Cité
du Vatican, 3 avril 2014 (VIS). Le Pape
François a reçu ce matin en audience les évêques du Rwanda ayant
achevé leur visite Ad Limina. Dans le discours qu'il a remis à ses
hôtes, il a d'abord évoqué le vingtième anniversaire "de
l’épouvantable génocide qui a provoqué tant de souffrances et de
blessures qui sont encore loin d’être refermées... Je vous assure
de ma prière...pour vos communautés souvent déchirées, pour
toutes les victimes et leurs familles, pour tout le peuple rwandais,
sans distinction de religion, d’ethnie ou d’option politique...
La réconciliation et la guérison des blessures restent certainement
la priorité de votre Eglise... Le pardon des offenses et la
réconciliation authentique, qui pourraient sembler impossibles à
vue humaine après tant de souffrances, sont cependant un don qu’il
est possible de recevoir du Christ, par la vie de foi et la prière,
même si le chemin est long et demande patience, respect réciproque
et dialogue. L’Eglise a donc toute sa place dans la reconstruction
d’une société rwandaise réconciliée, avec le dynamisme de votre
foi et de l’espérance chrétienne, allez donc résolument de
l’avant, en rendant sans cesse témoignage à la vérité... Il est
donc important que, dépassant les préjugés et les divisions
ethniques, l’Eglise parle d’une seule voix, manifeste son unité
et raffermisse sa communion avec l’Eglise universelle et avec le
successeur de Pierre". Dans cette perspective, "un dialogue
constructif et authentique avec les Autorités ne pourra que
favoriser l’œuvre commune de réconciliation et de reconstruction
de la société autour des valeurs de dignité humaine, de justice et
de paix. Soyez une Eglise qui sache prendre l’initiative et établir
la confiance". Je salue en particulier l'action des instituts
religieux, qui "se dévouent auprès de tous ceux que la guerre
a blessés, dans leur âme ou dans le corps".
L’éducation
de la jeunesse est la clé de l’avenir dans un pays où la
population se renouvelle rapidement: "Aussi est-il du devoir de
l’Eglise de former les enfants et les jeunes aux valeurs
évangéliques qu’ils trouveront en particulier dans la familiarité
avec la Parole de Dieu, qui sera alors pour eux comme une boussole...
Qu’ils apprennent à être des membres actifs et généreux de la
société, car c’est sur eux que repose son avenir". Et puis,
dans l’évangélisation et la reconstruction, les laïcs ont une
rôle primordial: "Une attention particulière doit donc être
portée à leur formation et à leur soutien, tant dans leur vie
spirituelle que dans leur formation humaine et intellectuelle... Leur
engagement social ne sera crédible que dans la mesure où ils seront
compétents et honnêtes". Quant aux familles, "qui sont
les cellules vitales de la société et de l’Eglise, aujourd’hui
très menacées par le processus de sécularisation...elles ont
besoin de votre sollicitude, de votre proximité et de vos
encouragements. C’est d’abord au sein même des familles que les
jeunes peuvent expérimenter les valeurs authentiquement chrétiennes
d’intégrité, de fidélité, d’honnêteté, de don de soi".
La tâche des familles, souvent déchirées et recomposées, est
primordiale. Quant à celle des prêtres, elle "est d’autant
plus lourde qu’ils ne sont pas encore assez nombreux". D'où
l'importance de la formation des séminaristes, qui doivent avoir
"comme formateurs des modèles joyeux d’accomplissement
sacerdotal". Il ne faut pas non plus négliger leur formation
permanente. Rappelant enfin l’efficacité du jeûne et de la
prière, le Pape forme le vœu ardent de voir l'épiscopat rwandais
"faire en sorte que le Sanctuaire de Kibeho rayonne davantage
encore l’amour de Marie pour tous ses enfants, en particulier pour
les plus pauvres et les plus blessés, et qu’il soit pour l’Eglise
du Rwanda, et au-delà, un appel à se tourner avec confiance vers
Notre Dame des Douleurs, pour qu’elle accompagne chacun dans sa
marche et lui obtienne le don de la réconciliation et de la paix".
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