Cité
du Vatican, 14 février 2016 (VIS). La journée du Pape s'est conclue
hier par la célébration d'une messe en la Basilique de Notre-Dame
de Guadalupe, le sanctuaire marial principal du Mexique, et le plus
grand au monde, où viennent chaque année plus de vingt millions de
pèlerins. Selon la tradition il se dresse sur le lieu des cinq
apparitions (entre le 9 et le 12 décembre 1531) de la Vierge à
l'indien Juan Diego, qui, avec son oncle Juan Bernardino, était un
des premiers
convertis
indigènes. le nom Guadalupe vient de la déformation du mot indien
Coatlaxopeuh (vainqueur du serpent). La Vierge de Guadalupe a été
déclarée Patronne du Mexique en 1737, Patronne et Impératrice des
Amériques en 1910 et des Philippines en 1935. L'image miraculeuse de
la Vierge conservée dans le sanctuaire est imprimée sur la tunique
de Juan Diego. La nouvelle basilique, ayant remplacé l'ancienne en
1976, peut contenir 12.000 personnes, tandis que l'esplanade
extérieure peut en accueillir 30.000. L'église du XVII siècle, qui
s'était effondrée, est en restauration.
Le
Saint-Père a parcouru en papamobile les seize kilomètres entre la
capitale mexicaine et la colline de Tepeyac, où se dresse le
sanctuaire. Arrivé à 16 h 45' locales (23 h 45' heure de Rome) à
l'ancienne église du Christ-Roi, d'où il a gagné en procession à
la nouvelle basilique. Il y a présidé une messe concélébrée en
présence de plus de 35.000 fidèles. En voici l'importante homélie:
Evoquant
la lecture du jour et la visite de Marie à
Elisabeth, le Pape souligne combien malgré l'annonce de l'ange, elle
se précipite au chevet de sa cousine. "C ette rencontre
a ravivé et suscité une attitude pour laquelle Marie est et sera
reconnue comme la femme du oui, un oui du don d’elle-même à Dieu,
et en en même temps, un oui du don à ses frères. C’est le oui
qui l’a poussée à donner le meilleur en se mettant en route vers
les autres. Ecouter ce passage évangélique dans cette maison
mariale a une saveur spéciale. Marie, la femme du oui, a voulu
également visiter les habitants de cette terre d’Amérique à
travers la personne de l’indien saint Juan Diego. Tout comme elle a
parcouru les routes de Judée et de Galilée, de la même manière,
elle a sillonné le Tepeyac, revêtant ses costumes, utilisant sa
langue, pour servir cette grand peuple. Et tout comme elle a offert
sa compagnie durant la grossesse d’Elisabeth, de même elle a
accompagné et accompagne la gestation de cette terre mexicaine
bénie. Tout comme elle s’est fait présente à Juan, de la même
manière, elle continue d’être présente à nous tous, surtout à
ceux qui, comme lui, sentent qu’ils ne valaient rien. Ce choix
particulier, disons préférentiel, n’a été contre personne mais
en faveur de tous... Ce matin de décembre 1531, se produisait le
premier miracle qui sera ensuite la mémoire vivante de tout ce que
sanctuaire protège. Ce matin-là, lors de cette rencontre, Dieu a
éveillé l’espérance de Juan, l’espérance d’un peuple. Ce
matin, Dieu a réveillé et réveille l’espérance des petits, des
souffrants, des déplacés et des marginalisés, de tous ceux qui
sentent qu’ils n’ont pas une place digne sur cette terre. Ce
matin, Dieu s’est approché et s’approche du cœur souffrant mais
endurant de tant de mères, pères, grands-parents, qui ont vu leurs
enfants partir, se perdre, voire être arrachés de manière
criminelle. Ce matin-là, Juan expérimente dans sa propre vie ce
qu’est l’espérance, ce qu’est la miséricorde de Dieu. Il est
choisi pour superviser, soigner, protéger et encourager la
construction de ce Sanctuaire. A plusieurs occasions, il a dit à la
Vierge qu’il n’était pas la personne indiquée, qu’au
contraire, si elle voulait mener à bien cette œuvre, elle devrait
choisir d’autres personnes, puisqu’il n’était pas cultivé,
instruit ou qu’il ne faisait pas partie de ceux qui pouvaient le
faire. Marie, obstinée de cette obstination qui naît du cœur
miséricordieux du Père, lui dit non, qu’il sera, lui, son
ambassadeur. Ainsi, elle réussit à éveiller une chose qu’il ne
savait pas exprimer, un vrai étendard d’amour et de justice dans
la construction de cet autre sanctuaire, celui de la vie, celui de
nos communautés, de nos sociétés et de nos cultures, personne ne
peut être marginalisé. Nous sommes tous nécessaires, surtout ceux
qui normalement ne comptent pas parce qu’ils ne sont pas à la
hauteur des circonstances ou parce qu’ils n’apportent pas le
capital nécessaire aux travaux. Le sanctuaire de Dieu est la vie de
ses enfants, de tous et dans toutes leurs conditions, surtout celle
des jeunes sans avenir, exposés à d’interminables situations
douloureuses, risquées, et celle des personnes âgées non
reconnues, oubliées à tant d’endroits. Le sanctuaire de Dieu, ce
sont nos familles qui ont besoin du minimum nécessaire pour pouvoir
se construire et grandir. Le sanctuaire de Dieu, c’est le visage de
tant de personnes qui croisent nos chemins". Ici, "il peut
nous arriver la même chose qu’à Juan Diego. Regarder la Mère
avec nos douleurs, nos peurs, nos désespoirs, nos tristesses et lui
dire: Que puis-je apporter, moi, si je ne suis pas instruit?".
"Je
crois qu’aujourd’hui un peu de silence nous fera du bien, tout
comme regarder la Guadalupe, la regarder longuement et calmement, et
lui dire comme l’a fait l’autre enfant qui l’aimait beaucoup:
Te
regarder simplement, Mère,
laisser
ouvert uniquement le regard.
Te
regarder entièrement sans rien te dire,
tout
te dire, sans paroles et avec respect.
Ne
pas perturber le vent de ton visage,
uniquement
bercer ma solitude violée,
dans
tes yeux de Mère amoureuse
et
dans ton nid de terre transparente.
Les
heures s’évanouissent.
Secoués,
les hommes insensés mordent les déchets
de
la vie et de la mort, bruyamment.
Te
regarder, Mère,
rien
que te contempler,
le
cœur muet dans ta tendresse,
dans
ton silence chaste de lys.
La
Guadalupe "nous dit qu’elle a l’honneur d’être notre
mère. Cela nous donne la certitude que les larmes de ceux qui
souffrent ne sont pas stériles. Elles sont une prière silencieuse
qui monte vers le ciel et qui trouve toujours chez Marie une place
sous son manteau. En elle et avec elle, Dieu se fait frère et
compagnon de route, partage avec nous la croix pour que ne soyons pas
écrasés par nos douleurs... Aujourd’hui, elle nous redit: sois
mon ambassadeur, sois mon envoyé pour construire de nombreux et
nouveaux sanctuaires, pour accompagner de nombreuses vies, pour
essuyer de nombreuses larmes. Va simplement par les chemins du
voisinage, de ta communauté, de ta paroisse comme mon ambassadeur,
mon ambassadrice. Bâtis des sanctuaires en partageant la joie de
savoir que nous ne sommes pas seuls, qu’elle chemine avec nous.
Sois mon ambassadeur, nous dit-elle, en donnant à manger à
l’affamé, à boire à celui qui a soif, accueille celui qui est
dans le besoin, habille celui qui est nu et visite le malade. Va au
secours du prisonnier, ne le laisse pas seul, pardonne à celui qui
t’a offensé, console celui qui est triste, sois patient avec les
autres et surtout supplie et prie notre Dieu. Et en silence, nous lui
disons ce qui surgit dans notre cœur. Ne suis-je pas ta mère? Ne
suis-je pas là? C'est ce que nous redit Marie. Va construire mon
sanctuaire, aide-moi à bâtir la vie de mes enfants, qui sont tes
frères".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire