Cité
du Vatican, 28 juillet 2013 (VIS). Hier, le Pape s'est rendu à 13 h
heure locale à l'archevêché de Rio de Janeiro pour déjeuner à
l'épiscopat brésilien, auquel il s'est ensuite adressé: "Chers
frères..., plus qu’un discours formel, je veux partager avec vous
quelques réflexions. La première m’est venue à l’esprit quand
j’ai visité le sanctuaire d’Aparecida. Là, aux pieds de la
statue de l’Immaculée Conception, j’ai prié pour vous, pour vos
Eglises, pour vos prêtres, religieux et religieuses, pour vos
séminaristes, pour les laïcs et leurs familles et, de manière
particulière pour les jeunes et les plus anciens, les deux sont
l’espérance d’un peuple, les premiers parce qu’ils portent la
force et l’espérance de l’avenir, les seconds parce qu’ils
sont la mémoire, la sagesse d’un peuple:
Aparecida
est la clef de lecture pour la mission de l’Eglise... Au
commencement de l’événement d’Aparecida il y a la recherche des
pauvres pêcheurs. Beaucoup de faim et peu de ressources. Les gens
ont toujours besoin de pain. Les hommes partent toujours de leurs
besoins, même aujourd’hui. Ils ont une barque fragile,
inappropriée. Ils ont des filets de mauvaise qualité, peut-être
même endommagés, insuffisants. D’abord il y a la fatigue,
peut-être la lassitude, pour la pêche, et toutefois le résultat
est maigre : un échec, un insuccès. Malgré les efforts, les filets
sont vides. Ensuite, quand Dieu le veut, lui-même surgit dans son
mystère. Les eaux sont profondes et toutefois elles cachent toujours
la possibilité de Dieu. Ici encore il est arrivé par surprise,
lorsqu'il n’était plus attendu. La patience de ceux qui
l’attendent est toujours mise à l’épreuve... Voici alors
l’image de l’Immaculée Conception. D’abord le corps, puis la
tête, puis le regroupement du corps et de la tête : unité. Ce qui
était brisé retrouve l’unité. Le Brésil colonial était divisé
par le mur honteux de l’esclavage. La Vierge d’Aparecida se
présente avec le visage noir, d’abord divisée, puis unie dans les
mains des pêcheurs. C’est donc un enseignement pérenne que Dieu
veut offrir. Sa beauté se reflète dans la Mère, conçue sans le
péché originel, émerge de l’obscurité du fleuve. A Aparecida,
depuis le commencement, Dieu donne un message de recomposition de ce
qui est fracturé, de consolidation de ce qui est divisé. Murs,
abîmes, distances encore présents aujourd’hui, sont destinés à
disparaître. L’Eglise ne peut négliger cette leçon : être un
instrument de réconciliation.
Les
pêcheurs ne méprisent pas le mystère rencontré dans le fleuve,
même si c’est un mystère qui apparaît incomplet. Ils ne jettent
pas les morceaux du mystère. Ils attendent la plénitude. Et cela ne
tarde pas à arriver. Il y a quelque chose de sage que nous devons
apprendre. Il y a des morceaux d’un mystère, comme des pièces
d’une mosaïque, que nous rencontrons et que nous voyons. Nous
voulons voir trop rapidement le tout et Dieu au contraire se fait
voir petit à petit. L’Eglise aussi doit apprendre cette
attente.... Il y a beaucoup à apprendre de l'attitude des pêcheurs
d'Aparecida".
"Il
faut une Eglise qui fasse plus de place au mystère de Dieu, une
Eglise qui héberge en elle-même ce mystère, de façon qu’elle
puisse fasciner les gens, les attirer. Seule la beauté de Dieu peut
attirer. Le chemin de Dieu est le charme, l’attrait. Dieu se fait
emmener chez soi. Il réveille dans l’homme le désir de le garder
dans sa vie, dans sa maison, dans son cœur. Il réveille en nous le
désir d’appeler les proches pour faire connaître sa beauté. La
mission naît justement de cet attrait divin, de cet étonnement de
la rencontre. Nous parlons de mission, d’Église missionnaire. Je
pense aux pêcheurs qui appellent leurs proches pour voir le mystère
de la Vierge. Sans la simplicité de leur attitude, notre mission est
destinée à l’échec. L’Eglise a toujours un urgent besoin de ne
pas oublier la leçon d’Aparecida, elle ne peut pas l’oublier.
Les filets de l’Eglise sont fragiles, peut-être raccommodés. La
barque de l’Eglise n’a pas la puissance des grands
transatlantiques qui franchissent les océans. Et toutefois Dieu veut
justement se manifester à travers nos moyens, de pauvres moyens,
parce que c’est toujours lui qui agit".
Le
travail pastoral défini à Aparecida en 2007 "ne s’appuie pas
sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour.
La ténacité, l’effort, le travail, la programmation,
l’organisation servent certainement, mais avant tout il faut savoir
que la force de l’Eglise n’habite pas en elle-même, mais elle se
cache dans les eaux profondes de Dieu, dans lesquelles elle est
appelée à jeter ses filets. Une autre leçon que l’Eglise doit
toujours se rappeler est qu’elle ne peut pas s’éloigner de la
simplicité, autrement elle oublie le langage du mystère, et non
seulement elle reste hors de la porte du mystère, mais elle ne
réussit pas même à entrer en ceux qui par l’Eglise prétendent
ce qu’ils ne peuvent se donner par eux-mêmes, c’est à dire Dieu
lui-même. Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas
parce que nous avons oublié la simplicité, important de l’extérieur
aussi une rationalité étrangère à nos gens. Sans la grammaire de
la simplicité, l’Eglise se prive des conditions qui rendent
possible le fait de pêcher Dieu dans les eaux profondes de son
mystère". Comme il l'a fait jadis à Aparecida, "Dieu
apparaît dans les carrefours. L’Eglise brésilienne ne peut
oublier cette vocation inscrite en elle depuis son premier souffle :
être capable de systole et diastole, de recueillir et de répandre.
Les Evêques de Rome ont toujours porté le Brésil et son Eglise
dans leur cœur...et aujourd’hui, je voudrais reconnaître votre
travail généreux à vous pasteurs, dans vos Eglises particulières.
Je pense aux évêques dans les forêts, montant et descendant les
fleuves, dans les régions semi-arides, dans le Pantanal, dans la
pampa, dans les jungles urbaines des mégapoles. Aimez toujours votre
troupeau avec un dévouement total ! Mais je pense aussi à tant de
noms et à tant de visages, qui ont laissé des empreintes
ineffaçables sur le chemin de l’Eglise au Brésil, faisant toucher
de la main la grande bonté du Seigneur envers cette Eglise".
Les Papes l'ont toujours suivie, encouragée, accompagnée, Jean
XXIII et Paul VI, puis Jean-Paul II, qui a visité le Brésil trois
fois, et Benoît XVI, qui a choisi Aparecida pour la V Assemblée
générale du CELAM... L’Eglise au Brésil a reçu et appliqué
avec originalité le Concile Vatican II et le parcours réalisé,
tout en ayant dû dépasser certaines maladies infantiles, a conduit
à une Eglise graduellement plus mûre, ouverte, généreuse,
missionnaire. Aujourd’hui nous sommes à une période nouvelle".
Le Document d’Aparecida précise justement qu'il "ne s'agit
pas une époque de changement, mais c’est un changement d’époque.
Alors, plus que jamais, demandons nous ce que Dieu attend de nous.
cette question, je voudrais tenter d’offrir quelques lignes de
réponse".
"Avant
tout, il ne faut pas céder à la peur dont parlait le bienheureux
John Henry Newman, Le monde chrétien est en train de devenir
graduellement stérile, et s’épuise comme une terre exploitée à
fond qui devient du sable. Il ne faut pas céder au désenchantement,
au découragement, aux lamentations. Nous avons beaucoup travaillé
et, parfois, il nous semble être des vaincus, comme celui qui doit
faire le bilan d’une période désormais perdue, regardant ceux qui
nous laissent ou ne nous considèrent plus comme crédibles,
importants. Relisons une fois encore l’épisode d’Emmaüs. Les
deux disciples s’enfuient de Jérusalem. Ils s’éloignent de la
nudité de Dieu. Ils sont scandalisés par l’échec du Messie en
qui ils avaient espéré et qui maintenant apparaît irrémédiablement
vaincu, humilié, même après le troisième jour. C'est le mystère
douloureux de ceux qui quittent l’Eglise, de qui finit...par
retenir que l’Eglise, elle de Jérusalem en l'occurrence, ne peut
plus offrir quelque chose de significatif et d’important. Et alors
ils s’en vont par les chemins seuls avec leur désillusion.
Peut-être l’Eglise est-elle apparue trop faible, peut-être trop
éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à
leurs inquiétudes, peut-être trop froide dans leurs contacts,
peut-être trop auto-référentielle, peut-être prisonnière de ses
langages rigides, peut-être le monde semble avoir fait de l’Eglise
une sorte de survivance du passé, insuffisante pour les questions
nouvelles. Peut-être l’Eglise avait-elle des réponses pour
l’enfance mais non pour son âge adulte. Le fait est
qu’aujourd’hui, il y en a beaucoup qui sont comme les disciples
d’Emmaüs, et non seulement ceux qui cherchent des réponses dans
les nouveaux et répandus groupes religieux, mais aussi ceux qui
semblent désormais sans Dieu que ce soit en théorie ou en pratique.
Face à cette situation, que faire? Il faut une Eglise qui n’a pas
peur de sortir dans leur nuit. Il faut une Eglise capable de croiser
leur route. Il faut une Eglise en mesure de s’insérer dans leurs
conversations. Il faut une Église qui sait dialoguer avec ces
disciples, qui, en s’enfuyant de Jérusalem, errent sans but,
seuls, avec leur désenchantement, avec la désillusion d’un
christianisme considéré désormais comme un terrain stérile,
infécond, incapable de générer du sens".
"La
mondialisation implacable, l’urbanisation souvent sauvage ont
promis beaucoup. Nombreux sont ceux qui se sont épris de la
puissance de la mondialisation et en elle il y a quelque chose de
vraiment positif. Mais à beaucoup échappe le côté obscur que
représetne la perte du sens de la vie, la désintégration
personnelle, la perte de l’expérience d’appartenance à un cocon
quelconque, la violence subtile mais implacable, la rupture
intérieure et la fracture dans les familles, la solitude et
l’abandon, les divisions et l’incapacité d’aimer, de
pardonner, de comprendre, le poison intérieur qui rend la vie un
enfer, le besoin de tendresse parce qu’on se sent si incapables et
malheureux, les tentatives ratées de trouver des réponses dans la
drogue, dans l’alcool, dans le sexe devenus prisons
supplémentaires. Et beaucoup ont cherché des faux-fuyants parce que
la mesure de la Grande Eglise apparaît trop haute. Beaucoup ont
pensé: L’idée de l’homme est trop grande pour moi, l’idéal
de vie qu’elle propose est en dehors de mes possibilités, le but à
atteindre est inaccessible, hors de ma portée. Toutefois, ont-ils
continué, je ne peux pas vivre sans avoir au moins quelque chose,
même si c’est une caricature, de ce qui est trop haut pour moi, de
ce que je ne peux pas me permettre. Avec la désillusion dans le
cœur, ils sont allés à la recherche de quelqu’un qui les
illusionne encore une fois. Le sens profond d’abandon et de
solitude, de non appartenance non plus à soi-même qui émerge
souvent de cette situation est trop douloureux pour être passé sous
silence. Il faut un exutoire et alors reste la voie de la lamentation
: comment se fait-il que nous soyons arrivés à ce point ? Mais la
lamentation devient aussi à son tour comme un boomerang qui revient
en arrière et finit par augmenter le malheur. Peu de personnes sont
encore capables d’écouter leur douleur. Il faut au moins
l’anesthésier. Aujourd’hui, il faut une Eglise en mesure de
tenir compagnie, d’aller au-delà de la simple écoute, une Eglise
qui accompagne le chemin en se mettant en marche avec les gens, une
Eglise capable de déchiffrer la nuit contenue dans la fuite de tant
de frères et sœurs, une Eglise qui se rend compte que les raisons
pour lesquelles on s’est éloigné contiennent aussi les raisons
d’un possible retour, mais il est nécessaire de savoir lire le
tout avec courage".
"Je
voudrais que nous nous demandions tous si nous sommes encore une
Eglise capable de réchauffer le cœur des gens, une Eglise capable
de reconduire à Jérusalem? De réaccompagner à la maison? Dans
Jérusalem résident nos sources, l'Ecriture, la catéchèse, les
sacrements, la communauté, l'amitié du Seigneur, de Marie et des
apôtres. Sommes-nous encore en mesure de raconter ces sources de
façon à réveiller l’enchantement pour leur beauté? Beaucoup
sont partis parce qu’on leur a promis quelque chose de plus haut,
quelque chose de plus fort, quelque chose de plus rapide. Mais
y-a-t-il quelque chose de plus haut que l’amour révélé à
Jérusalem? Rien n’est plus haut que l’abaissement de la Croix,
puisque là est vraiment atteint le sommet de l’amour ! Sommes-nous
encore capables de montrer cette vérité à ceux qui pensent que la
vraie grandeur de la vie se trouve ailleurs? Connaissons-nous quelque
chose de plus fort que la puissance cachée dans la fragilité de
l’amour, du bien, de la vérité, de la beauté? La recherche de ce
qui est toujours plus rapide attire l’homme d’aujourd’hui:
Internet rapide, voitures rapides, avions rapides, rapports rapide Et
cependant on perçoit un besoin désespéré de calme, je veux dire
de lenteur. L’Eglise sait-elle encore être lente, en temps, en
écoute, en patience, pour recoudre et recomposer? Ou bien est-elle
désormais emportée par la frénésie de l’efficacité? Retrouvons
donc ensemble le calme de savoir accorder le pas avec les
possibilités des pèlerins, avec leurs rythmes de marche, la
capacité d’être toujours plus proches, pour leur permettre
d’ouvrir un passage dans le désenchantement qu’il y a dans leurs
cœurs, de manière à pouvoir y entrer. Ils veulent oublier
Jérusalem en laquelle se trouvent leurs sources, mais ils finiront
par avoir soif. Il faut une Eglise encore capable d’accompagner le
retour à Jérusalem! Une Eglise qui soit capable de faire
redécouvrir les choses glorieuses et joyeuses qui se disent de
Jérusalem, de faire comprendre qu’elle est ma mère, notre mère
et que nous ne sommes pas orphelins. Nous sommes nés en elle. Où
est-elle notre Jérusalem, en laquelle nous sommes nés? Dans le
baptême, dans la première rencontre avec l’amour, dans l’appel,
dans la vocation. Donc, il faut une Eglise à nouveau capable de
donner droit de cité à tant de ses fils qui marchent comme s’ils
étaient en exode".
"A
la lumière de ce que je viens de dire, je voudrais souligner
quelques défis de l’Eglise bien-aimée qui est au Brésil. Si nous
ne formons pas des ministres capables de réchauffer le cœur des
gens, de marcher dans la nuit avec eux, de dialoguer avec leurs
illusions et leurs désillusions, de recomposer ce qui a été
détruit en eux, que pouvons-nous espérer pour la route présente et
future? Il n’est pas vrai que Dieu soit obscurci en eux. Apprenons
à regarder plus en profondeur. Il manque celui qui réchauffe leur
cœur, comme avec les disciples d’Emmaüs. Pour cette raison, il
est important de promouvoir et de soigner une formation qualifiée
qui fasse des personnes capables de descendre dans la nuit sans être
envahies par l’obscurité ni se perdre ; d’écouter les illusions
d’un grand nombre, sans se laisser séduire, d’accueillir les
désillusions, sans se désespérer ni tomber dans l’amertume, de
toucher ce qui a été détruit chez les autres, sans se laisser
dissoudre ni décomposer dans sa propre identité. Il faut une
solidité humaine, culturelle, affective, spirituelle, doctrinale.
Chers frères dans l’épiscopat, il faut avoir le courage d’une
révision profonde des structures de formation et de préparation des
clercs et des laïcs de l’Eglise au Brésil. Une vague priorité
donnée à la formation n’est pas suffisante, pas plus que des
documents ou des congrès. Il faut avoir la sagesse pratique de
mettre sur pied des structures durables de préparation dans le
milieu local, régional et national, qui soient vraiment prises à
cœur par l’épiscopat, sans épargner forces, attention et
accompagnement. La situation actuelle exige une formation qualifiée
à tous les niveaux. Les évêques ne peuvent pas déléguer cette
tâche. Vous ne pouvez pas déléguer cette tâche, mais vous devez
l’assumer comme quelque chose de fondamental pour la marche de vos
Eglises particulières. Il ne suffit pas, pour l’Eglise brésilienne
d’avoir un leader national. Il faut un réseau de témoignages
régionaux, qui, parlant le même langage, font partout non pas
l’unanimité, mais la véritable unité dans la richesse de la
diversité. La communion est une toile qui doit être tissée avec
patience et persévérance, qui progressivement resserre les fils
pour obtenir une couverture toujours plus étendue et plus dense. Une
couverture qui a peu de fils de laine ne réchauffe pas. Il est
important de rappeler Aparecida, la méthode de rassembler la
diversité. Pas tant la diversité des idées pour produire un
document, mais la variété des expériences de Dieu pour mettre en
mouvement une dynamique vitale... Aparecida a parlé d’un état
permanent de mission et de la nécessité d’une conversion
pastorale. Ce sont deux résultats importants de cette assemblée
pour toute l’Eglise de la région, et le chemin parcouru au Brésil
sur ces deux points est significatif... L'urgence de la mission
provient de sa motivation interne, qui est de transmettre un
héritage. Et, concernant la méthode, il est décisif de rappeler
qu’un héritage est comme le témoin, le bâton dans la course de
relais. On ne le jette pas en l’air, celui qui réussit à la
prendre, c’est bien, celui qui ne réussit pas tant pis. Pour
transmettre l’héritage, il faut le remettre personnellement,
toucher celui à qui on veut donner, transmettre, cet héritage".
Quant à la conversion pastorale, elle "n’est pas autre chose
que l’exercice de la maternité de l’Eglise. Celle-ci engendre,
allaite, fait grandir, corrige, alimente, conduit par la main. Il
faut une Eglise capable de redécouvrir les entrailles maternelles de
la miséricorde. Sans la miséricorde il est difficile aujourd’hui
de s’introduire dans un monde de blessés qui ont besoin de
compréhension, de pardon, d’amour. Dans la mission, également
continentale, il est très important de renforcer la famille, qui
reste la cellule essentielle pour la société et pour l’Eglise,
les jeunes ou les femmes", dont on ne saurait réduire le rôle
à la fondamentale transmission de la foi. "Ne réduisons pas
l’engagement des femmes dans l’Eglise, mais promouvons leur rôle
actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Eglise
risque la stérilité".
"Dans
la société, l’Eglise demande une seule chose avec une clarté
particulière: La liberté d’annoncer l’Evangile de manière
intégrale, même quand elle est en opposition avec le monde, même
quand elle va à contre-courant, en défendant le trésor dont elle
est seulement la gardienne, et les valeurs dont elle ne dispose pas,
mais qu’elle a reçues et auxquelles elle doit être fidèle.
L’Eglise met en avant le droit de pouvoir servir l’homme dans son
intégralité, en lui disant ce que Dieu a révélé au sujet de
l’homme et de sa réalisation. L’Eglise désire rendre présent
ce patrimoine immatériel sans lequel la société s’effrite, les
villes seraient englouties par leurs murs, leurs gouffres, leurs
barrières. L’Eglise a le droit et le devoir de maintenir allumée
la flamme de la liberté et de l’unité de l’homme. Education,
santé, paix sociale sont les urgences brésiliennes" et votre
Eglise doit parler parole sur ces thèmes... Il y a un dernier point
sur lequel j’aimerais m’arrêter, et que je retiens important
pour la marche actuelle et future non seulement de l’Eglise du
Brésil, mais aussi de toute la structure sociale, le sort de
l’Amazonie. L’Eglise est en Amazonie non comme celui qui a les
valises en main pour partir, après avoir exploité tout ce qu’il a
pu. Elle est présente en Amazonie depuis le début avec des
missionnaires, des congrégations religieuses, et elle y est encore
présente et déterminante pour l’avenir de cette région. Je pense
à l’accueil que l’Eglise en Amazonie offre aujourd’hui aussi
aux immigrés haïtiens après le terrible tremblement de terre qui a
dévasté leur pays". Le Document d'Aparecida parle de
l’Amazonie: Il lance un "vif appel au respect et à la
protection de toute la création que Dieu a confiée à l’homme,
non pas pour qu’il l’exploite sauvagement, mais pour qu’il la
fasse devenir un jardin. Dans le défi pastoral que représente
l’Amazonie, je ne peux pas ne pas remercier l’Eglise brésilienne
pour ce qu’elle fait... Mais l’Eglise doit être stimulée et
relancée davantage. Il faut des formateurs qualifiés, surtout des
professeurs de théologie, pour consolider les résultats obtenus
dans le domaine de la formation d’un clergé autochtone, aussi pour
avoir des prêtres qui s’adaptent aux conditions locales, et
consolider, pour ainsi dire, le visage amazonien de l’Eglise".
"Chers
confrères, j’ai essayé de vous offrir de manière fraternelle des
réflexions et des lignes de travail dans une Eglise comme celle qui
est au Brésil qui est un grand mosaïques de pièces, d’images, de
formes, de problèmes, de défis, mais qui, justement pour cela, est
une énorme richesse. L’Eglise n’est jamais uniformité, mais
diversités qui s’harmonisent dans l’unité et cela vaut pour
toutes les réalités ecclésiales. Que la Vierge immaculée
d’Aparecida soit l’étoile qui illumine votre engagement et votre
marche pour porter, comme elle l’a fait, le Christ à tout homme et
toute femme de votre immense pays. Comme il l’a fait avec les
disciples d’Emmaüs perdus et déçus, lui vous réchauffera le
cœur et vous donnera une espérance nouvelle et sûre".