Cité
du Vatican, 8 décembre 2015 (VIS). Ce matin Place St.Pierre, le Pape
a célébrée la messe de la solennité de l’Immaculée Conception,
qui a correspondu à l'ouverture de l'Année sainte extraordinaire de
la Miséricorde et au cinquantième anniversaire de la clôture du
concile Vatican II. Voici l'homélie prononcée par le Saint-Père
avant le rite de l'ouverture de la Porte Sainte. Après avoir rappelé
avoir ouvert une Porte Sainte de la Miséricorde le 30 novembre en la
cathédrale de Bangui, il a souligné la portée hautement symbolique
du geste et d'un franchissement, accompli à la lumière de la Parole
de Dieu, qui place au premier plan le primat de la grâce. Les
lectures, a-t-il poursuivi, renvoient au propos que l’Ange Gabriel
adressa à une jeune fille, surprise et troublée, indiquant le
mystère qui l’envelopperait: Je te salue, toi qui est comblée de
grâce. "La Vierge Marie est d'abord appelée à se réjouir de
ce que le Seigneur a accompli en elle. La grâce de Dieu l’a
enveloppée, la rendant digne de devenir mère du Christ. Lorsque
Gabriel entre dans sa maison, le mystère le plus profond qui va
au-delà de toute capacité de la raison, devient pour elle motif de
joie, motif de foi, motif d’abandon à la parole qui lui est
révélée. La plénitude de la grâce est en mesure de transformer
le cœur, et le rend capable d’accomplir un acte tellement grand
qu’il change l’histoire de l’humanité. La fête de l’Immaculée
exprime la grandeur de l’amour de Dieu. Il est non seulement celui
qui pardonne le péché, mais en Marie, il va jusqu’à prévenir la
faute originelle, que tout homme porte en lui en entrant dans ce
monde. C’est l’amour de Dieu qui devance, qui anticipe et qui
sauve. Le début de l’histoire du péché dans le jardin de l’Eden
se conclut dans le projet d’un amour qui sauve. Les paroles de la
Genèse renvoient à l’expérience quotidienne que nous découvrons
dans notre existence personnelle. Il y a toujours la tentation de la
désobéissance qui s’exprime dans le fait de vouloir envisager
notre vie indépendamment de la volonté de Dieu. C’est cela
l’inimitié qui tente continuellement la vie des hommes pour les
opposer au dessein de Dieu. Pourtant, même l’histoire du péché
n’est compréhensible qu’à la lumière de l’amour qui
pardonne. Le péché se comprend seulement sous cette lumière. Si
tout restait cantonné au péché, nous serions les plus désespérées
des créatures, alors que la promesse de la victoire de l’amour du
Christ enferme tout dans la miséricorde du Père. La Parole de Dieu
que nous avons entendue ne laisse pas de doute à ce sujet. La Vierge
Immaculée est devant nous un témoin privilégié de cette promesse
et de son accomplissement".
"Cette
Année jubilaire extraordinaire est aussi un don de grâce. Entrer
par cette Porte signifie découvrir la profondeur de la miséricorde
du Père qui nous accueille tous et va à la rencontre de chacun
personnellement. C’est Lui qui nous cherche! C’est lui qui vient
à notre rencontre. Ce sera une année pour grandir dans la
conviction de la miséricorde. Que de tort est fait à Dieu et à sa
grâce lorsqu’on affirme avant tout que les péchés sont punis par
son jugement, sans mettre en avant au contraire qu’ils sont
pardonnés par sa miséricorde. Oui,nous devons faire passer la
miséricorde avant le jugement, et dans tous les cas le jugement de
Dieu sera toujours à la lumière de sa miséricorde. Traverser la
Porte Sainte nous fait donc nous sentir participants de ce mystère
d’amour, de tendresse. Abandonnons toute forme de peur et de
crainte, parce que cela ne sied pas à celui qui est aimé. Vivons
plutôt la joie de la rencontre avec la grâce qui transforme tout".
"Aujourd’hui,
ici à Rome et dans tous les diocèses du monde, en franchissant la
Porte Sainte, nous voulons aussi rappeler une autre porte que, il y a
cinquante ans, les pères du concile Vatican II ont ouverte vers le
monde. Cette échéance ne peut pas être rappelée seulement pour la
richesse des documents produits, qui jusqu’à nos jours permettent
de vérifier le grand progrès accompli dans la foi. Mais, en premier
lieu, le Concile a été une rencontre. Une véritable rencontre
entre l’Eglise et les hommes de notre temps. Une rencontre marquée
par la force de l’Esprit qui poussait son Eglise à sortir des
obstacles qui pendant de nombreuses années l’avaient refermée sur
elle-même, pour reprendre avec enthousiasme le chemin missionnaire.
C’était la reprise d’un parcours pour aller à la rencontre de
tout homme là où il vit... Partout où il y a une personne,
l’Eglise est appelée à la rejoindre pour lui apporter la joie de
l’Evangile et pour apporter la miséricorde et le pardon de Dieu.
Une poussée missionnaire, donc, qu’après ces décennies nous
reprenons avec la même force et le même enthousiasme. Le Jubilé
nous provoque à cette ouverture et nous oblige à ne pas négliger
l’esprit qui a jailli de Vatican II, celui du Samaritain, comme l’a
rappelé le bienheureux Paul VI lors de la conclusion du Concile.
Franchir la Porte Sainte nous engage à faire nôtre la
miséricorde du Bon Samaritain".
Après
la communion, le Saint-Père et les concélébrants se sont rendus en
procession dans le portique de la basilique, où se trouvait Benoît
XVI qu'il a salué et invité à passer la Porte Sainte à sa suite.
Le Pape François a procédé au rite de l'ouverture de la Porte en
prononçant la phrase du psaume 117, Ouvrez-moi les portes de la
justice, et la procession liturgique est entrée dans la basilique
pour aller conclure la messe devant la Confession. L'Année sainte de
la miséricorde est le premier jubilé extraordinaire du XXI siècle.
Au siècle dernier, il y eu le jubilé de 1933 (Pie XI) pour le
dix-neuvième centenaire de la mort et résurrection du Christ, celui
de 1966 (Paul VI) consacré au Concile, et en 1983 (Jean-Paul II)
l'Année de la Rédemption pour ses 1950 ans.
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