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mardi 25 novembre 2014

Le Pape va prier à St.Marie Majeure


Cité du Vatican 25 novembre 2014 (VIS). Hier en fin d'après-midi, après avoir donné l'absoute à la fin de la messe de funérailles du Cardinal Angelini, le Saint-Père s'est rendu en la basilique Ste.Marie Majeure. Il a prié une petite demi heure devant l'icône de la Salus Populi Romani et déposé un bouquet aux couleurs du drapeau européen.

Le Pape s'adresse au Parlement européen


Cité du Vatican 25 novembre 2014 (VIS). L'avenir de l'Europe dépendra de sa capacité à redécouvrir le lien vital existant entre dignité et transcendance, au risque de perdre son âme. Tel a été le point d'orgue du long discours prononcé par le Pape, ce matin à Strasbourg (France), devant le Parlement européen. Organe législatif de l'Union européenne (28 état et 508 millions d'habitants), il est la seule institution communautaire élue au suffrage universel direct (751 députés). L'avion papal a atterri vers 10 h et le Saint-Père a été accueilli au nom du gouvernement français par la Ministre de l'écologie, les autorités locales et deux Vice Présidents du Parlement européen. Il s'est aussitôt rendu en ville au siège de cette institution, où l'attendait le Président Martin Schultz, entouré des délégués du Bureau de l'assemblée et des présidents des huit Groupes parlementaires. Il a écrit sur le livre d'or: "Puisse le Parlement européen demeurer un lieu où chacun concourt à ce que, consciente de son passé, l'Europe envisage avec confiance son avenir et vive le présent remplie d'espérance".

Après le discours du Président, le Pape François s'est adressé à l'assemblée réunie en session solennelle. Voici les passages saillants de son intervention: "Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par Jean- Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le reste du monde. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent n’existent plus, et le désir que l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire, se réalise lentement. A côté d’une Union européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins eurocentrique. A une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion. En m’adressant à vous comme pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement, fondé sur la conviction de ce que les difficultés peuvent devenir de puissantes promotrices d’unité. Elles peuvent servir à vaincre toutes les peurs que l’Europe et le monde traversent. Quant à l’espérance dans le Seigneur, elle transforme le mal en bien, et la mort en vie. C'est là un encouragement à revenir aux solides convictions des pères fondateurs de l’Union européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante. Je tiens avant tout à souligner le lien étroit qui existe entre les mots dignité et transcendante.

La dignité est le mot-clé qui a caractérisé la reconstruction après la seconde guerre. Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable caractère central de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, fait de multiples souffrances et sacrifices, qui a contribué à former la conscience du caractère précieux, de l’unicité qu’on ne peut répéter de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les événements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche convergence de sources lointaines, de la Grèce à Rome, des fonds celtes, germaniques et slaves au christianisme qui l’a profondément pétrie, donnant lieu justement au concept de personne. Aujourd’hui, la promotion des droits de l'homme joue un rôle central dans l’engagement de l’Union européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux... Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques. Mais il convient de faire attention à ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels, je dirais même privatifs. C'est une tendance qui cache une conception de la personne détachée de tout contexte social et anthropologique...toujours plus insensible aux réalités du contexte. Le concept de devoir, pourtant essentiel et complémentaire, semble dissocié de celui de droit, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel droits et devoirs des uns et des autres sont connexes... C'est pourquoi je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce nous-tous formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale. En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences. Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette boussole inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé. Cela signifie surtout regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir. On la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes. On la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur. Cette solitude a été ensuite accentuée par la crise économique, dont les effets perdurent encore, avec des conséquences dramatiques du point de vue social. On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples, sinon complètement nuisibles. D’un peu partout on a une impression générale de fatigue et de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
A cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.

Quelle grande méprise lorsque l’absolutisme de la technique prévaut et finit par produire une confusion entre la fin et les moyens. Résultat inévitable de la culture du déchet et le consumérisme exagéré... Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnel et privatisé qui conduit inexorablement à cette culture du déchet. Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance, prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité... Pour répondre à cette question, permettez-moi de recourir à une image. Au Vatican une des fresques de Raphaël représente l'Ecole d’Athènes. Au centre se trouvent Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel. Le second tend la main vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes. L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet esprit humaniste qu’elle aime et défend cependant.

En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des états ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: La paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne. Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Eglise catholique, par le biais de la Commission des conférences épiscopales européennes, pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence. Nous ne pouvons pas ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares, chassées de leurs maisons et de leurs patries, vendues comme esclaves, décapitées, crucifiées et brûlées vives, dans le silence honteux et complice de beaucoup.

La devise de l’Union européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée... J’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies... D’autre part, les particularités de chacun constituent une richesse authentique dans la mesure où elles sont mises au service de tous. Il faut toujours se souvenir de l’architecture propre de l’Union européenne, basée sur les principes de solidarité et de subsidiarité, de sorte que l’aide mutuelle prévale, et que l’on puisse marcher dans la confiance réciproque. Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie des peuples d’Europe. Une conception uniformisante de la mondialisation touche la vitalité du système démocratique, affaiblissant le débat riche, fécond et constructif des organisations et des partis politiques entre eux. On court ainsi le risque de vivre dans le règne de l’idée, de la seule parole, de l’image, du sophisme… et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les manières globalisantes de diluer la réalité, les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anti-historiques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse. Maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi actuel, en évitant que leur force réelle soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. C’est un défi qu’aujourd’hui l’histoire vous lance.

Donner espérance à l’Europe ne signifie pas seulement reconnaître le caractère central de la personne humaine. Cela implique aussi d’en favoriser les capacités. Il s’agit donc d’y investir ainsi que dans les domaines où ses talents se forment et portent du fruit. Le premier domaine est sûrement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir. A côté de la famille, il y a les institutions éducatives, les écoles et les universités... Les jeunes d’aujourd’hui demandent à pouvoir recevoir une formation adéquate et complète pour regarder l’avenir avec espérance, plutôt qu’avec désillusion.

L’Europe a toujours été en première ligne en faveur de l’écologie. Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions. Chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage. Mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la gardons pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin. Respecter l’environnement signifie cependant non seulement se limiter à éviter de le défigurer, mais aussi l’utiliser pour le bien. Je pense surtout au secteur agricole, appelé à donner soutien et nourriture à l’homme. On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. En outre, respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. A côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous. Le deuxième domaine dans lequel fleurissent les talents de la personne humaine, c’est le travail. Il est temps de favoriser les politiques de l’emploi, mais il est surtout nécessaire de redonner la dignité au travail, en garantissant aussi d’adéquates conditions pour sa réalisation. Cela implique, d’une part, de repérer de nouvelles manières de conjuguer la flexibilité du marché avec les nécessités de stabilité et de certitude des perspectives d’emploi, indispensables pour le développement humain des travailleurs. D’autre part, cela signifie favoriser un contexte social adéquat, qui ne vise pas l’exploitation des personnes, mais à garantir, à travers le travail, la possibilité de construire une famille et d’éduquer les enfants.

De même, est-il nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière... L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles. L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants. Elle doit adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement socio-politique et dans la résolution des conflits internes causes principales du phénomène, au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits.

La conscience de sa propre identité est nécessaire à l'Europe pour dialoguer de manière prospective avec les états qui ont demandé d’entrer pour faire partie de l’Union européenne à l’avenir. Je pense surtout à ceux de l’aire balkanique pour lesquels l’entrée dans l’Union européenne pourra répondre à l’idéal de paix dans une région qui a grandement souffert des conflits dans le passé. Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée, dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international. C'est à vous les législateurs que revient le devoir de protéger et de faire grandir l’identité européenne, afin que les citoyens retrouvent confiance dans les institutions de l’Union et dans le projet de paix et d’amitié qui en est le fondement. Sachant que plus grandit le pouvoir de l’homme plus s’élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires. Je vous exhorte donc à travailler pour que l’Europe redécouvre sa bonne âme.


Un auteur anonyme du II siècle a écrit que les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps. Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits. L’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables. L’Europe doit assumer avec courage son passé et regarder avec confiance son avenir pour vivre pleinement et avec espérance son présent. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux, l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme, l’Europe qui chemine sur une terre sûre et solide, sera une précieuse référence pour toute l’humanité!".

Visite du Pape au Conseil de l'Europe


Cité du Vatican 25 novembre 2014 (VIS). Après sa visite au Parlement européen, le Saint-Père a gagné vers midi en voiture le siège du Conseil de l'Europe, institution distincte de l'Union européenne regroupant 47 états. Après l'accueil du Secrétaire Général M.Thorbjorn Jagland, de Mme.Anne Brasseur, Présidente de l’assemblée, et des membres du Comité ministériel, il a gagné l´hémicycle pour s'adresser à l'ensemble des composantes du Conseil, son Assemblée Parlementaire, les Représentants des pays membres, les Juges de la Cour européenne des droits de l’homme. Voici l'intégralité de son discours:

"Presque toute l’Europe est présente en cette enceinte, avec ses peuples, ses langues, ses expressions culturelles et religieuses, qui constituent la richesse de ce continent... Je vous remercie tous de tout cœur pour l’engagement que vous prodiguez et pour la contribution que vous offrez à la paix en Europe, par la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit. Dans l’intention de ses fondateurs, le Conseil de l’Europe, qui célèbre cette année son 65 anniversaire, répondait à une tension vers un idéal d’unité qui, à plusieurs reprises, a animé la vie du continent depuis l’Antiquité. Cependant, au cours des siècles, des poussées particularistes ont souvent prévalu, caractérisées par la succession de diverses volontés hégémoniques. Qu’il suffise de penser que dix ans avant ce 5 mai 1949, où a été signé à Londres le traité qui a institué le Conseil de l’Europe, commençait le plus cruel et le plus déchirant conflit dont ces terres se souviennent et dont les divisions se sont poursuivies pendant de longues années, alors que ce qu’on a appelé le rideau de fer coupait en deux le continent de la Baltique au Golfe de Trieste. Le projet des Pères fondateurs était de reconstruire l’Europe dans un esprit de service mutuel, qui aujourd’hui encore, dans un monde plus enclin à revendiquer qu’à servir, doit constituer la clef de voûte de la mission du Conseil de l’Europe, en faveur de la paix, de la liberté et de la dignité humaine.

D’autre part, la voie privilégiée vers la paix...est de reconnaître dans l’autre non un ennemi à combattre, mais un frère à accueillir. Il s’agit d’un processus continu, qu’on ne peut jamais considérer pleinement achevé. C’est justement l’intuition qu’ont eue les fondateurs, qui ont compris que la paix était un bien à conquérir continuellement, et qu’elle exigeait une vigilance absolue. Ils étaient conscients que les guerres s’alimentent dans le but de prendre possession des espaces, de figer les processus et de chercher à les arrêter. Par contre, ils recherchaient la paix qui peut s’obtenir seulement par l’attitude constante d’initier des processus et de les poursuivre. De cette manière, ils affirmaient la volonté de cheminer en murissant dans le temps, parce que c’est justement le temps qui gouverne les espaces, les éclaire et les transforme en une chaîne continue de croissance, sans voies de retour. C’est pourquoi, construire la paix demande de privilégier les actions qui génèrent de nouveaux dynamismes dans la société et impliquent d’autres personnes et d’autres groupes qui les développeront, jusqu’à ce qu’ils portent du fruit dans des événements historiques importants. Pour cela, ils ont créé cet organisme stable.

Quelques années après, Paul VI eut à rappeler que les institutions mêmes qui, sur le plan juridique et dans le concert des nations, ont pour rôle et pour mérite de proclamer et de conserver la paix, n'atteignent le but prévu que si elles sont continuellement à l'œuvre, si elles savent à chaque instant engendrer la paix, faire la paix. Un chemin constant d’humanisation est nécessaire, de sorte qu’il ne suffit pas de contenir les guerres, de suspendre les luttes, une paix imposée ne suffit pas, non plus qu'une paix utilitaire et provisoire. Il faut tendre vers une paix aimée, libre, fraternelle, et donc fondée sur la réconciliation des esprits. C’est-à-dire poursuivre les processus sans anxiété mais certainement avec des convictions claires et avec ténacité. Pour conquérir le bien qu'est la paix, il faut avant tout y éduquer, en éloignant une culture du conflit qui vise à la peur de l’autre, à la marginalisation de celui qui pense ou vit de manière différente. Il est vrai que le conflit ne peut être ignoré ou dissimulé, il doit être assumé. Mais si nous y restons bloqués, nous perdons la perspective, les horizons se limitent et la réalité elle-même demeure fragmentée. Quand nous nous arrêtons à la situation conflictuelle, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité, nous arrêtons l’histoire et nous tombons dans les usures internes des contradictions stériles.

Malheureusement, la paix est encore trop souvent blessée. Elle l’est dans de nombreuses parties du monde, où font rage des conflits de diverses sortes. Elle l’est aussi ici en Europe, où des tensions ne cessent pas. Que de douleur et combien de morts encore sur ce continent, qui aspire à la paix, mais pourtant retombe facilement dans les tentations d’autrefois! Pour cela, l’œuvre du Conseil de l’Europe dans la recherche d’une solution politique aux crises en cours est importante et encourageante. Mais la paix est aussi mise à l’épreuve par d’autres formes de conflit, tels que le terrorisme religieux et international, qui nourrit un profond mépris pour la vie humaine et fauche sans discernement des victimes innocentes. Ce phénomène est malheureusement très souvent alimenté par un trafic d’armes en toute tranquillité. L’Eglise considère que la course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable. La paix est violée aussi par le trafic des êtres humains, qui est le nouvel esclavage de notre temps et qui transforme les personnes en marchandises d’échange, privant les victimes de toute dignité. Assez souvent, nous notons combien ces phénomènes sont liés entre eux. Le Conseil de l’Europe, à travers ses commissions et ses groupes d’experts, exerce un rôle important et significatif dans le combat contre ces formes d’inhumanité. Cependant, la paix n’est pas la simple absence de guerres, de conflits et de tensions. Dans la vision chrétienne, elle est, en même temps, don de Dieu et fruit de l’action libre et raisonnable de l’homme qui entend poursuivre le bien commun dans la vérité et dans l’amour. Cet ordre rationnel et moral s'appuie précisément sur la décision de la conscience des êtres humains à la recherche de l'harmonie dans leurs rapports réciproques, dans le respect de la justice pour tous.Comment donc poursuivre l’objectif ambitieux de la paix?

La voie choisie par le Conseil de l’Europe est avant tout celui de la promotion des droits humains, auxquels est lié le développement de la démocratie et de l’état de droit. C’est un travail particulièrement précieux, avec d’importantes implications éthiques et sociales, puisque d’une juste conception de ces termes et d’une réflexion constante sur eux dépendent le développement de nos sociétés, leur cohabitation pacifique et leur avenir. Cette recherche est l’une des plus grandes contributions que l’Europe a offerte et offre encore au monde entier. C’est pourquoi je ressens ici le devoir de rappeler l’importance de l’apport et de la responsabilité de l’Europe dans le développement culturel de l’humanité. Je voudrais le faire en partant d’une image que j’emprunte à un poète italien du XX siècle, Clemente Rebora, qui décrit un peuplier, avec ses branches élevées vers le ciel et agitées par le vent, son tronc solide et ferme, ainsi que ses racines profondes qui s’enfoncent dans la terre. En un certain sens, nous pouvons penser à l’Europe à la lumière de cette image.

Au cours de son histoire, l'Europe a toujours tendu vers le haut, vers des objectifs nouveaux et ambitieux, animée par un désir insatiable de connaissance, de développement, de progrès, de paix et d’unité. Mais l’élévation de la pensée, de la culture, des découvertes scientifiques est possible seulement à cause de la solidité du tronc et de la profondeur des racines qui l’alimentent. Si les racines se perdent, lentement le tronc se vide et meurt et les branches, autrefois vigoureuses et droite, se plient vers la terre et tombent. Ici, se trouve peut-être l’un des paradoxes les plus incompréhensibles pour une mentalité scientifique qui s’isole. Pour marcher vers l’avenir, il faut le passé, de profondes racines sont nécessaires et il faut aussi le courage de ne pas se cacher face au présent et à ses défis. Il faut de la mémoire, du courage, une utopie saine et humaine. D’autre part, fait observer Rebora, le tronc s’enfonce là où il y a davantage de vrai. Les racines s’aliment de la vérité, qui constitue la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire. En outre, la vérité fait appel à la conscience, qui est irréductible aux conditionnements, et pour cela est capable de connaître sa propre dignité et de s’ouvrir à l’absolu, en devenant source des choix fondamentaux guidés par la recherche du bien pour les autres et pour soi et lieu d’une liberté responsable... Sans cette recherche de la vérité, chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste. Cela conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme, fruit d’une conception de l’homme incapable d’accueillir la vérité et de vivre une authentique dimension sociale. Un tel individualisme rend humainement pauvre et culturellement stérile, puisqu’il rompt de fait les racines fécondes sur lesquelles se greffe l’arbre. De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel. Ainsi, aujourd’hui nous avons devant les yeux l’image d’une Europe blessée, à cause des nombreuses épreuves du passé, mais aussi à cause des crises actuelles, qu’elle ne semble plus capable d’affronter avec la vitalité et l’énergie d’autrefois. Une Europe un peu fatiguée et pessimiste, qui se sent assiégée par les nouveautés provenant des autres continents. Europe, où est ta vigueur? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l’a rendue grande? Où est ton esprit d’entreprise et de curiosité? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion? De la réponse à ces questions, dépendra l’avenir du continent. D’autre part, un tronc sans racines peut continuer d’avoir une apparence de vie, mais à l’intérieur il se vide et meurt. L’Europe doit réfléchir pour savoir si son immense patrimoine humain, artistique, technique, social, politique, économique et religieux est un simple héritage de musée du passé, ou bien si elle est encore capable d’inspirer la culture et d’ouvrir ses trésors à l’humanité entière. Dans la réponse à cette interrogation, le Conseil de l’Europe avec ses institutions a un rôle de première importance. Je pense particulièrement au rôle de la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui constitue en quelque sorte la conscience de l’Europe pour le respect des droits humains. Je souhaite que cette conscience murisse toujours plus, non par un simple consensus entre les parties, mais comme fruit de la tension vers ces racines profondes, qui constituent les fondements sur lesquels les fondateurs de l’Europe contemporaine ont choisi de construire.

A côté des racines qu’il faut...maintenir vivantes par l’exercice quotidien de la mémoire, puisqu’elles constituent le patrimoine génétique de l’Europe, il y a les défis actuels du continent qui nous obligent à une créativité continue. Pour être fécondes ces racines doivent se projettent vers les utopies de l’avenir. Je me permets d’en mentionner seulement deux, le défi de la multi-polarité et le défi de la transversalité. L’histoire de l’Europe peut nous amener à concevoir celle-ci naïvement comme une bipolarité, ou tout au plus comme une tri-polarité (pensons à l’antique conception Rome – Byzance – Moscou), et à nous mouvoir à l’intérieur de ce schéma, fruit de réductionnismes géopolitiques hégémoniques, dans l’interprétation du présent et dans la projection vers l’utopie de l’avenir. Aujourd’hui, les choses ne se présentent pas ainsi et nous pouvons légitimement parler d’une Europe multipolaire. Les tensions, aussi bien celles qui construisent que celles qui détruisent, se produisent entre de multiples pôles culturels, religieux et politiques. L’Europe aujourd’hui affronte le défi de globaliser de manière originale cette multi-polarité. Les cultures ne s’identifient pas nécessairement avec les pays qui ont diverses cultures, dont certaines s’expriment dans des pays différents. Il en est de même des expressions politiques, religieuses et associatives. Globaliser de manière originale la multi-polarité comporte le défi d’une harmonie constructive, libérée d’hégémonies qui, bien qu’elles semblent pragmatiquement faciliter le chemin, finissent par détruire l’originalité culturelle et religieuse des peuples. Parler de la multipolarité européenne signifie parler de peuples qui naissent, croissent et se projettent vers l’avenir. La tâche de globaliser la multi-polarité de l’Europe, nous ne pouvons pas l’imaginer avec l’image de la sphère, dans laquelle tout est égal et ordonné, mais qui en définitive est réductrice puisque chaque point est équidistant du centre. L'image du polyèdre est meilleure car l’unité harmonique du tout conserve la particularité de chacune des parties. Aujourd’hui, l’Europe est multipolaire dans ses relations et ses tensions ; on ne peut ni penser ni construire l’Europe sans assumer à fond cette réalité multipolaire.

L’autre défi que je voudrais mentionner est la transversalité. Je pars d’une expérience personnelle: Dans mes rencontres...j’ai pu remarquer que les hommes politiques jeunes affrontent la réalité avec une perspective différente par rapport à leurs collègues européens plus âgés. Ils disent peut-être des choses apparemment similaires, mais l’approche est différente... Cette donnée empirique indique une réalité de l’Europe contemporaine que l’on ne peut ignorer sur le chemin de la consolidation continentale et de sa projection. Il faut tenir compte de cette transversalité qui se retrouve dans tous les domaines. Cela ne peut se faire sans recourir au dialogue, même inter-générationnel. Si nous voulions définir aujourd’hui le continent, nous devrions parler d’une Europe en dialogue, qui fait en sorte que la transversalité d’opinions et de réflexions soit au service des peuples unis dans l’harmonie. Emprunter ce chemin de communication transversale comporte non seulement une empathie générationnelle mais aussi une méthodologie historique de croissance. Dans le monde politique actuel de l’Europe, le dialogue uniquement interne aux organismes politiques, religieux, culturels, de sa propre appartenance se révèle stérile. L’histoire aujourd’hui demande pour la rencontre, la capacité de sortir des structures qui contiennent sa propre identité afin de la rendre plus forte et plus féconde dans la confrontation fraternelle de la transversalité. Une Europe qui dialogue seulement entre ses groupes d’appartenance fermés reste à mi-chemin. On a donc besoin de l’esprit de jeunesse qui accepte le défi de la transversalité.

Dans cette perspective, j’accueille positivement la volonté du Conseil de l’Europe d’investir dans le dialogue inter-culturel, y compris dans sa dimension religieuse, par les Rencontres sur la dimension religieuse du dialogue interculturel. Il s’agit d’une occasion propice pour un échange ouvert, respectueux et enrichissant entre personnes et groupes de diverses origine, tradition ethnique, linguistique et religieuse, dans un esprit de compréhension et de respect mutuel. Ces rencontres semblent particulièrement importantes dans le contexte actuel multiculturel, multipolaire, à la recherche de son propre visage pour conjuguer avec sagesse l’identité européenne formée à travers les siècles avec les instances provenant des autres peuples qui se manifestent à présent sur le continent. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre l’apport que le christianisme peut fournir aujourd’hui au développement culturel et social européen dans le cadre d’une relation correcte entre religion et société. Dans la vision chrétienne, raison et foi, religion et société sont appelées à s’éclairer réciproquement, en se soutenant mutuellement et, si nécessaire, en se purifiant les unes les autres des extrémismes idéologiques dans lesquelles elles peuvent tomber. La société européenne tout entière ne peut que tirer profit d’un lien renouvelé entre les deux domaines, soit pour faire face à un fondamentalisme religieux qui est surtout ennemi de Dieu, soit pour remédier à une raison réduite, qui ne fait pas honneur à l’homme. Les thèmes d’actualité, dans lesquels je suis convaincu qu’il peut y avoir un enrichissement mutuel, où l’Eglise catholique, via notamment le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe peut collaborer avec le Conseil de l’Europe et offrir une contribution fondamentale, sont très nombreux. Avant tout, à la lumière de tout ce que je viens de dire, il y a le domaine d’une réflexion éthique sur les droits humains, sur lesquels votre Organisation est souvent appelée à se pencher. Je pense particulièrement aux thèmes liés à la protection de la vie humaine, questions délicates qui ont besoin d’être soumises à un examen attentif, qui tienne compte de la vérité de tout l’être humain, sans se limiter à des domaines spécifiques médicaux, scientifiques ou juridiques.

De même, et ils sont nombreux, les défis du monde contemporains qui requièrent une étude et un engagement commun, à commencer par l’accueil des migrants, qui ont besoin d’abord et avant tout de l’essentiel pour vivre, mais principalement que leur dignité de personnes soit reconnue. Il y a ensuite le grave problème du travail, surtout en ce qui concerne les niveaux élevés de chômage des jeunes dans beaucoup de pays. C'est une vraie hypothèque pour l’avenir mais aussi pour la question de la dignité du travail. Je souhaite vivement que s’instaure une nouvelle collaboration sociale et économique, affranchie de conditionnements idéologiques, qui sache faire face au monde globalisé, en maintenant vivant ce sens de solidarité et de charité réciproques qui a tant caractérisé le visage de l’Europe grâce à l’action généreuse de centaines d’hommes et de femmes, dont certains sont considérés saints par l’Eglise catholique, qui se sont dépensés pour développer le continent, tant à travers l’activité d’entreprise qu’à travers des œuvres éducatives, d’assistance et de promotion humaine. Surtout ces dernières représentent un point de référence important pour les nombreux pauvres qui vivent en Europe. Combien il y en a dans nos rues! Ils demandent non seulement le pain pour survivre, ce qui est le plus élémentaire des droits, mais ils demandent aussi à redécouvrir la valeur de leur propre vie, que la pauvreté tend à faire oublier, et à retrouver la dignité conférée par le travail.


Enfin, parmi les thèmes qui sollicitent notre réflexion et notre collaboration, il y a la protection de l’environnement, de notre bien-aimée terre qui est la grande ressource que Dieu nous a donnée et qui est à notre disposition non pour être défigurée, exploitée et avilie, mais pour que nous puissions y vivre avec dignité, en jouissant de son immense beauté. Paul VI a défini l’Eglise comme experte en humanité. Dans le monde, à l’imitation du Christ, malgré les péchés de ses enfants, elle ne cherche rien d’autre que de servir et de rendre témoignage à la vérité. Rien d’autre que cet esprit ne nous guide dans le soutien du chemin de l’humanité. Dans cette disposition d’esprit, le Saint-Siège entend continuer sa propre collaboration avec le Conseil de l’Europe, qui revêt aujourd’hui un rôle fondamental pour forger la mentalité des futures générations européennes. Il s’agit de développer ensemble une réflexion dans tous les domaines, afin que s’instaure une sorte de nouvelle agora, dans laquelle chaque instance civile et religieuse puisse librement se confronter avec les autres, même dans la séparation des domaines et dans la diversité des positions, animée exclusivement par le désir de vérité et par celui d’édifier le bien commun. La culture, en effet, naît toujours de la rencontre réciproque, destinée à stimuler la richesse intellectuelle et la créativité de ceux qui y prennent part. Outre le fait que c’est la réalisation du bien, cela est beau. Je souhaite que l’Europe, en redécouvrant son patrimoine historique et la profondeur de ses racines, en assumant sa vivante multi-polarité et le phénomène de la transversalité en dialogue, retrouve cette jeunesse d’esprit qui l’a rendue féconde et grande".

Visite du Président égyptien


Cité du Vatican, 25 novembre 2014 (VIS). Le Saint-Père a reçu hier après-midi le Président égyptien M.Abdel Fattah Al-Sisi, qui s'est ensuite entretenu avec le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'Etat. Ces entretiens cordiaux ont permis de parler de la situation du pays, et de saluer la présence solidaire de l'Eglise au sein de la société égyptienne dans cette phase de transition politique. Les parties ont dit leur espoir de ce que, dans le cadre des droits constitutionnels garantis, y compris en matière religieuse, la coexistence pacifique s'affirme entre les différentes composantes de la population, et que le dialogue inter-religieux se poursuive. L'échange de points-de-vue a ensuite porté sur des questions d'intérêt commun comme le rôle que joue l'Egypte dans la recherche de la paix et de la stabilité au proche Orient comme en Afrique du nord. Les parties sont tombées d'accord pour réaffirmer que le dialogue et la négociation constituent l'unique voie praticable en vue de mettre un terme au conflit qui menace les peuples et aux violences qui causent la perte de vies humaines.


Vers une conférence sur Haïti


Cité du Vatican, 25 novembre 2014 (VIS). Le Cardinal Robert Sarah, Président du Conseil pontifical Cor Unum, se rend aujourd'hui en Haïti, pays dévasté il y a cinq ans par un séisme ayant causé la mort de 230.000 morts. Jusqu'au 29, il entend exprimer à la population la sollicitude spirituelle de l'Eglise en cette phase de reconstruction. Ainsi, à Leogane, inaugurera-t-il l'école Notre-Dame des Anges, construite grâce à l'aide du Saint-Père et confiée à la Compagnie de Jésus. Le Saint-Père a décidé d'organiser le 10 janvier prochain au Vatican une conférence pour réaffirmer l'engagement de l'Eglise au service de ce pays et relancer l'intérêt international sur sa reconstruction. Elle sera organisée par Cor Unum et le Commission pontificale pour l'Amérique latine, en collaboration avec l'Episcopat haïtien. Demain, le Cardinal Sarah rencontrera la Caritas locale, ses dirigeants et son personnel engagés dans des opérations de terrain, ainsi que les autres institutions humanitaires catholiques active en Haïti. Le lendemain, après l'inauguration de Notre-Dame des Anges, il rencontrera les autorités du pays et en particulier le Président Martelly. Enfin, vendredi, le Cardinal rencontrera les évêques haïtiens, le clergé et les religieux qui prennent part à l'effort de reconstruction matérielle mais aussi mentale et spirituelle.

Audiences


Cité du Vatican, 25 novembre 2014 (VIS). Hier après-midi, le Saint-Père a reçu M.Abdulaziz Othman Altwaijri, Directeur de l'Islamic Educational Cultural and Scientific Organization.
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