Cité
du Vatican, 17 février 2016 (VIS). Hier à 16 h locales, le Pape est
arrivé au stade de Morelia, où il s'est adressé à 50.000 jeunes
après avoir entendu plusieurs de leurs témoignages quant à leur
vie et leurs perspectives. Après avoir de nouveau salué la
vitalité, la joie et l’esprit festif du peuple mexicain, il a
déclaré qu’un des plus grands trésors de cette terre a un visage
jeune. La jeunesse est la première richesse du Mexique:
"On
ne peut pas vivre l’espérance, sentir l’avenir si on ne parvient
pas d’abord à se valoriser, si on ne parvient pas à sentir que sa
vie, ses mains, son histoire en valent la peine. L’espérance naît
lorsque l’on peut expérimenter que tout n’est pas perdu. Et pour
cela, il faut faire l’effort de commencer par chez-soi, de
commencer par soi-même. Tout n’est pas perdu. Je ne suis pas
perdu, je vaux, et je vaux beaucoup. La principale menace contre
l’espérance, ce sont les discours qui te dévalorisent, qui te
font sentir être de seconde catégorie. La principale menace contre
l’espérance, c’est quand tu sens que tu ne comptes pour personne
ou que tu es laissé de côté. La principale menace contre
l’espérance, c’est quand tu sens que cela revient au même que
tu sois là ou non. Cela tue, cela nous anéantit, et constitue la
porte d’entrée à tant de souffrance. La principale menace contre
l’espérance, c’est de se faire croire que l'on commence à avoir
de la valeur quand on revêt des habits de marque, dernier cri, ou
bien quand on devient célèbre, important parce qu'on a de l’argent.
Mais au fond, le cœur ne croit pas que tu es digne d’affection,
digne d’amour. La principale menace, c’est quand quelqu’un sent
qu’il doit avoir de l’argent pour tout acheter, même l’affection
des autres. La principale menace, c’est de croire qu’avoir une
grosse voiture te rend heureux".
Vous
les jeunes "êtes la richesse du Mexique, vous êtes la richesse
de l’Eglise. Je comprends que, souvent, il devient difficile de
sentir qu’on est une richesse quand nous voyons des amis ou des
proches continuellement exposés à se perdre à cause du
narcotrafic, des drogues, des organisations criminelles qui sèment
la terreur. Il est difficile de sentir qu’on est la richesse d’une
nation quand on n’a pas d’opportunités de travail digne, de
possibilités d’études et de formation, quand on ne sent pas que
vous sont reconnus les droits qui finissent par vous pousser dans des
situations limites. Il est difficile de sentir qu’on est la
richesse d’un milieu quand, parce que vous êtes jeunes, on vous
utilise à des fins mesquines, en vous séduisant par des promesses
qui en fin de compte ne sont pas vraies. Ne croyez pas que je le dise
pour vous faire plaisir... Je vous le dis, et j’en suis convaincu,
savez-vous pourquoi? Parce que, comme vous, je crois en Jésus-Christ.
Et c’est lui qui renouvelle continuellement en moi l’espérance,
qui renouvelle continuellement mon regard et m’invite à convertir
mon cœur. Oui, je vous le dis parce que, en Jésus, j’ai trouvé
Celui qui est capable d’éveiller le meilleur de moi-même. Et
c’est grâce à lui que nous pouvons faire du chemin, c’est grâce
à lui que sans cesse nous pouvons recommencer, c’est grâce à lui
que nous pouvons nous encourager à dire: Ce n’est pas vrai que la
seule manière de vivre, de pouvoir être jeune, c’est de remettre
sa vie entre les mains du narcotrafic ou de tous ceux qui ne font que
semer la destruction et la mort. C’est grâce à lui que nous
pouvons dire qu’il n’est pas vrai que la seule manière dont
doivent vivre les jeunes ici, c’est dans la pauvreté et dans la
marginalisation, dans la marginalisation quant aux opportunités,
dans la marginalisation quant aux espaces, dans la marginalisation
quant à la formation et à l’éducation, dans la marginalisation
quant à l’espérance. Jésus-Christ est celui qui dément toutes
les tentatives de vous rendre inutiles, ou simples mercenaires des
ambitions d’autrui".
"Vous
m’avez demandé une parole d’espérance, celle que je peux vous
donner s’appelle Jésus-Christ. Quand tout paraîtra difficile,
quand il semblera que le monde s’effondre, embrassez sa croix,
embrassez-le et, s’il vous plaît, ne lâchez jamais sa main, s’il
vous plaît, ne vous détournez jamais de lui. Car, grâce à lui, il
est possible de vivre à fond, grâce à lui il est possible de
croire qu’il vaut la peine de donner le meilleur de soi-même,
d’être ferment, sel et lumière au milieu de ses amis, de son
quartier, de sa communauté. C’est pourquoi, chers amis, je vous
demande de ne pas permettre qu’on vous arrache de la main de Jésus,
de ne pas vous laisser dévaloriser, de ne pas vous laisser traiter
comme de la marchandise. Certes, il est possible que vous n’ayez
pas la dernière voiture à la porte, que vous n’ayez pas les
poches pleines d’argent, mais vous aurez une chose que personne ne
pourra jamais vous arracher: L’expérience de vous sentir aimés,
embrassés et accompagnés. C’est l’expérience de se sentir une
famille, de se sentir une communauté. Aujourd’hui le Seigneur
continue à vous appeler, il continue à vous convoquer, comme il le
fit avec Juan Diego. Il vous invite à construire un sanctuaire. Un
sanctuaire qui n’est pas un lieu matériel, mais une communauté,
un sanctuaire appelé paroisse, un sanctuaire appelé nation. La
communauté, la famille, le fait de se sentir citoyen est l’un des
principaux antidotes contre tout ce qui nous menace, parce que cela
nous permet de nous sentir membre de cette grande famille de Dieu.
Non pas pour nous isoler, non pas pour nous enfermer, au contraire,
pour sortir inviter les autres, pour sortir annoncer aux autres
qu’être jeune au Mexique est la plus grande richesse et que, par
conséquent, celle-ci ne peut pas être sacrifiée. Jésus ne nous
invite pas à être des mercenaires, mais il nous appelle disciples.
Il ne nous enverrait jamais à l’abattoir. Tout en lui est une
invitation à la vie. Une vie en famille, une vie en communauté, une
famille et une communauté en faveur de la société. Vous êtes la
richesse de ce pays, et quand vous en doutez, regardez Jésus-Christ,
lui qui vous protège des tentatives de vous rendre inutiles, ou de
vous transformer en simples mercenaires des ambitions d’autrui".
Ayant
regagné l'aéroport de la ville, le Saint-Père est rentré Mexico
où il est arrivé à peu après 19 h 30' locales. Il était 2 h
30' à Rome aujourd'hui.
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