Cité
du Vatican, 15 octobre 2015 (VIS). Hier, au cours de la VII
Congrégation générale de ce matin, les pères synodaux ont fait
part du résultat de leur réflexion en Circuli Minores sur la
deuxième partie de l'Instrumentum Laboris. Presque tous les groupes
sont d'accord sur la nécessité pour le document final du Synode
d'utiliser le langage de la théologie biblique. Le groupe
francophone B estime que cela évitera les malentendus et ambiguïtés
pouvant nuire à la compréhension de la vocation et de la mission de
la famille dans l'Eglise et dans le monde. Il faudra prendre en
compte la fragilité et la souffrance de la famille, mais sans
exagérer des situations qui ont toujours existé. L'accent mis sur
cette dimension conduit à souligner que l'Eglise accompagne tous ses
fils et doit annoncer l'Evangile et l'appel à la conversion.
Insistant sur l'argument, le groupe anglophone B estime que la
réflexion finale devra illustrer comment la pédagogie divine du
mariage et de la famille a accompagné toute l'histoire du salut
jusqu'à nos jours. Mgr.Diarmiud Martin (Irlande) préconise de
commencer par la Genèse, qui prévoit déjà la définition du
mariage comme une union entre un seul homme et une seule femme, ayant
quitté pères et pères pour s'unir. Ce rapport présente trois
aspects fondamentaux du mariage, tel qu'il était au commencement, la
monogamie et l'égalité des sexes, la stabilité. Mais la pédagogie
divine atteint son paroxysme lorsque le Fils de Dieu entre dans
l'histoire. La rencontre de Jésus avec la femme adultère (Va et ne
pèche plus) dénonce ceux qui réclamaient la lapidation. C'est
seulement à travers la pédagogie divine que s'explique le ministère
de l'Eglise qui reflète la patience et la miséricorde de Dieu. Le
projet divin se poursuit aujourd'hui et la pédagogie divine donne un
contenu et le ton de l'enseignement de l'Eglise. Dans les situations
difficiles il faut toujours se rappeler que Dieu ne renonce jamais à
sa miséricorde. Elle révèle le vrai visage de Dieu et sa
miséricorde sur tout le monde, sur toutes les souffrances, sur
toutes faiblesses.
A
la lumière du récit évangélique qui expose les nombreuses
rencontres entre Jésus et des familles, la pédagogie divine doit
continuer à être présente dans le langage de l'Eglise lorsqu'elle
s'adresse aux familles dans leurs joies comme dans leurs peines. Une
autre observation de ce groupe francophone est qu'elle devrait
trouver une ample résonance dans la Relatio en ne parlant pas
seulement de l'indissolubilité du mariage comme si elle était la
seule préoccupation de l'Eglise. Il faut plutôt parler de la
fidélité et de l'indissolubilité comme de dons et non simplement
en des termes juridiques comme le devoir. Il convient de parler du
mariage comme un appel à l'amour et à la communion. Le groupe
hispanique estime qu'il faut mettre l'accent sur la graduation de
mise en place des procédures. Le Cardinal José Luis Lacunza
Maestrojuán (Panama) souligne que le caractère progressif à
l'image de la grâce divine qui veut tenir compte de chaque personne.
On la trouve dans la tradition où figurent des formules faisant
croire que le mariage et la famille sont par eux mêmes absolus,
alors que Jésus les rapporte au Royaume de Dieu. Il est questions
des rencontres de Jésus avec différentes personnes dans différents
domaines, notamment dans des contextes familiaux, Lazare et sa
famille, Pierre et sa famille, etc. Jésus ouvre toujours des portes.
La fidélité de Dieu est accomplie dans le sacrement du mariage,
mais d'une manière humaine. La fidélité indissolubilité est un
mystère qui inclue la fragilité. La théologie du mariage et de la
famille est trop liée à la morale. Le Magistère devrait présenter
l'Evangile de la famille de manière organique et intégrée. Au fond
il y a beaucoup de valeurs positives dans d'autres types de familles.
Les
différents groupes ont accordé beaucoup d'importance à la
préparation des jeunes au mariage et à la nécessité de les
accompagner sur ce chemin. Si le groupe francophone B, évoque la
grande diminution des mariages dans les capitales européennes, le
Cardinal Lacunza Maestrojuán nuance que “lorsqu'on parle des
jeunes et du mariage, cela se fait dans la perspective de la peur, ce
qui n'est pas suffisant, c'est une question anthropologique: Ils
vivent au jour le jour, ne s'adapte pas à la manière de penser pour
toujours. Peut-être pourrions-nous penser qu'il s'agit d'un manque
de sérieux: Un papier ne fait pas le mariage et peut-être
l'avons-nous entouré de tant de formalités que cela ne convient pas
à l'esprit des jeunes qui, souvent, identifient celles-ci comme de
l'hypocrisie. De plus, dire qu'ils ont peur ou qu'ils n'osent pas,
contredit l'expérience de tant de jeunes qui acceptent le risque du
volontariat ou qui se lancent en politique ou dans d'autres causes''.
Le
groupe francophone B a aussi fait savoir qu'il avait voté à
l'unanimité la proposition selon laquelle l'annonce de l'Evangile de
la famille exige aujourd'hui une intervention magistérielle qui
rendrait plus cohérente et simplifierait l'actuelle doctrine
théologique canonique sur le mariage, et qu'il faut travailler la
définition de la famille comme sujet d'action pastorale. A ce sujet,
Mgr.Durocher (Canada), souligne que les expériences pastorales
partagées nous amènent à voir que dans l'Eglise, parler d'une
famille, c'est parler d'une réalité humaine qui s'engage dans le
temps et l'espace... Chaque famille a ses généalogies qui la
rattachent à une histoire et une culture... Cette complexité est le
lieu et l'occasion d'une manifestation du mystère de la miséricorde
de Dieu. Nous formulons le souhait que le Synode ouvre une période
de recherche patiente commune de théologiens et pasteurs, qui
permette d'établir les bons repères d'une pastorale familiale, qui
traduisent l'horizon de la famille en un horizon de communion. Nous
avons besoin de moins d'adaptation de discipline universelle qu'une
base solide pour la réflexion et l'engagement pastoral''. Le concept
de la famille comme mission a aussi été évoqué. Par exemple, le
groupe italianophone C parle de la valeur évangélisatrice du
mariage et de la famille et demande un nouveau style de proximité de
l'Eglise aux familles, une proximité contagieuse, une tendresse
forte et exigeante. Les membres ont beaucoup insisté pour que la
communauté chrétienne soit une famille de familles, mesurant son
action pastorale avec le style de la famille et transmettant avec
celle-ci une force humanisatrice à la vie du monde, en dépassant la
dérive individualiste".
Les
pères ont trouvé très utiles de se servir de la catéchèse du
Pape François sur l'exigence d'harmoniser la valorisation de la
sacramentalité du mariage et l'attention à sa dimension créaturale,
écrivent les membres du groupe italianophone A, qui demandent aussi
de compléter le texte de l'Instrumentum Laboris sur la présentation
de la doctrine en insérant la dimension spirituelle, accueillant la
sensibilité de la tradition orientale. Proposition traduite de
manière concrète qui rend plus explicite le primat de la grâce, la
reconnaissance du péché et la nécessité de trouver des chemins de
conversion. La grâce n'agit pas seulement au moment de la
célébration du sacrement, mais tout au long de la vie, parce que
c'est un sacrement permanent en analogie avec l'Eucharistie. Pour sa
part le Cardinal Mark Coleridge (Australie), du cercle anglophone C,
n'oublie pas la nécessité d'explorer plus à fond la possibilité
pour les couples qui sont civilement mariés ou qui cohabitent, de
commencer un chemin vers le mariage sacramentel et d'être encouragés
et accompagnés dans ce chemin, et dans le cercle anglais D, quelques
évêques ont souligné que le document devrait parler plus du rôle
de la femme et rappeler que beaucoup subissent des abus de la part de
leur mari. Nous avons besoin d'être plus réalistes sur les
problèmes du mariage, au lieu de dire simplement aux personnes
qu'ils doivent se marier, affirme le texte. Dans le même cercle, un
autre prélat a remarqué que parfois pour les familles exemplaires,
il semble délicat de se proposer à celles qui traversent des
situations difficiles parce qu'elles peuvent se sentir intimidées
par celles-ci. Quelques évêques ont suggéré que le texte devrait
présenter les raisons canoniques pour la séparation des époux ou
l'annulation.
Un
autre concept commun est celui de vocation à la vie familiale et de
spiritualité familiale, pour lequel le groupe anglophone A suggère
une série de bonnes pratiques qui aideraient à mieux vivre l'une et
l'autre: la réception de la Parole de Dieu dans la famille, la
catéchèse familiale et l'impulsion explicite, qui devrait être
établies dans le document final du Synode, des prières
para-liturgiques et rituelles au sein de la famille.Le Cardinal
Coleridge a aussi demandé à ce que le document final présente une
série d'initiatives claires ou de stratégies pour aider les
familles et soutenir celles qui sont en difficulté. Ce serait
quelque chose de concret et ce serait en sintonie avec le caractère
essentiellement pratique de ce deuxième Synode. Par le passé, le
Saint-Père utilisait souvent les textes définitifs approuvés,
comme base pour une exhortation apostolique et nous avons dit que cet
objectif était fructifère. Nous reconnaissons, cependant, les
limites d'un document qui serait approuvé à la fin de ce Synode.
Bien que tous les efforts possibles doivent être faits pour que le
langage soit souple et attractif, la préoccupation principale est la
clarté des explications fondées sur l'enseignement de l'Eglise sur
le mariage et la famille. Visant toujours le document final, le
groupe hispanophone B, s'est interrogé sur le sens du travail
synodal. La doctrine est connue, écrivent ses membres, mais les
exigences de la réalité et les nouveaux accents de la réflexion
théologique doivent être pris en compte pour qu'il y ait réellement
un apport significatif. Nous proposons une référence plus explicite
à partir des textes de l'Ancien et du Nouveau Testament (l'amour
nuptial de Dieu avec son peuple) et du riche magistère
post-conciliaire sur la famille Le groupe italianophone sollicite en
revanche un document magistériel, puisque l'institution du Synode
pourrait difficilement répondre à l'exigence d'ordonner dans un
document exhaustif la doctrine diversifiée et complexe sur le
mariage et la famille, affirme-t-il. Il apparaît donc nécessaire,
d'une part de solliciter un document magistériel qui réponde à
cette exigence, et de l'autre, l'engagement de vérifier les
conséquences pastorales relatives à cette thématique. A ce propos,
les pères ont exprimé la nécessité de considérer la mission
propre de la médiation pastorale dans la transmission de la
doctrine.