Cité
du Vatican, 2 avril 2013
(VIS). A l'occasion de la célébration, ce 2 avril, de la 6 Journée
mondiale de l'autisme, Mgr.Zygmunt Zimowski, Président du Conseil
pontifical pour la pastorale de la santé a publié le message
suivant:
"Très
chers frères et très chères sœurs, à l'occasion de la 6 Journée
mondiale de sensibilisation à l'autisme, qui est célébrée cette
année pendant le temps liturgique en correspondance des fêtes de
Pâques, le Conseil Pontifical des Services de Santé entend
manifester le souci de l'Eglise pour les personnes autistes et pour
leurs familles, en invitant les communautés chrétiennes et toutes
les personnes de bonne volonté à exprimer une solidarité
authentique à leur égard. Je voudrais baser ma réflexion sur
l'attitude de Jésus en marche vers Emmaüs aux côtés des deux
disciples. Le regard égaré –et plus encore, émerveillé- qui
rythme le pas de Cléophas et de Simon, pourrait être le même que
celui qui marque le visage et le cœur des parents ayant un ou une
enfant autiste, ou fortement lui ressembler. Autisme: un mot qui fait
peur aujourd'hui encore, bien que dans les nombreux soins qui,
traditionnellement, excluaient les handicaps un progrès ait été
fait pour accepter dans la société les personnes différentes, pour
démanteler beaucoup de préjugés relatifs aux personnes handicapées
et jusqu'à leurs familles. Définir une personne comme autiste
semble comporter automatiquement un jugement négatif sur celle qui
en est atteint et, implicitement, une sentence d'éloignement
définitif de la société. Par ailleurs, la personne semble être
dans l'incapacité de communiquer à autrui de façon profitable
-comme si, parfois, elle se trouvait sous une cloche de verre–
l'univers intérieur qui est le sien, un univers merveilleux pour
nous, mais impénétrable. Et c'est cette image typique et
stéréotypée de l'enfant autiste qui doit être entièrement revue.
Comme une sorte de fil rouge, l'Eglise a toujours, depuis sa
naissance, manifesté son attention à cet aspect de la médecine, en
apportant des témoignages concrets au niveau universel. Un
témoignage, surtout, est l'Amour au-delà du stigmate, ce stigmate
social qui isole le malade, le faisant se sentir un corps étranger:
je me réfère ici à ce sentiment de solitude dont on parle souvent
dans la société moderne mais qui est encore plus présent dans le
monde actuel de la santé, un monde parfait dans sa technicité, mais
toujours plus absent et privé de cette dimension affective qui, au
contraire, devrait caractériser chaque acte ou parcours
thérapeutique.
Face
aux problèmes et aux difficultés que ces enfants et leurs parents
doivent affronter, c'est avec humilité que l'Eglise propose un
itinéraire au frère souffrant, en l'accompagnant avec compassion et
tendresse tout au long de son parcours tortueux au plan humain et
psycho-relationnel, en ayant recours aux paroisses, aux associations,
aux mouvements ecclésiaux et aux personnes de bonne volonté. Très
chers frères et très chères sœurs, il faut nécessairement que le
fait de se mettre à l'écoute s'accompagne d'une solidarité
fraternelle authentique. Il doit toujours y avoir une attention
globale à la personne fragile, comme c'est le cas du malade autiste:
une attention qui se concrétise dans le sentiment de proximité que
chaque agent de la santé –suivant le rôle particulier de chacun–
doit savoir transmettre à son malade et à sa famille, pour que
l'autiste ne se sente pas un simple numéro, en faisant en sorte de
donner corps à une situation où le chemin est partagé, un chemin
fait de gestes, de comportements, de mots –même s'ils ne sont pas
éblouissants– qui suggèrent une quotidienneté proche de la
normalité. Ce qui signifie écouter l'exhortation, impérieuse, à
ne pas perdre de vue la personne dans son intégralité: aucune
procédure, aussi parfaite soit-elle, ne pourra se révéler efficace
si elle est vidée du sel de l'Amour, de cet Amour que chacun de ces
malades vous demande, lorsque vous le regardez dans les yeux. A la
fin, le meilleur bilan qui viendra nous enrichir sera leur sourire,
la sérénité d'une famille qui voit un être cher au cœur d'un
engrenage complexe auquel, en vertu de sa tâche spécifique, chacun
de nous est appelé à contribuer pour gérer sa vie, de même que le
partage, un partage réel. Dans la pratique, il s'agit d'accueillir
les enfants autistes dans les différents secteurs des activités
sociales, éducatives, catéchétiques, liturgiques d'une façon qui
corresponde à leurs capacités relationnelles et y soit
proportionnelle. Pour ceux qui ont reçu le don de la foi, cette
solidarité devient présence aimante et proximité généreuse à
celui qui souffre, à l'exemple et à l'imitation de Jésus-Christ,
le bon Samaritain, qui, avec sa passion, sa mort et sa résurrection,
a racheté l'humanité.
En
cette Année de la Foi, le désir du Conseil pontifical pour les
Services de Santé est de partager avec les personnes qui souffrent à
cause de l'autisme, l'espérance et la certitude qu'avec l'Amour nous
pouvons reconnaître le Christ Ressuscité chaque fois qu'il se fait
notre prochain sur le chemin de la vie. Une référence pour nous
sera l'affirmation suivante de Jean-Paul II, auquel nous demandons
d'intercéder et dont nous célébrons précisément aujourd'hui le
huitième anniversaire de son retour à la Maison du Père: "La
qualité de la vie au sein d'une communauté se mesure en grande
partie par l'engagement dans l'assistance aux plus faibles et aux
personnes plus indigentes, et dans le respect de leur dignité
d'hommes et de femmes. Le monde des droits ne peut pas être
uniquement l'apanage des personnes saines. La personne atteinte de
handicap doit elle aussi être aidée à réaliser toutes ses
potentialités d'ordre physique, psychique et spirituel. Ce n'est que
si les droits des plus faibles sont reconnus qu'une société peut
prétendre être fondée sur le droit et la justice”.
Que
les mots que le Saint-Père François dans les premiers jours de son
pontificat a prononcés pour manifester sa proximité aux pauvres et
aux personnes souffrantes nous éclairent en permanence: "nous
devons tout faire pour garder vivante dans le monde la soif d'absolu,
en ne permettant pas que prévale une vision de la personne humaine à
une seule dimension, selon laquelle l'homme se réduit à ce qu'il
produit et ce qu'il consomme: c'est là l'un des pièges plus
dangereux de notre temps”. Tout en souhaitant une collaboration de
tous pour pouvoir répondre de façon chorale et généreuse aux
nombreuses instances qui nous parviennent de nos frères atteints
d'autisme et de leurs famille, je confie leurs souffrances, leurs
joies et leur espérance à la médiation de Marie, Mère du Christ
et Santé des malades qui, en se tenant au pied de la Croix, nous a
enseigné à nous arrêter près de toutes les croix de l'Homme
d'aujourd'hui. Aux personnes autistes, à leurs familles et à tous
ceux qui sont engagés à les servir, je tiens à redire ma proximité
et ma prière et j'envoie mes vœux sincères et affectueux pour une
Pâque sereine et joyeuse, dans la paix du Seigneur Ressuscité".
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