CITE DU VATICAN, 17 JAN 2010 (VIS). Benoît XVI s'est rendu, cet après-midi, à la synagogue de Rome où il a été accueilli par le Président de la communauté juive de la ville, M.Riccardo Pacifici, le Président des communautés juives italiennes, M.Renzo Gattegna et le Grand Rabbin de Rome, M.Riccardo Di Segni. Avant d'entrer dans la synagogue, il a déposé une gerbe devant la plaque commémorative de la déportation de 1022 juifs, le 16 octobre 1943, et de l'attentat du 9 octobre 1982 au cours duquel un enfant juif de 2 ans perdit la vie et 37 autres personnes furent blessées alors qu'elles entraient au temple pour la prière.
Après les salutations d'usage, le Pape a commencé son discours interrompu par sept fois par les applaudissements de l'assemblée remplissant la grande synagogue de Rome. Benoît XVI a souligné que le Concile Vatican II a donné "une impulsion décisive à l'accomplissement d'un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d'amitié, chemin qui s'est approfondi et développé au cours de ces quarante années, avec des avancées et des gestes importants et significatifs parmi lesquels je souhaite mentionner la visite historique, en ce lieu, de mon prédécesseur, le 13 avril 1986". Il a ensuite évoqué son pèlerinage en Terre Sainte en 2009 et ses rencontres dans les synagogues de Cologne et New-York.
"L'Eglise -a-t-il poursuivi- n'a pas oublié les erreurs de ses fils et filles, en demandant pardon en ce qu'elle a pu favoriser, de quelque façon que ce soit, la plaie de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme", et s'est exclamé: "Que ses plaies soient refermées pour toujours!". Evoquant ensuite la Shoah, le Saint-Père a ajouté que "ce drame singulier et révoltant représente ainsi le sommet d'un chemin de haine qui naît lorsque l'homme oublie son créateur et se met , lui-même, au centre de l'univers... L'extermination du peuple de l'alliance de Moïse, d'abord annoncée, puis systématiquement programmée et réalisée en Europe sous la domination nazie, a touché aussi Rome de façon tragique. Malheureusement, beaucoup sont restés indifférents, mais beaucoup aussi parmi les catholiques italiens, soutenus par la foi et l'enseignement chrétien, réagirent avec courage, ouvrant les bras pour secourir les juifs persécutés et fugitifs, souvent au risque de leur propre vie et méritent une gratitude éternelle. Le Siège apostolique aussi a mené une action de secours souvent cachée et discrète... La mémoire de ces évènements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour faire grandir compréhension, respect et accueil".
Benoît XVI a ensuite rappelé que juifs et chrétiens sont inspirés par le décalogue, "les dix paroles" ou "dix commandements", qui représentent "un phare et une norme de vie dans la justice et l'amour, un grand code éthique pour toute l'humanité... Dans cette idée, il existe de nombreux domaines de collaboration et de témoignage. Je voudrais vous en rappeler trois, particulièrement important aujourd'hui. Les dix Commandements demandent de reconnaître un seul Seigneur, contre la tentation de se construire d'autres idoles, de se faire des veaux d'or. Dans notre monde, beaucoup ne connaissent pas Dieu ou l'estime superflu, sans importance pour la vie. Ils se sont ainsi fabriqué d'autres nouveaux dieux devant lesquels l'homme s'incline". En deuxième lieu, le décalogue demande "le respect, la protection de la vie contre toute injustice et abus, reconnaissant la valeur de chaque personne humaine créée à l'image et ressemblance de Dieu. Combien de fois, de partout, proche et loin, la dignité, la liberté et les droits de l'être humain sont encore bafoués!". Les dix commandements exigent, en dernier lieu, "de conserver et promouvoir la sainteté de la famille, dont le oui personnel et réciproque, fidèle et définitif de l'homme et de la femme s'ouvre à l'avenir pour l'authentique humanité de chacun, et s'ouvre, en même temps, au don d'une nouvelle vie. Témoigner que la famille continue d'être la cellule essentielle de la société et le contexte de base dans lequel on apprend et on exerce les vertus humaines, est un précieux service à offrir pour la construction d'un monde au visage plus humain", a-t-il ajouté.
Le Saint-Père a ensuite souligné que "tous les commandements se résument dans l'amour de Dieu et dans la miséricorde envers le prochain. Une telle règle engage les juifs et les chrétiens à déployer, aujourd'hui, une générosité toute particulière envers les pauvres, les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les faibles et les nécessiteux... Nous pouvons accomplir des pas ensemble, dans cette direction, conscients des différences qu'il y a entre nous, mais aussi du fait que si nous réussissons à unir nos cœurs et nos mains pour répondre à l'appel du Seigneur, sa lumière se fera plus proche pour éclairer les peuples de la terre... Chrétiens et juifs ont une grande partie de patrimoine spirituel commun, prient le même Seigneur, ont les mêmes racines mais restent souvent inconnus les uns des autres. Il nous appartient donc d'œuvrer, en réponse à l'appel de Dieu, afin qu'un espace de dialogue reste toujours ouvert, dans un respect réciproque, dans une amitié grandissante, dans un témoignage commun face aux défis de notre époque qui nous invite à collaborer pour le bien de l'humanité dans ce monde créé par Dieu, le Tout-Puissant et le Miséricordieux".
Après avoir rappelé que la communauté catholique et la communauté juive vivent ensemble à Rome depuis deux mille ans, il a exprimé le souhait que "cette cohabitation soit animée d'un amour fraternel grandissant s'exprimant dans une coopération toujours plus étroite pour offrir une vraie contribution dans la solution des problèmes et des difficultés à affronter. Je demande au Seigneur -a conclu Benoît XVI- le précieux don de la paix dans le monde entier, surtout en Terre sainte. Au cours de mon pèlerinage en mai dernier à Jérusalem, au Mur occidental, j'ai demandé à celui qui peut tout: Envoie ta paix en Terre Sainte, au proche orient, dans toute la famille humaine. Remue les cœurs de ceux qui invoquent ton nom afin qu'ils parcourent avec humilité le chemin de la justice et de la compassion".
BXVI-VISITE SYNAGOGUE ROME/.../... VIS 20100118 (1000)