CITE DU VATICAN, 19 JUI 2008 (VIS). Benoît XVI est arrivé à 19 h sur l'hippodrome de Randwick pour présider la veillée des jeunes. L'hippodrome d'une capacité de 300.000 personnes avait accueilli par le passé les visites de Paul VI (1970) et de Jean-Paul II (1986), et fut la scène en 1995 de la béatification de sœur Mary MacKillop. La veillée a commencé dans l'obscurité, puis le site s'est progressivement éclairé des lumières portées par des danseuses et représentant l'ouverture à l'Esprit-Saint. Puis la Croix et le drapeau des JMJ ont été ajoutés à la scène, dans l'attente du Pape qui est arrivé accompagné de 12 pèlerins pendant que l'assemblée chantait l'hymne à Notre-Dame de la Croix du Sud.
Une femme indigène a ouvert la cérémonie en allumant les bougies portées par les 12 pèlerins qui à leur tour ont allumé celles de l'assemblée et des prêtres. Ensuite, sept jeunes ont invoqué l'Esprit par l'intercession des saints patrons des Journées mondiales de la Jeunesse. "Cette nuit, nous portons notre attention sur le moyen de devenir des témoins -a dit Benoît XVI en s'adressant aux jeunes-... Vous savez déjà que notre témoignage chrétien est offert à un monde qui est fragile par de nombreux aspects. L'unité de la création est fragilisée par de profondes blessures quand les relations sociales sont rompues ou quand l'esprit humain est presque complètement écrasé par l'exploitation et l'abus des personnes. En effet, la société contemporaine passe par un processus de fragmentation dû à une forme de pensée qui est, par sa nature, à court terme parce qu'elle laisse de côté tout ce qui concerne la vérité, la vérité de Dieu et de nous-mêmes. Par sa nature même, le relativisme ne permet pas de voir le cadre dans son entier. Il ignore les principes qui nous rendent capables de vivre et de croire en l'unité, en l'ordre et en l'harmonie".
"L'unité et la réconciliation ne peuvent pas s'obtenir par nos seuls efforts. Dieu nous a fait les uns pour les autres et c'est seulement en Dieu et en son Eglise que nous trouvons l'unité que nous cherchons. Et malgré tout, devant tant d'imperfections et de désillusions autant individuelles qu'institutionnelles, nous avons parfois la tentation de construire artificiellement une communauté parfaite. Cette tentation n'est pas nouvelle. Il y a, dans l'histoire de l'Eglise, de nombreux exemples de tentatives d'éviter...les faiblesses et les fautes humaines pour créer une unité parfaite, une utopie spirituelle". Mais ces tentatives de construire l'unité, a encore observé le Pape, "la détruisent en réalité. Séparer l'Esprit du Christ présent dans la structure institutionnelle de l'Eglise compromettrait l'unité de la communauté chrétienne qui est précisément un don de l'Esprit-Saint... Malheureusement, la tentation d'aller tout seuls en avant persiste. Certains parlent de leurs communautés locales comme quelque chose qui serait détaché de ce que l'on appelle l'Eglise institutionnelle, en décrivant cette première comme flexible et ouverte à l'Esprit et la seconde comme rigide et privée de l'Esprit".
"L'unité fait partie de l'essence même de l'Eglise catholique -s'est exclamé le Saint-Père-, elle est un don que nous devons reconnaître et aimer. Ce soir, nous prions pour notre intention de cultiver l'unité, d'y contribuer, de résister à toute tentation de l'abandonner. Ce que nous pouvons justement offrir au monde, c'est l'amplitude, la vision large de notre foi, solide et en même temps ouverte, consistante mais dynamique, vraie et cependant en cherchant toujours à avoir une connaissance plus profonde... Soyez à l'écoute! A travers les dissonances et les divisions du monde, entendez-vous la voix unie de l'humanité ?" a-t-il demandé aux jeunes en soulignant que de cette voix commune "monte le même cri...qui aspire à une reconnaissance, une pertinence, une unité. Qui peut satisfaire ce désir humain essentiel de n'être qu'un, d'être immergé dans la communion...pour être guidé vers la vérité ? L'Esprit-Saint ! C'est son rôle: accomplir l'œuvre du Christ. Enrichis par les dons de l'Esprit-Saint, vous aurez la force d'aller au-delà des visions partiales, d'une vaine utopie, d'une fugace précarité, pour offrir la cohérence et la certitude du témoignage chrétien".
Puis il a expliqué que l'Esprit-Saint "est souvent, de différentes façons, la personne oubliée de la Trinité" et que "le comprendre clairement semble souvent au-delà de notre portée". Puis citant saint Augustin, il a ensuite fait allusion aux trois intuitions de l'évêque d'Hippone sur l'Esprit-Saint qui aident d'une certaine façon, à le comprendre comme "un lien d'unité à l'intérieur de la Sainte Trinité", c'est-à-dire "une unité en tant que communion, une unité en tant qu'amour durable, une unité donatrice et don". Saint Augustin affirmait que "les deux mots Esprit et Saint font référence à ce qui appartient à la nature divine :...à ce que partage le Père et le Fils, à leur communion. Ainsi, si la caractéristique propre de l'Esprit est d'être le partagé du Père et du Fils,...la qualité particulière de l'Esprit-Saint est l'unité. La véritable unité ne peut jamais se baser sur des relations qui nient une égale dignité des personnes. Et l'unité n'est pas non plus la simple somme totale des groupes avec ceux qui parfois tentent de nous définir. De fait, c'est seulement dans la vie de communion que l'unité s'obtient et que l'identité humaine se réalise pleinement: reconnaissons le besoin commun de Dieu, répondons à la présence unificatrice de l'Esprit-Saint et mettons nous au service les uns des autres".
L'amour est un autre signe de la présence de l'Esprit-Saint, a ajouté le Saint-Père. "Les idées ou les mots qui manquent d'amour bien qu'ils paraissent sophistiqués ou sagaces, ne peuvent pas provenir de l'Esprit. De plus, l'amour a une caractéristique particulière :...sa finalité est de durer. Par nature, l'amour est durable... L'Esprit-Saint offre l'amour au monde : l'amour qui dissipe l'incertitude, qui dépasse la peur de l'erreur, qui porte en lui l'éternité ; l'amour vrai qui nous incorpore à la réalité qui dure". En ce qui concerne l'intuition du don, Benoît XVI a aussi dit que l'Esprit-Saint est "Dieu qui se livre éternellement, comme une source inépuisable, qui s'offre sans cesse. En observant ce don incessant, nous voyons les limites de ce qui est périssable, la folie de la mentalité de consommation. En particulier, nous commençons à comprendre pourquoi la recherche des nouveautés nous laisse insatisfait et désireux de quelque chose de plus. Ne sommes-nous pas à la recherche d'un don éternel ? La source qui jamais ne se tarie ?
"Chers jeunes, nous avons vu que l'Esprit-Saint réalise la merveilleuse communion des croyants en Jésus-Christ ! Fidèle à sa nature de donateur et, en même temps de don, il agit aujourd'hui en se servant de vous. Inspirés des intuitions de saint Augustin, faites que l'amour unificateur soit votre moyen, l'amour durable votre défi, l'amour qui se donne votre mission ! Invoquons l'Esprit-Saint : il est l'artisan des oeuvres de Dieu ! -a conclu le Saint-Père- Laissez ses dons vous façonner! Comme l'Eglise qui accomplit ce même voyage avec toute l'humanité, vous aussi vous êtes appelés à exercer les dons de l'Esprit-Saint avec les hauts et les bas de la vie quotidienne. Faites que votre foi grandisse par les sacrements... La vie, ce n'est pas simplement accumuler et elle est beaucoup plus qu'avoir du succès. Etre vivant c'est se transformer de dedans, c'est s'ouvrir à la force de l'amour de Dieu. En accueillant la puissance de l'Esprit-Saint, vous aussi vous transformerez vos familles, vos communautés et nations. Libérez ces dons ! Faites que le savoir, l'intelligence, la force, la science et la piété soient les signes de votre grandeur !"
A la fin de son discours, le Pape a donné le sacrement de confirmation à 24 catéchumènes. La veillée s'est poursuivie toute la nuit avec l'adoration eucharistique en alternance avec des moments de silence et la préparation de la messe de lendemain matin.
VP-AUSTRALIE/VEILLEE:JEUNES/RANDWICK:SYDNEY VIS 20080719 (1320)