Cité
du Vatican, 18 janvier 2013 (VIS). A l'occasion du cinquantième
anniversaire de la signature du traité de coopération
franco-allemande les conférences épiscopales française et
allemande ont publié une déclaration commune. Après la signature
du Traité de l'Elysée le 8 juillet 1962, le Président Charles De
Gaulle et le Chancelier Konrad Adenauer, assistèrent à une messe de
réconciliationen la cathédrale de Reims. Voici les passages
saillants du texte commun des épiscopats allemand et français:
"Le
Traité de l'Elysée fut simultanément le sommet de la
réconciliation des deux nations ennemies et le point de départ d'un
approfondissement de ces relations d'amitié à travers des contacts
politiques et sociaux à tous les niveaux. En tant qu'évêques, nous
saluons tout ce qui s'est accompli et développé dans le cadre de ce
Traité d'amitié. Aujourd'hui, l'amitié franco-allemande parait
évidente et les responsables politiques tout comme les citoyens
n'ont plus, au quotidien, conscience du caractère exceptionnel de
ces relations. Et pourtant, l'amitié entre nos pays et nos peuples
est aujourd'hui plus que jamais décisive pour surmonter la crise
actuelle et façonner l'avenir de l'Europe. L'amitié
franco-allemande, qui se situe au cœur de l'unification européenne,
a toujours été un service à l'Europe. Même dans une Union
européenne élargie, le tandem franco-allemand n'a rien perdu de sa
signification". Mais "la crise a révélé des
comportements irresponsables à différents niveaux et mit la
solidarité entre les pays européens à rude épreuve. Solidarité
et responsabilité doivent être plus étroitement liées pour
l'avenir de l'Europe".
Konrad
Adenauer et Charles De Gaulle "symbolisent la prise de
conscience que la politique se construit sur des bases qu'elle ne
peut édifier elle-même. L'amour des ennemis est une exigence
évangélique forte, que ces deux hommes d'Etat ont réussi à mettre
en œuvre. Depuis, l'Union européenne a apporté à ses peuples la
paix et la prospérité. Mais avec la crise économique, nous voyons
réapparaître le mépris et la méfiance entre peuples européens,
le rejet de l'étranger, le refus de la solidarité. L'économie
mondialisée et le brassage culturel et religieux font naître
d'autres ennemis. Un peu partout en Europe, des mouvements populistes
fleurissent et prônent le repli sur soi. La crise économique révèle
ainsi une crise morale, où le sens de l'existence ne passe plus par
le lien à autrui et l'exigence de la justice. La France et
l'Allemagne peuvent et doivent puiser dans l'histoire de leur
réconciliation et de leur amitié la force pour tirer ensemble les
conséquences des problèmes actuels. Elles peuvent aussi y puiser
l'inspiration pour aider l'Union européenne à mettre en place des
structures politiques solides sur le long terme et une véritable
économie sociale de marché. Elles peuvent œuvrer pour que le
respect de la dignité humaine, le souci du bien commun et les
principes de solidarité et de subsidiarité guident toujours
davantage la construction européenne". La célébration de ce
cinquantenaire offre également à l'Eglise, qui a contribué au
développement de l'amitié franco-allemande, "l'occasion de
rappeler, plus particulièrement aux jeunes générations, que la
réconciliation n'est pas un vain mot, mais un chemin réel que nos
pays ont déjà emprunté dans l'histoire et qui reste ouvert aux
hommes de bonne volonté".