CITE DU VATICAN, 16 AVR 2008 (VIS). A 17h45 (23h45 à Rome), le Pape a présidé la célébration des Vêpres avec les Evêques des Etats-Unis au Sanctuaire national de l'Immaculée Conception de Washington.
Au début de son homélie, le Saint-Père a souligné "la grande vitalité et créativité" du peuple américain, ainsi que sa générosité pour les pauvres et nécessiteux, qui se manifeste aussi dans "les différentes formes d'aide humanitaire des catholiques à travers la Caritas catholique et les autres associations".
En soulignant que "l'Amérique est aussi une terre de grande foi ", dont les habitants se distinguent par leur "ferveur religieuse", Benoît XVI a ajouté qu'ils "n'hésitent pas à introduire dans des discours publics des raisons morales". Par ailleurs, "le respect pour la liberté religieuse est profondément enraciné dans la conscience américaine ".
Le Pape a dit que "les personnes ont aujourd'hui besoin qu'on leur rappelle le but ultime de leur existence... Sans Dieu,...nos vies sont, en définitive, vides... Le but de toute notre activité pastorale et catéchétique, l'objet de notre prédication, le centre même de notre ministère sacramentel doit être celui d'aider les personnes à établir et à alimenter une relation vitale avec Jésus-Christ, notre espérance".
A une époque où "les progrès de la médecine sont porteurs de nouvelles espérances pour beaucoup, des enjeux éthiques sans précédent peuvent être soulevés. Il est donc plus important que jamais d'assurer une solide formation dans les enseignements moraux de l'Eglise à ces catholiques qui sont engagés dans le domaine de la santé". Le Saint-Père a ensuite ajouté à l'attention des évêques: "votre voix est respectée et a beaucoup à apporter aux discussions sur les questions sociales et morales d'actualité... Il est de votre devoir de faire en sorte que la formation morale offerte à tous les niveaux de la vie ecclésiale reflète l'authentique enseignement de l'Evangile de la vie.".
Le Saint-Père a souligné encore que "la situation de la famille au sein de la société reste une préoccupation importante pour nous tous" et a ajouté que "le divorce et l'infidélité ne cessent de croître, et de nombreux jeunes hommes et femmes choisissent de retarder le mariage ou même de l'ignorer complètement". Ainsi,-a-t-il ajouté- "on assiste à une décroissance alarmante du mariage catholique aux Etats-Unis ainsi qu'à une augmentation des cohabitations, dans lequel le don réciproque des époux à la façon du Christ, au moyen du sceau d'une promesse publique de vivre les exigences d'un engagement indissoluble pour l'existence entière, est simplement absent.".
"Il est de votre devoir -a-t-il dit- de proclamer avec force les arguments de foi et de raison qui parlent de l'institution du mariage, compris comme un engagement pour la vie entre un homme et une femme, ouvert à la transmission de la vie. Un tel message devrait résonner aux oreilles des personnes aujourd'hui, parce que c'est essentiellement un "oui" inconditionnel et sans réserve à la vie, un "oui" à l'amour et un "oui" aux aspirations du cœur de notre humanité commune, alors que nous nous efforçons d'accomplir notre profond désir d'intimité avec les autres et avec le Seigneur".
Le Pape a ensuite ajouté que "parmi les signes contraires à l'Evangile de la vie que l'on peut trouver en Amérique, mais aussi ailleurs, il y en a un qui est l'objet d'une profonde honte : l'abus sexuel sur des mineurs... Nous avons reçu de Dieu cette responsabilité, en tant que pasteurs, de soigner les blessures causées par toute violation de confiance, de favoriser la guérison, de promouvoir la réconciliation et de nous approcher avec une tendre préoccupation de ceux qui ont été sérieusement blessés".
"Nous devons toutefois rappeler -a poursuivi le Pape- que la plus grande majorité des prêtres et des religieux en Amérique accomplit un travail excellent en apportant le message libérateur de l'Evangile aux personnes qui sont confiées à leurs soins pastoraux, mais qu'il est d'une importance vitale que les sujets vulnérables soit toujours protégés des blessures qu'ils pourraient causer".
Le Saint-Père a ajouté que les enfants "ont le droit de grandir avec une compréhension saine de la sexualité et du rôle qui est le leur dans les relations humaines.... Nous devons prioritairement réaffirmer les valeurs qui soutiennent la société pour offrir aux jeunes et aux adultes une solide formation morale.... Oui, chaque membre de la société peut contribuer à ce renouvellement moral et en tirer un bénéfice".
Benoît XVI a aussi parlé des prêtres et souligné qu'eux "aussi ont besoin que vous les guidiez et que vous leur soyez proches pendant cette période difficile... En ce moment, une partie vitale de votre devoir est de renforcer les rapports avec vos prêtres, et spécialement dans les cas où il existe une forte tension entre les prêtres et les évêques en conséquence de la crise. Il est important que vous continuiez à démontrer à leur égard votre préoccupation, votre soutien et que vous soyez un guide à travers votre exemple".
"Nous devons redécouvrir la joie de vivre une existence centrée sur le Christ -a ajouté le Saint-Père-, en cultivant les vertus et en s'immergeant dans la prière... Le temps passé à la prière n'est jamais gaspillé, tout autant que les devoirs qui nous pressent de toutes parts sont importants ".
Au cours de la rencontre de ce soir, trois évêques ont posé des questions au Pape.
La première question a été de savoir comment le Saint-Père évaluait les défis du sécularisme et du relativisme et des suggestions lui ont été faites en même temps pour les envisager d'un point de vue pastoral.
"Peut-être que le type de sécularisme de l'Amérique -a-t-il répondu- pose un problème particulier : alors qu'il permet de croire en Dieu et respecte le rôle public de la religion et des Eglises, il réduit subtilement cependant la croyance religieuse au plus petit dénominateur commun. La foi se transforme en acceptation passive de ce que certaines choses "là dehors" sont vraies, mais sans importance pratique pour la vie quotidienne. Le résultat est une séparation croissante entre la foi et la vie... Cette situation se trouve aggravée par un établissement individualiste et éclectique de la foi et de la religion : en s'éloignant de la perspective catholique de "penser avec l' Eglise", chacun croit avoir le droit de sélectionner et de choisir ".
"Je suis convaincu -a-t-il dit- que ce dont nous avons le plus besoin, c'est d'un plus grand sens de la relation intrinsèque entre l'Evangile et la loi naturelle d'une part et, d'autre part, l'obtention de l'authentique bien humain, tel qu'il est incarné dans la loi civile et dans les décisions morales personnelles. Dans une société qui a justement une haute considération de la liberté personnelle...l'Evangile doit être prêché et enseigné comme un mode de vie intégrale, qui offre une réponse attirante et vraie, intellectuelle et pratique, aux problèmes humains réels... Je crois que l'Eglise en Amérique a devant elle, en ce moment précis de son histoire, le défi de trouver une vision catholique de la réalité et de la présenter à une société qui offre toutes sortes de recettes pour la réalisation de l'être humain de manière attrayante et imaginative ".
La deuxième question concerna le processus silencieux d'abandon de la pratique religieuse de la part des catholiques, parfois explicitement, mais plus souvent sous une forme graduelle, en s'éloignant d'une identification avec l'Eglise.
"Dans les sociétés occidentales, il devient de plus en plus difficile de parler de manière sensée du salut -a observé le Pape-. Cependant, le salut, la délivrance de la réalité du mal et le don d'une vie nouvelle et libre en Christ est au cœur même de l'Evangile. Nous avons à redécouvrir, comme je l'ai déjà dit, des façons nouvelles et attractives pour proclamer ce message...dans la liturgie de l'Eglise, et surtout dans le sacrement de l'Eucharistie, où ces réalités se manifestent de manière plus puissante et sont vécues dans l'existence des croyants. Peut-être avons-nous encore beaucoup à faire pour réaliser la vision du Concile sur la liturgie comme exercice du sacerdoce commun et comme impulsion pour un apostolat fructueux dans le monde".
Enfin, en répondant à une question sur le déclin des vocations, Benoît XVI a rappelé que "la capacité de susciter des vocations au sacerdoce et à la vie religieuse est un signe sûr de la santé d'une Eglise locale", et a réaffirmé la nécessité de la prière. "Je ne parle pas seulement - a-t-il dit - de la prière pour les vocations. La prière même, née dans les familles catholiques, consolidée par des programmes de formation chrétienne, renforcée par la grâce des sacrements, est le moyen principal pour que nous arrivions à connaître la volonté de Dieu pour notre vie".
Avant de prendre congé, le Pape a mentionné "la souffrance immense éprouvée par le peuple de Dieu dans l'archidiocèse de New Orléans suite à l'ouragan Katrina, ainsi que sa valeur face au défi des travaux de reconstruction ". Le Saint-Père a offert un calice à l'archevêque de ce siège, Monseigneur Alfred Hughes, "comme signe -a-t-il dit - de ma solidarité et de ma prière avec les fidèles de l'archidiocèse".
PV-USA/VEPRES:EVEQUES/WASHINGTON VIS 20080417 (1500)
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