CITE DU VATICAN, 17 AVR 2008 (VIS). Benoît XVI s'est rendu à 18 h 30' locales au Centre culturel Jean-Paul II de Washington pour rencontrer quelque 200 représentants de cinq communautés religieuses: des juifs, des musulmans, des hindous, des bouddhistes et des jaïnistes. Créé en 1998 à l'initiative de l'archevêque de Washington de l'époque, le Cardinal Joseph Adam Maida, il a été inauguré en 2001 en présence du Président George Bush comme lieu de rencontre, de dialogue et de recherche académique sur les relations entre foi et culture.
"Ce pays a une longue histoire de collaboration entre les diverses religions dans de nombreux secteurs de la vie publique -a dit le Pape-... des prières interreligieuses durant la fête nationale d'action de grâces, des initiatives communes d'activités caritatives, une voix répartie sur des sujets publics importants. Ce sont là quelques moyens sur lesquels les membres des différentes religions se retrouvent pour améliorer la compréhension réciproque et promouvoir le bien commun". Puis il a rappelé que "les Américains ont toujours apprécié la possibilité de rendre un culte librement et en conformité avec leur conscience... Aujourd'hui, les jeunes...de toutes les religions se sentent proches les uns des autres dans toutes les écoles du pays, en apprenant les uns avec les autres et les uns des autres. Cette diversité projète les nouveaux défis qui imposent une réflexion profonde sur les principes fondamentaux d'une société démocratique".
"Il faut que tous considèrent avec valeur votre expérience en se rendant compte qu'une société unie peut être le résultat d'une pluralité de peuples...à condition que tous reconnaissent la liberté religieuse comme un droit civil fondamental," a encore ajouté le Pape."La tâche de défendre la liberté religieuse ne peut jamais être considérée comme achevée -a observé le Pape-... Mettre en tutelle la liberté religieuse à l'intérieur des normes de la loi ne garantit pas que les peuples, en particulier les minorités, se trouvent libres de toutes discriminations et de préjugés. Un effort constant est pour cela nécessaire de la part de tous pour assurer aux citoyens l'opportunité de pratiquer en paix leur culte et de transmettre à leurs enfants leur patrimoine religieux ".
Quant au dialogue entre les religions, Benoît XVI a souligné qu'à "mesure que la compréhension mutuelle augmente, nous nous rendons compte que nous partageons une même estime pour les valeurs éthiques à portée de la raison humaine, que toutes les personnes de bonne volonté respectent. Le monde demande avec insistance un témoignage commun de ces valeurs. Pour cela, j'invite toutes les personnes religieuses à considérer le dialogue non seulement comme un moyen de renforcer la compréhension réciproque, mais aussi comme une façon de servir plus largement la société". Il a ensuite qualifié de "louable" l'intérêt croissant de nombreux gouvernements pour "patronner les programmes destinés à promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel", mais il a ajouté qu'en même temps "la liberté religieuse, le dialogue interreligieux et la foi proposent un peu plus qu'atteindre un consensus en vu de mettre en place...des stratégies concrètes pour que la paix progresse. Le dialogue a comme objectif plus large la découverte de la vérité... Les chefs spirituels ont le devoir et...la compétence de mettre au premier plan les questions les plus profondes de la conscience, d'éveiller l'humanité au mystère de l'existence humaine, de donner sa place, dans un monde frénétique, à la réflexion et la prière".
"Vis-à-vis de ces questions profondes qui touchent l'origine et le destin du genre humain -a remarqué le Pape-, les chrétiens proposent Jésus de Nazareth... Le désir ardent de suivre ses traces amène les chrétiens à ouvrir leurs esprits et leurs cœurs au dialogue. Peut-être que dans la tentative, de découvrir nos points communs -a-t-il ajouté- nous avons oublié la responsabilité de discuter calmement et avec clarté de nos différences. Bien que nous unissons toujours nos esprits et nos cœurs à la recherche de la paix, nous devons aussi écouter avec attention la voix de la vérité".
"Ainsi notre dialogue ne se limitera pas à déterminer un ensemble de valeurs communes -a-t-il conclu- mais nous poussera à persévérer dans la recherche de son fondement. Nous n'avons rien à craindre parce que la vérité révèle la relation essentielle entre le monde et Dieu. Nous pouvons nous rendre compte que la paix consiste en "un don céleste" en ce qu'elle nous appelle à mettre en conformité l'histoire humaine avec l'ordre divin".
Après cette rencontre, le Saint-Père s'est rendu dans la salle polonaise de l'institution pour y saluer les représentants de la Communauté juive, auxquels il a remis un message d'amitié pour Pesah, la Pâque juive qui débute ce samedi:
"Au moment de votre célébration la plus solennelle, je me sens particulièrement proche de vous, précisément parce que Nostra Aetate rappelle aux chrétiens de toujours garder en mémoire ceci: l'Eglise a reçu la révélation de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l'antique Alliance... En m'adressant à vous, je souhaite réaffirmer l'enseignement du Concile Vatican II sur les relations entre catholiques et juifs, et confirmer l'engagement de l'Eglise dans le dialogue qui, au cours de ces quarante dernières années, a fondamentalement transformé nos relations, en les améliorant".
"En raison de cette confiance et de cette amitié croissantes, juifs et chrétiens peuvent ensemble se réjouir du sens spirituel profond de la Pâque, comme mémorial de liberté et de rédemption. Chaque année, lorsque nous écoutons le récit pascal, nous revenons à cette nuit bénie de libération. Que ce saint temps de l'année soit un appel adressé à nos deux communautés pour rechercher la justice, la miséricorde, la solidarité avec l'immigré, avec la veuve et l'orphelin, comme Moïse l'a commandé".
"Ce lien nous permet, à nous, chrétiens, de célébrer parallèlement à vous, selon notre perspective propre, la Pâque de la mort et de la résurrection du Christ, que nous envisageons comme inséparable de votre Pâque, puisque Jésus lui-même a dit: Le salut vient des Juifs. Notre Pâque et votre Pesah, bien que distinctes et différentes, nous unissent dans une commune espérance fondée sur Dieu et sur sa miséricorde".
"Respectueusement et fraternellement, je demande donc à la Communauté juive d'agréer mes vœux pour Pesah, dans un esprit d'ouverture aux possibilités réelles de coopération qui s'ouvrent devant nous, alors que nous voyons les besoins urgents de notre monde et que nous regardons avec compassion les souffrances de millions de nos frères et sœurs partout sur la terre. Naturellement, notre espérance partagée pour la paix dans le monde comprend le Moyen Orient et, tout particulièrement la Terre Sainte. Puisse la mémoire des miséricordes divines, que juifs et chrétiens célèbrent en ce temps de fête, inspirer à tous les responsables de l'avenir de cette région" où Dieu s'est révélé, "de nouveaux efforts, et spécialement des attitudes nouvelles et la purification des cœurs renouvelée!".
PV-USA/INTER-RELIGIEUX/WASHINGTON VIS 20080418 (1140)