Cité
du Vatican, 27 mai 2014 (VIS). Hier après-midi, le Pape a concélébré
la messe avec les évêques catholiques de Terre Sainte dans le
Cénacle de Jérusalem, lieu qui selon la tradition est le berceau de
l'Eglise car y a été instituée l'Eucharistie. Etant donné
l'exiguité des lieux, elle n'a pas été accessible au public. Sur
les ruines d'un édifice paléochrétien appelé église du Mont Sion
les croisés construisirent au XII siècle une basilique à trois
nefs, qui resta accessible après la conquête de Saladin. Elle était
détruite lorsque les franciscains s'installèrent en Terre Sainte,
qui construisirent l'édifice actuel accolé au couvent qui est
jusqu'à nos jour le siège de la Custodie. En 1524 les musulmans
prirent possession du rez de chaussé en prétendant qu'il renfermait
le tombeau de David, après quoi les franciscains furent chassés et
l'étage transformé en mosquée. L'édifice est actuellement
propriété de l'Etat d'Israël tout en restant régi par par les
autorités musulmanes et la Roi Abdallah en personne. Voici l'homélie
prononcée par le Saint-Père:
"C’est
un beau cadeau que le Seigneur nous fait, en nous permettant de nous
réunir ici pour célébrer l’Eucharistie. En ce lieu Jésus
consomma la dernière Cène avec ses apôtres puis apparut ressuscité
au milieu d’eux, ici l’Esprit Saint descendit sur Marie et sur
les disciples. Ici est née l’Eglise. D'ici elle est sortie avec le
Pain rompu dans les mains, les plaies de Jésus dans les yeux, et
l’Esprit d’amour dans le cœur. Au
Cénacle, Jésus ressuscité, envoyé du Père, communiqua aux
apôtres son Esprit. Et avec sa force, il les envoya renouveler la
face de la terre. Sortir, partir, ne veut pas dire oublier. L’Eglise
a toujours gardée la mémoire de ce qui c'est produit ici. Le
Paraclet lui rappelle chaque parole, chaque geste et en révèle le
sens. Le Cénacle nous rappelle le service,
le lavement des pieds que Jésus a accompli, comme exemple pour ses
disciples. Se laver les pieds les uns les autres signifie
s’accueillir, s’accepter, s’aimer, se servir réciproquement.
Cela veut dire servir le pauvre, le malade, l’exclus. Il nous
rappelle, avec l’Eucharistie, le sacrifice. Dans chaque célébration
eucharistique, Jésus s’offre pour nous au Père, pour que nous
aussi nous puissions nous unir à lui, en offrant à Dieu notre vie,
notre travail, nos joies et nos peines, tout sous forme de sacrifice
spirituel. Le Cénacle nous rappelle l’amitié:
Je ne vous appelle plus serviteurs, dit Jésus aux Douze. Je vous
appelle mes amis. Oui, le Seigneur fait de nous ses amis, il nous
confie la volonté du Père et s'offre lui-même à nous. C’est
cela l’expérience la plus belle du chrétien, et d’une façon
particulière du prêtre, devenir l’ami du Seigneur. Le
Cénacle nous rappelle le départ du Maître et la
promesse de se retrouver avec ses amis: Je reviendrai et je vous
emmènerai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous
aussi. Jésus ne nous laisse pas, il ne nous abandonne jamais, il
nous précède dans la maison du Père et là il veut nous emmener
avec lui.
Mais
le Cénacle rappelle aussi la bassesse, la curiosité, la trahison.
Qui est celui qui trahit? Et cela peut être chacun de nous, pas
seulement et toujours les autres, qui revit ces attitudes, quand nous
regardons avec suffisance le frère, quand nous le jugeons, quand
nous trahissons Jésus par nos péchés. Le Cénacle nous
rappelle le partage, la fraternité, l’harmonie,
la paix entre nous. Que d’amour, que de bien a jailli de ce lieu!
Que de charité est sortie d’ici, comme un fleuve de sa source, qui
au début est un ruisseau, puis s’élargit et devient grand. Tous
les saints ont puisé ici, au grand fleuve de la sainteté de
l’Eglise prend ici sa source... Il nous rappelle enfin la naissance
de la nouvelle famille qu'est l’Eglise, constituée par Jésus
ressuscité. Une famille qui a une mère en la Vierge Marie. Les
familles chrétiennes appartiennent à cette grande famille, et
trouvent en elle lumière et force pour marcher et se renouveler, à
travers les peines et les épreuves de la vie. Tous les enfants de
Dieu de tout peuple et de toute langue, tous frères et enfants de
l’unique Père qui est dans les cieux sont invités et appelés à
faire partie de cette grande famille. C’est
l’horizon du Cénacle, l’horizon du Ressuscité et de l’Eglise.
D’ici est partie l’Eglise, animée par
le souffle vital de l’Esprit. Recueillie en prière avec la mère
de Jésus, elle revit pour toujours l’attente d’une effusion
nouvelle de l’Esprit. Que descende ton Esprit, Seigneur, et qu’il
renouvelle la face de la terre".
Après
la messe, le Pape François et sa suite ont pris l'hélicoptère pour
gagner Tel Aviv où, à 19 h 15' locales l'avion papal a décollé en
direction de Rome, atterrissant à Ciampino à 23 h heure de Rome.
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