Cité
du Vatican, 4 février 2014 (VIS). Ce matin près la Salle de Presse,
le Cardinal Robert Sarah, Préfet du Conseil pontifical Cor Unum,
assisté de Mgr.Giampietro Dal Toso, Secrétaire du dicastère, de
Mgr.Segundo Tejado Muñoz, Sous Secrétaire, et de M.et Mme.Dotta,
missionnaires en Haïti, a présenté le premier message de Carême
du Pape François. Le Cardinal a tout d'abord annoncé qu'il
retournera en mars en Haïti pour inaugurer une école et assurer la
population de la solidarité papale.
Puis
il a expliqué que ce message reprenait un thème cher au Saint-Père,
mis en exergue de la vie chrétienne dès le début du pontificat, le
lien étroit entre toute pauvreté humaine et celle du Christ: "La
vision chrétienne de la pauvreté ne recouvre pas celle du sens
commun, qui n'y voit généralement qu'une dimension sociologique, le
manque de biens matériels. Le concept d'Eglise pauvre pour les
pauvres est souvent évoqué pour contester l'Eglise, en lui
opposant" ce caractère à celui "de prédication et de
vérité, de prière et de défense de la doctrine et de la morale...
La première référence du chrétien pour comprendre la pauvreté
est de savoir qu'il s'est fait pauvre pour nous enrichir de sa
pauvreté... Son choix des pauvres nous montre qu'il existe une
dimension positive de la pauvreté, exprimée dans l'Evangile par la
formule bienheureux les pauvres. C'est une dimension qui implique un
dépouillement et une renonciation, possibles car la richesse
véritable de Jésus est d'être le Fils. N'allons pas croire nous
donner bonne conscience en déplorant le manque de biens matériels
d'autrui ou en dénonçant la pauvreté comme système. La pauvreté
touche jusqu'au coeur de l'homme car le Fils s'est abaissé pour
accomplir la volonté du Père au secours des hommes ses frères,
assoiffés de salut. Ainsi le chrétien entre-t-il dans une dynamique
de pauvreté et de don parce qu'il est riche d'être fils de Dieu...
C'est pourquoi ce message quarésimal distingue nettement entre
pauvreté et misère. Ce n'est pas la pauvreté comme valeur
évangélique que nous entendons combattre mais la misère... Le Pape
distingue la misère matérielle, la misère morale et la misère
spirituelle". La première consiste à vivre dans l'indignité
humaine, et l'Eglise se met au service des besogneux. La misère
morale réside dans la soumission au vice et au péché, qui peut
conduire à la misère matérielle. Elle touche toujours à la misère
spirituelle, qui frappe lorsqu'on s'éloigne de Dieu en refusant son
amour. Je crois, a ajouté le Cardinal, qu'une aussi large "vision
de la pauvreté, de la misère et de l'aide que l'Eglise apporte aux
victimes, nous aide à mieux percevoir l'homme et ses besoins, sans
tomber dans une réduction anthropologique qui prétendrait résoudre
les problèmes de l'homme en solutionnant son bien-être physique ou
social... L'option préférentielle pour les pauvres doit avant tout
se traduire par une attention religieuse... Pour ne pas transformer
l'Eglise en une ONG...notre regard de qui est dans le besoin ne doit
découler que de la misère spirituelle qui se cache souvent dans le
coeur des gens et qui le tourmente, même s'il dispose de biens
matériels... Et si nous voulons vraiment comprendre le message du
Pape, il convient de le décliner dans son sens anthropologique. Par
nature, l'homme est fils de Dieu. C'est cela sa richesse. La faute
majeure de la culture contemporaine est de croire dans un homme
heureux sans Dieu. En rejetant ainsi ce qu'il y a de plus profond
dans la personne, on nie ce qui la lie de façon existentielle au
Père qui donne la vie... C'est un crime de priver un pauvre de la
présence de Dieu, mais aussi de considérer que l'homme peut vivre
comme si Dieu n'existait pas, en niant la dimension de créature et
la profonde appartenance de l'homme à Dieu... Le développement ne
saurait donc se limiter à créer des besoins nouveaux induits, mais
de prendre au sérieux la personne".
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