Cité
du Vatican, 26 novembre 2014 (VIS). Dans l'avion le ramenant hier de
Strasbourg, le Saint-Père a répondu aux questions de journalistes:
Devant
le Parlement européen vous avez utilisé un discours aux accents
pastoraux pouvant être compris comme politiques, quelques peu
social-démocrates. Seriez-vous un Pape social-démocrate?: "Non,
je ne suis pas un Pape social-démocrate, et je ne saurais me
classifier. Ce que je me permets de dire vient de l'Evangile, d'un
message porté par la Doctrine sociale de l'Eglise. Si j'ai touché
des aspects sociaux ou politiques, ce n'est qu'en vertu de la
Doctrine sociale, issue de l'Evangile et de la tradition chrétienne.
Ainsi, l'identité des peuples a une valeur évangélique. N'est-ce
pas?".
Les
rues de Strasbourg étaient presque vides et les gens se disaient
déçus. Ne regrettez-vous pas de ne pas être allé à la
cathédrale, qui fête son millénaire? Quand ferez-vous un voyage en
France, et où?: "Cela n'est pas encore programmé. A Paris
certainement, peut-être à Lourdes. J'ai proposé de visiter une
ville qui n'a jamais accueilli de Pape. On a pensé aller à la
cathédrale de Strasbourg, mais cela aurait impliqué faire une
visite en France. Tel était le problème".
Dans
le discours au Conseil de l'Europe, j'ai été frappé par le concept
de transversalité et votre remarque sur ce que avez dit de vos
rencontre avec des hommes politiques européens jeunes. Vous avez
insisté sur la nécessité d'un pacte inter-générationnel à côté
de la transversalité. Et puis, par curiosité personnelle, est-il
vrai que vous soyez dévot de saint Joseph?: "Depuis toujours,
et chaque fois que je lui ai demandé quelque chose, il me l'a
donnée. La transversalité est importante et j'ai effectivement
constaté que les jeunes voient les choses de manière transversales,
qu'ils ne craignent pas de sortir de leur contexte pour dialoguer.
C'est ce qu'il faut développer, le dialogue inter-générationnel
également, et puis sortir pour aller vers d'autres réalités.
L'Europe en a besoin".
Dans
ce même discours, vous avez parlé des péchés des fils de
l'Eglise. Comment avez-vous réagi à l'affaire des prêtres
pédophiles de Grenade (Espagne) que, d'une certaine façon, vous
avez permis de révéler?: "J'ai lu une lettre qui m'était
adressée et j'ai appelé son auteur. Je lui ai dit d'aller dès le
lendemain chez son évêque. J'ai par ailleurs écrit à l'évêque
d'entreprendre une enquête. Ça été un choc, une grande souffrance
pour moi. La vérité est la vérité, et nous ne pouvons pas la
cacher".
Vous
avez de nouveau parlé du terrorisme comme d'une menace d'esclavage.
Telle est la caractéristique des actes de l'IS qui menace toute une
région, et même Rome et votre personne. Pensez-vous qu'avec de tels
extrémistes quelque dialogue soit possible, ou bien que ce n'est que
temps perdu?: "Rien n'est jamais perdu d'avance. Même si on ne
devait pas avoir un dialogue, il ne faut jamais fermer la porte, même
si c'est pratiquement impossible. Vous parlez de menace. C'est exact,
le terrorisme menace. Quant à l'esclavage, c'est une plaie sociale
qui remonte à loin. L'esclavagisme, la traite des êtres humains, le
commerce des enfants sont des drames devant lesquels on ne doit pas
fermer les yeux. C'est une réalité contemporaine, tout comme le
terrorisme. Mais il existe aussi la menace d'un terrorisme d'état,
lorsque le gouvernement national se donne le droit de massacrer des
terroristes, provoquant ainsi la mort de tant d'innocents. Cette
autre anarchie très dangereuse. Il faut combattre le terrorisme mais
je le redis, si on entend arrêter un agresseur injuste, il faut agir
avec le consentement internationale".
Lorsque
vous voyagez, intimement c'est le Successeur de Pierre, l'Evêque de
Rome ou l'ancien Archevêque de Buenos Aires qui voyagez?: "En
fait je n'en sais rien, et je ne me suis jamais posé la question. Je
vais y penser... La mémoire de l'Archevêque de Buenos Aires
n'existe plus car je suis maintenant l'Evêque de Rome et le
Successeur de Pierre. C'est dans cette réalité et avec cette
mémoire que je voyage désormais. Je suis romain et c'est
aujourd'hui l'Europe qui me préoccupe".
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