Cité
du Vatican, 23 septembre 2014 (VIS). Voici le message du Pape pour la
Journée mondiale du migrant et du réfugié (18 janvier 2015),
intitulée L'Eglise sans frontières, mère de tous:
"Jésus
est l’évangélisateur par excellence, l’Evangile en personne. Sa
sollicitude, particulièrement envers les plus vulnérables et
marginalisés, nous invite tous à prendre soin des personnes plus
fragiles et à reconnaître son visage souffrant, surtout dans les
victimes des nouvelles formes de pauvreté et d’esclavage. Le
Seigneur dit: J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai
eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et
vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous
m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. La mission
de l’Eglise, pèlerine sur la terre et mère de tous, est donc
d’aimer Jésus-Christ, de l’adorer et de l’aimer,
particulièrement dans les plus pauvres et abandonnés. Au nombre de
ceux-ci figurent certainement les migrants et les réfugiés, qui
cherchent à tourner le dos aux dures conditions de vie et aux
dangers de toute sorte... L’Eglise ouvre ses bras pour accueillir
tous les peuples, sans distinctions et sans frontières et pour
annoncer à tous que Dieu est amour. Après sa mort et sa
résurrection, Jésus a confié aux disciples la mission d’être
ses témoins et de proclamer l’Evangile de la joie et de la
miséricorde. Le jour de la Pentecôte, avec courage et enthousiasme,
ils sont sortis du Cénacle. La force du Saint-Esprit a prévalu sur
les doutes et les incertitudes et a fait que chacun comprenait leur
annonce dans sa propre langue. Ainsi, dès ses débuts, l’Eglise
est une mère au cœur ouvert sur le monde entier, sans frontières.
Ce mandat couvre désormais deux mille ans d’histoire, mais depuis
les premiers siècles, l’annonce missionnaire a mis en lumière la
maternité universelle de l’Eglise, développée ensuite dans les
écrits des pères de l’Eglise et reprise par le concile Vatican
II. Les pères conciliaires ont parlé d’Ecclesia Mater pour en
expliquer la nature. Elle génère, en effet, des fils et des filles
qu’elle incorpore et qu’elle enveloppe déjà de son amour en
prenant soin d’eux".
"L’Eglise
sans frontières, mère de tous, diffuse dans le monde la culture de
l’accueil et de la solidarité, selon laquelle personne ne doit
être considéré inutile, encombrant ou être écarté. En vivant
effectivement sa maternité, la communauté chrétienne nourrit,
oriente et indique le chemin, accompagne avec patience et se fait
proche dans la prière et dans les œuvres de miséricorde.
Aujourd’hui, tout cela prend une signification particulière. En
effet, à une époque de si vastes migrations, un grand nombre de
personnes laissent leur lieu d’origine et entreprennent le voyage
risqué de l’espérance avec un bagage plein de désirs et de
peurs, à la recherche de conditions de vie plus humaines. Souvent,
cependant, ces mouvements migratoires suscitent méfiances et
hostilités, même dans les communautés ecclésiales, avant même
qu’on ne connaisse les parcours de vie, de persécution ou de
misère des personnes impliquées. Dans ce cas, suspicions et
préjugés entrent en conflit avec le commandement biblique
d’accueillir avec respect et solidarité l’étranger dans le
besoin. D’une part, résonne dans le sanctuaire de la conscience
l’appel à toucher la misère humaine et à mettre en pratique le
commandement de l’amour que Jésus nous a laissé quand il s’est
identifié avec l’étranger, avec celui qui souffre, avec toutes
les victimes innocentes de la violence et de l’exploitation.
D’autre part, à cause de la faiblesse de notre nature, nous sommes
tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente
distance des plaies du Seigneur. Le courage de la foi, de l’espérance
et de la charité permet de réduire les distances qui séparent des
drames humains. Jésus-Christ est toujours en attente d’être
reconnu dans les migrants et dans les réfugiés, dans les personnes
déplacées et les exilés, et aussi de cette manière il nous
appelle à partager nos ressources, parfois à renoncer à quelque
chose de notre bien-être acquis. Paul VI le rappelait, en disant que
les plus favorisés doivent renoncer à certains de leurs droits,
pour mettre avec plus de libéralité leurs biens au service des
autres D’ailleurs, le caractère multiculturel des sociétés
contemporaines encourage l’Eglise à assumer de nouveaux
engagements de solidarité, de communion et d’évangélisation. Les
mouvements migratoires, en effet, demandent qu’on approfondisse et
qu’on renforce les valeurs nécessaires pour garantir la
cohabitation harmonieuse entre les personnes et entre les cultures. A
cet effet, ne peut suffire la simple tolérance, qui ouvre la voie au
respect des diversités et qui met en route des parcours de partage
entre des personnes d’origines et de cultures différentes. Ici, se
greffe la vocation de l’Eglise à dépasser les frontières et à
favoriser le passage d’une attitude de défense et de peur, de
désintérêt ou de marginalisation à une attitude qui ait comme
base la culture de la rencontre, seule capable de construire un monde
plus juste et fraternel".
"Les
mouvements migratoires ont cependant pris de telles dimensions que
seule une collaboration systématique et effective, impliquant les
états et les organisations internationales, peut être en mesure de
les réguler efficacement et de les gérer. En effet, les migrations
interpellent chacun, non seulement à cause de l’ampleur du
phénomène, mais encore des problématiques sociale, économique,
politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des
défis dramatiques qu’il lance aux communautés nationales et à la
communauté internationale. Dans l’agenda international, trouvent
place de fréquents débats sur l’opportunité, sur les méthodes
et sur les réglementations pour affronter le phénomène des
migrations. Il y a des organismes et des institutions, aux niveaux
international, national et local, qui mettent leur travail et leur
énergie au service de ceux qui cherchent par l’émigration une vie
meilleure. Malgré leurs généreux et louables efforts, une action
plus incisive et efficace est nécessaire, qui s’appuie sur un
réseau universel de collaboration, fondé sur la défense de la
dignité et de la centralité de chaque personne humaine. De cette
manière, la lutte contre le honteux et criminel trafic d’êtres
humains, contre la violation des droits fondamentaux, contre toutes
les formes de violence, d’oppression et d’esclavage sera plus
incisive. Travailler ensemble, cependant, exige réciprocité et
synergie, avec disponibilité et confiance, étant entendu qu’aucun
pays ne peut affronter seul les difficultés liées à ce phénomène,
qui est si vaste qu’il concerne désormais tous les continents dans
le double mouvement d’immigration et d’émigration. A la
mondialisation du phénomène migratoire, il faut répondre par la
mondialisation de la charité et de la coopération, de manière à
humaniser les conditions des migrants. En même temps, il faut
intensifier les efforts pour créer les conditions aptes à garantir
une diminution progressive des causes qui poussent des peuples
entiers à laisser leur terre natale, en raison de guerres et de
famines, l’une provoquant souvent l’autre".
"A
la solidarité envers les migrants et les réfugiés, il faut joindre
le courage et la créativité nécessaires pour développer au
niveau mondial un ordre économico-financier plus juste et équitable
uni à un engagement croissant en faveur de la paix, condition
indispensable de tout progrès authentique. Les migrants et les
réfugiés ont une place spéciale dans le cœur de l’Eglise,
qu'ils aident à...manifester sa maternité envers la famille humaine
tout entière. Ne perdez pas votre confiance ni votre espérance!",
recommande le Pape: "Pensons à la sainte Famille exilée en
Egypte. Dans le cœur maternel de Marie et dans le cœur prévenant
de Joseph s’est maintenue la certitude de ce que Dieu. N’abandonnez
donc jamais cette même confiance dans le Seigneur".
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