Cité
du Vatican, 26mai 2014 (VIS). Vers 11 h le Saint-Père s'est rendu au
Centre Notre Dame de Jérusalem où il s'est entretenu en privé avec
le chef du gouvernement israélien. Une heure et demie plus tard,
changeant le programme, il a laissé sa suite pour aller déjeuner en
face avec les franciscains du couvent St.Sauveur. Revenu au Centre,
confié depuis 2004 aux légionnaires du Christ, le Pape a béni le
nouveau tabernacle de la chapelle. Après quoi il a gagné l'église
orthodoxe du Mont des Oliviers pour y rencontrer le Patriarche
Barthélémy. Après leur entretien, ils ont béni ensemble les
fidèles rassemblés dans l'atrium. Le Pape s'est alors rendu à
l'église voisine du Gethsémani où, avant de s'adresser au clergé
local (prêtres, religieux, religieuses et séminaristes), il s'est
incliné devant la pierre sur laquelle Jésus aurait prié:
"Quand
arriva l’heure fixée par Dieu pour sauver l’humanité de
l’esclavage du péché, Jésus se retira ici, au Gethsémani, au
pied du mont des Oliviers. Nous nous retrouvons dans ce lieu saint,
sanctifié par la prière de Jésus, par son angoisse..., sanctifié
par-dessus tout par son oui à la volonté d’amour du Père. Nous
avons presque peur de nous rapprocher des sentiments que Jésus a
éprouvés en cette heure. Nous entrons sur la pointe des pieds dans
cet espace intérieur où s’est décidé le drame du monde. En
cette heure, Jésus a senti la nécessité de
prier et d’avoir auprès de lui ses disciples, ses amis, qui
l’avaient suivi et avaient partagé de plus près sa mission. Mais
ici, au Gethsémani, le suivre se fait difficile et incertain car le
doute, la fatigue et la terreur prennent le dessus. Dans la rapidité
du déroulement de la passion de Jésus, les disciples auront
diverses attitudes à l’égard du Maître, la proximité,
l’éloignement, l’incertitude. Cela nous fera du bien à nous
tous, évêques, prêtres, personnes consacrées, séminaristes, de
nous demander en ce lieu: Qui suis-je devant mon Seigneur qui
souffre? Suis-je de ceux qui, invités par
Jésus à veiller avec lui, s’endorment, et au lieu de prier,
cherchent à s’évader en fermant les yeux devant la réalité?
Est-ce que je me reconnais en ceux qui se sont enfuis par peur,
abandonnant le Maître à l’heure la plus tragique de sa vie
terrestre? Peut-être y-a-t-il en moi la duplicité, la
fausseté de celui qui l’a vendu pour trente deniers, qui avait été
appelé ami, et qui pourtant a trahi Jésus?
Est-ce que je me reconnais dans ceux qui ont été faibles et qui
l’ont renié, comme Pierre? Peu de temps avant, ce dernier avait
promis à Jésus de le suivre jusqu’à la mort. Mais poussé dans
ses derniers retranchements et assailli par la peur, il jurera de ne
pas le connaître. Est-ce que je ressemble à ceux qui désormais
organisaient leur vie sans lui, comme les disciples d’Emmaüs,
insensés et lents à croire les paroles des prophètes? Ou bien,
grâce à Dieu, est-ce que je me retrouve parmi ceux qui ont été
fidèles jusqu’à la fin, comme Marie et Jean?
Quand
sur le Golgotha, tout devient sombre et que toute espérance semble
finie, l’amour seul est plus fort que la mort. L’amour de la mère
et du disciple bien-aimé les pousse à rester au pied de la croix,
pour partager jusqu’au bout la douleur de Jésus. Est-ce que
je me reconnais dans ceux qui ont imité leur Maître et Seigneur
jusqu’au martyre, témoignant combien il a été
tout pour eux, la force incomparable de leur mission et l’horizon
ultime de leur vie? L’amitié de Jésus à notre égard, sa
fidélité et sa miséricorde sont le don inestimable qui nous
encourage à poursuivre avec confiance notre marche à sa suite,
malgré nos chutes, nos erreurs et nos trahisons. Mais
cette bonté du Seigneur ne nous dispense pas de la vigilance face au
tentateur, au péché, au mal et à la trahison qui peuvent traverser
aussi la vie sacerdotale et religieuse. Nous percevons la
disproportion entre la grandeur de l’appel de Jésus et notre
petitesse, entre la sublimité de la mission et notre fragilité
humaine. Mais le Seigneur, dans sa grande bonté et dans son infinie
miséricorde, nous prend toujours par la main, afin que nous ne nous
noyions pas dans la mer du désarroi. Il est toujours à nos côtés,
il ne nous laisse jamais seuls. Donc, ne nous laissons pas vaincre
par la peur et par le découragement, mais avec courage et confiance,
allons de l’avant sur notre chemin et dans notre mission. Chers
frères et sœurs, vous êtes appelés à suivre le Seigneur avec
joie sur cette Terre bénie. C’est un don et une responsabilité.
Votre présence ici est très importante, et l’Eglise toute entière
vous en est reconnaissante. Elle vous soutient par la prière.
Imitons la Vierge Marie et l'Apôtre Jean, et restons près
des nombreuses croix où Jésus est encore crucifié. C’est la
route sur laquelle notre Rédempteur nous appelle à le suivre. Si
quelqu’un veut me servir, qu’il me suive. Et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur".
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