Cité
du Vatican, 18 juin 2015 (VIS). Ce matin près la Salle du Synode le
Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Président du Conseil pontifical
Iustitia et Pax a illustré la nouvelle encyclique Laudato Si' que le
Pape François consacre à la protection de la création et
l'écologie intégrale. Il était accompagné des présentateurs du
document, le Métropolite Ioannis de Pergame (du Patriarcat
œcuménique), qui a parlé de la théologie et de la spiritualité
de l'encyclique, M.Hans Joachim Schellnhuber (Institut de Potsdam
pour la recherche sur l'impact climatique), qui a traité de la place
des sciences naturelles dans l'encyclique, de Mme.Carolyn Y.Woo
(Catholic Relief Services), qui a abordé les volets de l'économie,
de la finance et du commerce face à la question écologique, et
Mme.Valeria Martano (chercheur et enseignant), témoin depuis 20 ans
de la dégradation sociale et environnementale de la périphérie
romaine.
D'emblée
l'encyclique entend établir un dialogue avec tous, que ce soit avec
des personnes avec des organisations et institutions qui partagent la
même préoccupation que le Pape, abordée sous différents points de
vue. ''Ce type de dialogue", a indiqué le Cardinal Turkson,
"fait partie de la méthode de la rédaction utilisée par le
Saint-Père pour rédiger l'encyclique. Il s'est appuyé sur un large
éventail de contributions: La plupart des conférences épiscopales
des divers continents...ainsi que d'autres contributions qui ne sont
pas citées dans le document qu'elles ont aidé à composer".
L'encyclique tire son nom de l'invocation de saint François dans le
Cantique des Créatures: Loué soit mon Seigneur, une prière
contemplative qui nous invite à nous inspirer du Poverello pour
promouvoir une écologie intégrale, vécue avec joie et
authenticité... Dans sa relation avec l'environnement, l'humanité
fait face à des défis majeurs qui requièrent également des
politiques appropriées, déjà au programme des instances
internationales. Certainement 'Laudato Si' peut et doit avoir un
impact sur ces processus. Un examen rapide de son contenu montre
qu'il est avant tout de nature pastorale et spirituelle, la portée,
l'ampleur et la profondeur de la question ne pouvant être réduites
à la sphère de la politique environnementale''.
Pour
sa part, le Métropolite Ioannis Zizioulas a rappelé qu'en 1989 le
Patriarche œcuménique Démétrios avait publié une encyclique pour
alerter les les chrétiens et les personnes de bonne volonté sur la
gravité de la question écologique, mais aussi montrer ses
implications théologiques et spirituelles, invitant à consacrer
chaque 1 septembre à prier pour l'environnement. Cette date, qui est
selon le calendrier orthodoxe le premier jour de l'année
ecclésiastique pourrait devenir un temps de prière pour tous les
chrétiens et marquer ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement
entre tous les baptisés: ''Je pense que le sens de l'encyclique
Laudato Si' ne se limite pas à la question de l'écologie en tant
que tel. Elle revêt une dimension œcuménique importante qui
encourage tous les chrétiens divisés à accomplir une tâche
commune. Nous vivons une époque de problèmes existentiels profonds
qui dépassent nos divisions traditionnelles... Il suffit de voir ce
qui se passe au Moyen-Orient: Ceux qui persécutent les chrétiens ne
leur demandent pas à la confession ils appartiennent! Ici l'unité
des chrétiens se construit par la persécution et le sang. C'est un
œcuménisme du martyre... D'une manière similaire, la menace de la
crise écologique doit aider à dépasser nos clivages traditionnels.
Le danger qui guette notre maison commune, la planète sur laquelle
nous vivons, est décrite dans l'encyclique d'une manière qui ne
laisse aucun doute sur le danger existentiel auquel nous sommes tous
confrontés. Ce danger commun est indépendamment de notre Eglise ou
de nos identités religieuses. Il implique un effort commun pour
éviter les conséquences catastrophiques de la situation actuelle.
L'encyclique du Pape François est un appel à l'unité, à l'unité
dans la prière pour l'environnement, dans la diffusion de l'Evangile
de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de
nos modes de vie, nécessaires pour respecter et aimer tout le monde
et tout ce que Dieu nous a donné.''
Puis
le Professeur Schellnhuber, a souligné que sous l'angle de la
technologie et de l'énergie propre il est possible d'atteindre un
résultat positif pour tous car, en fait, elles sont disponibles en
abondance. Tout ce que nous avons à faire est de développer les
moyens de produire l'énergie correctement et de gérer de façon
responsable notre consommation. Depuis des décennies on travaille au
le développement d'un réacteur de fusion incroyablement coûteux
alors que nous avons la chance d'en avoir un qui fonctionne
parfaitement et qui est gratuit, le soleil! Le photovoltaïque,
l'énergie éolienne et la biomasse dépendent également de la
lumière solaire. Ces nouvelles technologies pourraient ouvrir un
potentiel dans les pays pauvres où il n'y a pas de réseaux pour
distribuer l'électricité provenant de centrales éloignées pour
constituer un système viable. Tout comme il a augmenté
l'utilisation des téléphones mobiles sans l'établissement
préalable de lignes fixes, les pays en développement pourraient se
passer des combustibles fossiles et entrer dans l'ère de la
production décentralisée et directe d'énergie renouvelable... La
gestion de notre planète ne peut devenir une tragédie collective.
Au contraire, elle doit devenir l'histoire d'une grande
transformation, qui permettra de faire levier pour surmonter les
profondes inégalités du monde actuel. Certaines inégalités
découlent du hasard géologique, de la répartition régionale des
combustibles fossiles contrôlés par quelques-uns. Aujourd'hui la
voie est enfin libre pour un avenir universel juste.''
Enfin
Mme.Woo a expliqué que l'investissement dans la durabilité
constitue une autre chance de progrès. "De nombreuses études
fournissent des estimations de coûts astronomiques associés aux
catastrophes naturelles, présentes comme à venir, telles que la
hausse du niveau des océans, la sécheresse, les inondations et les
tempêtes qui ravagent la production agricole ou provoquent la perte
de productivité, favorisent aussi l'augmentation des épidémies et
des maladies dues à la chaleur et à la pollution... Par ailleurs
les entreprises peuvent jouer un rôle important en aidant les
clients à devenir des consommateurs responsables. Conception et
production des biens consommables devront faire en sorte de limiter
les déchets et d'utiliser les énergies renouvelables, le recyclage,
la récupération et la réutilisation afin de fournir de nouvelles
opportunités pour les entreprises et les clients responsables...
L'encyclique affirme le rôle important que doit jouer le commerce,
mais le Pape avertit..le besoin de partenariat entre les secteurs
public et privé, un dialogue politique et économique qui soit
favorable à l'épanouissement humain. Puisque le public et le privé
ont le même objectif, et qu'ils sont intégrés dans le même réseau
interconnecté de la vie, ils doivent travailler ensemble en
harmonie. Cela signifie pour les entreprises être plus respectueuses
des normes et de la réglementation, en particulier dans le secteur
financier. Cela signifie également que les entreprises doivent
s'aligner avec les nouveaux objectifs de développement durable et la
nécessité d'agir pour lutter contre le changement climatique. Après
tout, le commerce est une entreprise humaine et devrait viser à un
authentique développement et au bien commun de l'homme.''
Enfin,
Mme.Martano a évoqué l'écologie urbaine, menacée par la pollution,
la carence de services ou par l'individualisme général. Elle est un
défi pour les chrétiens car dans les banlieues où on vit mal
grandissent la colère et le sentiment d'exclusion. Beaucoup se
voient privés du droit au logement et on assiste souvent à la
destruction de bidonvilles sans que soit proposée une alternative.
Les personnes âgées sont expulsés du cadre sociale vers des
établissements périphériques.... La violence grandit dans certains
quartiers alors qu'on peut aider mieux à vivre si les gens renoncent
à l'individualisme et à la démission. A Rome pendant des années,
avec la Communauté de Sant'Egidio, nous avons travaillé à la
suppression d'espaces pollués... Nous nous sommes basés sur les
plus faibles, enfants, personnes âgées, handicapés, afin de
reconstruire un tissu humain. Autour de ces personnes on peut rénover
l'image de la banlieue, trouver une énergie renouvelée et faire de
l'écologie humaine. L'encyclique nous invite à pratiquer le bien
commun en faveur de la ville et de l'environnement qui sont notre
maison commune. Nous vivons souvent des parcours humains fragmentés
et contradictoires parce que chacun essaie de se débrouiller tout
seul. Chacun poursuit son propre intérêt, alors qu'il y existe un
salut communautaire fondé sur l'inclusion des gens et l'écologie
intégrale.''
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