Cité
du Vatican, 14 janvier 2014 (VIS). Durant
son dernier quinquennat, la Commission théologique internationale a
élaboré le document intitulé "Dieu Trinité, unité des
hommes. Le monothéisme chrétien contre la violence", qui sera
publié le 18 janvier dans le nº 3926 de La Civiltà Cattolica,
laquelle propose habituellement la version italienne de ces
publications. Le texte sera également disponible sur le site de la
revue ( www.laciviltacattolica.it ) et sur la page de la Commission
théologique du site vatican ( www.vatican.va ). Dans l'attente des
diverses traductions, voici la présentation du document. Durant son
quinquennat 2009 - 2014, la Commission théologique Internationale a
conduit une étude relative quelques aspects du discours chrétien
sur Dieu, en se confrontant en particulier avec la thèse selon
laquelle il existerait un rapport nécessaire entre monothéisme et
violence. Le travail a été développé au sein d’une
sous-commission, présidée par l'Abbé Philippe Vallin et également
composée de l'Abbé Peter Damian Akpunonu, du P.Gilles Emery, OP, de
Mgr.Savio Hon Tai-Fai, SDB, de Mgr.Charles Morerod, OP, de l'Abbé
Thomas Norris, de l'Abbé Javier Prades López, de Mgr.Paul Rouhana,
de l'Abbé Pierangelo Sequeri, et de l'Abbé Guillermo Zuleta Salas.
Les discussions générales se sont déroulées dans les différentes
rencontres de la sous-commission, et durant les sessions plénières
de la Commission tenues de 2009 à 2013. Le texte proposé a été
approuvé par la Commission in forma specifica le 6 décembre 2013,
avant d'être soumis à l’approbation de son Président,
Mgr.Gerhard Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de
la foi, lequel en a autorisé la publication. Suit la note de
présentation diffusée par la Commission théologique:
Le
texte propose "une clarification théologique spéciale...face à
la théorie, diversement argumentée, du rapport nécessaire entre le
monothéisme et les guerres de religion. La discussion a mis en
évidence un nombre non négligeable de motifs d’incompréhension
de la doctrine religieuse, capables d’obscurcir la pensée
authentique du christianisme sur le Dieu unique. Nous pourrions
résumer l’intention de notre discours en une double question: De
quelle manière la théologie catholique peut-elle se confronter
critiquement avec l’opinion culturelle et politique qui établit un
rapport intrinsèque entre monothéisme et violence? De quelle
manière la pureté religieuse de la foi dans le Dieu unique
peut-elle être reconnue comme principe et comme source de l’amour
entre les hommes? Notre réflexion est proposée dans le style du
témoignage argumenté, et non de la réfutation apologétique. La
foi chrétienne, en effet, reconnaît dans l’excitation de la
violence au nom de Dieu la corruption maximale de la religion. Le
christianisme atteint cette conviction par la révélation de
l’intimité elle-même de Dieu, qui nous rejoint moyennant
Jésus-Christ. L’Eglise des croyants est consciente du fait que le
témoignage de cette foi demande d’être honoré par une attitude
de conversion permanente, laquelle implique aussi la parrhésie ou
courageuse franchise de la nécessaire autocritique.
Dans
le Chapitre I (Soupçons sur le monothéisme), nous nous sommes
proposé de clarifier le thème du monothéisme religieux, dans
l’acception qu’il reçoit suivant quelques orientations de la
philosophie politique d’aujourd’hui. Nous sommes conscients du
fait qu’une telle évolution présente aujourd’hui un spectre
largement différencié de positions théoriques, lesquelles vont de
l’arrière-plan classique de l’athéisme sous étiquette
humaniste, jusqu’aux formes plus récentes de l’agnosticisme
religieux et du laïcisme politique. Notre réflexion voudrait avant
tout préciser que la notion de monothéisme, non dépourvue de
signification pour l’histoire de notre culture, demeure encore trop
générique quand elle sert de chiffre d’équivalence entre les
religions historiques qui confessent l’unicité de Dieu
(identifiées comme judaïsme, islam, christianisme). En second lieu,
nous formulons notre réserve critique devant une simplification
culturelle qui réduit l’alternative au choix entre un monothéisme
nécessairement violent et un polythéisme présumé tolérant. Dans
cette réflexion, nous nous savons soutenus de toute manière par la
conviction, partagée chez un très grand nombre de nos
contemporains, croyants et non-croyants, que les guerres
interreligieuses, comme aussi la guerre faite à la religion, sont
tout simplement insensées. En tant que théologiens catholiques,
nous avons cherché ensuite à illustrer à partir de la vérité de
Jésus-Christ le rapport entre révélation de Dieu et humanisme
non-violent. Nous l’avons fait à travers l’exposition renouvelée
de quelques implications de la doctrine particulièrement capables
d’éclairer la discussion actuelle: soit pour ce qui regarde la
compréhension authentique de la confession trinitaire du Dieu
unique, soit pour ce qui concerne l’ouverture de la révélation
christologique à la mise en évidence du lien entre les hommes.
Dans
le Chapitre II (L'initiative de Dieu sur le chemin des hommes), nous
interrogeons l’horizon de la foi biblique, avec une attention
particulière portée au thème de ses pages difficiles,
celles...dans lesquelles la révélation de Dieu se trouve intriquée
avec les figures de la violence entre les hommes. Nous cherchons à
dégager les points de référence que la même tradition
scripturaire met en lumière...pour l’interprétation de la Parole.
Sur la base de cette réappropriation, nous présentons une ébauche
pour le cadrage anthropologique et christologique des développements
de l’interprétation du thème, avec le souci de la condition
historique actuelle.
Dans
le Chapitre III (Dieu, pour nous sauver de la violence), nous
proposons un approfondissement de l’événement de la mort et de la
résurrection de Jésus sur le thème de la réconciliation entre
les hommes. L’Oikonomia est ici essentielle à la détermination de
la Theologia. La révélation inscrite dans l’événement de
Jésus-Christ, qui rend universellement estimable la manifestation de
l’amour de Dieu, permet de neutraliser la justification de la
violence sur la base de la vérité christologique et trinitaire de
Dieu.
Au
Chapitre IV (La foi confrontée avec l'ampleur de la raison), notre
réflexion s’engage dans l’illustration des approximations et des
implications philosophiques concernant le fait de penser Dieu. Ici
sont traités avant tout les points de discussion avec l’athéisme
actuel, largement alimenté par les thèses convergentes d’un
radical naturalisme anthropologique. A la fin, et au bénéfice
conjoint du débat inter-religieux sur le monothéisme, nous
proposons une sorte de méditation philosophico-théologique sur
l’intégration, dans la révélation, d’un dispositif de
relations à l’intime de Dieu et de la conception traditionnelle de
son absolue simplicité.
Dans
le Chapitre V (Les fils de Dieu, dispersés et réunis), pour finir,
nous reprenons les éléments de la spécificité chrétienne qui
définissent l’engagement du témoignage ecclésial pour la
réconciliation des hommes avec Dieu, et entre eux. La révélation
chrétienne purifie la religion, dans le moment même où elle lui
rend sa signification fondamentale pour l’expérience humaine du
sens. C’est pourquoi, dans notre invitation à la réflexion, nous
tenons bien présent la nécessité spéciale, surtout devant
l’horizon culturel d’aujourd’hui, de traiter toujours
conjointement le contenu théologique et le développement historique
de la révélation chrétienne de Dieu".
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