Cité
du Vatican, 16 février 2016 (VIS). Après la visite de la cathédrale
de San Cristóbal de las Casas, le Saint-Père a regagné par
hélicoptère Tuxtla Gutiérrez pour une rencontre avec les familles
dans le stade municipal. L'événement s'est ouvert par des
témoignages de couples, dont un de divorcés remariés, et un d'une
mère seule. Voici le discours adressé par le Pape François aux
familles mexicaines:
Tout
d'abord, "je veux rendre grâce pour me trouver au Chiapas. Il
est bon de se trouver sur ce sol, sur cette terre, en ce lieu qui a
un goût de famille, de foyer. Je rends grâce à Dieu pour vos
visages et votre présence, je rends grâce à Dieu pour son
émouvante présence dans vos familles. Merci également à vous,
familles et amis, qui nous avez offert vos témoignages, qui nous
avez ouvert les portes de vos maisons et de vos vies. Vous nous avez
permis de venir partager le pain qui vous nourrit, et la sueur face
aux difficultés quotidiennes. Le pain des joies, de l’espérance,
des rêves et la sueur face aux amertumes, face à la désillusion et
aux chutes. Merci de nous permettre d’accéder à vos familles, à
votre table, à votre foyer". Puis il a répondu aux questions
d'un intervenant, convenant qu'il est nécessaire de mettre en tout
de l’enthousiasme, en famille, dans les rapports sociaux. C’est,
je crois, ce que l’Esprit veut toujours faire au milieu de nous. Il
veut nous donner de l’enthousiasme, nous faire don de raisons de
continuer à risquer, à rêver, et à construire une vie qui ait un
goût de foyer, de famille. C’est ce que le Père a toujours rêvé
et ce pour quoi depuis longtemps il a lutté. Lorsque tout semblait
perdu, cet après-midi-là, au jardin d’Eden, Dieu a suscité
l’enthousiasme chez ce jeune couple et lui a dit que tout n’était
pas perdu. Lorsque le peuple d’Israël sentait qu’il n’en
pouvait plus sur le chemin à travers le désert, Dieu lui a donné
de l’enthousiasme par la manne. Lorsqu’est arrivée la plénitude
des temps, Dieu a donné pour toujours de l’enthousiasme à
l’humanité en nous envoyant son Fils. De la même manière, nous
tous ici présents, nous avons fait cette expérience, à bien des
moments et sous diverse formes, Dieu le Père a donné de
l’enthousiasme à notre vie".
Pourquoi?
"Parce qu’il ne sait pas faire autrement. Il sait nous donner
de l’enthousiasme parce que son nom est amour, son nom est don, son
nom est don de soi, son nom est miséricorde. Il nous l’a manifesté
avec force et clarté en Jésus, son Fils qui a tout donné jusqu’à
l’extrême pour rendre possible le Royaume de Dieu. C'est un
royaume qui nous invite à entrer dans cette nouvelle logique, qui
suscite une dynamique capable d’ouvrir les cieux, capable d’ouvrir
nos cœurs, nos esprits, nos mains et de nous stimuler par de
nouveaux horizons. Un royaume qui sait ce qu’est la famille, qui
sait ce qu’est la vie partagée. En Jésus et avec Jésus, ce
royaume est possible. Il est capable de transformer nos regards, nos
attitudes, nos sentiments souvent fades en vin de fête. Il est
capable de guérir nos cœurs et de nous inviter sans cesse,
soixante-dix fois sept fois à recommencer. Il est capable de
toujours renouveler toute chose". Oui, a poursuivi le Pape, il
faut prier pour les "nombreux adolescents découragés et
en situations difficiles, les nombreux adolescents démoralisés,
sans force ni enthousiasme". Et à propos d'un autre témoignage
parlant de la difficulté du combat à cause de la précarité et de
la solitude, il a ajouté: "La précarité, la pénurie, le
manque fréquent du minimum peuvent nous désespérer, peuvent nous
faire sentir une forte angoisse, puisque nous ne savons comment faire
pour aller de l’avant et d’autant plus que nous avons des enfants
à notre charge. La précarité non seulement menace l’estomac,
mais elle peut aussi menacer l’âme, elle peut démotiver, ôter la
force et tenter avec des parcours ou des alternatives de solution
apparente mais qui, en définitive, ne résolvent rien. Il existe une
précarité qui peut être très dangereuse, qui peut se coller à
nous sans que nous ne nous en rendions compte, c’est la précarité
qui naît de la solitude et de l’isolement. Et l’isolement est
toujours mauvais conseiller... La manière de combattre cette
précarité et cet isolement, qui nous rendent vulnérables à tant
de solutions apparentes, doit se situer à différents niveaux. D’une
part, les législations, qui protègent et garantissent le minimum
nécessaire pour que chaque famille et pour que chaque personne
puisse se développer par la formation et un travail digne,
représentent un niveau".
Ainsi
est-il juste de "chercher les diverses façons de communiquer
l’amour de Dieu... Des lois et un engagement personnel sont un bon
binôme pour rompre la spirale de la précarité. On voit souvent de
nos jours...comment la famille est affaiblie, remise en question.
Comment on croit que c’est un modèle déjà dépassé et n’ayant
plus de place dans nos sociétés qui, avec la prétention de la
modernité, offrent toujours davantage un modèle fondé sur
l’isolement. Certes, vivre en famille n’est pas toujours facile,
bien des fois c’est douloureux et fatiguant mais ce que j’ai dit
plus d’une fois de l’Eglise peut être appliqué à la famille:
Préférons une famille blessée qui essaie tous les jours de vivre
l’amour, à une société malade de l’enfermement et de la
facilité de la peur d’aimer. Je préfère une famille qui
s'applique à recommencer, à une société narcissique et obnubilée
par le luxe et le confort. Je préfère une famille au visage épuisé
par le don de soi, aux visages maquillés qui n’ont pas su ce
qu’est la tendresse et la compassion. Vous m’avez demandé de
prier pour vous et je voudrais commencer à le faire maintenant, avec
vous. Chers mexicains, vous avez un atout, un avantage. Vous avez une
mère, la Guadalupana, qui a voulu visiter cette terre. Cela nous
donne la certitude de bénéficier de son intercession pour que le
rêve qu'est la famille ne se perde pas à cause de la précarité et
de la solitude. Marie est toujours prête à défendre nos familles,
notre avenir, elle est toujours prête à mettre de l’enthousiasme,
en nous donnant à son Fils. Voilà pourquoi je vous invite à nous
tenir par les mains et à réciter ensemble le Je vous salue Marie".
En
début de soirée, l'avion papal est reparti pour Mexico, d'où le
Saint-Père est parti pour Morelia. Là il célébrera une messe avec
le clergé et les séminaristes, les religieux et les consacrés,
puis rencontrera le monde universitaire, des représentants d'autres
confessions chrétiennes, et enfin la jeunesse locale avant de
rentrer dans la capitale.
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