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lundi 26 mai 2014

ARRIVEE EN ISRAEL: QUE LES DEUX ETATS DEVIENNENT REALITE


Cité du Vatican, 25 mai 2014 (VIS). En début d'après midi, le Pape s'est rendu à la basilique de la Nativité. Les premières informations historiques sur la Grotte de la crèche de Bethléem remontent à Origène. En 326, l'empereur Constantin fait construire sur le site une basilique qui recouvre le site. Endommagée suite aux incendies et à la révolte des Samaritains, elle fut restaurée en 540. En 614, les Perses envahirent la région mais épargnèrent la basilique en raison des fresques qui représentaient les Rois mages en costume perse. En 638, les musulmans entrent à Bethléem qui passe aux mains des Croisés en 1099. En 1187, Saladin occupe Jérusalem et Bethléem mais épargne le sanctuaire. En 1192, l'évêque de Salisbury obtient le rétablissement du culte latin en échange du paiement d'un tribut de la part des fidèles. En 1347, les Franciscains obtinrent des Ottomans d'officier dans la basilique ainsi que la possession de la grotte et de la basilique. Au XVI siècle, commence la période des contestations pour leur possession entre les Franciscains et Orthodoxes, qui change de mains au gré de la Sublime Porte. Avec la défaite et l'expulsion des Vénitiens de Crête en 1669, les Orthodoxes sont autorisés à prendre possession de la basilique, qui est encore leur propriété alors que la grotte de la Nativité est revenue aux franciscains en 1690. La basilique Sainte-Catherine contiguë à la basilique de la Nativité est la paroisse latine de Bethléem. La propriété des lieux saints est un sujet qui oppose depuis des siècles les communautés appartenant aux trois religions monothéistes de Terre Sainte et un sujet brûlant jusque dans les chancelleries internationales. Au XVII siècle, la lutte entre les communautés orthodoxe et latine subit les hauts et les bas de la politique internationale et des relations entre les puissances de l'époque, l'empire ottoman, les républiques maritimes italiennes qui protégeaient les latins, et la Russie, traditionnelle protectrice des orthodoxes. Certains sanctuaires passent alors d'une communauté à l'autre parfois sur la seule base de sommes d'argent offertes à la Sublime Porte. En 1850, une requête française adressée au Sultan pour définir la question provoque un nouvel affrontement contre la Russie. Istanbul publie en 1852 un décret établissant le maintien du Statu Quo, congelant les réclamations des franciscains à propos des expropriations dont ils étaient victimes depuis des siècles. Cet édit ottoman, encore en vigueur, règle la situation de quelques sanctuaires comme la grotte de la Nativité à Bethléem, le Cénacle et le Saint Sépulcre à Jérusalem.

Le Pape François a visité la grotte de la Nativité en y accédant par un passage entre le couvent franciscain et la basilique grecque orthodoxe. Après un moment de prière, il a gagné le Phoenix Centre de Bethléem, accueillant le camp de réfugiés de Dheisheh qui a été construit grâce à une donation de Jean-Paul II lors de sa visite en 2000. Le Pape a été reçu dans l'auditorium par une centaine d'enfants provenant des camps de réfugiés de Dheisheh, Aida et Beit Jibrin. Dans une ambiance de fête et de chants, deux enfants lui ont remis des dessins, lettres et travaux manuels. Le Saint-Père a prié avec les enfants avant de les bénir. Un d'entre eux a lu un texte: Nous sommes les enfants de la Palestine. Depuis 66 ans nos parents subissent l'occupation. Nous avons ouvert les yeux sur cette occupation et nous avons vu la nakba dans les yeux de nos grands parents, quand ils ont quitté ce monde. Nous voulons dire au monde: assez de souffrances et d'humiliations!. "Ne faites jamais en sorte que le passé détermine votre vie -leur a répondu le Saint-Père-. Regardez toujours devant. Travaillez et luttez pour obtenir les choses que vous voulez. Mais sachez une chose: que la violence ne se vainc pas par la violence! La violence se vainc par la paix! Avec la paix, avec le travail, avec la dignité de faire aller de l'avant la patrie!". Ensuite le Saint-Père a gagné l'héliport où l'attendait le Président palestinien, pour prendre congé en présence de la garde d'honneur.

Une demie-heure plus tard, le Pape est arrivé à atterri à Tel-Aviv, où il a été accueilli par le Président israélien Shimon Peres, le Premier Ministre Benjamin Nétanyahu, les corps constitués et les autorités religieuses, les évêques de Terre Sainte et un chœur de jeunes: "Je viens comme pèlerin cinquante ans après le voyage historique de Paul VI", a déclaré le Saint-Père. "Depuis lors, beaucoup de choses ont changé entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël. Les relations diplomatiques, qui existent entre nous désormais depuis une vingtaine d’années, ont favorisé l’accroissement de relations bonnes et cordiales, comme en témoignent les deux accords déjà signés et ratifiés et celui en voie de perfectionnement. Dans cet esprit, j’adresse mon salut à tout le peuple d’Israël et je souhaite que se réalisent ses aspirations à la paix et à la prospérité". Le Pape a souligné que la Terre Sainte est une référence spirituelle pour une grande partie de l'humanité là où s’est déroulée une histoire pluri-millénaire et où se sont produits les principaux événements liés à la naissance et au développement des trois grandes religions monothéistes... C’est pourquoi je souhaite que cette terre bénie soit un lieu où il n’y ait aucune place pour celui qui, en instrumentalisant et en exacerbant la valeur de sa propre appartenance religieuse, devient intolérant et violent envers celle d’autrui". Il a aussi souligné que durant ce pèlerinage, il visiterait quelques uns des lieux les plus significatifs de Jérusalem, "ville de valeur universelle... Jérusalem signifie cité de la paix. C’est ainsi que Dieu la veut et c’est ainsi que tous les hommes de bonne volonté désirent qu’elle soit. Mais malheureusement, cette ville est encore tourmentée par les conséquences de longs conflits. Nous savons tous combien la nécessité de la paix est urgente, non seulement pour Israël, mais encore pour toute la région. Par conséquent, que se multiplient les efforts et les énergies en vue d’arriver à une résolution juste et durable des conflits qui ont causé tant de souffrances. En union avec tous les hommes de bonne volonté, je supplie tous ceux qui sont investis de responsabilité de ne laisser passer aucune tentative pour la recherche de solutions équitables aux difficultés complexes, de manière qu’israéliens et palestiniens puissent vivre en paix. Il faut entreprendre toujours avec courage et sans se lasser la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Il n’y en a pas d’autre".


Par ses paroles, il a renouvelé l'appel que Benoît XVI avait fait lors de sa visite en 2009: "Qu’il soit universellement reconnu que l’Etat d’Israël a le droit d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Qu’il soit également reconnu que le Peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine, à vivre avec dignité et à voyager librement. Que la solution de deux Etats devienne réalité et ne demeure pas un rêve". Le Saint-Père a évoqué la visite qu'il fera deamin au Mémorial de Yad Vashem, érigé en souvenir des six millions de juifs victimes de la Shoah, "tragédie qui demeure comme un symbole du point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient et la religion qu’elle professe. Je prie Dieu pour que plus jamais ne se produise un tel crime, dont ont été victimes aussi tant de chrétiens et d’autres. Nous souvenant toujours du passé, promouvons une éducation où l’exclusion et l’affrontement laissent place à l’inclusion et à la rencontre, où il n’y ait pas de place pour l’antisémitisme, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, ni pour une quelconque expression d’hostilité, de discrimination ou d’intolérance envers des personnes et des peuples". Le Pape a évoqué "avec le cœur profondément peiné ceux qui ont perdu la vie dans l'atroce attentat de samedi à Bruxelles. Je m'insurge vivement contre cet acte criminel de haine antisémite et je confie les victimes à Dieu miséricordieux tout en implorant la guérison des blessés". Ajoutant que ses rencontres seront limitées en raison de la brièveté de son voyage, le Pape a profité de l'occasion pour saluer tous les citoyens israéliens et leur manifester sa proximité, "en particulier à ceux qui vivent à Nazareth et en Galilée, où sont présentes aussi de nombreuses communautés chrétiennes". Avant de conclure et de se séparer des personnes présentes, le Pape s'est adressé aux évêques et aux fidèles laïcs chrétiens qu'il a encouragé à "poursuivre avec confiance et espérance leur témoignage serein en faveur de la réconciliation et du pardon, en suivant l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus, qui a donné sa vie pour la paix entre l’homme et Dieu, entre frère et frère. Soyez ferment de réconciliation, porteurs d’espérance, témoins de charité. Sachez que vous êtes toujours dans mes prières".

DECLARATION CONJOINTE DU PAPE ET DU PATRIARCHE ŒCUMENIQUE


Cité du Vatican, 26 mai 2014 (VIS). Après la cérémonie de bienvenue à l'aéroport de Tel Aviv, le Pape s'est rendu en hélicoptère à Jérusalem pour rencontrer à la délégation apostolique le Patriarche oecuménique de Constantinople SS Barthélémy accompagné de trois hauts dignitaires. Ont assisté à la rencontre le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'Etat, et le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens. Le Patriarche a été élu en 1991, 270 Archevêque de Constantinople et Patriarche oecuménique (orthodoxie). Il a rencontré Benoît XVI au Vatican en 2008 et participé à la célébration du deuxième millénaire de la naissance de saint Paul. Le 19 mars 2013, il a assisté à la messe d'intronisation du Pape François. Ce fut la première fois, depuis le grand schisme de 1054, qu'un patriarche orthodoxe participait à la cérémonie d'inauguration de pontificat d'un pape catholique. Au terme de leur rencontre, le Pape François et le Patriarche Barthélémy ont signé la déclaration conjointe suivante:

1.Comme nos vénérables prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche oecuménique Athénagoras, qui se sont rencontrés ici à Jérusalem, il y a cinquante ans, nous aussi, le Pape François et le Patriarche Barthélémy, nous étions déterminés à nous rencontrer en Terre Sainte où notre commun Rédempteur, le Christ Notre-Seigneur, a vécu, a enseigné, est mort, est ressuscité et monté au ciel, d’où il a envoyé le Saint Esprit sur l’Eglise naissante (communiqué commun du 6 janvier 1964). Notre nouvelle rencontre, entre les Evêques des Eglises de Rome et de Constantinople, fondées respectivement par les deux frères, les apôtres Pierre et André, est pour nous source d’une profonde joie spirituelle. Elle offre une occasion providentielle pour réfléchir sur la profondeur et sur l’authenticité des liens existant entre nous, qui sont les fruits d’un parcours rempli de grâce au long duquel le Seigneur nous a conduits, depuis ce jour béni d’il y a cinquante ans.

2.Notre rencontre fraternelle, aujourd’hui, est une nouvelle et nécessaire étape sur la route de l’unité à laquelle seul l’Esprit Saint peut nous conduire, celle de la communion dans une légitime diversité. Nous nous rappelons, avec une profonde gratitude, les étapes que le Seigneur nous a déjà rendus capables d’entreprendre. L’accolade échangée entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras, ici, à Jérusalem, après tant de siècles de silence, a préparé le chemin pour un geste important, le retrait de la mémoire et du sein de l’Eglise des actes d’excommunication mutuelle en 1054. Ce geste a été suivi par un échange de visites entre les Sièges respectifs de Rome et de Constantinople, par une correspondance régulière et, plus tard, par la décision, annoncée par le Pape Jean-Paul II et le Patriarche Dimitrios, tous deux d’heureuse mémoire, d’initier un dialogue théologique en vérité entre catholiques et orthodoxes. Tout au long de ces années, Dieu, source de toute paix et de tout amour, nous a enseignés à nous regarder les uns les autres comme membres de la même famille chrétienne, sous un seul Seigneur et Sauveur, Jésus Christ, et à nous aimer les uns les autres, de sorte que nous puissions professer notre foi au même Evangile du Christ, tel qu’il fut reçu par les apôtres, exprimé et transmis à nous par les conciles œcuméniques ainsi que par les pères de l’Eglise. Tandis que nous sommes conscients de ne pas avoir atteint l’objectif de la pleine communion, aujourd’hui, nous confirmons notre engagement à continuer de marcher ensemble vers l’unité pour laquelle le Christ notre Seigneur a prié le Père afin que tous soient un.

3.Bien conscients que l’unité est manifestée dans l’amour de Dieu et dans l’amour du prochain, nous attendons avec impatience ce jour où, finalement, nous partagerons ensemble le banquet eucharistique. Comme chrétiens, nous sommes appelés à nous préparer à recevoir ce don de la communion eucharistique, selon l’enseignement de Saint Irénée de Lyon, par la confession de la même foi, une prière persévérante, une conversion intérieure, une vie renouvelée et un dialogue fraternel. En atteignant ce but espéré, nous manifesterons au monde l’amour de Dieu par lequel nous sommes reconnus comme de vrais disciples de Jésus-Christ.

4.A cette fin, le dialogue théologique entrepris par la Commission mixte internationale offre une contribution fondamentale à la recherche pour la pleine communion entre catholiques et orthodoxes. Ensuite, sous les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et le Patriarche Dimitrios, les progrès de nos rencontres théologiques ont été substantiels. Aujourd’hui, nous exprimons notre sincère appréciation pour les acquis, tout comme pour les efforts en cours. Ceux-ci ne sont pas un pur exercice théorique, mais un exercice dans la vérité et dans l’amour qui exige une connaissance toujours plus profonde des traditions de l’autre pour les comprendre et pour apprendre à partir d’elles. Ainsi, nous affirmons une fois encore que le dialogue théologique ne recherche pas le plus petit dénominateur commun sur lequel aboutir à un compromis, mais qu’il est plutôt destiné à approfondir la compréhension de la vérité tout entière que le Christ a donnée à son Eglise, une vérité que nous ne cessons jamais de mieux comprendre lorsque nous suivons les impulsions de l’Esprit Saint. Par conséquent, nous affirmons ensemble que notre fidélité au Seigneur exige une rencontre fraternelle et un dialogue vrai. Une telle quête ne nous éloigne pas de la vérité. Tout au contraire, à travers un échange de dons, sous la conduite de l’Esprit Saint, elle nous mènera à la vérité tout entière.

5.Cependant, même en faisant ensemble cette route vers la pleine communion, nous avons maintenant le devoir d’offrir le témoignage commun de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de l’humanité, spécialement en défendant la dignité de la personne humaine à toutes les étapes de la vie et la sainteté de la famille basée sur le mariage, en promouvant la paix et le bien commun, et en répondant à la souffrance qui continue d’affliger notre monde. Nous reconnaissons que la faim, la pauvreté, l’analphabétisme, l’inéquitable distribution des ressources doivent constamment être affrontés. C’est notre devoir de chercher à construire une société juste et humaine dans laquelle personne ne se sente exclu ou marginalisé.

6.C’est notre profonde conviction que l’avenir de la famille humaine dépend aussi de la façon dont nous sauvegardons, avec prudence et compassion, avec justice et équité, le don de la création que notre Créateur nous a confié. Par conséquent, nous regrettons le mauvais traitement abusif de notre planète, qui est un péché aux yeux de Dieu. Nous réaffirmons notre responsabilité et notre obligation d’encourager un sens de l’humilité et de la modération, de sorte que tous sentent la nécessité de respecter la création et de la sauvegarder avec soin. Ensemble, nous réaffirmons notre engagement à sensibiliser au sujet de la gestion de la création; nous appelons tous les hommes de bonne volonté à considérer les manières de vivre plus sobrement, avec moins de gaspillage, manifestant moins d’avidité et plus de générosité pour la protection du monde de Dieu et pour le bénéfice de son peuple.

7.De même, il y a une nécessité urgente pour une coopération effective et engagée des chrétiens en vue de sauvegarder partout le droit d’exprimer publiquement sa foi, et d’être traité équitablement lorsqu’on promeut ce que le christianisme continue d’offrir à la société et à la culture contemporaines. A ce propos, nous invitons tous les chrétiens à promouvoir un authentique dialogue avec le judaïsme, l’islam et d’autres traditions religieuses. L’indifférence et l’ignorance mutuelles ne peuvent que conduire à la méfiance, voire, malheureusement, au conflit.

8.De cette sainte ville de Jérusalem, nous exprimons nos profondes préoccupations partagées pour la situation des chrétiens au Proche et Moyen Orient et pour leur droit de rester des citoyens à part entière de leurs patries. Avec confiance, nous nous tournons vers le Dieu tout-puissant et miséricordieux, dans une prière pour la paix en Terre Sainte et au Moyen Orient en général. Nous prions spécialement pour les Eglises en Egypte, en Syrie et en Irak, qui ont souffert le plus douloureusement en raison des récents événements. Nous encourageons toutes les parties, indépendamment de leurs convictions religieuses, à continuer d’œuvrer pour la réconciliation et pour la juste reconnaissance des droits des peuples. Nous sommes persuadés que ce ne sont pas les armes, mais le dialogue, le pardon et la réconciliation qui sont les seuls moyens possibles pour obtenir la paix.

9.Dans un contexte historique marqué par la violence, l’indifférence et l’égoïsme, beaucoup d’hommes et de femmes sentent aujourd’hui qu’ils ont perdu leurs repères. C’est précisément à travers notre témoignage commun de la bonne nouvelle de l’Evangile que nous pouvons être capables d’aider nos contemporains à redécouvrir la voie qui conduit à la vérité, à la justice et à la paix. Unis dans nos intentions, et nous rappelant l’exemple, il y a cinquante ans, du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras, nous lançons un appel à tous les chrétiens, ainsi qu’aux croyants de toutes les traditions religieuses et à tous les hommes de bonne volonté, à reconnaître l’urgence de l’heure qui nous oblige à chercher la réconciliation et l’unité de la famille humaine, tout en respectant pleinement les différences légitimes, pour le bien de toute l’humanité et des générations futures.

10.En entreprenant ce pèlerinage commun à l’endroit où notre unique et même Seigneur Jésus Christ a été crucifié, a été enseveli et est ressuscité, nous recommandons humblement à l’intercession de la Très Sainte et toujours Vierge Marie nos futurs pas sur le chemin vers la plénitude de l’unité, en confiant l’entière famille humaine à l’amour infini de Dieu.

Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix! De Jérusalem, le 25 mai 2014.

RENCONTRE ŒCUMENIQUE AU SAINT-SEPULCRE


Cité du Vatican, 26 mai 2014 (VIS). Après avoir signé la déclaration conjointe, le Saint-Père et le Patriarche oecuménique se sont rendus à la basilique du Saint-Sépulcre pour prendre part à une cérémonie œcuménique. Le Pape est entré dans la basilique par la porte du Muristan alors que le Patriarche est entré par la porte Ste.Hélène. Ont également pris part les évêques de Terre Sainte, l'archevêque syrien, l'archevêque éthiopien, l'évêque anglican, l'évêque luthérien et d'autres évêques. Etaient également présents les consuls généraux des cinq pays qui garantissent le Statu Quo de la Basilique (France, Belgique, Espagne, Italie, Grèce) et les autres consuls du Corpus Separatum de Jérusalem (Suède, Etats-Unis, Turquie, Royaume-Uni). Selon la tradition, le Saint-Sépulcre est le site de la crucifixion, de la sépulture et de la résurrection du Christ. Après la répression de la révolte juive en 135, Jérusalem subit un changement radical. Les juifs, les samaritains et les judéo-chrétiens sont expulsés avec l'interdiction de revenir. Hadrien, dans l'intention de supprimer toute trace de la religion judaïque qui avait provoquée deux violentes révoltes, s'emploie à faire disparaître tous les lieux de culte. Le Saint-Sépulcre connaît le même sort. Il est rasé et comblé, et un temple de Venus est érigé par dessus. Au cours du premier concile œcuménique de Nicée en 325, l'évêque de Jérusalem, Macaire, invite l'empereur Constantin à rendre le Saint Sépulcre à la lumière, qui avait été conservé enterré. Hélène, la mère de Constantin, ordonna la construction de la basilique de la Résurrection, basilique qui, au fil des siècles, connaîtra divers sorts: De l'invasion de 614 au cours de laquelle la pierre de la sépulture aurait été brisée, à la décision des Croisés en 1099 de rassembler tous les monuments rappelant la mort et la résurrection du Christ en un seul édifice qui resta presque inaltéré jusqu'à la fin du XIX siècle, subissant toutefois un tremblement de terre en 1927 ou des dommages liés à la première guerre arabo-israélienne en 1948. Aujourd'hui, la gestion de la basilique est règlementée selon le Statu Quo et trois communautés, latine (représentée par les frères mineurs), grecque orthodoxe et arménienne orthodoxe s'en partagent la propriété. Les coptes orthodoxes, les syriens orthodoxes et les éthiopiens orthodoxes peuvent officier dans la basilique. A l'entrée, dans l'atrium, se trouve la pierre de l'Onction qui, selon la tradition, indique le lieu où Jésus, déposé de la Croix, fut embaumé.

Le Pape François et le Patriarche Barthélémy ont été reçus par les trois supérieurs des communautés du Statu Quo (grecque orthodoxe, franciscaine et arménienne apostolique). Le Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, le Custode de Jérusalem, le P. Pierbattista Pizzaballa,OFM.Cap, et le Patriarche arménien apostolique SB Nourhan Manoogian ont d'abord vénéré la pierre de l'Onction, puis le Pape avec le Patriarche. Après la proclamation de l'Evangile et les paroles du Patriarche Barthélémy, le Saint-Père a prononcé un discours affirmant, en premier lieu, que dans cette basilique "que chaque chrétien regarde avec profonde vénération, arrive à son point culminant le pèlerinage que j’accomplis avec mon frère bien-aimé en Christ, Sa Sainteté Barthélémy. Nous l’accomplissons sur les traces de nos vénérés prédécesseurs, Paul VI et Athénagoras, qui, avec courage et docilité à l’Esprit Saint, ont donné lieu, il y a cinquante ans, dans la Cité sainte de Jérusalem, à la rencontre historique entre l’Evêque de Rome et le Patriarche de Constantinople. C’est une grâce extraordinaire d’être réunis ici en prière. Le Tombeau vide, ce sépulcre neuf situé dans un jardin, où Joseph d’Arimathie avait déposé avec dévotion le corps de Jésus, est le lieu d’où part l’annonce de la Résurrection... Cette annonce, confirmée par le témoignage de ceux à qui le Seigneur Ressuscité est apparu, est le cœur du message chrétien, transmis fidèlement de génération en génération... C’est le fondement de la foi qui nous unit, foi grâce à laquelle, ensemble, nous professons que Jésus-Christ, Fils unique du Père et notre unique Seigneur, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli; il est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts. Chacun de nous, chaque baptisé dans le Christ, est spirituellement ressuscité de ce tombeau, puisque dans le Baptême nous avons tous été réellement incorporés au Premier Né de toute la création, ensevelis ensemble avec Lui, pour être avec Lui ressuscités et pouvoir marcher dans une vie nouvelle... Tenons-nous près du tombeau vide dans un recueillement respectueux, pour redécouvrir la grandeur de notre vocation chrétienne: nous sommes des hommes et des femmes de résurrection, non de mort. Apprenons, de ce lieu, à vivre notre vie, les souffrances de l'Eglise et du monde entier à la lumière du matin de Pâques... Ne nous laissons pas voler le fondement de notre espérance qui est justement cela: Christos Anesti. Ne privons pas le monde de la joyeuse annonce de la Résurrection! Et ne soyons pas sourds au puissant appel à l’unité qui résonne précisément de ce lieu, à travers les paroles de Celui qui, en tant que Ressuscité, nous appelle tous mes frères".

"Certes, nous ne pouvons nier les divisions qui existent encore entre nous, disciples de Jésus. Ce lieu sacré nous en fait ressentir le drame avec une souffrance plus grande. Et pourtant, à cinquante ans de l’accolade de ces deux vénérables Pères, nous reconnaissons avec gratitude et un étonnement renouvelé comment il a été possible, par l’impulsion de l’Esprit Saint, d’accomplir des pas vraiment importants vers l’unité. Nous sommes conscients qu’il reste encore du chemin à parcourir pour aboutir à cette plénitude de communion qui puisse s’exprimer aussi dans le partage de la même table eucharistique, que nous désirons ardemment; mais les divergences ne doivent pas nous effrayer et paralyser notre chemin. Nous devons croire que, comme la pierre du sépulcre a été renversée, de la même façon, pourront être levés tous les obstacles qui empêchent encore la pleine communion entre nous. Ce sera une grâce de la résurrection, que nous pouvons dès aujourd’hui savourer à l’avance. Chaque fois que nous demandons pardon les uns aux autres, pour les péchés commis contre d’autres chrétiens et chaque fois que nous avons le courage de concéder et de recevoir ce pardon, nous faisons l’expérience de la résurrection! Chaque fois que, ayant dépassé les anciens préjugés, nous avons le courage de promouvoir de nouvelles relations fraternelles, nous confessons que le Christ est vraiment ressuscité! Chaque fois que nous pensons l’avenir de l’Eglise à partir de sa vocation à l’unité, brille la lumière du matin de Pâques! A ce propos, je désire renouveler le vœu déjà exprimé par mes prédécesseurs, de maintenir un dialogue avec tous les frères en Christ pour trouver une forme d’exercice du ministère propre de l’Evêque de Rome qui, en conformité avec sa mission, s’ouvre à une situation nouvelle et puisse être, dans le contexte actuel, un service d’amour et de communion reconnu par tous".

"Tandis que nous nous trouvons comme des pèlerins en ces saints lieux, notre souvenir priant va à toute la région, malheureusement si souvent marquée par des violences et des conflits. Et nous n’oublions pas, dans nos prières, tant d’autres hommes et femmes qui, en diverses parties de la planète, souffrent à cause de la guerre, de la pauvreté, de la faim, comme les nombreux chrétiens persécutés pour leur foi dans le Seigneur Ressuscité. Quand des chrétiens de diverses confessions se trouvent à souffrir ensemble, les uns à côté des autres, et à s’entraider les uns les autres avec une charité fraternelle, se réalise un œcuménisme de la souffrance, se réalise l’œcuménisme du sang, qui possède une particulière efficacité non seulement pour les contextes dans lesquels il a lieu, mais aussi, en vertu de la communion des saints, pour toute l’Eglise. Ceux qui tuent, qui persécutent les chrétiens en haine de la foi, ne leur demandent pas s'ils sont orthodoxes ou catholiques. Tous sont chrétiens. Le sang chrétien est le même".


S'adressant ensuite à SS Barthélémy et à l'assemblée, il a ajouté: "Mettons de côté les hésitations que nous avons héritées du passé et ouvrons notre cœur à l’action de l’Esprit Saint, l’Esprit de l’Amour, pour cheminer ensemble vers le jour béni où nous retrouverons notre pleine communion. Sur ce chemin, nous nous sentons soutenus par la prière que Jésus lui-même, en cette Ville, la veille de sa passion a élevée vers son Père pour ses disciples, et que nous ne nous lassons pas de faire nôtre avec humilité: Qu’ils soient un… pour que le monde croie". Et quand la désunion nous rend pessimistes, peu courageux, méfiants, mettons nous tous sous la protection de la Sainte Mère de Dieu. Quand l'âme chrétienne connaît des turbulences spirituelles, c'est seulement sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu que nous trouverons la paix. Qu'elle nous aide sur ce chemin". Enfin, le Pape et le Patriarche se sont embrassés en signe de paix et ont prié ensemble le Notre Père en italien, pendant que chacun le récitait dans sa propre langue. Ils sont ensuite entrés ensemble dans le Sépulcre pour vénérer la tombe vide, et sont sortis ensemble de la basilique pour bénir les fidèles. De la même façon, ils se sont rendus sur le Mont du Calvaire accompagnés des patriarches grec et arménien et du Custode de Terre Sainte pour vénérer le lieu de la mort et de la crucifixion de Jésus".

VISITE AU GRAND MUFTI DE JERUSALEM


Cité du Vatican, 26 mai 2014 (VIS). Tôt ce matin le Pape a gagné l'esplanade des mosquées, qui occupe une partie du site de l'ancien Temple. Troisième lieu saint de l'Islam, cet espace renferme la mosquée al-Aqsa et le dôme du Rocher, devant lequel il a été accueilli par le Grand Mufti Muhammad Ahmad-Husayn, le Président du Conseil suprême musulman, la plus haute autorité de Jérusalem et de Palestine. Après la visite du monument, le Saint-Père s'est adressé aux représentants de l'Islam:

"Mettant mes pas dans ceux de mes prédécesseurs, et en particulier dans le sillage lumineux du voyage de Paul VI, il y a cinquante ans, le premier d’un pape en Terre Sainte, j’ai vivement désiré venir en pèlerin visiter les lieux qui ont vu la présence terrestre de Jésus-Christ. Mais mon pèlerinage ne serait pas complet s’il ne prévoyait pas aussi la rencontre avec les personnes et les communautés qui vivent ici, et donc je suis particulièrement heureux de me retrouver avec vous, chers amis musulmans. Ma pensée va à Abraham, en qui musulmans, chrétiens et juifs reconnaissent, chacun de façon différente, un père dans la foi et un grand exemple à imiter. Il se fit pèlerin, laissant son propre peuple, sa propre maison, pour entreprendre l'aventure spirituelle à laquelle Dieu l’appelait. Le pèlerin est une personne qui se fait pauvre, qui se met en route, est tendu vers un but grand et désiré, vit de l’espérance d’une promesse reçue. Telle fut la condition d’Abraham, ce devrait être aussi notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons jamais nous estimer auto-suffisants, maîtres de notre vie. Nous ne pouvons nous limiter à rester fermés, sûrs de nos convictions. Devant le mystère de Dieu, nous sommes tous pauvres, nous sentons que nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous adresse, ouverts à l’avenir que lui veut construire pour nous. Dans notre pèlerinage terrestre, nous ne sommes pas seuls car nous croisons le chemin d’autres frères. Parfois nous partageons avec eux un bout de chemin, parfois nous vivons ensemble une étape qui nous donne du courage. Telle est la rencontre d’aujourd’hui, et je la vis avec une particulière gratitude: C’est une halte commune heureuse, rendue possible par votre hospitalité, dans ce pèlerinage qu’est notre vie et celle de nos communautés. Nous vivons une communication et un échange fraternels qui peuvent nous donner du réconfort et nous offrir de nouvelles forces pour affronter les défis communs qui se présentent à nous. Nous ne pouvons oublier que le pèlerinage d’Abraham a été aussi un appel à la justice: Dieu l’a voulu témoin de son agir et son imitateur. Nous aussi nous voudrions être témoins de l’agir de Dieu dans le monde et pour cela, justement dans notre rencontre, nous entendons résonner en profondeur l’appel à être artisans de paix et de justice, à demander ces dons dans la prière et à apprendre d’en-haut la miséricorde, la grandeur d’âme, la compassion. Chers amis, de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham: Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des sœurs. Apprenons à comprendre la douleur de l’autre. Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu. Oeuvrons donc ensemble pour la justice et pour la paix!".


Après cette visite, le Pape François s'est déplacé non loin, en contrebas de l'esplanade, au Mur occidental, seul vestige visible du Temple et lieu sacré pour l'Hébraïsme.

LE PAPE PRIE AU MUR OCCIDENTAL ET PARLE AU YAD VASHEM


Ci du Vatican, 25 mai 2014 (VIS). Après sa visite aux Autorités musulmanes de Jérusalem, le Pape François est descendu au Mur Occidental, lieu de prière fondamental pour les Juifs. Accompagné du rabbin en charge du sanctuaire, il s'est recueilli avant de glisser un papier dans un interstice de la muraille, comme l'avaient fait Jean-Paul II et Benoît XVI. Le Saint-Père a confié avoir copié le Pater en espagnol, car appris de sa mère. Ensuite, le Saint-Père a gagné le Mont Herzl. Avant de parvenir au cimetière national du Mont Herzl, il a fait un détour pour se recueillir brièvement devant la plaque commémorant les victimes du terrorisme. A cimetière national, il a honoré la tombe de Theodore Herzl, le fondateur du Mouvement Sioniste (1897), comme de coutume lors des visites officielles en Israël. Après quoi il s'est rendu au Mémorial Yad Vashem, construit en 1953 pour commémorer les victimes de la Shoah. En présence du Président Shimon Peres et du rabbin président de la fondation du Yad Vashem, il a ravivé la flamme du souvenir et déposé une couronne de fleurs. Puis il a proposé une réflexion sur la souffrance humaine et les structures du péché:

"Adam, où es-tu? Où es-tu, homme? En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de Dieu: Adam, où es-tu? Dans cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils. Connaissant le risque de la liberté, le Père savait que le fils aurait pu se perdre. Mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme! Face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, ce Où te trouves-tu? résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond. Homme, qui es-tu? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme? Qu’es-tu devenu? De quelle horreur as-tu été capable? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas? Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne. Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur. Qui t’a corrompu? Qui t’a défiguré? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal? Qui t’a convaincu que tu étais dieu? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu. Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de Dieu: Adam, où es-tu? Du sol s’élève un gémissement étouffé: Prends pitié de nous, Seigneur. A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la honte. Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous. Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité. Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie vers toi. Ecoute, Seigneur, prends pitié. Nous avons péché contre toi... Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie. Jamais plus, Seigneur, jamais plus! Adam, où es-tu? Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été capable de faire. Souviens-toi de nous dans ta miséricorde".


Après cette méditation, le Pape s'est entretenu avec quelques survivants de la Shoah et a signé le livre d'or du mémorial, après y avoir écrit: "Avec la honte de ce que l'homme, créé à l'image de Dieu, a été capable de faire. Avec la honte de ce que l'homme ait pu se faire maître du mal. Avec la honte de ce que l'homme, se croyant Dieu, ait pu sacrifier ses semblables. Jamais plus cela, jamais plus!". Après quoi il a rejoint en voiture le centre Heichal Shlomo. 

NOTRE AMITIE EST UN DES FRUITS DU CONCILE VATICAN II


Ci du Vatican, 26 mai 2014 (VIS). Le Pape François s'est rendu au siège du Grand Rabbinat d’Israël, le Centre Hechal Schlomo, pour y rencontrer les deux Grands Rabbins: Yona Metzger (ashkénaze) et Schlomo Amar (séfarade). Tous deux avaient rencontré Benoît XVI lors de son pèlerinage de 2009. Après une bref entretien privé, le Pape s'est adressé aux personnalités réunies à l'Hechal Schlomo, qu'il a remercié de leur chaleureux accueil, avant de rappeler que lorsqu'il était Archevêque de Buenos Aires il avait pu compter sur l'amitié de nombreux frères juifs: "Ensemble nous avons organisé de fructueuses initiatives de rencontre et de dialogue, et j’ai vécu aussi avec eux des moments significatifs de partage sur le plan spirituel. Dans les premiers mois du pontificat j’ai pu recevoir diverses organisations et différents représentants du judaïsme mondial. Comme déjà pour mes prédécesseurs, ces demandes de rencontre sont nombreuses. Elles s’ajoutent à beaucoup d’initiatives qui ont lieu à l’échelle nationale ou locale, et tout cela montre le désir réciproque de mieux se connaître, de s’écouter, de construire des liens de fraternité authentique. Ce chemin d’amitié représente un des fruits de Vatican II, en particulier de la déclaration Nostra Aetate, qui a eu tant de poids et dont nous fêterons l’an prochain le cinquantième anniversaire. En réalité, je suis convaincu que tout ce qui est arrivé ces dernières décennies dans les relations entre juifs et catholiques a été un authentique don de Dieu, une des merveilles qu’il a accomplies, pour lesquelles nous sommes appelés à bénir son nom: Rendez grâce au Seigneur des Seigneurs, éternel est son amour. Lui seul a fait de grandes merveilles, éternel est son amour. Un don de Dieu qui, toutefois, n’aurait pas pu se manifester sans l’engagement de très nombreuses personnes courageuses et généreuses, tant juives que chrétiennes. Je désire en particulier faire mention ici de l’importance qu’a eu le dialogue entre le Grand Rabbinat d’Israël et la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le Judaïsme. Un dialogue qui, inspiré par la visite du saint Pape Jean-Paul II en Terre Sainte, commença en 2002 et en est désormais à sa douzième année d’existence. J’aime penser, en référence au Bar Mitzvah de la tradition juive, qu’il est maintenant proche de l’âge adulte. J’ai confiance qu’il puisse continuer et qu’il a un avenir lumineux devant lui".


"Mais il ne s’agit pas seulement d’établir, sur un plan humain, des relations de respect réciproque. Nous sommes appelés, comme chrétiens et comme juifs, à nous interroger en profondeur sur la signification spirituelle du lien qui nous unit. Il s’agit d’un lien qui vient d’en-haut, qui dépasse notre volonté et qui demeure intact, malgré toutes les difficultés de relations malheureusement vécues au cours de l’histoire. Du côté catholique, il y a certainement l’intention de considérer pleinement le sens des racines juives de sa propre foi. J’ai confiance, avec votre aide, que se maintienne également du côté juif, et si possible s’accroisse, l’intérêt pour la connaissance du christianisme, également sur cette terre bénie où il reconnaît ses propres origines, et spécialement parmi les jeunes générations. La connaissance réciproque de notre patrimoine spirituel, l’appréciation pour ce que nous avons en commun et le respect devant ce qui nous divise, pourront servir de guide dans le développement futur de nos relations, que nous remettons entre les mains de Dieu. Ensemble nous pourrons donner une grande contribution à la cause de la paix. Ensemble nous pourrons témoigner, dans un monde en rapide transformation, la signification éternelle du plan divin de la création; ensemble nous pourrons contrer avec fermeté toute forme d’antisémitisme et les diverses autres formes de discrimination. Que le Seigneur nous aide à marcher avec confiance et force d’âme dans ses voies. Shalom!". 

RENCONTRE AVEC LE PRESIDENT DE L'ETAT D'ISRAEL


Ci du Vatican, 26 mai 2014 (VIS). Le Pape François et le Président de l'Etat d’Israël, M.Shimon Peres, se sont rencontrés ce matin au palais présidentiel. Au cours de cette rencontre privée empreinte d'une grande cordialité, le Saint-Père a dit au Président qu'il souhaitait ajouter une béatitude de son imagination à celles existantes: Bienheureux celui qui entre dans la maison d'un homme sage et bon, expliquant que c'est ainsi qu'il se sentait à cet instant. Ensuite, tous deux se sont dirigés vers le jardin du palais pour planter ensemble un olivier, symbole de la paix. Puis la rencontre publique a eu lieu, sur une estrade où les attendait une centaine d'enfants de diverses religions. Après avoir remercié le Président Peres de son accueil, le Saint-Père s'est dit "heureux de pouvoir le rencontrer à nouveau ici à Jérusalem, ville qui abrite les lieux saints chers aux trois grandes religions qui adorent le Dieu qui a appelé Abraham. Les lieux saints ne sont pas des musées ou monuments pour touristes, mais des lieux où les communautés des croyants vivent leur foi, leur culture, leurs initiatives caritatives. Aussi doit-on perpétuellement les sauvegarder dans leur sacralité, protégeant ainsi non seulement l’héritage du passé mais aussi les personnes qui les fréquentent aujourd’hui et les fréquenteront dans l’avenir. Que Jérusalem soit vraiment la ville de la paix! Que resplendissent pleinement son identité et son caractère sacré, sa valeur religieuse et culturelle universelle, comme trésor pour toute l’humanité! Comme c’est beau quand les pèlerins et les résidents peuvent accéder librement aux lieux saints et participer aux célébrations!".

"Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix, auquel j'exprime ma reconnaissance et mon admiration. La construction de la paix exige avant tout le respect pour la liberté et la dignité de chaque personne humaine, que juifs, chrétiens et musulmans croient également être créée par Dieu et destinée à la vie éternelle. A partir de ce point ferme que nous avons en commun, il est possible de poursuivre l’engagement pour une solution pacifique aux controverses et aux conflits. A cet égard, je renouvelle le souhait que soient évités de la part de tous des initiatives et des actes qui contredisent la volonté déclarée de parvenir à un véritable accord et qu’on ne se lasse pas de poursuivre la paix avec détermination et cohérence. Il faut repousser avec fermeté tout ce qui s’oppose à la recherche de la paix et d’une cohabitation respectueuse entre juifs, chrétiens et musulmans: Le recours à la violence et au terrorisme, à tout genre de discrimination pour des motifs raciaux ou religieux, la prétention d’imposer son propre point de vue aux dépens des droits d’autrui, l’antisémitisme sous toutes ses formes possibles, tout comme la violence ou les manifestations d’intolérance contre des personnes ou des lieux de culte juifs, chrétiens et musulmans". Le Saint-Père a aussi rappelé que dans l'Etat d’Israël "diverses communautés chrétiennes vivent et travaillent. Elles sont partie intégrante de la société et participent à part entière à ses affaires civiles, politiques et culturelles. Les fidèles chrétiens désirent apporter, à partir de leur propre identité, leur contribution au bien commun et à la construction de la paix, comme citoyens de plein droit qui, en rejetant tout extrémisme, s’engagent à être des artisans de réconciliation et de concorde. Leur présence et le respect de leurs droits, comme du reste des droits de toute autre dénomination religieuse et de toute minorité, sont la garantie d’un sain pluralisme et la preuve de la vitalité des valeurs démocratiques, de leur réel enracinement dans la praxis et dans le concret de la vie de l’Etat".

"Monsieur le Président, sachez que je prie pour vous et je sais que vous priez pour moi. Je vous assure de ma prière pour les institutions et pour tous les citoyens d’Israël. De manière particulière, j’assure de ma constante supplication à Dieu pour l’obtention de la paix et avec elle des biens inestimables qui lui sont étroitement liés, tels que la sécurité, la tranquillité de vie, la prospérité, et la meilleure de toutes, la fraternité. Je tourne enfin ma pensée vers tous ceux qui souffrent à cause des conséquences des crises encore ouvertes dans la région moyen-orientale, afin que, le plus tôt possible, ils soient soulagés de leurs peines grâce à un règlement honorable des conflits. Paix sur Israël et dans tout le Proche et Moyen Orient! Shalom!".


Au terme de la rencontre, le Pontife s'est rendu à l'Institut pontifical Notre Dame of Jerusalem Center, un centre des pères Assomptionistes de France qui accueille les pèlerins en Terre Sainte, également considéré comme un lieu œcuménique et une prélature territoriale dont le prélat est le Délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine, et a été reçu en audience privée par le Premier Ministre israélien, M.Benjamin Nétanyahu.

AUTRES ACTES PONTIFICAUX


Cité du Vatican 26 mai 2014 (VIS). Le Saint-Père a nommé Mgr.Felipe González Gonzálex, OFM.Cap, Vicaire apostolique de Caroní (superficie 80.309, population 58.800, catholiques 43.700, religieux 26), au Venezuela. Il était jusqu'ici Vicaire apostolique de Tucupita (Venezuela). 
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