Cité
du Vatican, 28 novembre 2015 (VIS). Après s'être recueilli dans la
partie anglicane du sanctuaire de Namugongo, où il a dévoilé une
plaque commémorative sur la chapelle restaurée et avoir prié sur
le site du martyre, le Pape a gagné en voiture la partie catholique
du mémorial, où l'attendaient une foule de fidèles et une
quarantaine d'évêques (25 martyrs, dont 4 de confession anglicane,
martyrisés entre 1884 et 1887). Le Saint-Père a d'abord prié dans
l'église consacrée en 1969 par Paul VI venu canoniser les martyrs
de l'Ouganda, avant de célébrer la messe devant le sanctuaire.
Voici son homélie:
"Depuis
l’âge apostolique jusqu’à nos jours, un grand nombre de témoins
est sorti pour proclamer Jésus et manifester la puissance de
l’Esprit Saint. Aujourd’hui, nous rappelons avec gratitude le
sacrifice des martyrs ougandais, dont le témoignage d’amour pour
le Christ et son Eglise a justement rejoint les extrémités de la
terre. Nous rappelons aussi les martyrs anglicans, dont la mort pour
le Christ rend témoignage à l’œcuménisme du sang. Tous ces
témoins ont cultivé le don de l’Esprit Saint dans leur vie et ont
librement donné le témoignage de leur foi en Jésus Christ, même
au prix de leur vie, et beaucoup dans un si jeune âge. Nous
aussi, nous avons reçu le don de l’Esprit, pour nous faire fils et
filles de Dieu, mais aussi pour porter témoignage à Jésus et le
faire connaître et aimer en tout lieu. Nous avons reçu l’Esprit
lorsque nous sommes renés dans le Baptême, et lorsque nous avons
été fortifiés par ses dons dans la Confirmation. Chaque jour, nous
sommes appelés à approfondir la présence de l’Esprit Saint dans
notre vie, à raviver le don de son amour divin de façon à être à
notre tour source de sagesse et de force pour les autres. Le don de
l’Esprit est donné pour être partagé. Il nous unit les uns aux
autres comme fidèles et membres vivants du Corps mystique du Christ.
Nous ne recevons pas le don de l’Esprit seulement pour nous-mêmes,
mais pour nous édifier les uns les autres dans la foi, dans
l’espérance et dans l’amour. Je pense aux saints Joseph Mkasa et
Charles Lwanga, qui, après avoir été instruits dans la foi par les
autres, ont voulu transmettre le don qu’ils avaient reçu. Ils
l’ont fait dans des temps dangereux. C’est non seulement leur vie
qui a été menacée, mais aussi la vie des plus jeunes confiés à
leurs soins. Puisqu’ils avaient cultivé leur foi et avaient fait
grandir leur amour pour Dieu, ils n’ont pas eu peur de porter le
Christ aux autres, même au prix de leur vie. Leur foi est devenue
témoignage. Aujourd’hui, vénérés comme martyrs, leur exemple
continue d’inspirer beaucoup de personnes de par le monde car ils
continuent à proclamer Jésus-Christ et la puissance de la Croix".
"Si,
comme les martyrs, nous ravivons chaque jour le don de l’Esprit qui
habite en nos cœurs, nous deviendrons alors certainement ces
disciples-missionnaires que le Christ nous appelle à être. Pour nos
familles et nos amis sûrement, mais aussi pour ceux que nous ne
connaissons pas, spécialement pour ceux qui pourraient être peu
bienveillants et même hostiles à notre égard. Cette ouverture
envers les autres commence dans la famille, dans nos maisons, où on
apprend la charité et le pardon, et où dans l’amour de nos
parents, on apprend à connaître la miséricorde et l’amour de
Dieu. Elle s’exprime aussi dans le soin envers les personnes âgées
et les pauvres, les veuves et les orphelins. Comme la mère et les
sept fils du Second livre des Maccabées s’encouragèrent les uns
les autres au moment de la grande épreuve...nous devons nous
assister les uns les autres, nous protéger les uns les autres, et
nous conduire les uns les autres à la plénitude de la vie. Je pense
ici avec gratitude aux évêques, prêtres, hommes et femmes
consacrées et catéchistes qui, de bien des façons, ont offert
leur aide aux familles chrétiennes. Puisse l’Eglise de ce pays,
spécialement au moyen des communautés paroissiales, continuer
d’accompagner les jeunes couples dans leur préparation au mariage,
encourager les époux à vivre le lien conjugal dans l’amour et
dans la fidélité, et soutenir les parents dans leur tâche de
premiers maîtres de la foi des enfants. Comme les apôtres et les
martyrs de l’Ouganda avant nous, nous avons reçu le don de
l’Esprit pour devenir des disciples-missionnaires appelés à
sortir vers les autres et à porter l’Evangile à tous. Cela peut
parfois nous conduire aussi aux confins du monde, comme missionnaires
en terres lointaines. C’est essentiel pour l’expansion du
Royaume, et je vous demande toujours une réponse généreuse à
cette exigence. Toutefois, nous n’avons pas besoin de voyager pour
être des disciples-missionnaires. En réalité, nous avons seulement
besoin d’ouvrir les yeux aux nécessités que nous rencontrons dans
nos maisons et dans nos communautés locales pour nous rendre compte
de toutes les opportunités qui nous attendent. En cela aussi, les
martyrs de l’Ouganda nous indiquent la voie. Leur foi a cherché le
bien de tous, incluant même le Roi, qui les a condamnés pour leur
credo chrétien. Leur réponse a entendu opposer à la haine l’amour,
et de cette manière rayonner la splendeur de l’Evangile... Le
témoignage des martyrs montre à tous ceux qui ont écouté leur
histoire, à l’époque et aujourd’hui, que les plaisirs mondains
et le pouvoir terrestre ne donnent pas une joie et une paix durables.
C’est plutôt la fidélité à Dieu, l’honnêteté et l’intégrité
de la vie et l’authentique préoccupation pour le bien des autres
qui nous apportent cette paix que le monde ne peut offrir. Cela ne
diminue pas notre souci de ce monde, comme si nous regardions
seulement vers la vie future. Au contraire, cela offre un but à la
vie en ce monde et nous aide à rejoindre ceux qui sont dans le
besoin, à coopérer avec les autres pour le bien commun et à
construire une société plus juste, qui promeut la dignité humaine,
sans exclure personne, qui défend la vie, don de Dieu, et protège
les merveilles de la nature, la création et notre terre. C’est là
l’héritage reçu des martyrs ougandais: Des vies marquées par la
puissance de l’Esprit, des vies qui témoignent encore aujourd’hui
du pouvoir transformant de l’Evangile. On ne s’approprie pas cet
héritage comme un souvenir de circonstance ou en le conservant dans
un musée comme si c’était un joyau précieux. Nous l’honorons
vraiment et nous honorons tous les Saints, lorsque plutôt nous
portons le témoignage qu’ils ont rendu au Christ dans nos maisons
et à nos voisins, dans nos lieux de travail et dans la société
civile, soit que nous restions dans nos maisons ou que nous nous
rendions jusqu’au coin le plus reculé du monde. Puissent les
martyrs ougandais, avec Marie, Mère de l’Eglise, intercéder pour
nous, et puisse l’Esprit Saint allumer en nous le feu de l’amour
divin!".
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