Cité
du Vatican, 25 mai 2014 (VIS). Après sa
visite aux Autorités musulmanes de Jérusalem, le Pape François est
descendu au Mur Occidental, lieu de prière fondamental pour les
Juifs. Accompagné du rabbin en charge du sanctuaire, il s'est
recueilli avant de glisser un papier dans un interstice de la
muraille, comme l'avaient fait Jean-Paul II et Benoît XVI. Le
Saint-Père a confié avoir copié le Pater en espagnol, car appris
de sa mère. Ensuite, le Saint-Père a gagné le Mont Herzl. Avant de
parvenir au cimetière national du Mont Herzl, il a fait un détour
pour se recueillir brièvement devant la plaque commémorant les
victimes du terrorisme. A cimetière national, il a honoré la tombe
de Theodore Herzl, le fondateur du Mouvement Sioniste (1897), comme
de coutume lors des visites officielles en Israël. Après quoi il
s'est rendu au Mémorial Yad Vashem, construit en 1953 pour
commémorer les victimes de la Shoah. En présence du Président
Shimon Peres et du rabbin président de la fondation du Yad Vashem,
il a ravivé la flamme du souvenir et déposé une couronne de
fleurs. Puis il a proposé une réflexion sur la souffrance humaine
et les structures du péché:
"Adam,
où es-tu? Où es-tu, homme? En ce lieu,
mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de
Dieu: Adam, où es-tu? Dans cette question il y a toute la douleur du
Père qui a perdu son fils. Connaissant le risque de la liberté, le
Père savait que le fils aurait pu se perdre. Mais peut-être, pas
même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme!
Face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, ce Où te
trouves-tu? résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans
fond. Homme, qui es-tu? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu,
homme? Qu’es-tu devenu? De quelle horreur as-tu
été capable? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas? Ce n’est
pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est
une chose bonne, œuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de
vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi,
c’est une chose très bonne. Non, cet abîme ne peut pas être
seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur. Qui t’a
corrompu? Qui t’a défiguré? Qui t’a inoculé la présomption de
t’accaparer le bien et le mal? Qui t’a convaincu que tu étais
dieu? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore
tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es
érigé en dieu. Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la
voix de Dieu: Adam, où es-tu? Du sol s’élève
un gémissement étouffé: Prends pitié de nous, Seigneur. A toi,
Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la
honte. Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu
sur nous. Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre
supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette
monstruosité. Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse
crie vers toi. Ecoute, Seigneur, prends pitié. Nous avons péché
contre toi... Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous
la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été
capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême,
d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as
modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton
haleine de vie. Jamais plus, Seigneur, jamais plus! Adam, où
es-tu? Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce
que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été
capable de faire. Souviens-toi de nous dans ta miséricorde".
Après
cette méditation, le Pape s'est entretenu avec quelques survivants
de la Shoah et a signé le livre d'or du mémorial, après y avoir
écrit: "Avec la honte de ce que l'homme, créé à l'image de
Dieu, a été capable de faire. Avec la honte de ce que l'homme ait
pu se faire maître du mal. Avec la honte de ce que l'homme, se
croyant Dieu, ait pu sacrifier ses semblables. Jamais plus cela,
jamais plus!". Après quoi il a rejoint en voiture le centre
Heichal Shlomo.
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