Cité
du Vatican, 9 novembre 2012 (VIS). Benoît XVI a reçu ce midi les
participants à l'Assemblée générale d'Interpol qui vient de se
tenir à Rome, accompagné des représentants des 190 états membres
(dont depuis 2008 l'Etat de la Cité du Vatican). Rappelant que ces
journées d’étude ont été consacrées au développement de la
coopération internationale dans la lutte contre la criminalité, le
Pape a insisté sur la nécessité d’accroître "l’échange
d’expériences alors qu'on assiste au niveau mondial à une
extension des sources de violence provoquées par des phénomènes
transnationaux qui freinent le progrès de l’humanité. Parmi eux,
l’évolution de la violence criminelle constitue un aspect
particulièrement préoccupant pour l’avenir du monde. Non moins
important est le fait que cet effort de réflexion associe les
responsables politiques de la sécurité et de la justice, les
organismes judiciaires et les forces de l’ordre, de façon à ce
que chacun selon sa compétence, puisse accomplir un travail efficace
favorisé par un échange constructif".
La
société souffre aujourd'hui "de nombreuses violations du droit
et de la légalité, qui aboutissent dans de nombreux cas à des
faits de violence et à des actes criminels. Il est donc nécessaire
de protéger les individus et les communautés par un engagement
constant et renouvelé et à l’aide d’instruments adaptés. A ce
sujet, la fonction d’Interpol, que nous pouvons définir comme un
instrument de sécurité internationale, revêt une importance
remarquable en vue de la réalisation du bien commun, parce qu’une
société juste exige aussi l’ordre et le respect des règles
nécessaires à une vie en commun civile, pacifique et sereine...
Nous sommes conscients qu’aujourd’hui la violence se manifeste
sous des formes nouvelles. A la fin de la guerre froide...sont nées
de grandes espérances, spécialement là où une forme de violence
politique institutionnalisée a été arrêtée par des mouvements
pacifiques qui revendiquaient la liberté des peuples. Toutefois,
bien que certaines formes de violence semblent diminuer, spécialement
le nombre des conflits militaires, il en existe d’autres qui se
développent, comme la violence criminelle, responsable chaque année
de la plus grande partie des décès par mort violente dans le monde.
Aujourd’hui, ce phénomène est si dangereux qu’il constitue un
grave facteur de déstabilisation de la société et, parfois, met à
dure épreuve la suprématie même de l’Etat".
"L’Eglise
et le Saint-Siège encouragent tous ceux qui s’emploient à
combattre cette plaie de la violence et du crime, dans notre réalité
qui ressemble toujours plus à un “village global”. Les formes
les plus graves des activités criminelles peuvent être identifiées
dans le terrorisme et dans la criminalité organisée. Le terrorisme,
une des formes les plus brutales de la violence, sème la haine, la
mort, le désir de vengeance. Ce phénomène, à partir d’une
stratégie subversive typique de certaines organisations extrémistes
visant à la destruction et au meurtre, s’est transformé en un
réseau obscur de complicités politiques, en utilisant aussi des
moyens techniques sophistiqués, des ressources financières
considérables et en élaborant des projets à vaste échelle. De son
côté, la criminalité organisée prolifère dans les lieux de la
vie quotidienne et agit et frappe souvent dans l’obscurité, en
dehors de toute règle. Elle réalise ses affaires au moyen de
nombreuses activités illicites et immorales, comme la traite des
êtres humains..., les trafics de biens ou de substances, telles la
drogue, les armes, les marchandises contrefaites, jusqu’au trafic
de médicaments, utilisés en grande partie par les pauvres,
médicaments qui tuent au lieu de soigner. Ce commerce illicite
devient encore plus exécrable quand il concerne les organes humains
de victimes innocentes. Elles subissent des drames et des outrages
que nous espérions dépassés pour toujours depuis les tragédies du
XX siècle, mais qui malheureusement, réapparaissent à travers les
violences générées par les activités criminelles de personnes et
d’organisations sans scrupules. Ces crimes brisent les barrières
morales progressivement érigées par la civilisation et proposent
une nouvelle forme de barbarie qui nie l’homme et sa dignité".
La
rencontre des polices du monde, a poursuivi le Saint-Père, "m’offre
l’opportunité de rappeler que la violence, sous ses diverses
formes terroristes et criminelles, est toujours inacceptable, parce
qu’elle blesse profondément la dignité humaine et constitue une
offense à l’humanité entière. C’est donc un devoir de réprimer
le crime, dans un cadre de règles morales et juridiques, car
l’action contre la criminalité doit toujours être conduite dans
le respect des droits de l’homme et des principes d’un état de
droit. En effet, la lutte contre la violence doit certainement viser
à endiguer le crime et à défendre la société, mais doit aussi
viser au repentir et à la correction du criminel, qui demeure
toujours une personne humaine, sujet de droits inaliénables et comme
tel, ne doit pas être exclu de la société mais doit être
récupéré. La collaboration internationale contre la criminalité
ne peut se limiter à des opérations de police. Il est essentiel que
l’action répressive nécessaire soit accompagnée d’une
courageuse et lucide analyse des motivations sous-jacentes à de
telles actions criminelles inacceptables. Ainsi convient-il de prêter
attention aux facteurs d’exclusion sociale et d’indigence qui
persistent dans la population et constituent un véhicule de la
violence et de la haine. Un engagement particulier sur le plan
politique et pédagogique est aussi nécessaire pour résoudre les
problèmes qui peuvent alimenter la violence, et pour favoriser les
conditions afin qu’elle ne naisse ni se développe. C’est
pourquoi, la réaction contre la violence et contre le crime ne peut
être déléguée aux seules forces de l’ordre, mais demande la
participation de tous les sujets qui peuvent influer sur ce
phénomène. Vaincre la violence est un engagement qui doit impliquer
non seulement les institutions et les organismes concernés, mais la
société dans son ensemble, les familles et les éducateurs, l’école
et les réalités religieuses, les moyens de communication sociale et
chaque citoyen. Dans la société chacun a sa part spécifique de
responsabilité pour un avenir de justice et de paix".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire