Cité
du Vatican, 24 septembre (VIS). Le Pape François s'est rendu hier
soir au sanctuaire national de l'Immaculée pour célébrer la messe
de canonisation de Junípero Serra (1713 -
1784), le franciscain espagnol, missionnaire au Mexique puis en Basse
Californie à partir de 1760. Il fonda une vingtaine de missions,
dont certaines furent à l'origine de villes, San Francisco, San
Diego et Los Angeles. Fray Junípero a été béatifié par Jean-Paul
II en 1988. Voici l'homélie du Saint-Père:
A
la suite de Paul, nous comprenons que "quelque chose en nous,
nous invite à la joie et à ne pas nous satisfaire de placébos qui
simplement veulent nous apaiser. Ceci dit, nous vivons les tensions
de la vie quotidienne, des situations qui semblent remettre en cause
cette invitation... Nous risquons parfois de nous laisser aller à
une résignation qui peut se transformer en accoutumance. Sa fatale
conséquence est l’anesthésie du cœur... Jésus
nous dit ce qu'il a dit aux disciples: Allez, annoncez! La joie de
l’Evangile, on l’expérimente, on la connaît et on la vit
uniquement en la donnant, en se donnant. L’esprit du monde nous
invite au conformisme, au confort. Face à cela, il faut reprendre
conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons
une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde. La
responsabilité d’annoncer le message de Jésus. En effet, la
source de notre joie naît de ce désir inépuisable d’offrir la
miséricorde, fruit de l’expérience de l’infinie miséricorde du
Père et de sa force communicative. Allez annoncer à tous en oignant
et oindre en annonçant. C’est à cela que le Seigneur nous invite
aujourd’hui, nous disant: La joie, le
chrétien l’expérimente dans la mission. Il la trouve dans
l'invitation d'aller et annoncer. La joie,
le chrétien la renouvelle, l’actualise à travers l'appel de
Jésus à évangéliser à toutes les nations...
Jésus ne nous donne pas une liste sélective de ceux qui sont dignes
ou pas de recevoir son message, sa présence. Au contraire, il a
toujours embrassé la vie comme elle se présentait à lui. Avec un
visage de douleur, de faim, de maladie, de péché. Avec un visage de
blessures, de soif, de fatigue, de doutes et de pitié. Loin
d’attendre une vie maquillée, décorée, parée, il l’a
embrassée comme elle venait à sa rencontre. Même si c’était une
vie qui souvent apparaissait défaite, souillée, détruite. A tous,
Jésus a dit, allez et annoncez, allez et embrassez, en mon nom... La
mission ne naît jamais d’un projet parfaitement élaboré ou d’un
manuel très structuré et planifié. Elle naît toujours d’une vie
qui s’est sentie recherchée et guérie, rencontrée et pardonnée.
La mission naît de l’expérience toujours renouvelée de l’onction
miséricordieuse de Dieu".
"Peuple
saint de Dieu, l'Eglise sait parcourir les chemins poussiéreux de
l’histoire parsemés de conflits, d’injustices et de violence,
pour aller à la rencontre de ses fils et frères. Le saint peuple
fidèle ne craint pas l’erreur mais l’enfermement, la
cristallisation en élites, le fait de s’accrocher à des sécurités
personnelles. Il sait que l’enfermement sous ses multiples formes
est la cause de tant de résignations. Par conséquent,
sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Le
peuple de Dieu sait s’engager parce qu’il est disciple de Celui
qui s’est agenouillé devant les siens pour leur laver les pieds.
Aujourd’hui, nous sommes ici parce que beaucoup
ont eu le courage de répondre à cet appel, parce que beaucoup ont
cru que la vie grandit en se donnant et s’affaiblit dans
l’isolement et le confort. Nous sommes des fils de l’audace
missionnaire de nombreuses personnes qui ont préféré ne pas se
renfermer dans les structures qui donnent une fausse protection dans
les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors,
il y a une multitude affamée. Nous sommes des débiteurs d’une
tradition, d’une chaîne de témoins qui ont permis que la Bonne
Nouvelle de l’Evangile continue d’être, de génération en
génération, Nouvelle et Bonne".
"Et
aujourd’hui, nous nous souvenons de l’un de ces missionnaires,
qui a su témoigner sur ces terres de la joie de l’Evangile, Frère
Junípero Serra. Il a su vivre ce qu’est l’Eglise en sortie,
cette Eglise qui sait sortir et aller par les chemins, pour partager
la tendresse réconciliatrice de Dieu. Il a su quitter sa terre, ses
coutumes, il a eu le courage d’ouvrir des chemins, il a su aller à
la rencontre de tant de personnes en apprenant à respecter leurs
coutumes et leurs particularités. Il a appris à porter la vie de
Dieu et à l’accompagner dans les visages de ceux qu’il
rencontrait en faisant d’eux ses frères. Junípero a cherché à
défendre la dignité de la communauté autochtone, en la protégeant
de ceux qui avaient abusé d’elle. Des abus qui continuent
aujourd’hui de susciter en nous un dégoût, notamment en raison de
la douleur qu’ils causent dans la vie de nombreuses personnes. Il
s’est donné une devise qui a guidé ses pas et modelé sa vie:
Toujours de l’avant! Ce fut sa manière de vivre la joie de
l’Evangile, pour que son cœur ne s’anesthésie pas. Il est allé
toujours de l’avant, parce que le Seigneur attend, parce que le
frère attend . Toujours de l’avant à cause de tout ce qu’il lui
restait à vivre... Comme lui hier, aujourd’hui nous pouvons dire:
Toujours de l’avant!".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire