Cité
du Vatican, 24 juillet 2013 (VIS). Le Pape
François s'est rendu ce matin au sanctuaire national
d'Aparecida, où il est arrivé depuis Rio situé à 200 km. En 1717,
après plusieurs pêches infructueuses dans le Paraiba, trois
pêcheurs remontèrent en deux parties une statuette de Marie. Et à
leur troisième tentative leurs filets furent remplis de poisson.
Cette statuette "de la pêche miraculeuse" demeura une
quinzaine d'années au domicile d'un des pêcheurs, chez qui les gens
se réunissaient pour le chapelet. Les grâces obtenues rendirent
populaire cette dévotion à la Madone Aparecida. La chapelle
construite en 1734 fut remplacée un siècle plus tard par une
basilique. La statuette fut couronnée en 1904 et, en 1929, Pie XI
proclama la Vierge d'Aparecida Reine et Patronne du Brésil. Aidés
par l'épiscopat brésilien, les Rédemptoristes desservant le
sanctuaire entreprirent en 1955 la construction de l'actuelle
basilique, consacrée quoique inachevée en 1980 par Jean-Paul II. Le
13 mai 2007, Benoît XVI y inaugura la V Conférence générale de
l'épiscopat latino-américain et caraïbe, qui traça les lignes
pastorales à venir du continent.
Après
s'être recueilli devant l'image de la Vierge, il a présidé à 10 h
30' locales (15 h 30' heure de Rome) la messe célébrée avec les
évêques régionaux et ceux chargés des catéchèses durant le JMJ.
Au début de son homélie, le Saint-Père a rappelé qu'au
lendemain de son élection il s'était rendu en la Basilique
Ste.Marie Majeure, afin de confier à Marie son ministère pétrinien.
"Aujourd’hui, j’ai voulu venir ici pour demander à notre
Mère le succès de la Journée mondiale de la jeunesse et pour
déposer à ses pieds l'avenir des peuples latino-américains".
Ayant évoqué sa participation à la Conférence du CELAM, il a
salué le "tressage entre les travaux des pasteurs et la foi
simple des pèlerins, sous la protection maternelle de Marie. Quand
elle cherche le Christ, l’Eglise frappe toujours à la porte de la
maison de sa Mère et demande: Montre-nous Jésus. C’est d’elle
que nous apprenons à être de vrais disciples. C’est pourquoi
l’Eglise va en mission en marchant toujours dans le sillon de
Marie. Aujourd’hui, le regard tourné
vers la JMJ qui m’a conduit au Brésil, je viens moi aussi frapper
à la porte de la maison de Marie...afin qu’elle nous aide tous,
pasteurs du peuple de Dieu, parents et éducateurs, à transmettre à
nos jeunes les valeurs qui les rendront artisans d’une société et
d’un monde plus justes, plus solidaires et plus fraternels. En ce
sens, nous devons tous garder l’espérance, nous laisser surprendre
par Dieu et vivre dans la joie".
"D'abord
garder l’espérance. La deuxième lecture de la messe
présente une scène dramatique: une femme, image de Marie et de
l’Eglise, est persécutée par le Diable qui veut dévorer son
enfant... Que de difficultés dans la vie de chacun de nous, dans
l’existence des personnes, dans nos communautés, mais pour aussi
énormes que ces difficultés puissent sembler, Dieu ne nous laisse
jamais en être submergés. Face au découragement...qui pourrait
gagner ceux qui œuvrent pour l’évangélisation ou qui font
l’effort de vivre la foi en tant que père et mère de famille, je
dis: Ayez toujours la certitude que Dieu marche à vos côtés, qu'il
ne vous abandonne à aucun moment! Ne perdez jamais l’espérance!...
C’est vrai que de nos jours, tous, un peu, et nos jeunes aussi, se
sentent séduits par beaucoup d’idoles qui se substituent à Dieu
et semblent offrir de l'espérance: l’argent, le succès, le
pouvoir, le plaisir. Une sensation de solitude et de vide gagne
souvent le cœur de beaucoup et les pousse à la recherche de
compensations, de ces idoles éphémères. Alors soyons des lumières
d’espérance! Ayons un regard positif sur la réalité.
Encourageons la générosité qui caractérise les jeunes,
accompagnons-les dans leur recherche à devenir les protagonistes de
la construction d’un monde meilleur. Ils sont un moteur puissant
pour l’Eglise et pour la société. Ils n’ont pas besoin
seulement de choses, ils ont besoin avant tout que leur soient
proposées les valeurs immatérielles qui sont le cœur spirituel
d’un peuple, la mémoire d’un peuple. Dans ce sanctuaire, inscrit
dans la mémoire du Brésil, nous pouvons presque lire les valeurs
que sont spiritualité, générosité, solidarité, persévérance,
fraternité, joie. Elles trouvent leurs plus profondes racines dans
la foi chrétienne".
"La
deuxième attitude est de se laisser surprendre par Dieu. L’homme
ou la femme d’espérance...sait que, même au milieu des
difficultés, Dieu agit et nous surprend. L’histoire de ce
sanctuaire en est un exemple", avec la découverte miraculeuse
d'une image de Nossa Senhora da Conceiçaio. "Qui aurait jamais
imaginé que le lieu d’une pêche infructueuse serait devenu le
lieu où tous les brésiliens peuvent se sentir fils d’une même
mère? Dieu surprend toujours, comme le vin nouveau dans l’Evangile
que nous venons d’entendre. Dieu réserve toujours ce qu’il y a
de meilleur pour nous. Mais il nous demande de nous laisser
surprendre par son amour et d’accueillir ses surprises. Ayons
confiance en Dieu! Si nous nous éloignons de lui, le vin de la joie,
le vin de l’espérance finit. Si nous nous approchons de lui, si
nous restons avec lui, nos froideurs, nos difficultés, nos péchés
se transforment en vin nouveau d’amitié avec lui".
"La
troisième attitude est de vivre dans la joie. Si nous marchons dans
l’espérance, nous laissant surprendre par le vin nouveau que Jésus
nous offre, il y aura de la joie en nos cœurs et nous ne pourrons
être que des témoins de cette joie. Le chrétien est joyeux, il
n’est jamais triste. Dieu nous accompagne. Nous avons une mère qui
intercède toujours pour la vie de ses enfants, pour nous, comme la
reine Esther dans la première lecture de la messe. Jésus nous a
montré que le visage de Dieu est celui d’un père qui nous aime.
Le péché et la mort ont été vaincus. Le chrétien ne peut pas
être pessimiste, ni avoir pas le visage d’une personne en deuil
permanent. Si nous sommes vraiment attachés au Christ et si nous
sentons combien il nous aime, notre cœur s’enflammera d’une joie
telle qu’elle contaminera tous nos voisins. Comme le disait Benoît
XVI, le disciple sait que sans le Christ il n’y a pas de lumière,
pas d’espérance, pas d’amour, pas d’avenir".
"Nous
sommes venus frapper à la porte de la maison de Marie. Elle nous a
ouvert, elle nous a fait entrer et nous a montré son fils. Elle nous
demande maintenant de faire tout ce qu’il vous dira de faire. Oui,
notre Mère, nous nous engageons à faire ce que Jésus nous dira. Et
nous le ferons avec espérance, sûrs des promesses de Dieu et pleins
de joie".
Après
la messe, le Pape François a béni depuis la balcon extérieur les
milliers de fidèles qui n'avaient pas pu entrer dans la basilique et
avaient suivi la messe sur écrans malgré la pluie. Improvisant en
espagnol, il a annoncé son intention de revenir pour le
tricentenaire du sanctuaire. Puis s'étant excusé de ne pas parler
portugais, il a béni l'assistance et leurs familles, les enfants et
les plus âgés, le Brésil tout entier. "Maintenant, je vais
voir si vous me comprenez. Une mère oublie-t-elle ses enfants?
Marie, qui ne nous oublie pas, nous protège et nous guide".
Rappelant que la bénédiction vient du Tout Puissant, le Pape a
demandé à nouveau de prier pour lui comme une faveur. "J'en ai
besoin!", a-t-il dit. Et que Notre Dame "d'Aparecida vous
protège en attendant de se revoir ici en 2017!". Après qui il
a gagné le séminaire missionnaire voisin de Bom Jesus pour déjeuner
avec les évêques régionaux et les séminaristes. Il a béni le
portrait de Frei Galvao, canonisé en 2007 à Sao Paulo par Benoît
XVI, qui sera placé dans son sanctuaire de Guaratinguetá. Après le
repas, le Saint-Père est retourné à Rio de Janeiro pour visite
l'hôpital St.François.