur les épaules et dans notre
cœur, le poids et le visage de notre peuple fidèle, de nos saints
et de nos martyrs, qui en cette période sont si nombreux. De la
beauté de la chose liturgique, qui n’est pas seulement un ornement
et un goût pour les vêtements, mais la présence de la gloire de
notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé,
considérons-en maintenant l’action!... Le Seigneur le dira
clairement: son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers,
pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction,
chers frères, n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni
davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que
l’huile deviendrait rance et le cœur amère".
"Quand
nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s’en rend compte:
lorsqu’ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux
qui ont reçu une bonne nouvelle. Nos fidèles apprécient l’Evangile
annoncé avec l’onction, lorsque l’Evangile que nous prêchons,
arrive jusqu’à sa vie quotidienne, lorsqu’il touche...aux
extrémités de la réalité, lorsqu’il illumine les situations
limites, les périphéries où le peuple fidèle est exposé à
l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi. Les fidèles nous
en remercient parce qu’ils ressentent que nous avons prié avec les
réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies,
leurs peurs et leurs espérances. Et lorsqu’ils ressentent que le
parfum de l’Oint, du Christ, arrive à travers nous, ils sont
encouragés à nous confier ce qu’ils veulent faire arriver
jusqu’au Seigneur. Lorsque nous sommes dans ce rapport avec Dieu et
avec son peuple et que la grâce passe à travers nous, alors nous
sommes prêtres, médiateurs entre Dieu et les hommes. Ce que
j’entends souligner c’est que nous avons toujours à raviver la
grâce et discerner en chaque demande, parfois inopportune, parfois
seulement matérielle ou même banale...le désir de nos fidèles de
recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous
la détenons. Deviner et ressentir, à la manière du Seigneur,
l’angoisse pleine d’espérance de la femme hémorroïsse
lorsqu’elle toucha le bord de son manteau". Enfin, le
Saint-Père s'est adressé aux fidèles laïcs: "soyez proches
de vos prêtres par l’affection et par la prière afin qu’ils
soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu".
Après
l'homélie, les prêtres ont renouvelé leurs promesses sacerdotales
puis le Pape a béni l'huile destinée aux catéchumènes et aux
malades, et le Saint Chrême qui sera utilisé pour les sacrements de
baptême, de confirmation et d'ordination sacerdotale.