Cité
du Vatican, 25 septembre (VIS). Hier à Washington, le Saint-Père a
prononcé un discours devant la Session conjointe du Congrès des
Etats-Unis (Sénat et Chambre des représentants). Il est le premier
Pape à s'exprimer sous la coupole du Capitole, où il a été
accueilli par les plus hautes autorités du pays, dont le Vice
Président des Etats-Unis et le Président exécutif du Sénat, mais
aussi le Secrétaire d'Etat, les membres du Cabinet présidentiel et
de la Cour suprême. Après avoir remercié l'assemblée de son
invitation et dit que les Etats-Unis sont "le
pays des hommes libres et la maison des hommes courageux", le
Pape François a dit être lui aussi, "un fils de ce grand
continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous
avons une responsabilité commune".
"Dans
un pays, chacun a une mission, une responsabilité personnelle et
sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de
permettre à ce pays de prospérer par le biais de l'activité
législative. Visage de ce peuple...vous êtes appelés à défendre
et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche
inlassable et exigeante du bien commun... Une société politique
perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins
communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement
ceux qui sont en situation de plus grande vulnérabilité ou de
risque. L’activité législative est toujours fondée sur la
protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités,
appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus. Votre travail
m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une
part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise
le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au
moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse
nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité
transcendante de l’être humain". A la suite de Moïse "vous
êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la
ressemblance de Dieu façonnées en chaque être humain. A travers
vous je voudrais m’adresser au peuple des Etats-Unis tout entier.
Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour
dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent
chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la
maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape
par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont
des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le
paiement de leurs impôts, mais qui, individuellement et de façon
discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la
solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui
tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin.
Je voudrais aussi engager un dialogue avec les
nombreuses personnes âgées qui représentent un patrimoine de
sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses
façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager
leurs histoires et leurs savoirs. Je sais que beaucoup d’entre
elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives et
continuent d'oeuvrer pour le bien du pays. Je voudrais aussi
dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs
grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par
la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles,
résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je
voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers
la mémoire historique de votre peuple".
Ma
visite coïncide avec les anniversaires de plusieurs illustres
Américains: "Malgré les complexités de l’histoire et la
réalité de la faiblesse humaine, ces hommes et ces femmes, au-delà
de leurs nombreuses différences et limites, parfois au prix de leur
vie, ont oeuvré à bâtir un avenir meilleur. Ils ont forgé des
valeurs fondamentales qui vont perdurer dans l’esprit du peuple
américain. Un peuple doté de cet esprit peut traverser beaucoup de
crises, de tensions et de conflits, tout en trouvant toujours des
ressources pour avancer, et pour le faire dans la dignité. Ces
hommes et ces femmes nous offrent une façon de voir et d’interpréter
la réalité. En honorant leur mémoire, nous entendons puiser...aux
réserves culturelles les plus profondes. Je veux mentionner Abraham
Lincoln, Martin Luther King, Dorothy Day et Thomas Merton. Cette
année marque le 150 anniversaire de l’assassinat du Président
Abraham Lincoln, le gardien de la liberté, qui a travaillé sans
relâche en sorte que cette nation, sous le regard de Dieu, puisse
renaître dans la liberté. Bâtir un avenir de liberté implique
avoir l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de
subsidiarité et de solidarité. Nous
sommes tous conscients de l’inquiétante situation sociale et
politique du monde aujourd’hui, et nous en sommes préoccupés.
Notre monde...est de plus en plus violent et conflictuel, rempli de
haine et d’atrocités, perpétrées même au nom de Dieu et de la
religion. Nous savons qu’aucune religion n’est exempte de formes
d’illusion individuelle ou d’extrémisme idéologique. Cela
signifie que nous devons faire tout spécialement attention à tout
type de fondamentalisme, qu’il soit religieux ou de n’importe
quel autre genre. Un équilibre délicat est nécessaire pour
combattre la violence perpétrée au nom d’une religion, d’une
idéologie ou d’un système économique, tout en sauvegardant aussi
la liberté religieuse, la liberté intellectuelle et les libertés
individuelles".
"Mais
il y a une autre tentation dont nous devons nous prémunir, le
réductionnisme simpliste qui voit seulement le bien ou le mal ou, si
vous voulez, les justes et les pécheurs. Le monde contemporain, avec
ses blessures ouvertes...exige que nous affrontions toute forme de
polarisation qui le diviserait en deux camps. Nous savons qu’en
nous efforçant de nous libérer de l’ennemi extérieur, nous
pouvons être tentés de nourrir l’ennemi intérieur. Imiter la
haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure
façon de prendre leur place. C’est quelque chose qu’en tant que
peuple vous rejetez. Notre réponse doit au contraire être faite
d’espérance et de guérison, de paix et de justice. Nous sommes
appelés à unir le courage et l’intelligence pour résoudre les
nombreuses crises géopolitiques et économiques actuelles. Même
dans le monde développé, les effets de structures et d’actions
injustes sont trop visibles. Nos efforts doivent viser à restaurer
l’espérance, à corriger ce qui va mal, à maintenir les
engagements, et ainsi promouvoir le bien-être des individus et des
peuples. Nous devons aller de l’avant ensemble, unis, dans un
esprit renouvelé de fraternité et de solidarité, en coopérant
généreusement pour le bien commun. Les
défis qui nous attendent appellent un renouvellement de cet esprit
de coopération, qui a accompli tant de bien tout au long de
l’histoire des Etats-Unis. La complexité, la gravité et l’urgence
de ces défis exigent que nous mettions en commun nos ressources
ainsi que nos talents et que nous essayions de nous soutenir les uns
les autres, dans le respect de nos différences et de nos convictions
dictées par la conscience".
"Dans
ce pays, les diverses dénominations religieuses ont énormément
contribué à construire et à renforcer la société. Il est
important qu’aujourd’hui, comme par le passé, la voix de la foi
continue d’être entendue, car c’est une voix de fraternité et
d’amour, qui essaie d’exprimer le meilleur dans chaque personne
et dans chaque société. Une telle coopération est une ressource
puissante dans le combat pour éliminer les nouvelles formes
d’esclavage, nées de graves injustices qui peuvent être vaincues
seulement grâce à de nouvelles politiques et de nouvelles formes de
consensus social. Je pense à l’histoire politique des Etats-Unis,
où la démocratie est profondément enraciné... Toute activité
politique doit servir et promouvoir le bien de la personne et être
fondée sur le respect de sa dignité... Si la politique doit
vraiment être au service de la personne, il en découle qu’elle ne
peut être asservie à l’économie et aux finances. La politique
est, en effet, une expression de notre impérieux besoin de vivre
unis, en vue de bâtir...une communauté qui écarte les intérêts
particuliers au bénéfice général... Je ne sous-estime pas la
difficulté que cela implique, mais je vous encourage dans cet
effort. Je pense à la marche que Martin Luther King conduite...il y
a cinquante ans, dans le cadre de la campagne pour la réalisation
des pleins droits civils et politiques des afro-américains. Son rêve
continue de nous inspirer tous et je suis heureux que l’Amérique
continue d’être, pour beaucoup, un pays de rêves. Des rêves qui
conduisent à l’action, à la participation, à l’engagement. Des
rêves qui réveillent ce qu’il y a de plus profond et de plus vrai
dans la vie d’un peuple".
"Au
cours des derniers siècles, des millions de gens sont venus dans ce
pays pour poursuivre leur rêve de bâtir un avenir de liberté.
Nous, le peuple de ce continent, nous n’avons pas peur des
étrangers, parce que la plupart d’entre nous était autrefois des
étrangers. Je vous le dis en tant que fils d’immigrés, sachant
que beaucoup d’entre vous sont aussi des descendants d’immigrés.
Tragiquement, les droits de ceux qui étaient ici longtemps avant
nous n’ont pas été toujours respectés. À ces peuples et à
leurs nations, du cœur de la démocratie américaine, je souhaite
réaffirmer ma plus haute estime et mon appréciation. Ces premiers
contacts ont été souvent mouvementés et violents, mais il est
difficile de juger le passé avec les critères du présent.
Cependant, quand l’étranger parmi nous nous sollicite, nous ne
devons pas répéter les péchés et les erreurs du passé. Nous
devons nous résoudre à présent à vivre de manière aussi noble et
aussi juste que possible, alors que nous éduquons les nouvelles
générations à ne pas tourner le dos à nos ‘‘voisins’’, ni
à rien autour de nous. Bâtir une nation nous demande de reconnaître
que nous devons constamment nous mettre en relation avec les autres,
en rejetant l’esprit d’hostilité en vue d’adopter un esprit de
subsidiarité réciproque, dans un constant effort pour faire de
notre mieux. Je suis confiant que nous pouvons le faire. Le monde est
confronté à une crise de réfugiés d’une ampleur inconnue depuis
la seconde guerre mondiale, qui nous place devant de grands défis et
des décisions difficiles". Ici comme en Europe, "des
milliers de personnes sont portées à voyager vers le Nord à la
recherche d’une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leurs
proches, à la recherche de plus grandes opportunités. N’est-ce
pas ce que nous voulons pour nos propres enfants? Nous ne devons pas
reculer devant leur nombre, mais plutôt les voir comme des
personnes, en les regardant en face et en écoutant leurs histoires,
en essayant de répondre le mieux possible à leur situation, de
répondre d’une manière toujours humaine, juste et fraternelle. Il
nous faut éviter la tentation fréquente de nos jours, qui est
d'écarter tout ce qui s’avère difficile". La règle d’or,
Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le
pour les autres aussi, "indique une direction claire. Traitons
les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous
voulons être traités. Cherchons pour les autres les mêmes
possibilités que nous cherchons pour nous-mêmes. Aidons les autres
à prospérer, comme nous... En un mot, si nous voulons la sécurité,
donnons la sécurité. Si nous voulons la vie, donnons la vie. Si
nous voulons des opportunités, offrons des opportunités. La mesure
que nous utilisons pour les autres sera la mesure que le temps
utilisera pour nous. Cette règle d’or nous rappelle également
notre responsabilité de protéger et de défendre la vie humaine à
chaque étape de son développement. C'est cette conviction qui m’a
conduit, dès le début de mon ministère, à défendre la cause de
l’abolition totale de la peine de mort. Je suis convaincu que ce
chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque
personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable, et la
société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui
sont reconnus coupables de crimes. Récemment, mes frères évêques
des Etats-Unis ont renouvelé leur appel pour l’abolition de la
peine de mort. Non seulement je les soutiens, mais aussi j’apporte
mes encouragements à tous ceux qui sont convaincus qu’une juste et
nécessaire punition ne doit jamais exclure la dimension de
l’espérance et l’objectif de la réhabilitation".
"En
ces temps où des préoccupations sociales sont si importantes, je ne
peux pas ne pas mentionner la servante de Dieu Dorothy Day, qui a
fondé le Mouvement des travailleurs catholiques. Son activisme
social, sa passion pour la justice et pour la cause des opprimés
étaient inspirés par l’Evangile, par sa foi et par l’exemple
des saints. Que de progrès ont été
réalisés dans ce domaine dans de nombreuses parties du monde! Que
de choses accomplies durant ces premières années du troisième
millénaire pour sortir les peuples de l’extrême pauvreté !
Je sais que vous partagez ma conviction que beaucoup reste encore à
faire, et qu’en temps de crise et de difficultés économiques,
l’esprit de solidarité globale ne doit pas se perdre. En même
temps, je voudrais vous encourager à vous souvenir de tous ces
peuples autour de nous, enlisés dans le cycle de la pauvreté. Ils
ont besoin eux aussi qu’on leur donne l’espérance. La lutte
contre la pauvreté et la faim doit être menée constamment et sur
plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs
causes. Je sais qu’aujourd’hui beaucoup d’Américains, comme
par le passé, travaillent pour résoudre ce problème. Il va de soi
qu’une part de ce grand effort est la création et la distribution
de la richesse. La juste utilisation des ressources naturelles, la
convenable application de la technologie et l’exploitation de
l’esprit d’entreprise sont des éléments essentiels d’une
économie qui vise à être moderne, inclusive et durable. L’activité
d’entreprise, qui est une vocation noble orientée à produire de
la richesse et à améliorer le monde pour tous, peut être une
manière très féconde de promouvoir la région où elle installe
ses projets, surtout si on comprend que la création d'emplois est
incontournable. Le bien commun inclut aussi la terre, un thème
central de ma récente encyclique, qui tend à faire dialoguer"
sur tout ce qui touche à l'avenir de la terre et de l'humanité.
"Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous,
parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines
humaines, nous concernent et nous touchent tous. Dans Laudato Si’,
j’ai invité au courage et à la responsabilité" en vue de
redresser la barre "et d'inverser les effets les plus graves de
la détérioration environnementale causée par l’activité
humaine. Je suis certain que nous pouvons faire la différence et je
n’ai aucun doute que les Etats-Unis ont un rôle important à
jouer. C’est le moment d’actions et de stratégies courageuses,
visant à mettre en œuvre une culture de protection et une approche
intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux
exclus et simultanément pour préserver la nature. La liberté
humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter".
Elle interpelle notre intelligence et nous dit comment cultiver et
limiter notre pouvoir, comment mettre la technologie "au service
d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social,
plus intégral A ce sujet, je suis confiant que les remarquables
institutions académiques et de recherches américaines peuvent
apporter une contribution vitale dans les années à venir".
"Il
y a un siècle, au début de la Grande Guerre, que Benoît XV a
qualifiée de massacre inutile, naissait un autre illustre américain
le cistercien Thomas Merton. Il demeure la source d’une inspiration
spirituelle et un guide pour beaucoup de personnes. Il a dit être né
libre par nature, à l’image de Dieu, mais avoir été prisonnier
de sa propre violence et de son propre égoïsme, à l’image du
monde dans lequel il était né. C'était avant tout un homme de
prière, un penseur qui a défié les certitudes de son temps et
ouvert de nouveaux horizons pour les âmes et pour l’Eglise. Il
était aussi un homme de dialogue, un promoteur de paix entre les
peuples et les religions. Dans cette
perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts
réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les
différences historiques liées à de déplorables épisodes du
passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les
hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à
faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord
reprennent le chemin du dialogue...de nouvelles opportunités
s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage et
hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon
dirigeant politique a à l’esprit les intérêts de tous. Il saisit
le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Il choisit
toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des
espaces. Etre au service du dialogue et de
la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur
le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le
monde. Demandons nous pourquoi des armes meurtrières sont-elles
vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances
inqualifiables à des individus et à des sociétés?
Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple: Pour
de l’argent taché dans de sang, souvent du sang innocent. Face à
ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter
le problème et de mettre fin au commerce des armes. Trois
fils et une fille de ce pays" ont eu "la capacité au
dialogue et l’ouverture à Dieu. Ils sont de bons représentants du
peuple américain".
"Je
terminerai ma visite dans votre pays à Philadelphie, où je prendrai
part à la Rencontre mondiale des familles. Je souhaite qu’à
travers ma visite la famille puisse être un thème récurrent. Que
la famille a été importante pour la construction de ce pays. Et
combien elle demeure digne de notre soutien et de notre
encouragement. Mais je ne peux cacher ma préoccupation pour la
famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de
l’intérieur comme de l’extérieur. Les relations fondamentales
sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même
du mariage et de la famille. Je peux seulement rappeler l’importance
et, par-dessus tout, la richesse et la beauté de la vie familiale.
En particulier, je voudrais attirer l’attention sur ces membres les
plus vulnérables des familles, les jeunes. Devant beaucoup d’entre
eux s’ouvre un avenir plein d’innombrables possibilités,
cependant beaucoup d’autres semblent désorientés et sans but,
piégés dans les dédales désespérants de la violence, des abus et
du désespoir. Leurs problèmes sont nos problèmes. Nous ne pouvons
pas les éviter. Il nous faut les affronter ensemble, échanger à ce
sujet et chercher des solutions efficaces au lieu de nous enliser
dans des discussions. Au risque de simplifier à l’extrême, nous
pourrions dire que nous vivons dans une culture qui pousse les jeunes
à ne pas fonder une famille, parce qu’il n’y a pas de
perspectives d’avenir. Par ailleurs, la même culture offre à
d’autres tant d’options qu’ils sont aussi dissuadés de créer
une famille. Une nation peut être considérée comme grande quand
elle défend la liberté comme Lincoln l’a fait, quand elle promeut
une culture qui permet aux personnes de rêver de droits pléniers
pour tous leurs frères et sœurs, comme Martin Luther King a cherché
à le faire, quand elle consent des efforts pour la justice et la
cause des opprimés, comme Dorothée Day l’a fait par son travail
inlassable, fruit d’une foi devenue dialogue et semence de paix
dans le style contemplatif de Thomas Merton. A
travers ces réflexions, j’ai cherché à présenter quelques-unes
des richesses de votre héritage culturel, de l’esprit du peuple
américain. Je souhaite que cet esprit continue de se développer et
de croître, en sorte que le plus de jeunes possible puissent en
hériter et le perpétuer dans un pays qui a inspiré le rêve de
tant de personnes. Que Dieu bénisse l’Amérique!".
Après
cette intervention, souvent entrecoupées d'applaudissements, le Pape
a été accompagné jusqu'au balcon, où il a salué la foule
rassemblée le long de National Mail. Il a tenu à bénir les
personnes présentes et en particulier les familles, demandant de
prier pour elles et pour lui, et à qui ne croit pas de souhaiter
leur bien. En passant, alors qu'il faisait remettre une Bible
précieuse à la Bibliothèque du Congrès, il avait pu voir la
statue de saint Junípero Serra. Après la visite au Capitole de
Washington, le Saint-Père s'est rendu en l'église St.Patrick.