Cité
du Vatican, 17 septembre 2013 (VIS). Hier en la Basilique du Latran,
le Saint-Père a rencontré le clergé de Rome, auquel il a de lui
poser des questions en toute liberté, d'autant que même Pape il se
sent avant tout comme un prêtre. J'en remercie le Seigneur, a-t-il
confié, comme de ne pas me croire plus important que cela. "C'est
ce que je crains, car le Diable est malin, qui parvient à te faire
ressentir que tu as maintenant plus de pouvoir, de faire ceci ou
cela... Grâce à Dieu je ne suis pas encore tombé dans le piège.
Et si cela advenait, qu'on m'avertisse s'il vous plaît...que ce soit
de manière publique ou privée!". Puis le Pape s'est penché
sur le rôle du prêtre, qu'il soit curé ou évêque, y compris
Evêque de Rome. "Il y a d'abord la fatigue physique, que nous
connaissons tous à la fin de la journée de travail, lorsque nous ne
manquons pas d'aller saluer le Seigneur en prière devant le
tabernacle. Tout prêtre se fatigue au contact de son peuple. Celui
qui ne le fait pas se fatigue mal. La bonne fatigue est celle du
prêtre qui va à la rencontre des si nombreuses sollicitations des
gens. Ce sont celles de Dieu aussi... Et puis il y a la fatigue
finale" qui arrive lorsque "le prêtre s'interroge sur sa
propre vie et se retourne sur son parcours et tout ce à quoi nous
avons renoncé, aux enfants que nous n'avons pas eu. Me suis-je
trompé? Ais-je raté ma vie?". Puis, citant les doutes d'Elie
ou de Moïse, de Jérémie ou de Jean-Baptiste, qui vécut les
ténèbres de son âme et envoya ses disciples demander à Jésus
s'il était celui qu'on attendait. "Que peut faire le prêtre
qui vit l'expérience du Baptiste, sinon prier jusqu'à s'endormir
devant le tabernacle?". Les évêques, a poursuivi le
Saint-Père, "doivent être proches de leurs prêtres, et être
charitable envers ces pauvres les plus proches que sont les prêtres.
Le contraire vaut également!".
Répondant
ensuite à une question relative à la pastorale, il a rappelé qu'il
ne faut pas confondre créativité et innovation. Créer signifie
"rechercher un autre moyen de transmettre l'Evangile. Ce n'est
pas facile...et il ne s'agit pas simplement de changer. La nouveauté
est suscitée par l'Esprit dans la prière mais aussi en parlant avec
les gens, avec les fidèles". Ainsi a-t-il évoqué un épisode
survenu en Argentine alors qu'avec un curé il se demandait comment
rendre son église plus accueillante: "Il y a ici tellement de
passage qu'il serait bon que l'église reste ouverte, et qu'un
confesseur soit disponible en permanence. L'idée était belle et on
l'a réalisée comme une créativité utile... Il faut donc trouver
de nouvelles méthodes...d'autant que l'Eglise et son code canonique
offrent de multiples possibilités. Il y a la liberté de chercher
des solutions nouvelles pour offrir des occasions d'accueil aux
fidèles venant en paroisse pour ceci ou cela". Malheureusement,
trop souvent la paroisse est plus occupée à demander de l'argent
pour un certificat, ce qui éloigne les gens de l'Eglise. Il faut au
contraire un accueil cordial afin que chacun se trouve chez lui à
l'église et ne se sente pas exploité... Lorsque les gens constatent
la volonté de profit, ils s'en vont". Puis le Pape François a
parlé des prêtres miséricordieux et dit qu'un prêtre ne doit
jamais perdre de vue l'amour suprême qui s'adresse au Christ: "C'est
pour moi un point crucial pour le prêtre d'être capable de revenir
en pensée sur son premier amour. D'ailleurs une Eglise qui perdrait
la mémoire serait une structure mécanique sans vie. Méfions nous
donc des prêtres rigoristes comme des prêtres laxistes".
Soyons au contraire des prêtres miséricordieux qui disent la
vérité. Et n'ayons pas peur car Dieu nous assiste... Soyons des
accompagnateurs car la conversion naît en chemin en non dans une
sorte de laboratoire".
A
propos des scandales affectant l'Eglise, il a redit la nécessité de
faire face à ces graves problèmes avec lucidité et optimisme car
"la sainteté est plus forte que les scandales. Loin de
s'écrouler, l'Eglise, j'ose l'affirmer, ne s'est jamais aussi bien
portée qu'aujourd'hui. C'est un beau moment, ce dont l'histoire
témoigne. Certains saints sont reconnus hors de l'Eglise catholique
comme Mère Teresa car il existe une sainteté de chaque jour comme
celle de tant de mères et épouses, d'hommes oeuvrant pour leur
famille. Ceci nous remplit d'espérance". Revenant sur l'image
des périphéries de l'existence, le Pape a abordé la question des
divorcés remariés, "qu'avait tant à coeur Benoît XVI: Ce
problème ne saurait se réduire à communier ou non... C'est un
problème grave qui...engage la responsabilité de l'Eglise face aux
familles dans cette situation. Aujourd'hui l'Eglise doit faire
quelque chose pour résoudre la question de la nullité matrimoniale.
De ceci il sera question début octobre au Vatican, mais aussi lors
du prochain synode des évêques sur le rapport entre l'Evangile, la
personne et la famille. Il est absolument nécessaire d'aborder
synodalement le sujet. Il s'agit d'une périphérie existentielle".
En conclusion, le Pape a rappelé à son clergé qu'il fêtera le 21
septembre ses soixante ans de sacerdoce.