Cité
du Vatican, 21 juin (VIS). La première journée du Pape à Turin
s'est conclue par une rencontre avec les jeunes Piazza Vittorio.
Répondant aux questions de trois d'entre eux sur la signification de
l'amour, de la confiance dans la vie et de l'importance du partage
des idéaux, il a écarté le discours qu'il avait préparé. Voici
un résumé de ses réponses:
''L'amour,
la vie, les amis...ces trois mots sont importants pour la vie et tous
les trois ont pour racine commune la volonté de vivre. L'amour a
deux niveaux: Tout d'abord, l'amour est plus dans les actes que dans
les paroles... Rappelez-vous que Dieu a commencé à parler de
l'amour quand il s'est engagé envers son peuple, quand il a fait une
alliance avec lui, quand il l'a sauvé. Ce sont des gestes faits
d'amour, des actes d'amour". Ensuite "l'amour est toujours
quelque chose d'offert, de communiquer. Il faut savoir écouter et
répondre à l'amour, qui est dialogue et communion... L'amour n'est
ni sourd ni muet. Il communique" mais est "très
respectueux de la personne, n'utilise pas l'autre, car il est chaste
et respecte le caractère sacré de l'autre. Pardonnez-moi si je vous
dis quelque chose que vous n'attendiez pas: Faites l'effort de vivre
un amour chaste. Ceci est la conséquence de ce que...l'amour se
sacrifie pour l'autre. L'amour est un service. Lorsque Jésus a lavé
les pieds de ses apôtre, leur a enseigné qu'ils étaient destinés
à se servir mutuellement''. On constate souvent, a poursuivi le
Saint-Père, un sentiment de méfiance face à la vie, "parce
que certaines situations nous semblent peu dignes d'être vécues.
Alors nous pensons vivre une sorte de troisième guerre mondiale par
petits bouts, en Europe, en Afrique, au Moyen Orient et ailleurs
encore... Alors pouvons nous avoir confiance dans les dirigeants du
monde?... Si on ne place sa confiance que dans les hommes, on est
perdu... Je pense aux personnes, aux dirigeants et aux entrepreneurs
qui se disent chrétiens et vendent des armes... Dire une chose et en
faire une autre, c'est de l'hypocrisie... Voyez ce qui s'est produit
au siècle dernier, en 1914 et en 1915, à la grande tragédie de
l'Arménie, où...plus d'un million de personnes sont mortes. Qu'ont
fait les grandes puissances?... Elles n'étaient intéressées que
par la guerre. Ceux qui sont morts alors étaient des humains de
seconde classe! Puis, dans les années 1930 - 1940, la tragédie de
la Shoah! Les grandes puissances connaissaient les voies ferrées
transportant des trains vers les camps" d'extermination...
Pourquoi ne pas pas avoir bombardé? Par intérêt. Et un peu plus
tard, il y eut des camps en Russie. Sous Staline ... beaucoup de
chrétiens y ont souffert ou y sont morts! Quant à l''Europe, elle a
été divisée par les vainqueurs comme une tarte. Il a fallu de
nombreuses années avant d'atteindre une certaine liberté. Il est
hypocrite de parler de paix en poursuivant la fabrication d'armes et
même en vendre à qui est en guerre".
''Je
vous comprends lorsque vous dites de ne pas avoir confiance dans la
vie. Nous vivons aujourd'hui la culture du déchet. Ce qui est
inutile économiquement est jeté... Avec cette culture de rejet peut
on encore compter sur la vie?... Un jeune qui ne peut travailler ou
étudier a honte de ne pouvoir fonder un foyer... Combien de jeunes
se suicident? Combien vont combattre au côté de terroristes, pour
au moins faire quelque chose, avoir un idéal?... Voilà pourquoi
Jésus a dit de ne pas placer dans les richesses et dans le pouvoir
notre sécurité. Comment puis-je vivre une vie qui ne détruit pas,
une vie qui ne rejette pas les gens? Comment puis-je vivre une vie
qui me déçoit tant?... Nous devons aller de l'avant avec nos
projets et construire une vie ne déçoive pas. Etre impliqué dans
un projet pour construire quelque chose aide à vivre... Abandonnez
le sentiment de méfiance envers la vie...et allez s'il le faut à
contre-courant... Vous les jeunes qui vivez" le marasme
économique, rejetez les "valeurs consuméristes et hédonistes
qui sont des bulles de savon. Elles ne conduisent pas au progrès.
Faîtes des choses constructives, même modestes, pour" répondre
à vos idéaux. Ce sera le meilleur antidote à cette méfiance de la
vie, la meilleure réponse à une culture qui ne propose que le
plaisir... Le secret est de bien comprendre où l'on vit, sur cette
terre... A la fin du XIX siècle, les conditions de la jeunesse
étaient terribles. La franc-maçonnerie dominait et l'Eglise ne
pouvait pas faire grand chose. Il y avait l'anti-cléricalisme et
même le satanisme... Ce fut l'un des pires moments et des pires
endroits de l'histoire de l'Italie... Or c'est à cette époque que
se sont manifestés beaucoup de saints" en Piémont. Pourquoi?
"Parce qu'ils ont réalisé qu'ils devaient aller à l'encontre
de cette culture et de ce mode de vie. Il faut vivre la réalité. Et
si cette réalité est de verre et non de diamant, je la regarde pour
ce qu'elle est et la fait mienne, au service des autres''.
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