CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). Benoît XVI a célébré à 10 heures une grand messe sur l'esplanade des Invalides, devant la cathédrale St.Louis et le dôme, qui abrite notamment le corps de Napléon Ier. A l'homélie, devant 260.000 personnes, le Pape a commenté la première épître de Paul aux Corinthiens: Elle "nous fait découvrir...à quel point les conseils donnés par l'Apôtre restent d'actualité. Fuyez le culte des idoles, écrivait-il à une communauté très marquée par le paganisme et partagée entre l'adhésion à la nouveauté de l'Evangile et l'observance de vieilles pratiques héritées de ses ancêtres".
"Hormis le peuple d'Israël, qui avait reçu la révélation du Dieu unique, le monde antique était asservi au culte des idoles. Très présentes à Corinthe -a rappelé le Pape-, les erreurs du paganisme devaient être dénoncées, car elles constituaient une puissante aliénation et détournaient l'homme de sa véritable destinée. Elles l'empêchaient de reconnaître que le Christ est le seul Sauveur, le seul qui indique à l'homme le chemin vers Dieu. Cet appel à fuir les idoles reste pertinent aujourd'hui... Le mot idole vient du grec et signifie image...mais aussi vaine apparence. L'idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l'apparence. Or n'est-ce pas une tentation propre à notre époque, la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement? Tentation d'idolâtrer un passé qui n'existe plus, en oubliant ses carences, tentation d'idolâtrer un avenir qui n'existe pas encore, en croyant que, par ses seules forces, l'homme réalisera le bonheur éternel sur la terre! ... L'argent, la soif de l'avoir, du pouvoir et même du savoir n'ont-ils pas détourné l'homme de sa fin véritable?".
Dans son commentaire de l'épître, saint Jean Chrysostome, dont c'est aujourd'hui la fête, fait remarquer que saint Paul condamne sévèrement l'idolâtrie, ajoutant cependant qu'il ne s'agit est en aucun cas une condamnation de la personne de l'idolâtre. "Jamais, dans nos jugements -a ajouté le Pape-, nous ne devons confondre le péché qui est inacceptable, et le pécheur dont nous ne pouvons pas juger l'état de la conscience et qui, de toute façon, est toujours susceptible de conversion et de pardon... Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice de sa raison! Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec la foi! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la recevoir comme un don précieux. C'est le culte des idoles qui détourne l'homme de cette perspective, et la raison elle-même peut se forger des idoles. Demandons donc à Dieu qui nous voit et nous entend, de nous aider à nous purifier de toutes nos idoles, pour accéder à la vérité de notre être, pour accéder à la vérité de son être infini!".
"Saint Paul nous demande de faire usage non seulement de notre raison, mais surtout de notre foi pour le découvrir... Le pain que nous rompons est communion au Corps du Christ... Depuis déjà vingt siècles...le Seigneur ressuscité se donne à son peuple... Entourons donc de la plus grande vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Eglise et à toute l'humanité". La messe, a poursuivi Benoît XVI, "est le sacrifice d'action de grâce par excellence, celui qui nous permet d'unir notre propre action de grâce à celle du Sauveur... La messe nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu et ce qui, en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal".
"Elever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur, n'est-ce pas précisément le meilleur moyen de fuir les idoles, comme nous le demande saint Paul ? Chaque fois qu'une messe est célébrée, chaque fois que le Christ se rend sacramentellement présent dans son Eglise, c'est l'œuvre de notre salut qui s'accomplit... Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de la pensée". Mais, s'est exclamé le Saint-Père, "qui peut élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur au nom du peuple de Dieu tout entier, sinon le prêtre?". Ici, Benoît XVI a lancé "un appel à la foi et à la générosité des jeunes qui se posent la question de la vocation religieuse ou sacerdotale. N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ!", leur a-t-il dit."Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l'Eglise!... L'espérance demeurera toujours la plus forte ! L'Eglise, bâtie sur le roc du Christ, possède les promesses de la vie éternelle, non parce que ses membres seraient plus saints que les autres hommes, mais parce que le Christ a fait cette promesse à Pierre: Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle".
"Dans cette espérance indéfectible de la présence éternelle de Dieu à chacune de nos âmes, dans cette joie de savoir que le Christ est avec nous jusqu'à la fin des temps, dans cette force que l'Esprit Saint donne à tous ceux et à toutes celles qui acceptent de se laisser saisir par lui, je vous confie, chers chrétiens de Paris et de France, à l'action puissante et miséricordieuse du Dieu d'amour qui est mort pour nous sur la Croix et ressuscité victorieusement au matin de Pâques. A tous...je redis avec Paul: Fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de faire le bien!".
Après la messe des Invalides, le Pape est retourné à la nonciature pour déjeuner avec l'épiscopat d'Ile-de-France.
PV-FRANCE/MESSE/INVALIDES:PARIS VIS 20080913 (940)