CITE DU VATICAN, 12 SEP 2006 (VIS). A 16 h 45', le Pape s'est rendu à l'Université de Ratisbonne pour prendre part à une rencontre avec le monde de la science. Inaugurée en 1965, elle compte aujourd'hui douze facultés pour 25.000 étudiants.
Après avoir enseigné la théologie dogmatique et fondamentale à l'Ecole supérieure de philosophie et théologie de Freising, puis aux Universités de Bonn, Münster et Tübingen, Joseph Ratzinger a été titulaire de la chaire de théologie dogmatique et d'histoire dogmatique de l'Université de Ratisbonne, dont il fut Vice-recteur (1969-1971).
Le discours du Pape a été une vaste réflexion sur les rapports entre foi et raison.
Benoît XVI s'est d'abord demandé si "la conviction de ce qu'agir contre la raison constitue une opposition à la nature de Dieu n'était qu'un élément de la pensée grecque ou bien une réalité en soi". Et en l'occurrence, il a cité ceux qui tuent ou recourent à la violence pour convertir autrui.
"A la fin du moyen âge -a rappelé le Saint-Père- plusieurs courants théologiques brisèrent la synthèse entre pensée grecque et pensée chrétienne", tel le volontarisme. "La transcendance et la richesse de Dieu furent alors développées de manière tellement exagérées que le raisonnement, le sens du vrai et du bien ne reflètent plus Dieu, dont la volonté abyssale demeure par conséquent définitivement inaccessible à l'homme, cachée derrière ses décisions".
Puis il a souligné que, grâce à la foi, nous savons au contraire qu'entre "Dieu et nous, entre son Esprit créateur éternel et notre raison créée, il y une analogie. Certes, les différences y sont infiniment plus grandes que les ressemblances, mais pas au point d'abolir l'analogie et son langage... Le Dieu véritablement divin est celui qui s'est manifesté comme Logos et qui, comme Logos, a agi et agit avec un infini amour pour l'humanité".
La fusion entre la foi biblique et la pensée grecque, a poursuivi Benoît XVI, "constitue un fait capital pour l'histoire des religions mais surtout pour l'histoire universelle. Etant donné ceci, il n'est pas surprenant que le christianisme, malgré son origine oriental et l'importance de son développement en orient, ait finalement trouvé une empreinte historiquement décisive en Europe... Cette fusion, à laquelle s'est ensuite ajouté l'héritage de Rome, a créé l'Europe, demeurant à la base de que l'on peut à juste titre appeler Europe".
Le Pape a alors rappelé que "le besoin de deshellénisation du christianisme s'oppose à la thèse selon laquelle l'héritage grec, dûment purifié, serait part intégrante de la foi chrétienne".
Cette deshéllinisation "se manifeste tout d'abord en rapport avec l'émergence des postulats fondamentaux de la Réforme du XVI siècle", puis, avec la théologie libérale des XIX et XX siècles "on voulut remettre le christianisme en harmonie avec la raison moderne, en le libérant d'éléments apparemment philosophiques et théologiques comme la foi en la divinité du Christ et en la Trinité".
Benoît XVI a ensuite indiqué une "troisième phase de deshellénisation, toujours en cours", pour laquelle "la synthèse entre cultures et pensée grecque opérée dans l'Eglise ancienne constituerait une première inculturation, qui ne devrait pas influencer les autres cultures. Celles-ci devraient avoir la possibilité de revenir en arrière jusqu'au point ayant précédé cette inculturation, de manière à découvrir l'authentique message du Nouveau Testament pour l'inculturer autonomement. Non seulement elle est grossière et imprécise, mais cette thèse est fausse".
Après avoir souligné la nécessité d'admettre sans réserves ce qu'il y a de valable dans le développement moderne de la pensée, le Saint-Père a dit la nécessité d'écarter "les dangers qui en découlent. Nous devons aussi nous demander comment y faire face... Ce n'est possible que si la raison et la foi redeviennent unies, que si l'on dépasse les limites fixées à la raison, ce qui parfaitement possible, et que si on en déploie à nouveau tous les horizons ".
"Ainsi seulement sera-t-on capable d'établir un véritable dialogue des cultures et des religions, un dialogue qui constitue une priorité. Dans le monde occidental on estime trop souvent que la seule raison positive et les formes philosophiques en découlant seraient universelles. Or les cultures profondément religieuses voient dans cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque à ses plus profondes convictions".
Benoît XVI a conclu en rappelant que "l'occident est depuis longtemps menacé par cette aversion des interrogations fondamentales de la raison, tout à son propre dam. S'ouvrir largement à la raison, ce qui ne signifie pas renoncer à sa grandeur, est le programme que se fixe la théologie dans sa recherche sur la foi biblique. C'est ainsi qu'elle entend entrer dans le débat contemporain".
Après cette rencontre, le Pape s'est rendu à la cathédrale de Ratisbonne, connu pour ses chœurs d'enfants, dirigés pendant vingt ans par son frère aîné, Mgr.Georg Ratzinger.
PV-BAVIERE/SCIENCE/REGENSBURG VIS 20060913 (800)