Cité
du Vatican, 4 juillet 2015 (VIS). Ce matin à
Castelgandolfo, Benoît XVI a reçu des mains du Cardinal Dziwisz un
doctorat honoris causa décerné par l'Université pontificale
Jean-Paul II de Cracovie et l'Académie musicale de la même ville.
Répondant à l'Archevêque de Cracovie, qui est le Chancelier de
cette université qu'il a créée en 2009, le Pape émérite s'est
adressé à ses hôtes pour évoquer Jean-Paul II, "sans qui mon
parcours spirituel et théologique ne serait même pas imaginable".
Il nous a aussi montré "comment peuvent aller de concert la
grande musique sacrée et la participation à la liturgie avec la
joie solennelle et la simplicité d'une célébration de la foi qui
soit humble... Dans la constitution conciliaire dur la liturgie il
est clairement indiqué qu'il faut conserver et accroître avec grand
soin le patrimoine que représente la musique sacrée. Et le texte de
préciser le caractère fondamental de la participation active des
fidèles à l'action liturgique. Malheureusement ce qui est
clairement uni dans la constitution sur la liturgie s'est souvent
traduit en tensions dramatiques. Certains secteurs influents du
mouvement liturgique estimaient qu'à l'avenir les messes pour choeur
et orchestre ne seraient plus exécutées qu'en concert, et non plus
au sein de la liturgie où n'aurait pris place que le chant et la
prière commune des fidèles. D'autre part, on enregistre un
effarement devant l'appauvrissement culturel de l'Eglise que cela a
naturellement entraîné. Alors, comment concilier les deux
nécessités, comment mettre en application le Concile dans son
intégralité?". Nombreux sont les simples fidèles à se poser
la question, partagée par ceux qui disposent d'une formation
théologique.
Et
puis, s'est demandé Benoît XVI, qu'est donc la musique? D'où
vient-elle, à quoi sert-elle? La première source de la musique est
l'amour. "Lorsque les hommes furent touchés par l'amour
s'ouvrit une nouvelle dimension de leur être, une nouvelle largeur
de leur réalité de vie qui leur permit les nouvelles expressions
que sont la poésie, le chant et le monde de la musique... La seconde
origine de l'expression musicale est née de la tristesse, lorsque
l'être est touché par la mort, la souffrance ou les angoisses de
l'existence, ouvrant de nouvelles dimensions à une réalité qui ne
peut plus trouver de réponse dans la seule parole. Enfin, il y a la
rencontre avec le divin qui, dès le début, fait partie de ce qui
définit l'humain... Ainsi prend place le totalement autre,
d’absolument grand, qui suscitent en l'homme de nouveaux modes de
s'exprimer... Comme pour l'amour et la mort, le mystère divin nous
touche, et c'est cela, être touchés par Dieu, qui constitue
globalement l'origine de la musique. Je trouve émouvant, dans les
psaumes par exemple, que le chant ne suffit plus aux hommes, qui font
appel à des instruments pour réveiller la musique cachée dans la
création, pour libérer son mystérieux langage... Par ailleurs, on
peut dire que la qualité de la musique dépend de la pureté et de
la dimension de la rencontre avec le divin dans l'amour ou la peine.
Plus pure et authentique est l'expérience, plus le sera aussi la
musique qui en naîtra... Certes la musique occidentale dépasse de
beaucoup le cadre religieux et ecclésial, même si sa source
première réside dans la liturgie, dans la rencontre avec Dieu. Dans
Bach , pour qui la gloire de Dieu représente la finalité de son
art, ceci est l'évidence. Le message de la musique occidentale s'est
développé dans cette rencontre avec Dieu, qui dans la liturgie se
rend présent à nous en Jésus-Christ. Pour moi, cette musique est
une démonstration de la vérité du christianisme. Là où se
développe une telle réponse, la rencontre avec la vérité, avec le
créateur du monde est advenue. La grande musique sacrée est pour
cela une réalité de dimension théologique et de sens pour la foi
chrétienne toute entière, même s¡il n'est pas nécessaire qu'elle
soit partout et toujours exécutée. Ceci dit, elle ne saurait
disparaître de la liturgie" où elle assure de manière très
particulière "la participation à la célébration sacrée, au
mystère de la foi. Si on pense aux liturgies célébrées par
Jean-Paul II de par le monde, on constate combien il est possible
d'exprimer la foi...et combien la grande tradition musicale de
l'Occident n'est pas étrangère à la liturgie, mais qu'elle est née
et a grandi en elle afin de l'exprimer" toujours mieux. "Si
nous ignorons l'avenir de notre culture et de la musique sacrée,
il est clair que là où se produit la rencontre réelle avec le Dieu
vivant dans le Christ, là naît et grandit à nouveau cette réponse,
une beauté qui vient de la vérité même".
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