Cité
du Vatican, 17 octobre 2015
(VIS). A l'occasion du 50 anniversaire de l'institution du Synode des
évêques, le Saint-Père a prononcé un discours Salle Paul VI -à
qui l'on doit cette initiative- devant les pères synodaux.
L'introduction a été faite par le Cardinal Lorenzo Baldisseri,
Secrétaire général du Synode, tandis que le rapport commémoratif
a été présenté par le Cardinal Schönborn, Archevêque de Vienne
et président de la Conférence épiscopale d'Autriche. Voici de
larges extraits du discours du Saint-Père qui a rappelé que ce que
le Seigneur nous demande se trouve déjà dans le mot synode, marcher
ensemble:
"Depuis
le Concile Vatican II à l'actuelle assemblée synodale sur la
famille, nous avons expérimenté toujours plus intensément la
nécessité et la beauté de marcher ensemble... Nous devons
poursuivre sur cette route. Le monde dans lequel nous vivons et que
nous sommes appelés à aimer et servir même dans ses
contradictions, exige de l'Eglise le développement de ses synergies
dans tous les milieux de sa mission... Dans l'exhortation apostolique
Evangelii Gaudium, j'ai souligné...que chaque baptisé, quels que
soient sa fonction dans l'Eglise et le degré d'instruction de sa
foi, est un sujet actif d'évangélisation, et il serait inadéquat
de penser à un schéma d'évangélisation utilisé pour des acteurs
qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné
à bénéficier de leurs actions... Cette conviction m'a déjà guidé
quand j'ai souhaité que le Peuple de Dieu soit consulté dans la
préparation du double rendez-vous synodal sur la famille... Comment
serait-il possible de parler de la famille sans interpeller les
familles, sans écouter leurs joies et leurs espérances, leurs
douleurs et leurs angoisses? Une Eglise synodale est une Eglise de
l'écoute, bien conscients qu'écouter est plus qu'entendre. C'est
une écoute réciproque où chacun a quelque chose à apprendre.
Peuple fidèle, collège épiscopal, Evêque de Rome: l'un à
l'écoute des autres, et tous à l'écoute de l'Esprit Saint,
l'Esprit de la vérité... La synodalité, comme dimension
constitutive de l'Eglise, nous offre le cadre interprétatif le plus
adéquat pour comprendre le ministère hiérarchique...en soi,
personne ne peut être élevé au-dessus des autres. Au contraire,
dans l'Eglise, il faut que chacun s'abaisse pour se mettre au service
des frères sur le chemin. Jésus a constitué l'Eglise en mettant à
son sommet le Collège apostolique, dans lequel l'apôtre Pierre est
la roche, celui qui doit confirmer ses frères dans la foi. Mais,
dans cette Eglise, comme dans une pyramide retournée, le sommet se
trouve être la base. C'est pourquoi ceux qui exercent l'autorité
s'appellent ministres, parce que selon la signification originaire du
mot, ce sont les plus petits entre tous. Dans une Eglise synodale, le
Synode des évêques est seulement la manifestation la plus évidente
d'un dynamisme de communion qui inspire toutes les décisions
ecclésiales. Le premier niveau d'exercice de la synodalité se
réalise dans les Eglises particulières... Le Code de droit
canonique consacre une grande place à ceux que l'on a coutume
d'appeler les organismes de communion de l'Eglise particulière...
Ces instruments, qui avancent parfois avec difficulté, doivent être
valorisés comme occasion d'écoute et de partage. Le deuxième
niveau est celui des provinces et des régions ecclésiastiques, des
conciles particuliers et de façon spéciale des Conférences
épiscopales... Dans une Eglise synodale, comme je l'ai déjà dit,
il n'est pas opportun que le Pape remplace les épiscopats locaux
dans le discernement de toutes les problématiques qui se posent sur
leurs territoires. En ce sens, je pense qu'il devient nécessaire de
procéder à une salutaire décentralisation. Le dernier niveau est
celui de l'Eglise universelle. Ici, le Synode des évêques,
représentant l'épiscopat catholique, devient l'expression de la
collégialité épiscopale à l'intérieur d'une Eglise toute
synodale".
"Je
suis convaincu que dans une Eglise synodale, l'exercice du primat
pétrinien recevra aussi un meilleur éclairage. Le Pape n'est pas
seul, au-dessus de l'Eglise, mais au-dedans d'elle comme baptisé
entre les baptisés et dans le Collège épiscopal comme évêque
parmi les évêques, appelé en même temps, comme Successeur de
l'apostolat de Pierre, à guider l'Eglise de Rome qui préside dans
l'amour toutes les Eglises. Alors que je rappelle la nécessité et
l'urgence de penser à une conversion de la papauté...je suis
convaincu à ce sujet d'avoir une responsabilité particulière,
constatant l'aspiration œcuménique de la majeure partie des
communautés chrétiennes et écoutant la question qui m'est posée
de trouver une forme d'exercice de la primauté qui, bien que ne
renonçant en aucune façon à l'essentiel de sa mission, s'ouvre à
une situation nouvelle... Notre regard doit s'élargir à l'humanité.
Une Eglise synodale est comme un étendard levé pour les nations,
dans un monde qui, bien qu'invoquant la participation, la solidarité
et la transparence dans l'administration de la chose publique, remet
souvent le destin de populations entières dans les mains avides de
quelques groupes de pouvoir. Comme Eglise qui marche ensemble avec
les hommes et participe aux tourments de l'histoire, nous cultivons
le rêve que la redécouverte de la dignité inviolable des peuples
et de la fonction de service de l'autorité pourront aussi aider la
société civile à se construire dans la justice et la fraternité,
générant un monde plus beau et plus digne de l'homme pour les
générations qui viendront après nous".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire