Cité
du Vatican, 18 janvier 2015 (VIS). Ce matin, le Saint-Père s'est
rendu à l'Université pontificale St.Thomas de Manille, la plus
ancienne institution d'enseignement catholique du pays, fondée par
les Dominicains. Il y a d'abord rencontré les représentants des
diverses confessions chrétiennes et religions des Philippines puis,
après une rapide visite du campus a rencontré le monde
universitaire. Au cours d'une liturgie de la Parole au centre
sportif, il s'est adressé à au moins 30.000 étudiants, improvisant
en espagnol à partir du texte préparé en anglais. Avant
d'intervenir, à peine averti de la triste nouvelle, il a demandé de
prier pour une volontaire de 27 ans, morte lors de la messe à
Teoclan, et pour sa famille. Voici le discours du Pape François,
composé pour répondre aux questions qui lui avaient été fournies:
"Chers
jeunes amis, c’est une joie pour moi d’être aujourd’hui avec
vous. Je salue cordialement chacun de vous et je remercie tous ceux
qui ont rendu possible cette rencontre. Au cours de ma visite aux
Philippines, j’ai particulièrement voulu rencontrer les jeunes,
pouvoir les écouter, parler avec eux. Je désire exprimer l’amour
et l’espérance que l’Eglise place dans la jeunesse. Et je veux
vous encourager, comme citoyens chrétiens de ce pays, à vous offrir
avec enthousiasme et avec honnêteté au grand travail de
renouvellement de votre société et de contribution à construire un
monde meilleur. Je remercie les jeunes qui m’ont adressé...en
votre nom vos préoccupations et vos inquiétudes, votre foi et vos
espérances. Ils ont parlé des difficultés et des attentes des
jeunes. Bien que je ne puisse pas répondre à chacun de ces
questionnements de façon exhaustive, je sais que, avec vos pasteurs
et entre vous, vous les considérerez attentivement à l’aide de la
prière et que vous ferez des propositions concrètes d’action".
"Je
voudrais suggérer trois domaines importants où vous avez une
contribution significative à offrir à la vie de votre pays. Le
premier est le défi de l’intégrité. Le terme défi peut être
entendu de deux manières. D’abord, il peut être compris de façon
négative, comme une tentative d’agir contre vos convictions
morales, contre tout ce que vous savez être vrai, bon et juste.
Notre intégrité peut être défiée par des intérêts égoïstes,
par l’avidité, par la malhonnêteté, ou par l’intention
d’instrumentaliser les autres. Mais le terme défi (enjeu) peut
aussi être compris dans un sens positif. Elle peut être vue comme
une invitation à être courageux, à donner un témoignage
prophétique de sa foi et de tout ce qui est tenu pour sacré. En ce
sens, le défi de l’intégrité est quelque chose à quoi, en ce
moment et dans vos vies, il est nécessaire de se confronter. Il ne
s’agit pas de quelque chose que vous pouvez renvoyer au temps où
vous serez plus âgés, où vous aurez des responsabilités. Dès
maintenant aussi, vous avez à relever le défi d’agir avec
honnêteté et correction dans vos relations avec les autres, qu’ils
soient jeunes ou âgés. Ne fuyez pas ce défi. Un des plus grands
défis que les jeunes ont devant eux est celui d’apprendre à
aimer. Aimer signifie prendre un risque, le risque du refus, le
risque d’être utilisé, ou pire d’utiliser l’autre. N’ayez
pas peur d’aimer. Mais, aussi en aimant, préservez votre
intégrité! En cela aussi, soyez honnêtes et loyaux".
Puis,
citant la lecture du jour, il a dit aux jeunes qu'ils sont "appelés
à donner un bon exemple, un exemple d’intégrité. Naturellement,
en le faisant, vous devrez affronter des oppositions et des
critiques, le découragement et même le ridicule. Mais vous avez
reçu un don qui vous permet de dépasser ces difficultés. C’est
le don de l’Esprit. Si vous nourrissez ce don par la prière
quotidienne et puisez la force dans la participation à
l’Eucharistie, vous serez en mesure d’atteindre cette grandeur
morale à laquelle Jésus vous appelle. Vous deviendrez aussi une
boussole pour vos amis qui sont en recherche. Je pense spécialement
à ces jeunes qui ont la tentation de perdre l’espérance,
d’abandonner leur idéaux élevés, de quitter l’école ou de
vivre au jour le jour dans les rues. Il est
donc essentiel de ne pas perdre votre intégrité et de ne pas
compromettre vos idéaux. Ne cédez pas aux tentations contre la
bonté, la sainteté, le courage et la pureté. Relevez donc ce défi!
Avec le Christ, vous serez encore plus des artisans d’une culture
philippine renouvelée et plus juste".
"Un
autre domaine où vous êtes appelés à contribuer est
l’environnement et sa protection. Ce n’est pas seulement parce
que votre pays, plus que d’autres, risque d’être sérieusement
touché par le changement climatique. Vous êtes appelés à prendre
soin de la création, non seulement comme des citoyens responsables,
mais aussi comme disciples du Christ. Le respect de l’environnement
signifie davantage que de simplement utiliser des produits propres ou
de recycler ce que nous utilisons. Ce sont des aspects importants,
mais non suffisants. Nous avons besoin de voir, avec les yeux de la
foi, la beauté du plan de salut de Dieu, le lien entre
l’environnement naturel et la dignité de la personne humaine.
L’homme et la femme sont créés à l’image et à la ressemblance
de Dieu et la maîtrise de la création leur a été confiée. Comme
administrateurs de la création de Dieu, nous sommes appelés à
faire de la terre un beau jardin pour la famille humaine. Lorsque
nous détruisons nos forêts, lorsque nous dévastons le sol et
polluons les mers, nous trahissons ce noble appel. Il y a
trois mois, vos évêques ont affronté ces thèmes
dans une lettre pastorale. Ils ont demandé à chacun de réfléchir
sur la dimension morale de nos activités et de nos styles de vie, de
notre consommation et de l’usage que nous faisons des ressources
naturelles. Aujourd’hui, je vous demande de le faire, dans le
contexte de vos vies et de votre engagement pour la construction du
Royaume. Chers jeunes, l’usage juste et la gestion correcte des
ressources naturelles est une tâche urgente et vous avez une
contribution importante à offrir. Vous êtes l’avenir des
Philippines. Soyez vivement intéressés à tout ce qui arrive à
votre si belle terre".
Un
dernier domaine dans lequel vous pouvez offrir une contribution utile
est le soin des pauvres. Nous sommes chrétiens, membres de la
famille de Dieu. Chacun de nous, et peu importe si individuellement
nous avons beaucoup ou peu, est appelé à tendre la main
personnellement et à servir nos frères et nos sœurs dans le
besoin. Il y a toujours quelqu’un proche de nous qui a des besoins
matériels, psychologiques, spirituels. Le plus grand don que nous
puissions leur faire est notre amitié, notre préoccupation, notre
tendresse, notre amour pour Jésus. Le recevoir signifie tout avoir.
Le donner signifie offrir le don le plus grand de tous. Beaucoup
d’entre vous savent ce que signifie être pauvres. Mais beaucoup
d’entre vous ont aussi fait l’expérience de quelque chose du
bonheur que Jésus à promis aux pauvres en esprit. Je voudrais
encourager et remercier ceux d’entre vous qui ont choisi de suivre
notre Seigneur dans sa pauvreté, par la vocation au sacerdoce et à
la vie religieuse; en puisant à cette pauvreté, vous vous
enrichirez beaucoup. Mais à vous tous, spécialement à ceux qui
peuvent faire et donner davantage, je demande instamment de faire
davantage. S’il vous plaît, donnez plus! Lorsque vous donnez de
votre temps, de vos talents et de vos ressources à beaucoup de
personnes nécessiteuses qui vivent aux marges, vous faites une
différence. C’est une différence qui est si désespérément
nécessaire, et pour laquelle vous serez largement récompensés par
le Seigneur. Parce que, comme il a dit: Tu auras un trésor au ciel.
Ici même il y a vingt ans, Jean-Paul II a
affirmé que le monde a besoin d’un nouveau type de jeunes engagés
dans les plus hauts idéaux, et désireux de bâtir la civilisation
de l’amour. Soyez ces jeunes! Ne perdez pas vos idéaux et soyez
des témoins joyeux de l’amour de Dieu et du magnifique dessein
qu’il a pour nous, pour ce pays et pour le monde dans lequel nous
vivons".