Cité
du Vatican, 12 janvier 2015 (VIS). Comme à
l'accoutumée en début d'année, le Pape s'est adressé ce matin au
corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège (180 états plus
l'Union européenne, l'Ordre de Malte et l'OLP. Le Saint-Siège est
observateur permanent près l'ONU et ses agences). Après les voeux
exprimés par le Doyen, l'Ambassadeur de Monaco, le Saint-Père a
prononcé le discours suivant:
"Aujourd’hui
je désire faire résonner avec force un mot qui nous est cher, la
paix! ... Mais, à côté de la paix, la crèche dit aussi une autre
réalité dramatique, celle du refus. Dans certaines représentations
iconographiques, tant de l’Occident que de l’Orient. Je pense à
la splendide icône de la Nativité d’Andreï Rublev, où l’Enfant
ne semble pas être étendu dans un berceau, mais déposé dans un
tombeau. L’image, qui veut relier les principales fêtes
chrétiennes de Noël et de Pâques montre qu’à côté de
l’accueil joyeux d’une nouvelle naissance, il y a tout le drame
dont Jésus est l’objet, méprisé et rejeté jusqu’à la mort
sur la Croix. Les récits de la Nativité nous montrent le cœur
endurci de l’humanité, qui a du mal à accueillir l’Enfant. Dès
le début il est, lui aussi rejeté, laissé dehors au froid,
contraint à naître dans une étable parce qu’il n’y avait pas
de place dans la salle commune. Et si le Fils de Dieu a été traité
ainsi, combien plus encore le sont tant de nos frères et sœurs! Il
y a un caractère du refus qui nous rapproche, qui nous conduit à ne
pas regarder le prochain comme un frère à accueillir, mais à le
laisser hors de notre horizon personnel de vie, à le transformer
plutôt en un concurrent, en un sujet à dominer. Il s’agit d’une
mentalité qui engendre cette culture du déchet et n’épargne rien
ni personne, des créatures en passant par les êtres humains et
jusqu’à Dieu lui-même. Il en naît une humanité blessée et
continuellement déchirée par des tensions et des conflits de toute
sorte. Dans les récits évangéliques de l’Enfance, le roi Hérode
en est l’emblème qui, en sentant son autorité menacée par
l’Enfant Jésus, fait tuer tous les enfants de Bethléem. Ma pensée
va tout de suite au Pakistan, où il y a un mois, plus de cent
enfants ont été tués avec une férocité inouïe. Je souhaite
renouveler à leurs familles mes condoléances personnelles et
l’assurance de ma prière pour tant d’innocents qui ont perdu la
vie.
A
une dimension personnelle du refus s’associe ainsi inévitablement
une dimension sociale, une culture qui rejette l’autre, brise les
liens les plus intimes et les plus vrais, finissant par défaire et
désagréger toute la société, et par engendrer la violence et la
mort. Nous en avons un triste écho dans les nombreux faits de la
chronique quotidienne, le moindre n’est pas le tragique massacre
survenu à Paris, il y a quelques jours. Les autres ne sont plus
perçus comme des êtres d’égale dignité, comme des frères et
sœurs en humanité, mais sont vus comme des objets. Et l’être
humain, de libre devient esclave, que ce soit des modes, du pouvoir,
de l’argent, parfois même de formes déviantes de religion. Ce
sont les dangers que j’ai voulu rappeler dans le Message pour la
récente Journée mondiale de la paix, consacré au problème des
multiples esclavages modernes. Ils naissent d’un cœur corrompu,
incapable de voir et de faire le bien, de poursuivre la paix. Nous
constatons avec douleur les conséquences dramatiques de cette
mentalité du rejet et de la culture de l’asservissement dans le
déferlement continuel des conflits. Comme une vraie guerre mondiale
qui se déroule par morceaux, ils touchent, même si c’est sous des
formes et avec des intensités variées, différentes zones de la
planète, en commençant par la proche Ukraine devenue un théâtre
dramatique d’affrontement, et pour laquelle je souhaite que, par le
dialogue, se renforcent les efforts en cours pour faire cesser les
hostilités, et pour que les parties en présence entreprennent dès
que possible, dans un esprit renouvelé de respect de la légalité
internationale, un chemin sincère de confiance réciproque et de
réconciliation fraternelle qui permette de dépasser la crise
actuelle.
Ma
pensée va surtout au Moyen Orient, en commençant par la terre
bien-aimée de Jésus, que j’ai eu la joie de visiter en mai
dernier et pour laquelle nous ne nous lasserons jamais d’invoquer
la paix. Nous l’avons fait, avec une intensité extraordinaire,
avec le Président israélien d’alors, M.Shimon Peres, et le
Président palestinien, M.Mahmud Abbas, animés de l’espérance
confiante que les négociations entre les deux parties puissent
reprendre, dans le but de faire cesser les violences et d’arriver à
une solution qui permette, tant au peuple palestinien qu’au peuple
israélien, de vivre enfin en paix, dans des frontières clairement
établies et reconnues internationalement, de sorte que la solution
de deux états devienne effective. Malheureusement, la région est
également traversée par d’autres conflits, qui se prolongent
depuis trop longtemps et dont les aspects sont effrayants, aussi par
le déferlement du terrorisme d’origine fondamentaliste en Syrie et
en Irak. Ce phénomène est une conséquence de la culture du déchet
appliquée à Dieu. Le fondamentalisme religieux, en effet, plus
encore que rejeter les êtres humains en perpétrant des massacres
horribles, refuse Dieu lui-même, le reléguant au rang de pur
prétexte idéologique. Face à cette injuste agression, qui touche
aussi les chrétiens et d’autres groupes ethniques et religieux,
par exemple les Yazidis, une réponse unanime est nécessaire qui,
dans le cadre du droit international, arrête le déferlement des
violences, rétablisse la concorde et soigne les blessures profondes
que la succession des conflits a provoquées. En ce lieu je fais donc
appel à toute la communauté internationale, comme aussi à chacun
des gouvernements concernés, pour qu’ils prennent des initiatives
concrètes pour la paix, et pour la défense de tous ceux qui
souffrent des conséquences de la guerre et de la persécution, et
qui sont contraints de laisser leurs maisons et leur patrie. Dans une
lettre envoyée un peu avant Noël, j’ai personnellement voulu
manifester ma proximité et assurer de ma prière toutes les
communautés chrétiennes du Moyen Orient qui donnent un témoignage
précieux de foi et de courage, en jouant un rôle fondamental
d’artisans de paix, de réconciliation et de développement dans
leurs sociétés civiles respectives. Un Moyen Orient sans chrétiens
serait un Moyen Orient défiguré et mutilé. En demandant à la
communauté internationale de ne pas être indifférente devant une
telle situation, je souhaite que les responsables religieux,
politiques, et intellectuels, en particulier musulmans, condamnent
toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion
visant à justifier de tels actes de violence.
Des
formes semblables de brutalité, qui fauchent souvent des victimes
parmi les plus petits et ceux qui sont sans défense, ne manquent pas
non plus, malheureusement, dans d’autres parties du monde. Je pense
en particulier au Nigeria, où les violences qui frappent sans
discernement la population ne cessent pas, et où le phénomène
tragique des séquestrations de personnes est en croissance continue,
souvent des jeunes filles enlevées pour faire l’objet d’un
trafic. C’est un commerce exécrable qui ne peut pas continuer. Un
fléau qu’il faut éradiquer car elle nous concerne tous, depuis
chaque famille jusqu’à la communauté mondiale tout entière. Je
regarde ensuite avec appréhension les nombreux conflits de caractère
civil qui concernent d’autres parties de l’Afrique, en commençant
par la Lybie, déchirée par une longue guerre interne qui cause
d’indicibles souffrances dans la population et qui a de graves
répercutions sur les équilibres de la région. Je pense à la
dramatique situation de la République Centrafricaine, au sujet de
laquelle il est douloureux de constater comment la bonne volonté qui
a animé les efforts de ceux veulent construire un avenir de paix, de
sécurité et de prospérité, rencontre des formes de résistance et
les intérêts égoïstes de partis, qui risquent de rendre vaines
les attentes d’un peuple très éprouvé qui aspire à construire
librement son avenir. Éveille une préoccupation particulière la
situation au Sud Soudan et dans plusieurs régions du Soudan, de la
Corne de l’Afrique et de la République Démocratique du Congo, où
ne cesse de grandir le nombre de victimes dans la population civile,
et où des milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup de femmes
et d’enfants, sont contraintes de fuir et de vivre dans des
conditions d’extrême dénuement. Par conséquent, je souhaite un
engagement commun de tous les gouvernements et de la communauté
internationale, pour que l’on mette fin à toute sorte de lutte, de
haine et de violence, et pour que l’on s’engage en faveur de la
réconciliation, de la paix et de la défense de la dignité
transcendante de la personne. Ensuite, il
ne faut pas oublier que les guerres apportent avec elles un autre
horrible crime, qui est le viol. Celui-ci est une offense très grave
à la dignité de la femme, qui non seulement est violée dans
l’intimité de son corps, mais aussi dans son âme, avec un
traumatisme qui pourra être difficilement effacé et dont les
conséquences sont aussi de caractère social. Malheureusement, on
vérifie que, même là où il n’y a pas de guerre, trop de femmes
souffrent encore aujourd’hui de violence à leur encontre. Tous les
conflits belliqueux révèlent le visage le plus emblématique de la
culture du déchet par les vies qui sont délibérément piétinées
par celui qui détient la force. Mais il y a des formes plus subtiles
et sournoises de rejet, qui alimentent aussi cette culture. Je pense
avant tout à la façon dont sont souvent traités les malades,
isolés et marginalisées comme les lépreux dont parle l’Evangile.
Parmi les lépreux de notre temps il y a les victimes de cette
nouvelle et terrible épidémie d’Ebola, qui, surtout au Libéria,
en Sierra Leone et en Guinée, à déjà fauché plus de six mille
vies. Je désire aujourd’hui féliciter publiquement et remercier
ces opérateurs sanitaires qui, avec les religieux, religieuses, et
les volontaires, apportent tous les soins possibles aux malades et à
leurs proches, surtout aux enfants restés orphelins. En même temps,
je renouvelle mon appel à toute la communauté internationale pour
que soit assurée une assistance humanitaire adéquate aux patients,
et pour qu’il y ait un engagement commun pour vaincre la maladie.
A
côté des vies rejetées à cause des guerres ou des maladies, il y
a celles des nombreuses personnes déplacées et réfugiées. Encore
une fois on en comprend les aspects à partir de l’enfance de
Jésus, qui témoigne d’une autre forme de la culture du déchet
qui porte atteinte aux relations et défait la société. En effet,
face à la brutalité d’Hérode, la Sainte Famille est contrainte à
fuir en Egypte, d’où elle pourra revenir seulement quelques années
plus tard. La conséquence des situations de conflit que nous venons
de décrire est souvent la fuite de milliers de personnes de leur
terre d’origine. Parfois on ne part pas tant pour chercher un
avenir meilleur, mais tout simplement pour avoir un avenir, puisque
rester dans son pays peut signifier une mort certaine. Combien de
personnes perdent la vie dans des voyages inhumains, soumises aux
brimades de véritables bourreaux avides d’argent? J’en ai fait
mention au cours de ma récente visite au Parlement Européen, en
rappelant qu’on ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un
grand cimetière. Un autre fait alarmant est que beaucoup de
migrants, surtout dans les Amériques, sont des enfants seuls, proies
plus faciles des dangers, et qui demandent davantage de soin,
d’attention et de protection. Souvent arrivés
sans papiers d’identité dans des contrées inconnues dont ils ne
parlent pas la langue, il est difficile pour les migrants d’être
accueillis et de trouver du travail. Au-delà des incertitudes de la
fuite, ils sont contraints d’affronter aussi le drame du refus. Un
changement d’attitude à leur égard est donc nécessaire, pour
passer du désintérêt et de la peur à une acceptation sincère de
l’autre. Cela requiert naturellement de mettre en acte des
législations adéquates qui sachent en même temps protéger les
droits des citoyens et garantir l’accueil des migrants. En
remerciant tous ceux qui, même au prix de leur vie, s’emploient à
porter secours aux réfugiés et aux migrants, j’exhorte aussi bien
les états que les organisations internationales à s’engager
activement pour résoudre ces graves situations humanitaires et à
fournir aux pays d’origine des migrants des aides pour en favoriser
le développement socio-politique et le dépassement des conflits
internes, qui sont la principale cause de ce phénomène. Il est
nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets.
Du reste, cela permettra aux migrants de retourner un jour dans leur
patrie et de contribuer à sa croissance et à son développement.
Mais
à côté des migrants, des déplacés et des réfugiés, il y a
beaucoup d’autres exilés cachés, qui vivent à l’intérieur de
nos maisons et de nos familles. Je pense surtout aux personnes âgées
et aux personnes handicapées, comme aussi aux jeunes. Les premières
sont objet de rebut quand elles sont considérées comme un poids et
comme des présences encombrantes, tandis que les derniers sont mis à
l’écart en niant leurs perspectives concrètes de travail pour
construire leur avenir. D’autre part, il n’existe pas pire
pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du
travail, et qui fait du travail une forme d’esclavage. C’est ce
que j’ai voulu rappeler au cours d’une rencontre récente avec
les mouvements populaires, qui s’emploient avec dévouement à
rechercher des solutions adéquates à certains problèmes de notre
temps, comme la plaie toujours plus étendue du chômage des jeunes
et du travail au noir, et le drame de beaucoup de travailleurs,
spécialement des enfants, exploités avec avidité. Tout cela est
contraire à la dignité humaine et dérive d’une mentalité qui
place au centre l’argent, les bénéfices et les profits
économiques au détriment de l’homme lui-même. Ensuite, il
n’est pas rare que la famille elle-même soit
objet de rejet, à cause d’une culture individualiste et égoïste
toujours plus répandue, qui abîme les liens et tend à favoriser le
phénomène dramatique de la dénatalité, ainsi que de législations
qui privilégient différentes formes de cohabitation plutôt que de
soutenir convenablement la famille pour le bien de toute la société.
Parmi les causes de ces phénomènes, il y a une mondialisation
uniformisante qui rejette les cultures elles-mêmes, brisant ainsi
les éléments propres de l’identité de chaque peuple qui
constituent l’héritage incontournable à la base d’un sain
développement social. Dans un monde uniformisé et privé
d’identité, il est facile de saisir le drame et le découragement
de nombreuses personnes, qui ont littéralement perdu le sens de leur
vie. Ce drame est aggravé par la crise économique qui perdure, qui
engendre de la méfiance et favorise un climat social conflictuel.
J’ai pu en voir les revers ici aussi à Rome, en rencontrant
beaucoup de personnes qui vivent des situations de détresse, comme
aussi au cours des différents voyages que j’ai effectués en
Italie. A la chère nation italienne, je désire justement adresser
une pensée pleine d’espérance afin que, dans le climat persistant
d’incertitude sociale, politique et économique, le peuple italien
ne cède pas au désengagement et à la tentation du rejet, mais
redécouvre ces valeurs d’attention réciproque et de solidarité
qui sont à la base de sa culture et du vivre-ensemble civil, et sont
sources de confiance aussi bien dans l’immédiat que dans l’avenir,
spécialement pour les jeunes.
Pensant
à la jeunesse, je désire mentionner mon voyage en Corée, où en
août dernier, j’ai pu rencontrer des milliers de jeunes réunis
pour la VI Journée de la jeunesse asiatique et où j’ai rappelé
qu’il faut valoriser les jeunes en cherchant à leur transmettre
l’héritage du passé et à les confronter aux défis présents. Il
est donc nécessaire de réfléchir pour savoir si nous transmettons
bien nos valeurs à la génération suivante, ainsi que sur le genre
de société que nous nous préparons à lui léguer. Ce
soir-même, j’aurai la joie de repartir pour
l’Asie, afin de visiter le Sri Lanka et les Philippines et ainsi
témoigner de l’attention et de la sollicitude pastorale avec
laquelle je suis les vicissitudes des peuples de ce vaste continent.
À eux et à leurs Gouvernements, je désire manifester une fois
encore le désir du Saint-Siège d’offrir sa contribution au
service du bien commun, de l’harmonie et de la concorde sociale. Je
souhaite en particulier une reprise du dialogue entre les deux Corée,
qui sont des pays frères qui parlent la même langue. Au début
d’une nouvelle année nous ne voulons pas que notre regard soit
dominé par le pessimisme, par les défauts et par les carences de
notre temps. Nous voulons aussi remercier Dieu pour ce qu’il nous a
donné, pour les bienfaits qu’il nous a accordés, pour les
dialogues et les rencontres qu’il nous a permis et pour certains
fruits de paix qu’il nous a donné la joie de goûter. Un
témoignage éloquent que la culture de la rencontre est possible, je
l’ai expérimenté au cours de ma visite en Albanie, un pays jeune,
qui sont l’espérance pour l’avenir. Malgré les blessures
endurées récemment, il est caractérisé par la cohabitation
pacifique et la collaboration entre ceux qui appartiennent à
différentes religions, dans un climat de respect et de confiance
réciproque entre catholiques, orthodoxes et musulmans. C’est un
signe important qu’une foi sincère en Dieu ouvre à l’autre,
engendre dialogue et action pour le bien, alors que la violence naît
toujours d’une mystification de la religion elle-même, adoptée en
prétextant des projets idéologiques qui ont comme unique but la
domination de l’homme sur l’homme. Également, au cours de mon
récent voyage en Turquie, pont historique entre Orient et Occident,
j’ai pu constater les fruits du dialogue œcuménique et
inter-religieux, ainsi que l’engagement envers les réfugiés
provenant des autres pays du Moyen Orient. J’ai retrouvé cet
esprit d’accueil aussi en Jordanie, que j’ai visitée au début
de mon pèlerinage en Terre Sainte, comme aussi dans le témoignage
venu du Liban, à qui je souhaite de surmonter les difficultés
politiques actuelles.
Un
exemple qui m’est très cher de la manière dont le dialogue peut
vraiment édifier et construire des ponts, vient de la récente
décision des Etats Unis d’Amérique et de Cuba de mettre fin à un
silence réciproque qui a duré plus d’un demi-siècle et de se
rapprocher pour le bien de leurs citoyens. Dans cette perspective,
j’adresse aussi une pensée au peuple du Burkina Faso, engagé dans
une période de transformations politiques et institutionnelles
importantes, afin qu’un esprit renouvelé de collaboration puisse
contribuer au développement d’une société plus juste et plus
fraternelle. Je relève, en outre, avec satisfaction la signature en
mars dernier de l’accord qui met fin à de longues années de
tensions aux Philippines. J’encourage également l’engagement en
faveur d’une paix stable en Colombie, comme aussi les initiatives
destinées à établir à nouveau la concorde dans la vie politique
et sociale au Venezuela. Je souhaite aussi qu’on puisse bientôt
parvenir à une entente définitive entre l’Iran et ce qui est
appelé le Groupe des 5+1 sur l’utilisation de l’énergie
nucléaire à des buts pacifiques, en appréciant les efforts
accomplis jusqu’à maintenant. J’accueille, ensuite, avec
satisfaction la volonté des Etats-Unis de fermer définitivement la
prison de Guantánamo, soulignant la généreuse disponibilité de
certains pays à accueillir les détenus. Et je remercie de tout cœur
ces pays. Enfin, je désire exprimer mon appréciation et mon
encouragement pour ces pays qui se sont activement engagés pour
favoriser le développement humain, la stabilité politique et la
cohabitation civile entre leurs citoyens.
Le
6 août 1945, l’humanité assistait à une des plus terribles
catastrophes de son histoire. Pour la première fois, d’une façon
nouvelle et sans précédents, le monde expérimentait jusqu’où
peut aller le pouvoir destructeur de l’homme. Des cendres de cette
effroyable tragédie qu’a été la seconde guerre mondiale a surgi
entre les Nations une volonté nouvelle de dialogue et de rencontre
qui a donné naissance à l’Organisation des Nations-Unies, dont
nous célébrerons cette année le 70 anniversaire. Au cours de la
visite qu’il a accomplie au siège de l'ONU, il y a cinquante ans,
mon Bienheureux prédécesseur, le Pape Paul VI, a rappelé que le
sang de millions d’hommes, que des souffrances inouïes et
innombrables, que d’inutiles massacres et d’épouvantables ruines
sanctionnent le pacte qui vous unit, en un serment qui doit changer
l’histoire future du monde, jamais plus la guerre, jamais plus la
guerre! C’est la paix, la paix qui doit guider le destin des
peuples et de toute l’humanité! C’est aussi mon invocation
confiante pour cette nouvelle année, qui verra par ailleurs la
poursuite de deux importants processus : la rédaction de
l’Agenda du développement post-2015, avec l’adoption des
Objectifs du développement durable, et l’élaboration d’un
nouvel Accord sur le climat. Et cela est urgent. Leur présupposé
indispensable est la paix, qui jaillit de la conversion du cœur plus
encore que de la fin de chaque guerre. C'est avec ces
sentiments que je renouvelle à chacun de vous, à vos familles et à
vos peuples, le souhait d’une année 2015 d’espérance et de
paix".
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