Cité
du Vatican, 18 octobre 2015 (VIS). Place St.Pierre ce matin, le Pape
a présidé la messe solennelle au cours de laquelle il a procédé à
la canonisation du bienheureux Vincenzo Grossi, prêtre diocésain
italien fondateur des Filles de l'Oratoire, de la bienheureuse Marie
de l'Immaculée (María Isabel Salvat Romer), religieuse espagnole
supérieure des Soeurs de la Croix, et des époux Louis et Zélie
Martin, les parents de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. En voici
l'homélie:"
Les
lectures bibliques nous présentent aujourd’hui le thème du
service et nous appellent à suivre Jésus sur le chemin de
l’humilité et de la Croix. Le prophète Isaïe décrit la figure
du Serviteur du Seigneur et sa mission de salut. Il s’agit d’un
personnage qui ne se vante pas de généalogies illustres, il est
méprisé, évité par tous, expert en souffrance. Quelqu’un à qui
on n’attribue pas d’entreprises grandioses, ni de discours
célèbres, mais qui mène à son accomplissement le plan de Dieu à
travers une présence humble et silencieuse et à travers sa propre
souffrance. Sa mission, en effet, se réalise au moyen de la
souffrance, qui lui permet de comprendre ceux qui souffrent, de
porter le fardeau des fautes d’autrui et de les expier. L’exclusion
et la souffrance du Serviteur du Seigneur, prolongées jusqu’à la
mort, se révèlent féconde au point de racheter et de sauver les
multitudes. Jésus est le Serviteur du Seigneur. Sa vie et sa mort,
entièrement dans la forme du service, ont été cause de notre salut
et de la réconciliation de l’humanité avec Dieu. Le Kérygme,
cœur de l’Evangile, atteste que dans sa mort et sa résurrection
se sont accomplies les prophéties du Serviteur du Seigneur. Le récit
de Marc décrit la scène de Jésus aux prises avec les disciples
Jacques et Jean, qui, soutenus par leur mère, voulaient s’asseoir
à sa droite et à sa gauche dans le Royaume, revendiquant des places
d’honneur, selon leur vision hiérarchique du royaume même. La
perspective dans laquelle ils se placent se révèle encore polluée
par des rêves de réalisation terrestre. Jésus alors donne une
première secousse à ces convictions des disciples rappelant son
chemin sur cette terre: La coupe que je vais boire, vous la boire.
Quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi
de l’accorder. Il y a ceux pour qui cela a été préparé. Avec
l’image de la coupe, il assure aux deux la possibilité d’être
associés jusqu’au bout à son destin de souffrance, sans toutefois
garantir les places d’honneur ambitionnées. Sa réponse est une
invitation à le suivre sur le chemin de l’amour et du service,
repoussant la tentation mondaine de vouloir exceller et commander aux
autres".
"Devant
des gens qui intriguent pour obtenir le pouvoir et le succès, pour
se faire voir, devant des gens qui veulent que leurs mérites
personnels, leurs œuvres personnelles soient reconnus, les disciples
sont appelés à faire le contraire. Il les avertit donc: Vous le
savez, ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent
en maîtres, les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il
ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur. Avec ces paroles, il indique le service comme
style de l’autorité dans la communauté chrétienne. Celui qui
sert les autres et est réellement sans prestige exerce la véritable
autorité dans l’Eglise. Jésus nous invite à changer de mentalité
et à passer de la convoitise du pouvoir à la joie de disparaître
et de servir, à extirper l’instinct de domination sur les autres
et à exercer la vertu de l’humilité. Et après avoir présenté
un modèle à ne pas imiter, il s’offre lui-même comme idéal
auquel se référer. Dans l’attitude du Maître, la communauté
trouvera la motivation de la nouvelle perspective de vie: Car le Fils
de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et
donner sa vie en rançon pour la multitude. Dans la tradition
biblique, le Fils de l’Homme est celui qui reçoit de Dieu
domination, gloire et royauté. Jésus remplit d’un nouveau sens
cette image et précise qu’il a le pouvoir en tant que serviteur,
la gloire en tant que capable d’abaissement, l’autorité royale
en tant que disponibilité au don total de sa vie. C’est en effet,
par sa passion et sa mort qu’il conquiert la dernière place,
atteint le maximum de grandeur dans le service, et en fait don à son
Eglise".
"Il
y a incompatibilité entre une manière de concevoir le pouvoir selon
des critères mondains et l’humble service qui devrait caractériser
l’autorité selon l’enseignement et l’exemple de Jésus.
Incompatibilité entre ambitions, arrivismes et suite du Christ,
incompatibilité entre honneurs, succès, réputation, triomphes
terrestres et la logique du Christ crucifié. Il y a au contraire
compatibilité entre Jésus expert en souffrance et notre souffrance.
La Lettre aux Hébreux, qui présente le Christ comme le souverain
prêtre qui partage en tout notre condition humaine, excepté le
péché, nous le rappelle: Nous n’avons pas un grand prêtre
incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre
éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché.
Jésus exerce essentiellement un sacerdoce de miséricorde et de
compassion. Il a fait l’expérience directe de nos difficultés, il
connaît de l’intérieur notre condition humaine. Ne pas avoir fait
l’expérience du péché ne l’empêche pas de comprendre les
pécheurs. Sa gloire n’est pas celle de l’ambition ou de la soif
du pouvoir, mais c’est la gloire d’aimer les hommes, d’assumer
et de partager leur faiblesse et de leur offrir la grâce qui guérit,
de les accompagner avec une infinie tendresse, de les accompagner sur
leur chemin de souffrance. Chacun de nous, en tant que baptisé,
participe pour la part qui lui est propre au sacerdoce du Christ, les
fidèles laïcs au sacerdoce commun, les prêtres au sacerdoce
ministériel. Tous nous pouvons donc recevoir la charité qui émane
de son Cœur ouvert aussi bien pour nous-mêmes que pour les autres.
En devenant des canaux de son amour, de sa compassion, spécialement
envers tous ceux qui sont dans la douleur, dans l’angoisse, dans le
découragement et dans la solitude".
"Ceux
qui aujourd’hui ont été proclamés saints ont constamment servi
leurs frères avec une humilité et une charité extraordinaires,
imitant ainsi le divin Maître. Saint Vincenzo Grossi a été un curé
plein de zèle, toujours attentif aux besoins de ses gens,
spécialement aux fragilités des jeunes. Pour tous, il rompait avec
ardeur le pain de la Parole et il est devenu un bon samaritain pour
les plus nécessiteux. Sainte Marie de l’Immaculée, en puisant
aux sources de la prière et de la contemplation, a vécu en personne
dans une grande humilité le service des derniers, avec une attention
particulière aux enfants des pauvres et aux malades. Les saints
époux Louis et Zélie Martin ont vécu le service chrétien dans la
famille, construisant jour après jour une atmosphère pleine de foi
et d’amour, et dans ce climat ont germé les vocations de leurs
filles, parmi lesquelles sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Puisse le témoignage lumineux de ces nouveaux saints nous pousser à
persévérer sur la route du service joyeux des frères, confiant
dans l’aide de Dieu et dans la protection maternelle de Marie. Du
ciel qu’ils veillent maintenant sur nous et nous soutiennent de
leur puissante intercession!".
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