CITE DU VATICAN, 6 OCT 2008 (VIS). A 16 h 30' s'est ouverte la seconde Congrégation générale de la XII Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques présidée par le Pape, en présence de 254 Pères synodaux. Des rapports sur la perception du thème synodal en Afrique, en Asie, en Europe et en Océanie ont été présentés, dont voici des extraits:
AFRIQUE. Mgr.John Olorunfemi Onaiyekan, Archevêque d'Abuja (Nigéria). "Certains des premiers centres de christianisme, aussi bien en termes de théologie et de théologiens que de martyrs et de confesseurs, se trouvent en Afrique du Nord, Alexandrie, Carthage et Hippone pour n'en mentionner que quelques uns". L'Afrique "peut se vanter d'être une terre biblique davantage que beaucoup de grandes nations chrétiennes d'aujourd'hui... Le texte de l'Ecriture lui même peut représenter un véritable problème dans certains lieux. Dans de nombreux pays du monde, le coût d'une Bible peut être tout à fait minime, alors que dans certaines régions d'Afrique, il représente parfois un salaire mensuel. Il en résulte que beaucoup n'ont pas assez d'argent pour posséder une Bible". Au-delà du texte, il y a une question de langue. "Beaucoup de langues ne possèdent toujours pas de traduction adéquate du texte biblique". Même "après avoir entendu la Parole de Dieu lue dans notre propre langue, il reste à interpréter cette parole afin d'assimiler le sens véritable du message que l'Esprit Saint destine à ceux à qui la parole est adressée. On touche ici à la tâche de l'interprétation, de l'exégèse, aussi bien au niveau scientifique que populaire".
"Les missionnaires qui ont apporté la foi catholique en Afrique à la fin du XIX siècle et pendant la majeure partie du XX siècle, étaient des hommes et des femmes représentant bien leur époque et leurs pays d'origine. Il est évident que la Bible comme texte scripturaire n'était pas vraiment une priorité dans la vie de l'Eglise de cette époque... Mais cela ne signifie pas qu'ils ignoraient les Saintes Ecritures. Le catéchisme était lui même basé, d'une manière indirecte, sur les Ecritures. La liturgie était encore plus importante. Pendant la messe, des passages étaient lus et des homélies étaient prononcées pour eux".
"L'Afrique est encore un continent de première évangélisation", ce qui réclame "que les Ecritures soient correctement présentées à ceux qui sont invités à accepter le message chrétien". Avec les autres chrétiens qui n'appartiennent pas à notre Eglise...il y a bien sûr des difficultés, en particulier avec des groupes qui ne sont pas seulement de type fondamentaliste mais qui sont clairement anti-catholiques... Un grand nombre de nos fidèles est souvent l'objet des attaques et du harcèlement de tels groupes, en particulier lorsqu'ils ne sont pas eux mêmes bien préparés à défendre leur position de catholique. Beaucoup d'entre eux ont toutefois saisi l'occasion de prendre les Ecritures plus au sérieux pour pouvoir justement défendre leur origine quand d'autres attaquent leurs personnes et leur Eglise".
"Nous souhaitons que l'enthousiasme pour la Parole de Dieu dont nous faisons à présent l'expérience sur notre continent, soit renforcé et nourri par ce synode. Nous espérons aussi que, après avoir parlé des défis que nous affrontons et des limites de nos ressources, nous pourrons nous attendre à davantage de soutien de la part de ceux qui nous viennent en aide pour les besoins que nous avons mentionnés".
OCEANIE. Mgr.Michael Ernest Puntney, Evêque de Townsville (Australie). "Le travail de dévouement incroyable et souvent héroïque des missionnaires qui ont partagé la Parole de Dieu par la prédication des Evangiles, par les sacrements, et par l'enseignement de la Tradition de l'Eglise à un si grand nombre de personnes dans tout le Pacifique, a donné d'énormes fruits. Ces fruits comportaient aussi leurs ambiguïtés car, comme Ecclesia in Oceania l'avait souligné, parfois les missionnaires introduisaient souvent des éléments qui étaient culturellement étrangers à ces populations. Il est aussi vrai que, quelquefois, les éléments de la culture d'accueil incompatibles avec la Parole de Dieu continuent d'influencer la vie de ces populations. Face à ces défis, il y a toujours un besoin de personnel compétent pour enseigner dans les séminaires et les instituts d'enseignement supérieur dans les nombreux pays d'Océanie".
"Les nouvelles églises du Pacifique affrontent maintenant les défis liés à la transition culturelle du fait qu'elles se déplacent en différents lieux, de communautés de villages à la vie urbaine, et qu'elles participent à l'économie mondiale. En raison de cette transition, il arrive que la vie de famille soit tendue et que le tissu social se détériore. De même, elles peuvent parfois difficilement supporter les processus politiques de l'Occident que la plupart ont hérité de leurs colonisateurs européens, et les menaces environnementales grandissantes à cause des changements climatiques. De plus, il y a dans de nombreux pays d'Océanie un nombre incroyable de langues dans lesquelles la Parole de Dieu serait parfaitement communicable... En tout, on y trouve à peu près mille deux cents langues différentes".
"L'Australie est l'un des pays les plus sécularisés au monde. La Nouvelle-Zélande abrite de nombreux peuples insulaires du Pacifique qui ont un fort appétit religieux, mais la culture européenne prédominante est aussi séculaire qu'elle l'est en Australie... Après la Journée mondiale de la jeunesse, certains Australiens et Néo-Zélandais ont le sentiment que la promesse d'une nouvelle évangélisation pourrait finalement être lancée malgré l'apparente imperméabilité de la culture séculière".
"Le défi regardant l'Australie et une grande partie de l'Océanie est de trouver de nouvelles voies pour permettre à ce don de l'Evangile d'être entendu... Ecclesia in Oceania, prévoit aussi que les Ecritures soient traduites dans le plus grand nombre possible de langues vernaculaires. En ce sens, le nombre de langues existantes dans les nombreuses îles d'Océanie représente un défi unique pour l'Eglise. Avec une intensité sans cesse croissante, les Eglises qui sont en Australie et en Nouvelle-Zélande et dans les autres pays de l'Océanie concentrent leur attention vers le besoin de s'engager dans une nouvelle évangélisation dans cette partie du monde, notamment dans les cultures séculières d'Australie et de Nouvelle-Zélande. Cependant, aucune méthode n'a émergé pour le moment, pas même de compréhension partagée sur ce qu'il faut faire pratiquement".
"En même temps, les relations oecuméniques avec les principales Eglises catholiques, et les relations avec la communauté juive, la communauté islamique et les autres religions du monde sont une expérience positive pour l'Eglise dans la majeure partie de l'Océanie. Nous cherchons à nous maintenir dans notre culture séculière afin d'affirmer la valeur fondamentale de la croyance en Dieu et le droit des croyants à apporter leur contribution à notre culture séculière"
EUROPE. Le Cardinal Josip Bozanic, Archevêque de Zagreb (Croatie). "Il existe un lien indissoluble entre la Bible et l'Europe. Tout ce qui a rendu grande la culture européenne et sa civilisation...trouve son point de départ dans la Bible. Par exemple, des thèmes tels que la dignité de la personne, la reconnaissance des droits de l'homme, la séparation entre l'Eglise et l'Etat trouvent leur source dans la Bible. La justice sociale, le droit, la critique de tout type d'idolâtrie, le rejet des fausses images de Dieu, ont leur fondement dans la Bible". Mais "aujourd'hui en Europe, on perçoit les signes d'un intérêt renouvelé pour la Bible. Il est donc nécessaire de repartir de Dieu et de l'événement de sa Révélation et, en même temps, avoir le courage de proposer une Lectio Divina nouvelle et plus mûre".
"L'Europe sans Dieu risque de devenir un nid de préoccupations et de construire une civilisation de la peur. La Parole de Dieu rend l'espérance et la joie. L'Europe, en outre, entre en crise quand elle n'accepte pas la force interprétante de la Parole de Dieu qui trouve dans la foi et dans l'inspiration son fondement ultime. C'est une mission ardue pour toutes les disciplines scientifiques et spécialement pour la théologie. L'Europe se vante, avec juste raison, du développement de sa propre pensée théologique, mais il faut un effort supplémentaire pour une confrontation plus profitable avec les nouvelles interprétations et les nouvelles recherches scientifiques qui sont souvent volontairement séparées des paradigmes herméneutiques de la vérité chrétienne. Le refus de la Parole de Dieu comme instance interprétative conduit l'Europe vers la culture du découragement et de l'insécurité. En effet, une culture qui rompt avec la célébration chrétienne, c'est-à-dire avec la célébration du Mystère de la bonté de Dieu et du salut réalisé dans le Christ, risque sa propre joie et pousse l'Europe dans la civilisation de l'affliction et de la tristesse, qui sent le poids de la vieillesse et de la mort. La Parole de Dieu rend à l'homme européen la capacité de célébrer la vie. Là où on célèbre les mystères chrétiens, l'Eglise est jeune, et ceci garantit également la jeunesse de l'Europe".
"Remplis de l'Esprit Saint puisé dans les Ecritures, de nombreux catholiques et chrétiens européens du XX siècle ont pu discerner entre le bien et le mal, ont pu résister au défi des totalitarismes, en révélant la perfidie et la déviation satanique de ces derniers. L'Ecriture Sainte leur a permis de découvrir non seulement les faiblesses des autres et les leurs propres, mais d'abord et avant tout l'espérance qui jaillit de cette même Parole de Dieu".
ASIE.Mgr.Thomas Menamparampil Deahati (Inde). "Depuis les débuts du christianisme, les évangélisateurs chrétiens avaient un pouvoir de persuasion car leur Parole se traduisait en action. Mère Teresa en est un exemple récent. Les missionnaires sont restés créatifs et ont continué à pénétrer dans de nouveaux secteurs. Leurs services dans les domaines de l'éducation et de la santé sont énormément appréciés... Ils sont actifs dans la lutte en faveur de la justice pour les groupes opprimés, dans le travail pour le changement social, la promotion culturelle, la protection de l'environnement, la défense de la vie et de la famille, mais aussi dans la défense des faibles, des opprimés et des marginalisés, et en donnant la voix aux sans voix... Même là où l'Evangile trouve plus de résistance, le témoignage évangélique d'œuvres socialement importantes est le bienvenu".
"On enregistre une croissance importante de l'Eglise là où notre personnel apostolique (prêtres, religieux et catéchistes) est activement engagé dans le travail missionnaire auprès de communautés réceptives... Parmi de tels groupes, nous pouvons mentionner beaucoup de minorités ethniques (tribus) de différentes régions de Chine, des îles indonésiennes, du Myanmar du nord, de la Thaïlande, du nord-est de l'Inde".
"En Asie, on comprend la vie religieuse, on reconnaît son importance, on apprécie sa contribution, et on respecte ses représentants. En effet, il existe des modèles indigènes de vie religieuse appartenant à d'autres religions asiatiques. Les valeurs religieuses comme la renonciation, l'austérité, le silence, la prière, la contemplation et le célibat jouissent d'une grande considération... En Asie, les religieux sont considérés comme les gardiens de la sagesse religieuse et humaine. Avec une formation adéquate, les jeunes religieux peuvent grandir et devenir des communicateurs efficaces du message chrétien".
"Le renforcement de la formation théologique implique aussi l'approfondissement d'une réflexion sur la Parole de Dieu dans le contexte asiatique marqué par la pauvreté et l'injustice, ainsi que par une pluralité de religions, de civilisations et de cultures. Il implique le recours à des catégories de pensée, des symbolismes, des traditions spirituelles qui ont un sens pour les Asiatiques. Il s'agit là d'un vrai défi pour celui qui enseigne la Parole".
"Quand une civilisation est étroitement liée à une religion majeure (par exemple, celle islamique, hindoue, confucéenne, shintoïste), il faudra être prudent dans l'emprunt à ces religions d'éléments convenus pour la foi et l'adoration. Si celui qui enseigne la Parole commence à utiliser des expressions que les adeptes de ces grandes religions considèrent comme les leurs, ces derniers pourraient interpréter une telle attitude comme une violation de ce qui est sacré à leurs yeux, et la communauté chrétienne pourrait être perçue comme une imposition étrangère... Au contraire, les expressions chrétiennes traditionnelles pourraient n'avoir aucun attrait pour la psyché collective de la société à laquelle le message est adressé".
"Une bonne partie de l'enseignement de Jésus qui est arrivé jusqu'à nous, nous a été donné à l'occasion de rencontres humaines ordinaires... C'est ce qui se passe en Asie, d'une façon discrète mais efficace, grâce à l'effort de croyants chrétiens: un message de paix est apporté dans les situations de conflit, un message de justice aux communautés opprimées, de probité aux sociétés corrompues, d'égalité aux situations injustes (liées aux castes, aux classes, aux sexes, aux races ou à l'appartenance ethnique), un message d'aide aux affamés et aux pauvres. Ces efforts diffèrent d'une présentation littéraire du Christ fondée sur des revendications de vérité, des débats et des arguments, mais ils expliquent les enseignements de l'Evangile avec plus d'éloquence. Ils traduisent le message chrétien dans la vie".
"Dans de nombreux pays d'Asie, les chrétiens subissent une forte pression. La liberté est restreinte, les nouveaux convertis sont persécutés et la communauté de croyants l'est également, comme cela est arrivé dernièrement dans l'Etat indien de l'Orissa. Or, la patience manifestée par la communauté, la maîtrise dont elle a fait preuve, la modération de sa réaction, l'esprit de pardon manifestés par la communauté ont un pouvoir évangélisateur".
Voici maintenant les interventions du Rabbin Shear Yashuv Cohen et du Cardinal Albert Vanhoye, SJ:
LE GRAND RABBIN DE HAÏFA (Israël). "Conscient de la grande importance de ma présence parmi vous, j'y vois un signe d'espoir, un message d'affection et de paix pour notre génération et pour les suivantes. Nous prions Dieu au moyen de ses propres paroles, telles que nous les rapportent l'Ecriture. Nous le louons avec des phrases tirées de la Bible. Nous implorons sa miséricorde en rappelant ce qu'il nous a promis, à nous et à nos pères. Tout ce que nous faisons est basé sur la règle consignée par nos rabbins et maîtres: Donnez-lui ce qui lui appartient car vous et ce que vous possédez est sien. Nous croyons que la prière est le langage de l'âme qui communie avec Dieu, et que notre âme est sienne puisqu'il nous l'a donnée".
"Lorsque les rabbins parlent de la sainteté de la vie, de la lutte contre le sécularisme, de la promotion des valeurs que sont la fraternité, l'amour, la paix, l'égalité et le respect d'autrui et de ce qui est différent, ils se basent toujours sur des citations bibliques, telles que nos sages les ont interprétées de siècle en siècle... La base de notre enseignement réside dans les trésors de la tradition religieuse juive, même lorsqu'il utilise les mots d'aujourd'hui et traite des problèmes contemporains. Il est surprenant de constater combien l'Ecriture n'a rien perdu de sa vitalité et de son importance face aux problèmes de notre temps. C'est là le miracle de la Parole éternelle de Dieu".
LE CARDINAL VANOYE. "Le document se compose de trois grands chapitres. Le premier s'intitule: Les Saintes Ecritures du peuple juif, partie fondamentale de la Bible chrétienne... L'Ancien Testament n'est pas simplement un morceau entre autres de la Bible chrétienne. Il en est la base, la partie fondamentale. Si le Nouveau Testament s'était établi sur une autre base, il serait sans vraie valeur. Sans sa conformité aux Saintes Ecritures du peuple juif, il n'aurait pas pu se présenter comme l'accomplissement du dessein de Dieu".
"Le premier chapitre présente une longue démonstration de l'affirmation contenue dans son titre. Il montre d'abord que le Nouveau Testament reconnaît l'autorité des Saintes Ecritures du peuple juif... Le document montre ensuite que le Nouveau Testament s'affirme conforme aux Ecritures du peuple juif... Le document approfondit beaucoup le thème de l'accomplissement des Ecritures, car c'est un thème très important pour les rapports entre les chrétiens et les Juifs et il est très complexe... L'accomplissement des Ecritures comprend nécessairement trois aspects: un aspect fondamental de continuité avec la révélation de l'Ancien Testament, mais en même temps un aspect de différence sur certains points et un aspect de dépassement. Une simple répétition de ce qui existait dans l'Ancien Testament ne suffit pas pour qu'on puisse parler d'accomplissement. Un progrès décisif est indispensable".
"Dans le paragraphe 21, le document revient sur la notion d'accomplissement et déclare que c'est une notion extrêmement complexe, qui peut facilement être faussée, si on insiste unilatéralement soit sur la continuité, soit sur la discontinuité. La pastorale doit donc être attentive à ne pas fausser la notion d'accomplissement des Ecritures. Le document continue en disant que la foi chrétienne reconnaît l'accomplissement, dans le Christ, des Ecritures et des attentes d'Israël, mais elle ne comprend pas cet accomplissement comme la simple réalisation de ce qui était écrit. Une telle conception serait réductrice. En réalité, dans le mystère du Christ crucifié et ressuscité, l'accomplissement s'effectue d'une manière imprévisible. Il comporte un dépassement... Le messianisme de Jésus a un sens nouveau et inédit... Il y a donc lieu de renoncer à l'insistance excessive, caractéristique d'une certaine apologétique, sur la valeur de preuve attribuée à l'accomplissement des prophéties. Cette insistance a contribué à rendre plus sévère le jugement des chrétiens sur les Juifs et sur leur lecture de l'Ancien Testament".
"Le document tire alors une conclusion qui concernent les Juifs qui ne croient pas dans le Christ: On ne doit donc pas dire que le Juif ne voit pas ce qui était annoncé dans les textes, mais que le chrétien, à la lumière du Christ et dans l'Esprit, découvre dans les textes un surplus de sens qui y était caché. Il s'ensuit, selon le document, que les chrétiens peuvent et doivent admettre que la lecture juive de la Bible, est une lecture possible... Mais le document fait nettement comprendre que, possible pour les Juifs qui ne croient pas au Christ, cette lecture n'est pas possible pour les chrétiens, car elle implique l'acceptation de tous les présupposés du judaïsme, en particulier ceux qui excluent la foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu. Chacune des deux lectures est solidaire de la vision de foi respective dont elle est un produit et une expression. Elles sont, par conséquent, irréductibles l'une à l'autre".
"Le Document peut donc déclarer que sur le plan concret de l'exégèse, les chrétiens peuvent, néanmoins, apprendre beaucoup de l'exégèse juive pratiquée depuis plus de deux mille ans et, de fait, ils ont appris beaucoup au cours de l'histoire".
"Les Ecritures du peuple juif sont reçues dans la Bible chrétienne sous le nom d'Ancien Testament. Le document fait aussitôt remarquer à ce sujet qu'en les nommant Ancien Testament, l'Eglise chrétienne n'a aucunement voulu suggérer que les Ecritures du peuple juif étaient périmées et qu'on pouvait désormais s'en passer. Elle a toujours affirmé, au contraire, qu'Ancien Testament et Nouveau Testament sont inséparables".
"Le document constate que le Nouveau Testament assume pleinement tous les grands thèmes de la théologie d'Israël, mais il ne se contente pas de répéter à leur sujet ce qui était déjà écrit; il les approfondit, ce qui exige un dépassement en vue d'une progression. La personne et l'œuvre du Christ ainsi que l'existence de l'Eglise se situent nettement dans le prolongement de l'histoire d'Israël".
"Ainsi donc, le Nouveau Testament se situe par rapport aux saintes Ecritures du peuple juif dans une ligne de profonde fidélité, mais de fidélité qui est en même temps créatrice, conformément aux oracles prophétiques qui annonçaient une nouvelle alliance et le don d'un cœur nouveau et d'un esprit nouveau".
"Le troisième chapitre du document s'intitule: Les Juifs dans le Nouveau Testament... Ce serait, en effet, une erreur de concevoir le judaïsme de cette époque comme une réalité monolithique. On doit, au contraire, constater l'existence de différents courants de pensée et de comportement, qui souvent s'opposaient entre eux".
"Le document estime probable que Jésus n'a appartenu à aucun des partis qui existaient alors au sein du judaïsme. Il était simplement solidaire du commun du peuple... Quant au groupe de ses disciples, il pouvait refléter le pluralisme qui existait alors en Palestine".
"Après cet exposé préalable, le document examine la façon dont les Juifs sont présentés dans les Evangiles et les Actes des apôtres... Elle déclare que sur les Juifs, les Evangiles et les Actes ont une perspective fondamentale très positive, car ils reconnaissent le peuple juif comme le peuple choisi par Dieu pour réaliser son dessein de salut".
"Un autre aspect de la situation est ensuite exprimé dans les termes suivants : Accueillie positivement au début par beaucoup de Juifs, la Bonne Nouvelle s'est heurtée à l'opposition des dirigeants, qui ont été suivis, en fin de compte, par la plus grande partie du peuple. Il en est résulté, entre les communautés juives et les communautés chrétiennes, une situation conflictuelle, qui a évidemment laissée sa marque sur la rédaction des Evangiles et des Actes".
"Mais le document fait remarquer que dans le Nouveau Testament, les reproches adressés aux Juifs ne sont ni plus fréquents, ni plus virulents que les accusations exprimées contre les Israélites dans la Loi et les prophètes. Ils ne doivent donc pas davantage servir de base à de l'antijudaïsme. Les utiliser à cet effet va contre l'orientation d'ensemble du Nouveau Testament. Un antijudaïsme véritable, c'est à dire une attitude de mépris, d'hostilité et de persécution contre les Juifs en tant que Juifs, n'existe en aucun texte du Nouveau Testament et est incompatible avec l'enseignement du Nouveau Testament...Les reproches ne correspondent jamais à une attitude de haine".
"A la fin, le document constate que le Nouveau Testament se trouve en grave désaccord avec la grande majorité du peuple juif, parce qu'il est essentiellement une proclamation de l'accomplissement, en Jésus-Christ, du dessein de Dieu (annoncé dans l'Ancien Testament) et la grande majorité du peuple juif ne croit pas à cet accomplissement... Si profond qu'il soit, un tel dissentiment n'implique nullement une hostilité réciproque".
"Le dialogue reste possible, puisque Juifs et chrétiens possèdent un riche patrimoine commun qui les unit, et il est grandement souhaitable, pour éliminer progressivement, d'un côté comme de l'autre, préjugés et incompréhensions, pour favoriser une meilleure connaissance du patrimoine commun et pour renforcer les liens mutuels. C'est dans cette direction qu'une entière docilité à la Parole de Dieu pousse l'Eglise à progresser".
SE/SECONDE CONGREGATION/... VIS 20081007 (3630)