Cité
du Vatican, 21 octobre (VIS). Hier et lundi, les pères synodaux ont
discutés au sein des groupes de travail linguistiques la partie de
l'Instrumentum Laboris traitant notamment de la situation des
familles en situation irrégulière, de l'admission à la communion
des divorcés remariés, l'accompagnement des homosexuels et la
paternité responsable.
Les
Circuli Minores ont analysé les besoins particuliers des familles en
situation irrégulière ou délicate, reconnaissant selon le groupe
anglophone présidé par Mgr.Mark Benedict Coleridge (Australie) que
les personnes qui cohabitent sont dans une situation différente des
divorcés remariés civilement. Tout en affirmant que la pratique du
vivre ensemble, si répandue dans de nombreuses cultures
contemporaines ne peut être considérée comme un bien en soi, on
doit reconnaître qu'il peut y avoir le bien parmi ceux qui vivent en
couple hors mariage.
Nous
savons, a établi le groupe francophone présidé par Mgr.Laurent
Ulrich (France), "qu'il existe tant d'autres familles qui
s'estiment souvent elles-mêmes éloignées de cet idéal, et
d'autres qui ne pensent même pas qu'il soit peu ou prou fait pour
elles. Familles divisées, familles recomposées, familles
monoparentales, familles sans mariage même civil. Ces familles
réelles nous ne pouvons pas les tenir à l'écart, nous ne voulons
pas penser que leur chemin ne les rapproche pas du Dieu, qui aime et
attire à lui tous les hommes. Nous croyons qu'en elles vit l'Esprit
du Seigneur qui inspire bien des comportements de leur vie. Cela ne
retire rien aux familles chrétiennes que nous soutenons et
encourageons".
"En
ce qui concerne les divorcés remariés civilement, il est
généralement convenu que nous devons fournir pastorale plus
efficace à ces couples. Avec leurs enfants, il ont des droits".
Les groupes anglophone et italianophone sont par contre perplexes sur
ce que l'Instrumentum Laboris appelle "chemin pénitentiel"
pour les divorcés remariés. ''Sur la question de l'accompagnement,
nous sommes tous d'accord, mais que faire lorsqu'il s'agit de l'accès
aux sacrements?". Le groupe hispanophone B présidé par
Mgr.Balthazar Enrique Porras Cardozo (Venezuela) se dit certain de la
nécessité d'éliminer de nombreux obstacles opposés aux divorcés
remariés, afin qu'ils puissent participer plus largement à la vie
de l'Eglise. Actuellement ils ne peut pas être parrains ou
catéchistes... Nous devons montrer que nous avons entendu l'appel de
tant de personnes qui souffrent d'être exclus de la vie de
l'Eglise''.
''Quant
à la discipline relative aux divorcés remariés, il est encore
impossible d'établir des critères valables pour tous les cas,
parfois très différents les uns des autres". Le groupe
italianophone présidé par le Cardinal Mauro Piacenza (Saint-Siège)
estime aussi qu'il existe "des divorcés remariés s'appliquant
à vivre selon l'Evangile. Ils offrent des exemples de la charité...
Certes on ne peut nier que, dans certaines circonstances, les
facteurs limitant la capacité d'agir sont envisagés de différentes
manières. En conséquence, le jugement d'une situation objective ne
saurait devenir un jugement subjectif sur la responsabilité. Les
limites et les contraintes sont alors un appel au discernement,
respectueux de la complexité de ces situations, tout
particulièrement pour l'évêque''.
Mais
le groupe anglophone A (Mgr.Kurtz) estime que la pratique pastorale
relative à la réception du sacrement de l'Eucharistie par les
divorcés remariés ne devrait pas être laissée aux conférences
épiscopales. Cela nuirait à l'unité de l'Eglise catholique, à la
compréhension du sacrement et au témoignage de la vie des
fidèles''.
En
attendant, le groupe anglophone B dont le Rapporteur est Mgr Diarmuid
Martin (Irlande), "compte tenu de la richesse du matériel
produit au cours des travaux synodaux", demande au Pape
d'envisager ''la mise en place au cours de l'Année jubilaire de la
Miséricorde d'une commission spéciale chargé d'étudier à fond
les mesures disciplinaires de l'Eglise en matière d'indissolubilité
du mariage, afin de les rendre applicables à la situation des
personnes en unions irrégulières, y compris aux situations
résultant de la pratique de la polygamie.'' Sur la problématique,
de nombreuses références ont été faites à l'encyclique de
Jean-Paul II Familiaris Consortio.
La
condition des homosexuels du point de vue familial a été abordée
par le groupe anglais C (Mgr.Coleridge), qui a insisté pour que les
pasteurs cherchent à comprendre la réalité de la vie des
personnes, sans traiter de questions abstraites. Ses membres ont
également demandé que le document final du Synode puisse inclure
une déclaration nette quant à l'enseignement de l'Eglise sur le
fait que les unions homosexuelles ne sont nullement équivalentes au
mariage. Sur le même sujet le groupe A a rappelé que, ''comme
épouse du Christ, l'Eglise suit les traces de son Seigneur, dont
l'amour universel est offert à tous sans exception. Les parents et
les frères et sœurs des membres de la famille ayant des tendances
homosexuelles sont appelés à être compris, aimés et acceptés.
Certains pères synodaux ont toutefois suggéré que l'argument soit
éliminé de la discussion du Synode sur la famille, car son
importance mériterait un synode spécifique.
La
question de la paternité responsable et la responsabilité
générative a fait l'objet d'échanges fructueux. Elle est considéré
à l'heure actuelle d'une grande importance pour le respect de la
dignité humaine et de la vie. Les groupes ont également abordé les
mariages mixtes et la disparité de culte dans le couple, estimant
qu'il faudrait rechercher des approches pastorales défendant les
femmes et les enfants dans des conditions de fragilité.
Sur
la méthodologie du Synode, le groupe de langue française dont le
rapporteur est Mgr.Paul-André Durocher (Canada) a déclaré: ''Comme
des agronomes qui discutent de diverses méthodes d’approvisionnement
en eau, nous avons discuté de la méthode de ce synode. Est-elle
bien ajustée à sa finalité? Nous déployons une somme énorme
d’énergie, à tous les points de vue. Des gens sont épuisés à
force de travailler. Le résultat en vaudra-t-il la chandelle?
Peut-être aurions-nous pu identifier quelques questions spécifiques
à étudier entre les deux synodes, et nous donner plus de temps pour
les étudier? Faudra-t-il confier à des commissions pontificales le
travail que nous espérions faire?.... Il n’en reste pas moins que
nous avons beaucoup apprécié le temps accru qui nous a été
accordé en petits groupes. De nos échanges se dégage très
fortement le ministère de communion qui est le nôtre à titre
d’évêques".
Le
groupe italianophone B a pour sa part conclu que la miséricorde
s'est manifesté durant le Synode, en interpellant le ministère
pastoral des pères, conscients de ce que le mystère de
l'Incarnation exprime pleinement la volonté salvifique de Dieu.
"Cette détermination divine a également été confiée à
notre mission et à l'administration des sacrements, lesquelles
trouvent leur juste herméneutique dans un appel à la conversion,
aiguillon pour notre salut''.
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